• J’avoue que je suis un peu déçu de ne pas avoir reçu plus d’objections à mon article sur les « dangers de la miséricorde ». Car moi-même je n’étais pas satisfait. On ne peut pas parler en profondeur d’un tel sujet en une seule page de blog.

    Alors je vais essayer moi-même d’imaginer les objections, les problèmes que cause la miséricorde. Beaucoup de gens sont méfiants avec la miséricorde. Souvent c’est parce qu’ils ont essayé, cela a eu un effet négatif et ils se sont bloqués. Ou bien on parle de la miséricorde de façon théorique : « Moi jamais je ne pourrais pardonner à l’assassin d’un être cher ! » Ou bien : « J’aimerais bien, mais pardonner à celui-ci après tout le mal qu’il m’a fait, je n’y arriverai jamais. » Ou bien on cherche des excuses, en disant que la miséricorde empêche d’appliquer la justice et que cela peut avoir des conséquences terribles pour l’avenir. Et si on pardonne à quelqu’un qui a fait du mal, il ne va jamais plus se rendre compte de sa faute et il va recommencer… On pourrait trouver des objections, réelles et cohérentes, à l’infini.

    Toutes ces réflexions ont du vrai, ne serait-ce que par l’expérience ressentie. Mais ce sont souvent de faux problèmes qui nous empêchent de voir la beauté et la force de la miséricorde. Je pourrais dire que jamais je n’achèterai une voiture parce que j’ai des amis qui se sont tués dans des accidents de la circulation et que moi-même j’ai peur de conduire. Un peu de bon sens me fera comprendre que toutes mes peurs n’enlèvent rien au fait que l’automobile est une des plus belles inventions de l’homme.

    Alors reprenons les choses par le début. La vie est belle, elle est un don extraordinaire dont je peux profiter et pourtant beaucoup n’en profitent pas. L’amour est magnifique, beaucoup en font l’essentiel de leur vie, mais d’autres passent complètement à côté ou même ils n’arrivent plus à voir cet amour que comme un immense cauchemar. Il en ira de même pour la miséricorde. Alors question de chance ou de fatalité ? Je crois que tout de même l’homme est en général libre de choisir comment il va s’en sortir.

    Il faut d’abord se convaincre que la miséricorde est une réponse merveilleuse à tous les conflits de notre vie et que c’est elle qui a transformé bien des cauchemars en une oasis de paix où les blessures pardonnées sont devenues le motif et la cause d’un supplément d’humanité.

    Mais on oublie que la miséricorde s’apprend, s’expérimente et s’exerce en grandissant. Un des grands dangers de la miséricorde est de vouloir la vivre tout seul et d’un seul coup. Il faut être ensemble, unis, pour avoir la force de vivre la miséricorde dans la réciprocité. Et dans ce groupe uni, on peut déjà commencer à pratiquer la miséricorde dans les petits problèmes ou malentendus ou incompréhensions de chaque jour.

    Je vous assure que je suis content quand un de mes amis me cause un petit tort, parce qu’il oublie un rendez-vous, ou bien il ne se souvient plus de ses promesses, ou bien il me déçoit pour une raison ou pour une autre. J’ai pris l’habitude de me réjouir lorsque se produit un petit incident de ce genre, parce que je me dis : voilà une belle occasion de pardonner, en imaginant que mon ami a certainement des circonstances atténuantes indépendantes de sa volonté et qu’il n’a sûrement pas voulu me causer du tort. Et en me disant surtout : comme ça, la prochaine fois que moi je lui ferai de la peine pour une bêtise, il se souviendra que je lui ai pardonné de tout mon cœur la fois précédente et il en fera autant pour moi, avec un grand sourire du fond du cœur. Et c’est cela qui soude le plus l’amitié.

    A force de nous exercer à ce petit jeu, nous serons plus forts le jour où vraiment la miséricorde sera plus difficile à appliquer, mais nous nous en sortirons quand même et alors quelle libération qui transformera tout notre être en même temps que le cœur de celui à qui nous aurons pardonné !

    Mais encore une fois il faut se rappeler que la miséricorde est un acte que je fais sur moi-même avant de le faire sur celui qui m’a fait du mal. Vivre la miséricorde, c’est comme déraciner en moi l’arbre de la rancœur, de la vengeance et de la haine. A chacun de trouver sa méthode. Si je suis très fort et très bien entouré j’aurai peut-être la force de déraciner cet arbre malsain d’un seul effort, mais je peux aussi creuser peu à peu la terre autour des racines de l’arbre pour l’enlever ensuite plus facilement comme on détache un fruit mûr de sa branche.

     

    Et enfin, ou plutôt à la base de tout, il ne faut jamais se lasser de recevoir la miséricorde. Il faut savoir se pardonner à soi-même avant d’être capable de pardonner aux autres. M’accepter moi-même tel que je suis, pas parce que je suis parfait, mais parce que j’ai été créé pour aimer, pour rendre les autres heureux autour de moi et que, si je me décourage de moi-même, je vais interrompre ce courant bienfaisant qui m’a donné la vie et l’amour et qui peut continuer à le donner à travers moi…


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  • L’homme est toujours un homme, qu’il soit blanc ou noir ou jaune ou métis, qu’il soit chrétien, hindou, musulman, juif, bouddhiste ou simplement sans référence religieuse. Je suis sidéré, dans la recherche de notre blog, de découvrir que les cultures les plus différentes de notre globe terrestre, parviennent en général aux mêmes conclusions, même si les expressions et les nuances restent heureusement différentes.

    Je suis étonné d’ailleurs de voir que la plupart des pensées de ces hommes célèbres que je cite chaque mois dans notre rubrique « Des mots pour de bon » s’harmonisent parfaitement avec toutes les rubriques de notre blog. Au point que je suis tenté parfois de me taire pour les écouter simplement parler. Mais chacun doit aller au bout de soi-même, l’expérience de chacun est unique et c’est ce qui me pousse à chercher moi aussi à dire avec d’autres mots tout ce que la vie m’a fait peu à peu découvrir

    Mais écoutons encore un peu aujourd’hui le « paradis » de Krishnamurti que nous avons cité dans « les mots de mars » :

    « La connaissance de soi est le commencement de la méditation.

    Apprendre à se connaître, voilà toute la difficulté pour l'homme.

    Comprendre la vie c'est nous comprendre nous-mêmes, voilà le commencement et la fin de l'éducation.
    L'ignorant n'est pas celui qui manque d'érudition, mais celui qui ne se connaît pas lui-même.

    La connaissance de soi consiste à suivre le moi, à suivre toutes les pensées, tous les sentiments, tous les mobiles, et à ne jamais, fût-ce pendant un instant, se dire qu'on les connaît.
    La liberté ne commence qu'avec la connaissance de soi dans la vie quotidienne.

    Ce qui est beau dans le fait d'apprendre, c'est qu'on ne sait pas.

    Apprendre c'est vouloir progresser, c'est être animé d'une passion, d'une soif intense de découverte.

    Le savoir s'acquiert avec le temps.
    Le savoir n'est jamais complet, il va toujours de pair avec l'ignorance.

    L'homme plein d'assurance est un être humain mort.
    La peur de la vie et des expériences nouvelles tue en nous l'esprit d'aventure. 
    »

    Quelle sagesse et quelle synthèse révolutionnaire en quelques mots ! La connaissance n’est pas une question d’érudition et de quantité d’éléments de connaissance, c’est un rapport harmonieux avec soi-même et avec le monde qui nous entoure. C’est une connaissance qui se développe dans la vie quotidienne plus que dans les livres.

    La recherche de cette connaissance a une âme, une « passion, une soif intense de découverte ». Et qui dit découverte dit « aventure ». Et la découverte et l’aventure existent justement parce qu’on ne se satisfait jamais de ce qu’on a connu jusqu’à aujourd’hui. Etre « plein d’assurance », c’est être un homme « mort ». Quelle force provocatrice dans cette affirmation !

    Mais ce qui me bouleverse le plus, c’est lorsque notre auteur dit que « la connaissance de soi consiste à suivre le moi, à suivre toutes les pensées, tous les sentiments, tous les mobiles, et à ne jamais, fût-ce pendant un instant, se dire qu'on les connaît. » Cela veut dire tout simplement que mon moi va de l’avant tout seul, avec le temps, sans même que j’y pense. Apprendre à être moi-même ce n’est pas m’attacher au moi que j’ai construit jusqu’à hier, en essayant de le défendre et de le renforcer. Non, mon moi chemine tout seul et c’est en cheminant chaque jour un peu plus au fond de moi-même que j’aide ce moi à progresser, à se réaliser et à devenir toujours plus moi-même. Cela fait peur et cela libère en même temps…

    « Il n'est pas d'existence possible sans relation : la vie même est relation.

    L'art de vivre, c'est la relation ; sans relation il n'est pas de vie.
    Toute relation se double d'une responsabilité immense.

    Toute relation est un miroir où le moi et nos activités peuvent nous apparaître.

    Il n'y a pas de société s'il n'y a pas de relation.
    La sagesse s'obtient en observant et comprenant les incidents quotidiens dans les relations humaines. »

    Tout notre blog est basé sur ce concept de « relation », sur les idées de réciprocité et d’interdépendance. Il n’y a pas d’autre chemin pour apprendre à être homme et faire respirer l’humanité autour de nous. Tout ce qui entrave les relations, ce qui replie quelques relations privilégiées sur elles-mêmes par exclusion des autres est comme un cancer qui dévore peu à peu la société et qui ne conduit qu’à l’incompréhension et à la guerre.

    « L'éducation doit aider l'individu à mûrir librement, à s'épanouir en amour et en humanité.

    La religion enseigne l'unité des êtres, la bonté et la douceur envers toute créature sensible.

    La bonté ne peut fleurir que dans la liberté.
    Là où il y a amour, il y a compassion avec laquelle l'intelligence va de pair.

    L'homme qui sait faire éclater l'atome mais qui n'a pas d'amour en son cœur devient un monstre. »

    Enfin, bonté, amour, compassion, unité, douceur, humanité, ne sont pas des valeurs facultatives que l’on peut ajouter si l’on veut à celles de progrès, d’organisation, de politique ou de travail social. Car ce sont ces valeurs qui peuvent apparaître parfois trop spirituelles ou psychologiques mais qui permettent à l’humanité d’avoir une âme et de ne pas devenir un « monstre ».

     

     

     


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  • Oui, c’est le souhait que j’ai envie de faire aujourd’hui à tous mes lecteurs. Je sais que la plupart d’entre eux sont chrétiens convaincus, mais pas tous, j’ai aussi des lecteurs musulmans et d’autres qui n’ont pas de référence religieuse, alors leur souhaiter de Joyeuses Pâques de résurrection ce serait peut-être mal placé.

    Mais parler de Pâques alors, vous me direz que ce n’est pas non plus valable pour tout le monde. Et pourquoi pas ? Pâques veut dire simplement « passage ». Vous avez lu mon article sur « le passage » du 7 mars dernier dans « En vie de vocabulaire » ? Le passage est une réalité merveilleuse : « passer » des ténèbres à la lumière, de la guerre à la paix, d’un problème à sa solution. Alors je suis heureux de souhaiter à chacun un bon « passage » vers tout ce qu’il espère voir se réaliser au plus tôt.

    Quant à la « réciprocité », vous avez bien dû vous apercevoir que c’est sans doute le mot de ce blog qui m’est le plus cher. Et cette fois-ci je m’adresse à mes amis chrétiens. Bien sûr que la résurrection est le plus grand des miracles, un évènement qui a changé, pour nous, le cours de l’histoire. Mais ne pensez-vous pas qu’il est normal qu’un Dieu soit capable de ressusciter ? Tandis qu’un Dieu qui nous conduit à la réciprocité avec Lui, c’est pour moi le miracle le plus merveilleux.

    Jésus aurait pu vaincre simplement la mort et retourner chez Lui auprès du Père. Mais voilà qu’il a décidé avec le Père et l’Esprit de nous entraîner avec eux dans la réciprocité d’amour qu’ils vivent ensemble, unis et distincts de toute éternité !

    La réciprocité c’est la purification de l’amour, car elle empêche l’amour d’être possessif ou à sens unique. La réciprocité c’est la garantie que toutes nos actions en faveur de l’autre, faible, ou démuni, n’iront pas d’une personne supérieure à un pauvre inférieur, mais seront simplement le partage entre deux frères ou sœurs en humanité. La réciprocité c’est la seule possibilité qui nous est donnée de pénétrer vraiment dans le cœur de l’autre sans le blesser, mais au contraire en le faisant tressaillir de joie, car lui aussi peut pénétrer en nous de la même façon, d’égal à égal, et pourtant différents.

    Et ce qui est extraordinaire, c’est qu’il n’est pas besoin d’être croyant pour « croire » en la réciprocité et l’expérimenter. Mystère de l’humanité ? La réciprocité est sans doute le plus beau et le plus grand de nos passepartouts et nous y reviendrons prochainement. Mais bien peu de gens semblent avoir découvert sa beauté et sa puissance. A nous de nous entraider à le faire. Ce sera un pas de plus pour illuminer notre monde triste et malade…

     

     

     


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  • C’est chaque fois la même chose, après chaque nouvel attentat voilà qu’une bonne partie de nos hommes politiques, mais en particulier Mr Valls (et c’est pourquoi je m’adresse à lui aujourd’hui) se mettent à crier sur les toits que nous sommes en guerre contre le terrorisme !

    Pourquoi cet aveuglement Mr Valls ? Vous pensez rassurer les Français ou les Européens qui ont peur en ce moment en leur disant : « Ne vous inquiétez pas, on va vous tuer bientôt tous ces méchants et vous pourrez de nouveau vivre en paix comme avant. »

    Mais vous ne voyez donc pas que c’est exactement cela que nos terroristes attendent de vous : que vous tombiez en plein dans leur piège mortel ! Ou vous êtes inconscient, ou vous êtes malhonnête, parce que vous espérez ainsi gagner plus de voix aux prochaines élections ou, pire encore, vendre un peu plus de nos armes sophistiquées sur le marché mondial ?

    Je ne suis pas contre vous, Mr Valls, j’ai voté pour Mr Hollande aux dernières élections et je le ferai encore si la France n’est pas capable de me proposer mieux. Mais je suis bien triste pour la France qui perd complètement la tête et toutes ses valeurs.

    Il y a 45 ans, je suis arrivé au Liban pour servir la France et le Liban comme coopérant. Je pouvais ainsi faire du bien à mon pays d’origine et à mon pays d’adoption. Et voilà que je me suis trouvé au cœur d’une guerre inhumaine et injuste qui a duré seize ans et qui n’a laissé derrière elle que des vaincus. Vous pensez que je me suis senti en guerre contre quelqu’un, contre les « méchants » de tous ordres qui venaient se défouler au Liban ?

    Non, je n’ai jamais fait la guerre à personne. J’ai « fait la paix » à tous ceux que je pouvais rencontrer, j’ai essayé de vivre la solidarité avec un peuple opprimé et je peux dire que j’ai au moins réussi à aimer ce peuple et à me faire aimer. 45 ans plus tard, après d’autres séjours dans d’autres pays du Moyen Orient je suis de nouveau ici au Liban pour « faire la paix ».

    Si vous devez faire votre travail de police et mettre des terroristes en prison, je suis d’accord avec vous. Mais n’oubliez pas que c’est pour le bien des terroristes eux-mêmes que vous le ferez, en plus du bien que cela apportera à toute la population.

    Vous devez « faire la paix » avec les terroristes, si c’est encore possible. Mais est-ce possible maintenant que vous leur avez si clairement déclaré la guerre et qu’ils sont si contents de voir que cette comédie de guerre ne devrait plus s’arrêter avant longtemps ?

    Mais savez-vous qu’en fait on ne gagne jamais une guerre ? C’est seulement la paix qui se gagne. Une guerre se perd toujours ! Ou bien expliquez-moi ce que veut dire une victoire dans une guerre : c’est la « joie » de pouvoir compter plus de morts chez l’ennemi que chez nous ? Ce serait cela la victoire qui fait honneur à notre humanité ? Ce n’est pas la « victoire » de 1945 sur Hitler qui a permis à la France de s’en sortir. Elle avait déjà « gagné » une autre guerre en 1918 et elle est de nouveau tombée dans le panneau. C’est la détermination de nos hommes de paix qui a sauvé la France et l’Europe. Et maintenant on va s’y remettre ? L’Europe part en guerre et elle se divise parce qu’elle n’est même pas capable d’accueillir quelques réfugiés qui sont victimes de sa politique étrangère guerrière ?

    Et puis, en général aussi, on fait la guerre contre un pays et une armée. Quand cette vague terroriste n’avait que quelques éléments dispersés qui se cachaient au milieu des déserts, ils n’avaient encore ni pays, ni armée. Vous ne voyez pas que c’est notre politique occidentale qui est en train de créer de toutes pièces un pays et une armée de terroristes, qui ne se cachent plus dans les déserts, mais qui habitent au cœur des villes ?

    Et quand on se gargarise de beaux slogans irresponsables comme celui de « faire la guerre au terrorisme », les autres slogans suivent, comme le titre de ce journal italien (« Il Giornale ») qui vient d’écrire en première page de son édition d’hier : « Chassons l’Islam de chez nous ! »

    Où s’arrêtera cette folie ? Le jour où la France et l’Europe commenceront à vivre le chaos que subissent depuis des années nos amis irakiens et syriens (en grande partie à cause de notre politique étrangère inconsciente) que ferons-nous ? Il sera peut-être alors impossible de revenir en arrière. C’est maintenant qu’il faut changer de cap, avant qu’il ne soit trop tard.

    Unissons-nous pour un monde plus vrai, plus juste, plus humain. On ne peut d’ailleurs jamais s’unir contre quelque chose ou quelqu’un. L’unité qui n’essaye pas d’être totale, à 360 degrés, avec mes amis mais aussi un jour ou l’autre avec mes ennemis du moment, n’est que mensonge et démagogie. On est en train d’en faire la triste expérience ces derniers temps avec la désagrégation progressive de l’unité européenne qui a cessé d’être une « unité » quand elle s’est recroquevillée sur elle-même et ses égoïsmes, au lieu d’être un modèle, comme elle aurait pu l’être, pour les autres pays du monde en conflit.

     

    Et cessez de raconter à nos compatriotes qu’ils sont en guerre. Demandez à nos parents encore vivants ce que c’est qu’une guerre, demandez à nos amis palestiniens s’ils ont le temps d’aller voir un match de football. Je sais bien que les gens ont un peu peur de sortir de chez eux en Europe en ce moment dans les grandes villes. Mais une guerre, c’est tout de même autre chose. A force de l’appeler, la guerre va finir par arriver. Ce ne serait pas mieux d’appeler la paix pour qu’elle vienne ?


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  • Nous avons tous de vrais amis ou de magnifiques parents, frères, sœurs, cousins, cousines, avec lesquels nous nous sentons presque toujours à l’aise quoi qu’ils fassent. Même leurs défauts nous attendrissent et nous sont sympathiques. Comme ce serait beau s’il en allait de même avec tout le monde !

    Mais malheureusement la plupart des autres gens nous gênent souvent et nous dérangent. Ils n’ont pas besoin pour cela d’être des personnes négatives qui font du mal autour d’elles. Non, c’est simplement leurs différences que nous avons de la peine à supporter. Celui-ci parle trop, celui-là ne dit jamais rien, celui-ci est toujours triste, celui-là est trop exubérant, celui-ci est timide, celui-là se met toujours au centre de toutes les attentions.

    Et tout cela fatigue, c’est évident. Vivre à longueur de journée, au travail et malheureusement parfois même à la maison ou dans nos cercles d’amis, avec des gens qui nous « dérangent », ce n’est pas une vie. Mais alors que faire ? Bien choisir ses amis, trouver des personnes avec lesquelles nous nous sentons toujours à l’aise et passer le plus clair de notre temps avec elles, pour oublier les autres ? C’est évidemment une solution, mais qui ne marche jamais complètement. Alors devons-nous nous résigner à nous dire que c’est ça la vie, qu’il n’y a rien à faire ? Quelques moments passionnants et sympathiques de temps en temps, beaucoup de routine le plus souvent et même parfois des moments insupportables qu’on vit en attendant que cela passe… On se sent comme une feuille morte ballotée par le vent dont la joie ou l’ennui ne dépendent au fond pas d’elle, mais des circonstances extérieures qui seront favorables si on a de la chance, ou tristes si on est un peu comme tout le monde…

    Tout cela est évidemment une caricature. Et pourtant combien de gens en ce monde, naissent, grandissent et meurent sans avoir connu autre chose. Vous ne pensez pas qu’il y aurait mieux à faire ?

    La première chose à faire, c’est d’arrêter de juger les gens et de les classer entre ceux qui sont sympathiques et ceux qui ne le sont pas, et d’essayer de croire que chacun doit avoir quelque part quelque chose de sympathique que probablement je n’ai pas encore découvert.

    La deuxième chose c’est de me rendre compte que, si celui-ci me dérange, il est probable que moi aussi je le dérange par ma manière d’être : il y a toujours de la réciprocité dans les relations, même dans les relations négatives et c’est cette réciprocité qui va nous sauver.

    Car si l’autre me gêne ce n’est ni sa faute, ni la mienne (au moins en général, car parfois certaines attitudes trop négatives creusent évidemment des barrières entre les gens). A qui donc la faute, si faute il y a ? Simplement au fait que nous sommes trop différents.

    Mais pourquoi l’autre devrait-il me gêner parce qu’il est différent ? C’est là la clé de la solution. L’autre ne me dérange pas parce qu’il fait quelque chose de mal, mais simplement parce que mon esprit, mon cœur sont encore trop petits pour le contenir. Les grandes personnalités qui ont changé la face du monde se trouvaient à l’aise avec n’importe qui, car leur cœur s’était élargi aux dimensions de toute l’humanité et n’importe quelle personne finissait par les attirer.

     

    Ce n’est pas l’autre qui me dérange, mais ce sont simplement les murs, les barrières que je me suis construits au cours de ma vie en pensant me protéger et qui finalement m’ont enfermé sur moi-même. Je viens de faire un voyage d’une semaine en Italie avec une quarantaine de personnes que, pour la plupart, je connaissais à peine. Mais nous avons décidé au départ de vivre une expérience de vraie amitié ou de vraie unité ensemble et finalement cela a été un des plus beaux voyages que j’ai jamais faits au cours de ma vie, car nous sommes revenus de là-bas comme si nous étions une seule famille. Les différences, évidentes, entre nous, d’âge, de caractère et de tous les aspects de la vie, ont été des occasions de s’ouvrir aux autres au lieu de s’en écarter. Tout le monde a joué le jeu, comme entraîné par une dynamique positive et contagieuse. Et l’amitié construite en quelques jours semble destinée à durer. Mais elle ne durera pas maintenant si nous nous replions sur ce nouveau groupe d’amis, comme sur une bouée de sauvetage. Cette vie de famille grandira et continuera à nous guider et à nous surprendre si nous savons désormais ouvrir toujours plus notre cœur aux dimensions de toute l’humanité. Ce n’est pas toujours facile à vivre et à faire, mais la vie ainsi conçue apporte des joies inimaginables qui valent bien un petit effort pour sortir de soi.


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