• J’aime bien les provocations et les défis. J’aime bien aussi les encouragements, c’est sûr, sinon à quoi bon continuer si notre blog n’intéressait personne ? Mais c’est important d’écouter chaque critique qui nous parvient, aussi surprenante soit-elle. Nous allons essayer de faire ensemble cet exercice.

    Un de mes lecteurs m’écrit qu’il est « un peu décontenancé » par le contenu de mes articles qu’il trouve un peu « intemporels », « sans lien avec l’actualité ». Décontenancé c’est presque come « désorienté », et c’est pour cette raison que je j’ai pensé écrire tout de suite quelques mots dans cette rubrique.

    J’avoue qu’un instant j’ai été moi aussi un peu désorienté par cette critique. Mais je connais bien cet ami français de longue date et je sais combien toute sa vie, il s’est battu pour plus de justice, d’honnêteté, de transparence, de solidarité. C’est quelqu’un qui est toujours prêt à intervenir pour améliorer la vie sociale autour de lui et dans le monde entier. Il est sans doute bien mieux placé que moi pour faire ce travail. En quelque sorte, il est peut-être déçu que je ne me batte pas sur le même terrain que lui et je peux le comprendre. Car les hommes et les femmes qui croient encore en un idéal pour lequel se battre ne sont finalement pas si nombreux que ça dans notre monde.

    En tous cas, c’est une occasion pour moi de demander à mes lecteurs s’ils désirent que ce blog s’oriente autrement. Ou peut-être ne doit-on pas l’appeler un blog ? J’avoue humblement que je suis bien encore à mes débuts dans cet exercice qui me passionne. Il y a peut-être mieux à faire.

    Ceci dit, j’aimerais quand même dire à mon ami que ça n’avance pas beaucoup d’être « décontenancé ». C’est comme si on attendait quelque chose qui devait absolument se passer comme on le voudrait, ou comme on est habitué. Ne perd-on pas trop de temps à se décevoir les uns les autres ? Je pense que si ce blog veut être un champion de la réciprocité (qui est un de nos tags – mots clés – préférés, comme vous pouvez le voir en gros caractères verts), cette réciprocité devrait être plutôt positive, à se laisser surprendre les uns les autres par les nouveautés que l’autre me propose.

    Cher ami, celui à qui je parle maintenant, mais aussi tout ami lecteur qui entrera un jour dans notre blog, sens-toi libre de me secouer, de me demander plus, mais dis-moi ce que tu ferais toi-même à ma place. Car c’est important de se mettre d’abord à la place de l’autre. Et tu verras qu’on finira par mieux se comprendre et qu’on collaborera peut-être de plus en plus dans l’avenir. Il faut unir nos forces positives, non pas en faisant tous la même chose, mais en se complétant, comme les notes d’une symphonie. Il n’y aura alors plus de place pour être déçus les uns des autres. Sans rancune !


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  • On me demande quel pourrait être le rapport entre la confiance et la prudence. J’aime beaucoup cette question. D’abord parce l’essentiel de notre vie est fait de rapports, de relations entre les personnes, les êtres, les choses, les mots, les valeurs...

    C’est sûr que la confiance est une valeur inestimable qui peut tout changer dans nos relations, qui donne la paix, qui aide à jeter sur les autres un regard différent, en général positif. La confiance évite un tas de problèmes inutiles, elle nous empêche de nous laisser enfermer dans des préjugés, des condamnations a priori qui risqueraient de gâcher définitivement nos rencontres de chaque jour.

    Mais il est clair aussi qu’aucune valeur ne peut être en soi, toute seule, un absolu. C’est justement la relation entre les valeurs qui va créer l’équilibre. Comme nous avons eu l’occasion de le voir à propos de la liberté, l’égalité et la fraternité : l’une des trois sans les autres peut conduire à une catastrophe.

    La confiance toute seule peut donc nous conduire elle aussi à bien des catastrophes. Et c’est là que la prudence entre en jeu, non pas comme un frein peut-être, mais comme un moment de réflexion nécessaire, un réflexe de sagesse. Car la confiance sait bien qu’elle court toujours des risques même si ces risques sont indispensables pour ne pas rester enfermé dans un cercle petit, mesquin et ridicule à la fin.

    Puisque la peur elle-même peut être un critère positif pour équilibrer notre confiance, à plus forte raison la prudence. Mais alors, je reviens en arrière dans mes convictions ? Je ne fais plus confiance maintenant à la confiance que j’avais adulée il y a à peine deux jours ? Pas du tout ! Encore une fois l’article d’un blog ne peut être qu’une brève introduction, une caricature à la limite, car nous n’avons certainement pas le temps de mettre toutes les nuances.

    La confiance n’est pas effacée désormais par la prudence. La prudence va surtout me dire quand, comment, où et à qui pour commencer faire confiance. Alors tout va être harmonieux grâce à cette relation réciproque entre confiance et prudence. Je vais te faire confiance, mais je dois aussi te connaître un peu mieux avant que ma confiance soit vraiment complète. Je me jetterai dans l’aventure avec toi s’il y a aussi d’autres partenaires avec nous sur notre chemin. Je t’écouterai et je te demanderai aussi de m’écouter. Je te demanderai de m’expliquer ce que veut dire pour toi cette confiance, pour être tranquilles que nous sommes bien d’accord sur les mots. La prudence sait prendre son temps, elle ne diminue pas la confiance, elle la renforce même si tout va bien.

    La vie est tout un jeu de relations entre la confiance, la prudence et toutes les autres valeurs que nous cultivons chaque jour en nous et avec nos compagnons de route. On pourrait entrer dans les mêmes considérations avec la sagesse, le pardon, la générosité, la solidarité, la fraternité, l’altruisme, ou même les valeurs d’une saine laïcité qui fait confiance en ce qu’il y a de vrai et de positif en chaque homme. On pourrait continuer ce beau raisonnement à l’infini. Comme elle est belle notre vie, lorsque toutes ces lumières allumées sur notre chemin s’entraident, se renforcent au lieu de se faire obstacle l’une l’autre, comme il arrive malheureusement trop souvent ! Affaire à suivre, encore une fois...


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  • Rien de plus beau que la confiance, surtout justement quand elle est bien placée. Mais je vous avoue que j’ai quelques problèmes avec la langue française quand on parle de confiance. D’abord, le dictionnaire me dit que la confiance est un « sentiment de sécurité vis à vis de quelqu’un ou quelque chose ». En italien on donne sa confiance à quelqu’un, comme on donne son amitié, son amour, son affection ; en français « donner confiance » veut dire exactement le contraire, c’est-à-dire attirer la confiance de l’autre envers soi. On dira donc plutôt accorder sa confiance ou faire confiance. Tout cela n’est pas grave, il suffit de se mettre d’accord sur le sens des mots. Mais je ressens tout de même un certain malaise avec cette idée de « sécurité », renforcée par l’expression « avoir confiance », comme si la confiance était quelque chose qu’on pouvait avoir, posséder  tranquillement. C’est comme ceux qui pensent « avoir » la foi, dans le sens justement de la « posséder » comme une chose acquise.

    Je crois qu’il y a un grand malentendu dans tout cela. Plus on pense « avoir » la confiance ou la foi, plus on risque de les perdre. En réalité l’origine du mot confiance veut dire, se fier à quelqu’un, en quelque sorte se jeter sans peur entre ses bras, et la confiance comme la foi est toujours quelque part un saut dans le vide. C’est cela le sens de la vie. Je crois que notre monde moderne a perdu la confiance et la foi parce qu’il veut tout sécuriser, il ne veut prendre aucun risque. Si je sors dans la rue, si j’escalade une montagne, si je traverse la mer, je cours toujours le risque d’avoir un accident. Je serais sûrement plus en sécurité enfermé dans ma chambre.

    Vivre sa vie, c’est lui faire confiance, c’est ouvrir ma porte le matin et me jeter à l’aventure. La confiance en l’autre, c’est un chèque en blanc que je signe, en sachant que je serai bien vulnérable. Quelquefois cela  finira mal, on profitera de moi, on me trahira. On le fera d’autant plus, d’ailleurs, qu’on m’aura vu hésitant, titubant dans la confiance que j’aurai accordée.

    Non, la vraie solution c’est de faire toujours confiance au départ, « sans condition », sauf si vraiment on peut me prouver que j’ai en face quelqu’un de malade qui veut me détruire. Mais en réalité les gens ne font pas confiance parce que personne peut-être ne leur a fait confiance à eux pour commencer. C’est comme le proverbe : « Là où il n’y a pas d’amour, mets l’amour et tu trouveras l’amour. » Là où il n’y a pas de confiance mets la confiance et tu trouveras la confiance. Trop dangereux, pensez-vous ? Je suis prêt à parier que huit fois sur dix la confiance créera la confiance en retour, en pleine réciprocité. Et les deux fois où cela va mal se passer ? Ce n’est pas grave. La confiance réciproque avec les autres sera tellement belle qu’elle donnera le courage de surmonter tous les obstacles.

    Affaire à suivre, là aussi : j’attends vos commentaires et vos critiques constructives.


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  • Oui, toujours la peur ! C’est sans doute cela qui nous désoriente le plus, qui nous gâche la vie de tous les jours. Au plus beau moment, alors que nous sommes en train de préparer une fête qui devrait apporter beaucoup de bonheur à un tas de gens, voilà que le temps se gâte, quelqu’un tombe malade, on est sans nouvelle d’un ami dont dépendait l’essentiel du programme : a-t-il eu un accident ? Que se passe-t-il ? Et la nuit encore, alors que nous aurions tellement besoin de nous reposer, voilà que des cauchemars passés remontent de notre inconscient et les heures de sommeil agité deviennent soudain très pénibles. Mais que faire avec cette peur qui ne nous quitte finalement jamais ?

    Eh bien, la première chose à faire c’est de l’accueillir, comme on fait avec un visiteur qu’on n’attendait pas mais que l’hospitalité a fait entrer soudain dans notre vie. Accueillir la peur c’est d’abord l’accepter comme elle est, ne pas lui faire sentir qu’elle nous dérange, la prendre comme si sa visite était tout à fait normale, puis la faire asseoir et lui demander ce qu’elle veut. On sera surpris de voir que souvent la peur n’est pas si méchante que cela. Il y a beaucoup d’aspects positifs à la peur. Sans elle nous ferions parfois n’importe quoi, sans réfléchir, comme des inconscients. La peur est souvent la cause indirecte du sens de la responsabilité si fondamental dans les relations humaines.

    Mais bien sûr il y a aussi beaucoup d’autres aspects de la peur qui sont nocifs, malfaisants, ridicules. Ayons alors le courage de dire à la peur que nous sommes trop occupés en ce moment pour l’écouter, qu’elle se repose tranquillement au salon, mais nous, nous avons d’autres choses à faire aujourd’hui plus importantes. Si elle nous voit vraiment décidés, avec déjà un programme bien chargé, elle comprendra et nous laissera tranquilles. Ce qu’il ne faut pas faire avec la peur, c’est lui montrer que nous sommes hésitants, alors elle va vouloir nous accompagner dehors et elle ne va plus nous quitter jusqu’à la fin de la journée et ce sera terrible. Combien avons-nous vécu de peurs qui nous ont empêchés de goûter pleinement à la vie et qui se sont révélées par la suite un véritable fantasme ridicule.

    Une des choses qui m’ont aidé à dépasser la peur (mais c’est toujours une bataille de chaque jour) c’est quand j’ai compris tout à coup que je croyais avoir peur du futur, mais qu’en réalité j’avais surtout peur du passé. Comment est-ce possible, puisque le passé ne pourra plus revenir me déranger ? Eh bien c’est cela le comble : lorsque j’ai eu une mauvaise expérience avec une personne et que je dois la rencontrer de nouveau demain, j’ai une peur terrible que cela se passe de travers comme la dernière fois. Tandis que si je dois faire la connaissance d’une personne que je n’ai jamais vue, il peut toujours y avoir un peu d’appréhension, mais je n’ai pas encore de raison valable de craindre quoi que ce soit et la peur ne sera pas au rendez-vous.

    En fait, ces petites expériences que je suis en train de vous raconter ne sont qu’une toute petite partie de ma vie avec la peur. Votre vie avec la peur sera sans doute bien différente de la mienne. A chacun de trouver son chemin, sa solution. Certaines personnes pensent qu’elles n’ont jamais peur : c’est peut-être la pire des illusions. Ce serait  mieux de reconnaître humblement que nous avons peur de beaucoup de choses, parfois souvent de choses bien futiles et banales. Mais ce qui est sûr c’est que si notre vie est déjà bien remplie par cette dynamique d’accueillir et de donner, dont nous parlons à chaque page de ce blog, il ne reste plus beaucoup de temps pour nous laisser envahir par la peur : nous avons autre chose à faire de plus important.

    Je n’oublierai jamais ces années de guerre du Liban où nous passions des heures sur les routes de Beyrouth et des environs pour aider les gens, en calculant quand même s’il n’y avait pas trop de danger : eh bien, nous étions beaucoup moins traumatisés que ceux qui restaient enfermés toute la journée dans des abris de fortune et qui sont souvent tombés en dépression.

    Nous reparlerons souvent de la peur dans notre blog. Cela fait du bien d’en parler sans tabou, sans peur. Mais il faut surtout lui trouver des remèdes. Que penseriez-vous de la confiance ? Allez voir l’article « Confiance bien placée? » qui est publié en même temps dans la rubrique « Passepartout » et dites-moi ce que vous en pensez. Il n’y a pas à ce niveau-là de remède miracle ni de solution définitive, mais cela vaut la peine de chercher et d’échanger à ce sujet.


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  • Après Gandhi, nous voulons entrer dans les reflets de paradis de Christiane Singer. Vous ne la connaissez pas ? Je vous avoue que moi non plus je n’avais jamais rien lu d’elle. C’est Emilie qui a mis un passage de son livre Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? dans notre rubrique « Des mots pour de bon » C’est bien comme ça que la collaboration avec les lecteurs va grandir, en attendant de créer peut-être un vrai forum pour échanger.

    Le titre du livre est déjà assez extraordinaire pour attirer l’attention. C’est bien l’esprit de notre blog de croire et d’aider chacun à découvrir qu’il y a un ciel en nous. Et ce ciel, on passe beaucoup de temps parfois à le chercher ailleurs, c’est bien vrai.

    Mais venons-en au passage de notre livre :

    "Chaque fois que j'ai quitté un espace, je suis entrée dans un autre. Ce n'est pas facile. C'est dur de quitter le pays de l'enfance ; c'est dur de quitter le pays de la jeunesse ; c'est dur de quitter l'épanouissement féminin, de quitter la fécondité. D'un pays à l'autre, d'un espace à l'autre, il y a le passage par la mort. Je quitte ce que je connaissais et je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où j'entre. Traiter ce passage comme s'il allait de soi ? Bien sûr que non : ce serait légèreté. Mais puisque plusieurs fois déjà j'ai fait l'expérience qu'en quittant un "pays" j'entrais dans un autre d'une égale richesse sinon d'une plus grande richesse, pourquoi donc hésiterais-je devant la vieillesse ? Quelque chose en moi me dit : "Fais de même, fais confiance ; tu entres dans un autre espace de richesse. La vie est une école de métamorphose. Fais confiance à la métamorphose". p 135.

    Comme il est beau ce mot « métamorphose » : tout change, tout est nouveau, mais c’est en même temps toujours les mêmes racines, la même personne, la même réalité, seulement encore plus riche qu’avant. Comme elle est belle, la vie, quand on la voit de la sorte ! Car au fond je ne peux jamais devenir autre chose que moi-même, alors pourquoi cette peur terrible de se perdre ? Et puis cette confiance, confiance dans la vie et confiance faite « à la métamorphose » !...

    Mais vous avez lu le mois dernier l’article « Toujours debout » dans la rubrique « Désorientés » ? Il n’y a pas eu beaucoup de commentaires...

     

     


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