• Je suis souvent gêné par une question qu’on me pose à longueur d’année, surtout ces derniers temps où j’ai encore changé plusieurs fois de pays, entre la Jordanie, la France et le Liban… : « Mais au fond, quel est le pays que tu aimes le plus, celui où tu te sens le mieux, le plus à l’aise ? » Et l’on dirait parfois que cet interlocuteur essaye de me faire dire qu’il y a des gens ou des peuples que j’aime moins que d’autres, et cela est pour moi une véritable torture, car ce n’est absolument pas vrai.

    Parfois j’essaye de répondre maladroitement : « Mais si vous demandez à une maman lequel de ses enfants elle préfère, quelle sera sa réponse ? » Alors en général on me dit : « Qu’elle les aime tous pareil ! » Et je proteste encore, car je suis sûr qu’une maman ne peut pas aimer tous ses enfants de la même manière. L’amour n’est pas du mauvais communisme. L’amour véritable est toujours unique pour chacun.

    Et c’est là que je me mets à parler des « mathématiques du paradis ». Je ne sais pas si c’est moi qui ai inventé cette histoire, mais cela me semble tellement évident. Sur cette terre lorsque quelqu’un est plus grand que l’autre, ça veut dire que l’autre est plus petit, et si j’aime cet ami ou ce peuple plus que l’autre, ça voudrait dire que j’aime l’autre un peu moins. Et ce serait bien malheureux. Et c’est là qu’intervient pour moi la logique du paradis : je suis sûr qu’au paradis on pourra aimer chacun plus que les autres et cela ne voudra pas dire qu’on aime moins les autres.

    Comment cela ? D’abord parce qu’on aime chacun dans l’instant présent, quand on se trouve avec lui, ou qu’on pense à lui, ou qu’on fait quelque chose pour lui. Et on le fait alors de tout son cœur, sinon ce ne serait pas de l’amour. Et en cet instant on aime vraiment chacun comme si c’était la personne qu’on aime le plus au monde. Est-ce que cela enlève à l’amour que l’on a pour les autres ? Est-ce que les autres vont maintenant être jaloux s’ils me voient aimer « les autres » d’un amour si intense ? Est-ce que les Libanais vont être jaloux s’ils me voient aimer les Jordaniens ou les Syriens ou les Egyptiens ou les Irakiens ? Ce serait bien triste.

    La vérité, c’est que l’amour est à la fois universel et unique. En chaque frère ou sœur que je rencontre j’aime toute l’humanité, je laisse mon cœur s’élargir chaque fois un peu plus, respirer, s’enrichir, recevoir en donnant, et en même temps je sens et je sais que je ne peux jamais aimer personne de la même façon que les autres, car chacun a ses caractéristiques irremplaçables, chacun a ses attentes, ses sentiments, ses attentions, ses passions qu’on ne trouve qu’en lui.

    Lorsque j’aime un ami ou un peuple, je les aime donc d’une manière unique, mais en même temps je les aime d’un amour qui a aussi grandi avec les autres. Lorsque je suis revenu au Liban après 5 ans en Jordanie, je suis revenu changé, mes amis libanais s’en sont bien aperçus. J’avais certainement beaucoup plus les Jordaniens dans mon cœur. Mais c’est de cet amour plus fort que j’aime maintenant les Libanais et que je les aime encore plus qu’avant. Et quand je retrouverai les Jordaniens ce sera de nouveau un petit ciel à part.

    C’est cela les mathématiques et la logique du paradis. Ne jamais limiter notre amour pour qui que ce soit, car ce serait trahir tous ceux qu’on aime. Mais ce qui est le plus beau, c’est que ce paradis existe déjà sur terre et il dépend de chacun de nous. La mentalité « terre à terre » qui continue à faire des comparaisons pour diviser, envier, se méfier, chercher les mauvaises intentions de l’autre, nous guette à chaque pas. Aimer est aussi une bataille avec soi-même pour se libérer de toutes ces pensées malsaines qui nous envahissent à chaque instant, mais cela vaut la peine de se battre pour créer justement ces oasis de paradis où l’on peut s’aimer sans arrière-pensées et réaliser finalement ce pour quoi nous sommes venus au monde.

     

     


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  • Voilà là une des perles les plus lumineuses de notre vocabulaire. « Donner » est l’un de ces quatre verbes qui m’accompagnent désormais dans toutes mes recherches, car il « donne » un autre sens à la vie.

    Lorsque je donne, je sors de moi-même et je deviens en même temps réellement moi-même, car je découvre avec joie que c’est pour donner que je suis né.

    Lorsque je refuse de donner, tout se flétrit en moi, se rétrécit, devient mesquin, égoïste, puéril. Ma maison se referme sur elle-même, elle n’ouvre plus ses fenêtres sur l’extérieur et voilà que l’air y devient rapidement vicié, irrespirable.

    Donner veut dire m’ouvrir à l’autre, me plonger dans l’océan de l’humanité en mouvement, participer à sa création, provoquer le don de l’autre dans la réciprocité.

    Mais ce qui est étonnant chez l’homme, ce n’est pas tellement qu’il refuse de donner, même si cela arrive aussi, mais c’est qu’il pense sincèrement qu’il n’a rien à donner. Paresse, superficialité, manque d’imagination ?

    Ce qui est sûr c’est que, si l’on décide un jour de donner et de se donner, on se jette dans un courant sans fin qui se régénère en donnant comme par miracle, car le don appelle le don, il devient une habitude, une passion qui ne s’arrête plus.

    On peut donner bien sûr un tas de choses matérielles comme de l’argent ou des objets que l’on a en trop ou dont l’autre a plus besoin que nous. Mais cela est presque banal par rapport à tout ce que l’imagination peut nous suggérer de donner de nous-mêmes. Un sourire, un coup de main, une caresse, un conseil ou une idée. On donne de son temps ou de son espace. On donne des nouvelles ou la bienvenue. On donne courage ou confiance. On donne de l’importance à quelqu’un, à son travail ou à ses projets. Chacun peut faire la liste de ce qu’il donne du matin au soir en famille, au travail ou dans la rue : on donne un peu d’attention, un coup d’œil, son appui ou la priorité… Mais quelle émotion lorsqu’on voit qu’on peut même donner son cœur, son âme ou sa vie, en pensant que tout cela au départ nous a été aussi donné !

    Reste à savoir à qui donner, quand et comment donner : nous reviendrons certainement sur ce sujet qui est une des bases de notre blog. Les citations qui suivent « donnent » déjà le vertige, un vertige bien positif, lorsqu’on se laisse aller seulement un peu à y penser.

     

    Citations (de mon-poeme.fr) :

    Donnez avec choix et à propos, ne négligez pas les indigents, et prenez soin des pauvres. (Marquise de Lambert)

    Le prodigue dépense beaucoup, et ne donne rien. (François-Rodolphe Weiss)

    Qui dépense beaucoup pour lui-même donne rarement aux pauvres. (François-Rodolphe)

    Donner, en quelque occasion que ce soit, est toujours signe d'un cœur généreux. (Miguel de Cervantès)

    Un jour ôte aisément ce qu'un jour a donné. (Publilius Syrus)

    Donner à ceux qui le méritent, c'est obliger tout le monde. (Publilius Syrus)

    Dieu tend une main à celui qui donne, il en tend deux à celui qui pardonne. (Jean-Napoléon Vernier)

    Il y a dans le commerce de la vie moins de délicatesse à donner beaucoup qu'à donner ce qu'on désire. (Jean-Napoléon Vernier)

    Qui donne pour être vu ne soulagerait pas un pauvre dans l'ombre. (Louis-Philippe de Ségur)

    Donne ce que tu peux si tu ne peux donner ce que tu veux. (Maxalexis)

    Parfois, même tout donner n'est pas forcément suffire. (Jean-Jacques Goldman)

    Il est plus aisé de donner que de refuser de bonne grâce. (Simon de Bignicourt)

    Ce que tu peux donner, garde-toi de le vendre : on a sa large part du bien qu'on sait répandre. (Publilius Syrus)

    Il est bien rare que ce que nous donnons vaille le plaisir que nous avons de le donner. (Nicolas Massias)

    Qui donne beaucoup veut qu'on en use de même à son égard. (Martial)

    Tout ce que l'on donne au pauvre est un gain, et tout ce que l'on garde sans utilité est une perte. (Christine de Suède)

    Prêtez aux gens qui ont de l'argent, mais donnez à ceux qui sont dans le besoin. (Marquise de Lambert)

    Se donner à ce qu'on aime, ce n'est pas perdre son indépendance, c'est en user. (Sophie Cottin)

    Moi, j'aime que l'on donne, et généreusement selon la personne. (Antoine Bret)

    Souviens-toi qu'il faut donner pour recevoir ; souviens-toi qu'il faut être soi-même pour pouvoir aimer. (Marc Lévy)

    Savoir donner, peu le savent, c'est le secret du bonheur. (Anatole France)

    Dieu ne donne rien, mais il ouvre tous ses trésors : et chacun en prend ce qu'il veut. (Adam Mickiewicz)

    Donnez votre avis comme vôtre, et non comme bon. (Emmeline Raymond)

    La véritable générosité donne ses soins, ses sacrifices, sans les compter. (Emmeline Raymond)

    On ne donne pas la lanterne à lécher au chien. (René Char)

    Je ne donne ma parole d'honneur que pour mentir. (Francis Picabia)

    Moins nous possédons et plus nous pouvons donner. (Mère Teresa)

    On ne donne pas d'ordre à Dieu : on le prie ! (Pierre Desproges)

    Ceux qui ne sont pas enclins à donner ne manquent jamais de motifs pour justifier leurs refus. (Thomas Jefferson)

    Mieux vaut donner du pain à de pauvres malheureux que de nous livrer à des bagatelles inutiles. (Liévin-Bonaventure Proyart)

    Donner renferme un brin de vanité quand recevoir demande une grandeur d'âme. (Abla Farhoud)

    Il faut donner quelque chose au hasard. (Philibert-Joseph Le Roux)

    La manière de donner vaut mieux que les dons. (Vladimir Jankélévitch)

    Je ne donne jamais un conseil à quelqu'un parce qu'il pourrait le suivre. (William Faulkner)

    Si la radio vous ennuie, tournez le bouton ou donnez votre poste. (Boris Vian)

    Ne promets pas une cigogne dans le ciel ; donne plutôt une mésange dans la main. (Proverbe russe)

    Il y a plus de mérite à donner qu'à laisser prendre. (Adolphe Ricard)

    Il y a toujours plus de bonheur à donner qu'à recevoir. (Benoît Lacroix)

    Se donner est l'aboutissement normal de l'amour. (Anne Bernard)

    Qui donne des coups sur un clou sans être juste se brise les doigts. (Goethe)

    Un homme qui se fait esclave d'un autre ne se donne pas, il se vend. (Jean-Jacques Rousseau)

    Plus on vous donne de pouvoir, plus vous en abusez. (Honoré de Balzac)

    On se donne, ou l'on se refuse ; mais se refuser et moraliser, il y a double peine. (Honoré de Balzac)

    L'homme s'attache bien plus par ce qu'il donne que par ce qu'il reçoit. (Paul Brulat)

    On donne ce qu'on a. (Ivan Tourgueniev)

    Donner des déceptions aux autres n'empêche pas d'être sensible à celles que les autres vous donnent. (Paul Léautaud)

    Ne plus se donner, c'est se donner encore : C'est donner son sacrifice. (Marguerite Yourcenar)

    Il est bon de donner lorsqu'on vous le demande ; 
    Mais il est mieux de donner quand on ne vous le demande point. (Khalil Gibran)

    Ceux qui donnent dans la douleur, cette douleur est leur baptême. (Khalil Gibran)

    Ceux qui donnent avec joie, cette joie est leur récompense. (Khalil Gibran)

    C'est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez véritablement. (Khalil Gibran)

    Donner est bien, ravir est mal et conduit à la mort. (Hésiode)

    On donne au généreux ; on refuse à l'avare. (Hésiode)

    Donne à qui te donne ; refuse à qui te refuse. (Hésiode)

    Donnons-nous tous la main, nous sommes frères. (George Sand)

    L'amour est un fil que la femme tient par les deux bouts et qu'elle nous donne à retordre. (Arsène Houssaye)

    La fortune ne fait pas le bonheur ! C'est là une vieille maxime inventée certainement par un millionnaire pour un de ses amis pauvre auquel il aimait mieux donner cette consolation que la moitié de ses rentes. (Alexandre Dumas, fils)

    Si vous croyez que ce n'est pas parler de soi que de donner son opinion sur autrui ! (Sacha Guitry)

    Ce qu'on a donné ne saurait se reprendre. (Casimir Delavigne)

    Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art. (Charles Baudelaire)

    Une confidence se donne, mais ne se demande pas. (Jean Anouilh)

    Donner est un plaisir ; payer est un devoir. (Pierre-Marc-Gaston de Levis)

    Pour être heureux avec les êtres, il ne faut leur demander que ce qu'ils peuvent donner. (Tristan Bernard)

    Ce que l'on regrette de la vie, c'est ce qu'elle n'a pas donné. (Paul Valéry)

    Il faut donner quelques moments à l'enjouement, et tout le reste au sérieux. (Baltasar Gracian)

    Il n'y a de mérite à donner que lorsqu'en donnant on se prive. (La Rochefoucauld-Doudeauville)

    Donner sans aimer est une offense. (Raoul Follereau)

    On n'a que le plaisir qu'on donne. (Alphonse de Châteaubriant)

    Qui est homme sait choisir ou attendre avec prudence, aimer avec continuité, se donner sans réserve. (Étienne Pivert de Senancour)

    Plus vous donnerez, et plus vous recevrez. (Saint Vincent de Paul)

    Je suis homme à donner ma vie pour cinq minutes de répit. (Louis Scutenaire)

    Donner des conseils n'est souvent que s'attribuer le privilège de dire soi-même des sottises. (Alexander Pope)

    Je ne peux me donner à ceux qui ne savent pas me prendre. (Natalie Clifford Barney)

    Je me donne quand j'aime, et alors ce n'est pas donner, c'est échanger. (Bertrand Vac)

    Les femmes ont des manières de ne pas se donner qui sont plus délicieuses que tout. (Rémy de Gourmont)

    Une âme se peut dire généreuse quand elle prend plus de plaisir à donner qu'à recevoir. (Chevalier de Méré)

    La vie est donnée à tout le monde, mais tous ne sont pas capables de la vivre. (Marie-Claire Blais)

    Quand on n'a pas d'argent, il faut donner beaucoup de soi. (Jean Dutourd)

    On est toujours forcé de donner quelque chose au hasard. (Napoléon Bonaparte)

    Tout donner à un autre, quelle bonne pluie d'été sur un cœur ! (Jean Anouilh)

    Ne dis pas que tu veux donner : donne ; jamais tu ne satisferas une attente. (Goethe)

    C'est lorsque l'on donne du peu que l'on a, que l'on donne vraiment. (Marc Lévy)

    Rien de tout ce qui est donné par la nature à tous les hommes n'est un mal. (Cicéron)

    L'homme a tout en son pouvoir, et la femme ne possède que ce que lui donne l'homme. (Giacomo Casanova)

     

    Dans la Bible :

    Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l'en prient ! (Mt 7,11)

     

    Et il advint, quand Jésus eut achevé de donner ces consignes à ses douze disciples, qu'il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes. (Mt 11,1)

    Que servira-t-il donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie ? Ou que pourra donner l'homme en échange de sa propre vie ? (Mt 16,26)

         

    C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. (Mt 20,28)

     

    Quel est donc le serviteur fidèle et avisé que le maître a établi sur les gens de sa maison pour leur donner la nourriture en temps voulu ? (Mt 24,45)

    Et il leur recommanda vivement que personne ne le sût et il dit de lui donner à manger. (Mc 5,43) Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils lui disent : « Faudra-t-il que nous allions acheter des pains pour deux cents deniers, afin de leur donner à manger ? » (Mc 6,37)

    Et que peut donner l'homme en échange de sa propre vie ? (Mc 8,37)

    Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. (Mc 10,45)

    … pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés. (Lc 1,77)

    Son esprit revint, et elle se leva à l'instant même. Et il ordonna de lui donner à manger. (Lc 8,55)

    Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient !  (Lc 11,13) Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s'est complu à vous donner le Royaume. (Lc 12,32)

    Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : « Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. » (Lc 19,8)

    Tandis qu'il parlait encore, voici une foule, et à sa tête marchait le nommé Judas, l'un des Douze, qui s'approcha de Jésus pour lui donner un baiser. (Lc 22,47)

    Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6,52)

    Les Juifs disaient donc : « Va-t-il se donner la mort, qu'il dise : ‘Où je vais, vous ne pouvez venir?’ » (Jn 8,22)

    Personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père. (Jn 10,18)

    Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. (Jn 15,13)

    J'ai manifesté ton nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi et tu me les as donnés et ils ont gardé ta parole. (Jn 17,6)

     

     


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  •  J’ai rencontré, il y a quelques jours, une personne qui vit comme moi au Liban depuis longtemps, mais qui n’est pas d’origine libanaise. Occasion d’un échange un peu bref mais très intéressant qui m’a donné envie de partager quelques réflexions rapides avec vous, à approfondir.

    Le sujet de ces réflexions ? C’est ce que nous appelons notre identité. Il est clair que chaque peuple a son identité. Il existe une identité libanaise avec ses caractéristiques culturelles et sociales, il existe une identité française ou italienne ou égyptienne. Mais là où commence la difficulté (ou plutôt la chance, d’après mon expérience), c’est lorsque quelqu’un comme nous se trouve plus ou moins à cheval sur plusieurs identités. Quelle va être alors son identité à lui ?

    Nous n’avons pas ici le temps de nous lancer dans une étude de vocabulaire philosophique pour distinguer entre identité et personnalité et je crois que pour simplifier les choses on peut prendre pour commencer ces deux mots comme s’ils avaient à peu près la même signification.

    Si ma personnalité est faite maintenant de plusieurs identités, cela voudrait dire que je risque d’être une personne avec une double ou une triple personnalité ? Pauvre de moi, je serais donc bien perdu et malade et les gens ne sauraient plus comment s’adresser à moi.

    Mais je crois qu’il y aurait alors un grand malentendu sur les mots eux-mêmes. C’est qu’en fait je n’aurai jamais qu’une seule identité, même si cette identité peut avoir de multiples visages, comme justement ce qui vient des identités de peuples différents. Je ne suis pas un mauvais français parce que je me suis enrichi de l’identité libanaise. C’est la manière originale avec laquelle je gère la relation entre ces deux cultures qui va faire de moi une identité qui peut plaire à certaines personnes mais aussi en déranger d’autres : c’est là que l’aventure devient vraiment intéressante !

    Mais il faut dire qu’au fond mon identité est tellement complexe qu’il est impossible de savoir exactement de quoi elle se compose, car elle est le fruit de ma rencontre avec des milliers et des milliers de personnes tout au long de ma vie, de la famille à l’école, au travail… Les identités nationales ne sont qu’un des aspects de ce qui m’a formé et je ne saurai jamais moi-même exactement tout ce qui a contribué à construire peu à peu cette identité. Et pourtant je sens et je peux dire que « cela c’est moi » et « cela ce n’est pas moi », « j’aime cela et je n’aime pas cela », je suis « différent » des autres et en même temps semblable à beaucoup d’autres. Car j’ai des points communs avec beaucoup de parents, d’amis, de connaissances et même de gens que je connais seulement par mes lectures ou par les médias.

    Ce qui fait mon identité, c’est que je suis homme comme les autres hommes et qu’en même temps je suis unique, absolument unique, il est impossible de me confondre avec qui que ce soit.

    Seulement voilà, mon identité est toujours limitée à l’expérience que j’ai vécue et à la manière dont je vis mes relations avec les autres. Si mes relations sociales sont conflictuelles j’aurai une identité méfiante, peut-être agressive ou qui a peur de tout. Si je réussis à créer des relations harmonieuses avec les autres, si je considère les autres non pas comme des obstacles à ma réalisation, mais comme une occasion d’enrichir toujours plus ma personnalité, alors mon identité sera toujours plus belle et en même temps plus dynamique.

    Le danger de comparer les identités de chacun, c’est de vouloir toujours les opposer au lieu de les harmoniser. Les limites de ma personnalité ne sont pas le cœur de mon identité. Mon identité est ce qui est le cœur de moi-même, mais ce cœur est aussi toujours en évolution. Sinon cela voudrait dire que mon identité est figée, repliée sur elle-même et ce serait bien triste.

     

    Mais je crois que nous devons continuer cette conversation avec d’autres articles. Qu’en pensez-vous ?


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  • Tous les génies ne sont pas forcément des sages. Mais c’est tout de même rassurant de découvrir de vrais génies qui sont en même temps de vrais sages. 

    Pour aller nous abreuver « au paradis d’Einstein », sans entrer dans ses pensées trop scientifiques ou philosophiques, arrêtons-nous simplement sur quelques-unes de ses phrases (publiées au début du mois dans « Des mots pour de bon ») qui nous le rendent tellement humain et qui illuminent l’humanité tout entière. 

    « Le mot progrès n'aura aucun sens tant qu'il y aura des enfants malheureux. »

    « Le problème aujourd'hui n'est pas l'énergie atomique, mais le cœur des hommes. »

     Un si grand savant sait nous montrer que tous les trésors de son cerveau ne sont rien, s’il n’est pas d’abord un homme, dans tout le sens du terme, qui pense à ses frères les hommes et qui les porte dans son cœur.  

    Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé. » 

    Quand on pense à ce que cette phrase peut vouloir dire pour Einstein, cela donne le vertige : quelle horreur que ce cerveau humain si rigide qu’il n’est pas capable de s’ouvrir à de nouvelles pensées qui pourraient le libérer !

     « Ce qui fait la vraie valeur d'un être humain, c'est de s'être délivré de son petit moi. » 

    Lorsqu’on contemple le mystère de l’univers, cela aide sans doute à voir les choses, les évènements et les personnes avec un autre regard qui « relativise » justement et qui libère de ces absolus que nous nous faisons, comme l’importance de notre « moi » qui n’a de sens que s’il est en harmonie avec le monde entier et non pas un trésor détaché, tout seul qui ne sait plus où il va. 

    « La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. »

    « La vie est un mouvement ; plus il y a vie, plus il y a flexibilité ; plus vous êtes fluide plus vous êtes vivant. »

     Une belle méditation pour un monde où la force est souvent considérée bien plus importante que le mouvement, alors que c’est le mouvement qui est signe de vie et de liberté !

      « L'environnement, c'est tout ce qui n'est pas moi. » 

    A une époque où l’on parle de plus en plus de l’environnement sans toujours bien comprendre ce que cela veut dire, cette petite phrase simplifie tout et nous rappelle en même temps que ce « petit moi » ne sera jamais heureux tant qu’il ne sera pas en harmonie avec tout le reste de l’univers.

     « C'est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu'il en a reçu. »

     Et qui de nous a cette conscience de devoir remercier le monde, ses parents, sa famille, ses éducateurs, son pays et le monde entier de tout ce qu’il a reçu en général presque gratuitement, alors qu’on se plaint le plus souvent de tout ce qui nous manque, comme un enfant capricieux qui pense que tout lui est dû ?

    « Rien n'est jamais entièrement noir. »

    « La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour. » 

    Des mots pleins d’espoir qui aident l’homme à ne pas se décourager. Et comme c’est beau de terminer nos réflexions par cette note d’humour d’un homme qui aurait de quoi enseigner à l’humanité entière, mais qui sait rester humble et modeste et tout relativiser, sans trop se prendre au sérieux.

     

     


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  • Notre monde est certainement malade. Pas besoin de chercher beaucoup de preuves à cette affirmation, il suffit de voir les nouvelles de chaque jour dans les journaux, à la télévision ou sur internet, ou simplement de marcher ou de circuler dans les rues de nos villes de tous les coins du monde.

    Et puisque le monde est malade, nous sommes tristes, nous nous plaignons et nous cherchons les coupables. Devoir de justice ? Peut-être, mais soyons sincères un instant : d’où vient cette voix en nous qui cherche toujours la faute chez les autres ?

    Ne passons-nous pas une grande partie de la journée à juger les autres et à nous plaindre d’eux ? N’est-ce pas là une maladie héréditaire de l’homme depuis qu’il existe sur cette terre et qu’il pense ?

    Alors que faire ? Ne plus nous plaindre ?

    Le véritable problème n’est pas tellement que nous nous plaignions, mais surtout que nous pensons trop souvent du mal des autres. Là est toute la racine du mal tellement contagieux qui envahit du matin au soir notre humanité fatiguée.

    Imaginons qu’on arrête un jour de penser du mal des autres, alors soudain plus personne ne se plaindrait, nos visages seraient tout de suite bien plus ouverts et sereins, l’atmosphère générale serait complètement transformée.

    Evidemment vous me direz que c’est impossible de ne pas voir ce que les autres font de mal devant nous tout au long de la journée, et surtout de ne pas réagir, car nous avons tout de même la responsabilité de changer la situation, de corriger les autres là où ils se trompent et nous causent du tort.

    C’est vrai, vous avez sans doute raison. Mais vous pensez qu’on va très loin en ayant toujours raison et surtout raison contre l’autre ?

    Alors je vous propose une manière nouvelle de gérer nos journées. Vous serez bien d’accord que le temps de chaque jour est toujours trop court pour tout faire. Chacun de nous doit choisir ses priorités. Et si notre priorité était d’abord de chercher tout ce qui se vit de positif autour de nous et d’y apporter notre contribution ?

    Lorsqu’un sportif est à l’œuvre, ou bien un acteur, un artiste, quelqu’un qui est en train de créer un nouveau chef d’œuvre, il se concentre sur son travail, il n’a certainement pas le temps de s’attarder à voir ce que les gens font de mal autour de lui, à moins que vraiment quelqu’un l’empêche directement de travailler.

    Alors pourquoi ne nous levons-nous pas le matin en pensant : je vais faire de ma journée un chef d’œuvre, une nouvelle création qui fasse avancer l’humanité ? Et je vais chercher pour cela à collaborer avec tous ceux qui travaillent dans cette même direction et qui sont peut-être bien plus nombreux que ce que j’aurais imaginé. Il suffit de voir sur facebook toutes les belles initiatives positives qui naissent à chaque instant aux quatre coins du monde pour réveiller le monde de sa léthargie.

    Je ne parle pas ici des gens qui ont une responsabilité directe d’éducateurs en famille, à l’école ou ailleurs et qui doivent tout de même corriger les fautes et les erreurs. Mais laissons les éducateurs à leur travail et ne nous érigeons pas nous-mêmes en éducateurs universels qui veulent corriger le monde entier. Au besoin les gens, beaucoup de gens, apprendront à se corriger tout seuls en voyant notre exemple positif.

     

    Mais arrêtons cette marée de pensées mauvaises et négatives qui ne servent qu’à obscurcir un peu plus la nuit qui nous envahit ! Mettons-nous à penser vraiment à tout ce qu’il y a de bien et de beau autour de nous et consacrons notre temps à le mettre en lumière. Le reste commencera à tomber tout seul de lui-même.


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