• Interviewé récemment par Denis Lafay  dans “La Tribune”, voilà ce que nous dit Edgar Morin, sociologue et philosophe, sous le titre « Le temps est venu de changer de civilisation. » (Je reprends ici seulement un bref passage d’un article beaucoup plus long)

     « La planète est soumise à des processus antagoniques de désintégration et d'intégration. En effet, toute l'espèce humaine est réunie sous une "communauté de destin", puisqu'elle partage les mêmes périls écologiques ou économiques, les mêmes dangers provoqués par le fanatisme religieux ou l'arme nucléaire. Cette réalité devrait générer une prise de conscience collective et donc souder, solidariser, hybrider. Or l'inverse domine : on se recroqueville, on se dissocie, le morcellement s'impose au décloisonnement, on s'abrite derrière une identité spécifique - nationale et/ou religieuse. La peur de l'étranger s'impose à l'accueil de l'étranger, l'étranger considéré ici dans ses acceptions les plus larges : il porte le visage de l'immigré, du rom, du maghrébin, du musulman, du réfugié irakien mais aussi englobe tout ce qui donne l'impression, fondée ou fantasmée, de porter atteinte à l'indépendance et à la souveraineté économiques, culturelles ou civilisationnelles. Voilà ce qui "fait" crise planétaire, et même angoisse planétaire puisque cette crise est assortie d'une absence d'espérance dans le futur. »

    Que l’on soit d’accord en tout ou en partie seulement avec cette analyse, elle ne peut pas nous laisser indifférents. Il y va de la survie de l’humanité tout entière et plus seulement de la pauvre patrie de chacun, que cette patrie se sente faible ou encore capable de se gérer plus ou moins seule. Nous sommes vraiment de plus en plus interdépendants.

    Mais cette interdépendance n’est en soi ni positive ni négative. C’est notre réaction qui va être positive ou négative. Si un jour mes jambes décidaient de partir toutes seules parce qu’elles ne se sentent plus d’accord avec mon cerveau, on peut bien imaginer la catastrophe !

    Il est normal que l’on ait peur devant une telle situation de fait, indépendante de notre volonté. Mais cela servira-t-il à quelque chose de paniquer ? Les nations les plus nanties de l’Europe n’arrivent plus à supporter la lenteur des plus pauvres comme la Grèce ou le Portugal. Et que se passera-t-il lorsqu’on comprendra que l’avenir de l’Europe dépend aussi bien de celui de la Lybie, de l’Iraq ou de tous les pays africains ? Au lieu de voir cela comme une opportunité d’élargir nos horizons et de nous ouvrir à une humanité vraiment aux dimensions du globe, où chacun aurait sa place, sa dignité et enrichirait les autres ne serait-ce que par sa présence, voilà que chacun est tenté de se replier égoïstement sur soi ?

    Espérons que les nouvelles générations seront plus intelligentes et généreuses et comprendront qu’un repli sur soi ne serait finalement que le début d’un suicide collectif. Nous reviendrons encore souvent sur ce point qu’il faut répéter sans relâche si l’on veut encore avoir de l’espoir !

     

     


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  • Nous allons encore une fois parler de réciprocité. Et comme nous le faisons cette fois-ci dans la rubrique « En vie de vocabulaire », nous allons y ajouter des citations d’écrivains plus ou moins célèbres.

    Mais je vous avoue que je suis étonné par ma recherche sur la réciprocité. On dirait que c’est un mot qui ne fait pas encore partie du langage courant à part entière. Dans un petit dictionnaire de poche français-anglais, avec plus de 10.000 mots répertoriés, le mot « réciprocité » ne figure même pas. Vous allez d’ailleurs voir d’après les citations (finalement peu nombreuses) que j’ai trouvées, qu’il y a encore une grande confusion autour du sens de ce mot pourtant merveilleux.

    C’est que la réciprocité, comme les éléments fondamentaux de la vie, ne peut pas se dominer ou se posséder. Et pour notre pauvre « égo » c’est un grand problème. Mais c’est comme l’amour et l’amitié. C’est comme l’eau, l’air ou le feu. Je pense pouvoir posséder l’eau parce que je l’enferme dans des bouteilles et des galons. Mais, lorsque je la bois, alors que je croyais la posséder, voilà que je dois bien humblement me laisser faire par elle, la laisser s’écouler tranquillement dans tout mon corps, me pénétrer et me redonner vie, sans que je puisse véritablement intervenir.

    On essaye bien de réglementer la réciprocité dans des actes juridiques ou diplomatiques, pour éviter des injustices. C’est déjà mieux que rien. Mais comment voulez-vous sérieusement réglementer la réciprocité ?

    Nous sommes faits pour la réciprocité, nous nous réjouissons du plus profond de notre esprit et de notre cœur lorsqu’elle se présente, mais nous ne pouvons pas l’obliger à venir.

    Car la réciprocité dépend de la liberté totale de l’autre, sinon cela voudrait dire que l’autre est une marionnette en mon pouvoir. Mais c’est là le plus beau. Car lorsque l’autre me répond librement dans sa réciprocité, lorsqu’il invente une réponse amicale ou pleine d’amour à l’attention que je lui ai montrée, il va toujours me surprendre, car sa réponse est originale, unique, bien plus belle que tout ce que j’aurais pu imaginer.

    Dans la réciprocité, il y a toujours quelqu’un qui commence, mais la réponse de réciprocité entraîne une nouvelle réponse de ma part qui soit à la hauteur de la relation qui est en train de naître et de se développer. Et l’on ne sait bientôt plus du tout qui a commencé et cela n’a aucune importance. Car la réciprocité est un courant parti d’une source et qui ne va plus s’arrêter si l’un des deux, ou des trois ou des quatre (à l’infini) ne décide pas tout à coup qu’il n’en veut plus, par peur, par paresse, par tout ce qui peut arriver dans l’esprit de l’homme qui préfère tout à coup s’isoler pour être « sûr d’être lui-même » mais qui en réalité cesse complètement au même instant de développer ce « lui-même ».

    Et là est un autre miracle de la réciprocité, c’est qu’elle me délivre à la fois de moi-même et d’une relation à deux qui pourrait finalement m’étouffer. Car la vraie réciprocité est toujours ouverte à la nouveauté, à des relations nouvelles qui vont l’enrichir et l’ouvrir à l’infini comme un grand feu d’artifice. La réciprocité ne s’arrêtera que le jour où toute l’humanité y sera contenue : rêve évidemment insensé et impossible, mais qui n’enlève rien à la joie de la réciprocité limitée que je vis aujourd’hui avec quelques personnes chères mais où toute l’humanité est déjà présente en embryon.

     

    Quelques citations :

     

    Dans la confiance, on se donne mutuellement des ailesCette réciprocité est très importante. On est élu par quelqu'un, mais on le choisit aussi. (Isabelle Huppert)


    L'amour en réciprocité est un creuset où le meilleur de chacun devient un soleil intérieur. (Jacques Salomé)


    La réciprocité est la loi de l'amour, il n'est pas de réciprocité possible à la pitié. La pitié est un amour déchuavili, un mince filet de l'eau divine qui se perd dans les sables. (Georges Bernanos)


    Le geste du don nous sépare des hommes; il n'engendre pas de réciprocité ... (Jean-Paul Sartre)

     

    Il est presque impossible de respecter quelqu’un sans réciprocité (Didier Court)

     

    La grande différence entre l’amour et l’amitié, c’est qu’il ne peut y avoir d’amitié sans réciprocité (Michel Tournier)

    Les relations entre les sexes ne peuvent être que de réciprocité. (Erica Jong)

     

    Dans l’offrande de soi-même, ne peut naître la réciprocité : on donne pour recevoir. (Dominique Blondeau)

     

    Comme l’amour, la guerre ne se fait pas toute seule. Il y a une réciprocité de la violence qui demande à être considérée. (Cheyenne Carron)

     

    L’Homme veut certitude et réciprocité, d’où sa difficulté à aimer. (Angélique Planchette)

    La fidélité d'un ami est la sûreté de nos secrets ; elle est comme une pierre précieuse qui n'a point de tache, et qui est d'une valeur à ne pouvoir être payée que par la réciprocité. (Axel Gustafsson Oxenstierna)

    L'amour exige l'amour ; il est impossible de préférer sans vouloir être préféré, de se dévouer sans vouloir qu'on nous rende le dévouement, et, quant à l'union, on ne saurait même la concevoir sans l'idée de la réciprocité. La réciprocité est la loi de l'amour ; elle en est la loi entre deux êtres égaux. (Henri Dominique Lacordaire)

    Qui te ferait penser que tu es un amant sans maîtresse ? Un amant, toi qui acceptes le jugement sans appel de la raison ? As-tu le droit d'aimer, toi qui ne veux pas imposer l'amour. Un amant c'est-à-dire un homme qui aime ! Mais l'amour n'existe que par la réciprocité qui le sanctifie. Jusque-là, c'est l'attente, c'est l'aspiration, c'est l'instinct, rien de plus. (George Sand)

    Autrement dit, mettre au monde, c’est savoir se retirer, de telle sorte que les descendants soient capables de se retirer à leur tour. (…) Seuls les parents qui savent vivre leur conjugalité et rester dans leur propre génération ne font pas peser sur leurs descendants le poids d’une dette de réciprocité. (Philippe Jullien)

    Comme l'amoureuse, la mère s'enchante de se sentir nécessaire ; elle est justifiée par les exigences auxquelles elle répond ; mais ce qui fait la difficulté et la grandeur de l'amour maternel, c'est qu'il n'implique pas de réciprocité ; la femme n'a pas en face d'elle un homme, un héros, un demi- dieu, mais une petite conscience balbutiante, noyée dans un corps fragile et contingent ; l'enfant ne détient aucune valeur, il ne peut en conférer aucune ; en face de lui la femme demeure seule ; elle n'attend aucune récompense en échange de ses dons, c'est à sa propre liberté de les justifier. (Simone de Beauvoir)

     




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  • Je crois que « pouvoir » est un des verbes les plus fascinants qui existent. Et je parle bien ici du verbe « pouvoir ». Car le nom « pouvoir », c’est une autre histoire, c’est un mot dangereux, source de conflits, de haine et de guerre, même s’il est possible de l’utiliser dans le bon sens du terme, mais nous nous arrêterons sur ce sujet une autre fois.

    Tandis que pouvoir tout court, c’est participer directement à la vie de l’être. Car seul l’être est en mesure de pouvoir. Pouvoir et vouloir sont deux attributs, deux qualités essentielles de l’être et la capacité de l’homme de pouvoir et vouloir est bien un signe qu’il a une âme, qu’il a au fond de lui un mystère que lui seul porte au milieu de l’univers.

    La nature est belle, mais elle ne peut pas, elle subit simplement la loi qu’elle porte en elle. Tandis que l’homme peut et en même temps il peut ne pas. Je peux aimer et je peux ne pas aimer. Je peux chercher et je peux ne pas chercher. Pouvoir, et décider de passer de la possibilité à l’acte, c’est déjà le sens et le mystère de toute notre liberté. Car je peux mais personne ne peut m’obliger à faire ce que je peux, sauf dans une relation sociale malade.

    On peut s’amuser à conjuguer le verbe pouvoir avec pratiquement tous les autres verbes. Je peux me lever le matin, je peux organiser ma journée, je peux espérer faire de cette journée un petit chef d’œuvre, comme je peux me replier sur moi-même et refuser de continuer à collaborer avec les autres. Pouvoir n’est en soi ni positif, ni négatif, c’est simplement la capacité ou la possibilité qui m’est donnée de faire ou de ne pas faire, de penser ou de ne pas penser, de construire ou de détruire, d’accueillir ou de renvoyer…

    Tout ce que je fais du matin au soir, je le fais parce que la vie m’a donné ce cadeau de pouvoir me servir de ce pouvoir. Cela donne le vertige quand on y pense un seul instant. Pouvoir c’est vivre à plein poumons. Pouvoir c’est être ouvert à toutes les réalisations possibles. Et la société est harmonieuse quand les hommes s’entraident à pouvoir toujours plus. Tandis qu’elle est malade lorsque certains empêchent les autres de pouvoir, par jalousie, par égoïsme ou simplement par peur que l’autre puisse plus que moi et qu’il m’empêche à son tour de pouvoir.

    Là est le défi de toute famille, de toute communauté humaine : comment harmoniser tout ce que chacun peut sans que cela dérange les autres et mieux encore pour que ce que je peux puisse aider l’autre aussi à pouvoir ? Si je peux découvrir de nouvelles manières de guérir des maladies, je vais aider mes compagnons de voyage à pouvoir mieux vivre. Mais si je peux voler l’argent ou les biens des autres, je vais leur interdire de pouvoir réaliser leurs rêves et pouvoir devient alors source de conflit.

    A nous de pouvoir avec responsabilité et conscience. Reprenons la liste des verbes préférés de notre blog et nous nous mettrons à rêver. Je peux être bien sûr, ce qui veut dire que je peux accueillir en moi cet être et le donner. Je peux vivre et aimer. Je peux chercher, attendre, écouter, âtre attentif. Je peux apprendre, comprendre et connaître. Je peux respirer et faire respirer. Je peux partager et communiquer. Je peux croire et découvrir. Je peux me laisser émerveiller. Je peux m’ouvrir, sortir et puis entrer. Je peux rencontrer et accepter. Je peux inventer l’avenir ou transformer le présent. Mais évidemment je peux aussi refuser tout cela et faire exactement le contraire. Mais personne ne peut me retirer cette « possibilité » qui est en moi. Les limites de temps et d’espace en plus de la méchanceté humaine vont sans doute m’empêcher de tout pouvoir. Je sais bien que je ne peux pas tout à la fois. A chaque instant je dois choisir entre mille possibilités, mais je peux toujours changer de direction sur ma route. Et tant que je vis je peux rectifier le tir, je peux corriger mes intentions, je peux évoluer, progresser, me perfectionner.

    Pouvoir c’est vivre et profiter de la vie sans relâche, c’est être moi-même car seul moi je peux ce que je peux, personne ne peut à ma place. L’autre peut aussi comme moi-même, mais chacun peut aller au bout de lui-même et cela devrait suffire à faire qu’il y ait de la place pour tout le monde sur cette terre. Mais l’homme a tellement peur qu’il considère souvent l’autre comme une menace de ne plus pouvoir au lieu de le voir comme une chance de pouvoir encore mieux tous ensemble. Combien de gâchis dans notre pauvre humanité blessée, mais encore combien de possibilités infinies de pouvoir encore et toujours plus ! L’humanité a encore de beaux jours devant elle, si elle apprend à pouvoir de mieux en mieux…

     

     

    Citations de « mon-poeme.fr »

     

    Qui n'a pas au moins une fois essayé ne sait pas ce qu'il peut.(Citation latine

    Montre-moi ce que tu es, ce que tu sais et ce que tu peux, et je te dirai ce que tu deviendras. (Henri-Frédéric Amiel)

    Savoir, c'est pouvoir. (Gaston Bachelard)

    Il faut avoir vu les choses de ses propres yeux pour pouvoir en juger. (Thomas Jefferson)

    Pouvoir, tout est là ! (Jean-Claude Clari)

    On ne fait pas ce qu'on veut, on fait ce qu'on peut. (Pierre-Jules Stahl)

    Il faut pas mal d'argent pour pouvoir s'en passer. (Charles Régismanset)

    On ne peut rien contre un homme qui sait ce qu'il fait. (Georges Perros)

     

    Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout. (Milan Kundera)

    Pouvoir sans savoir est fort dangereux ; savoir sans pouvoir, est inutile et triste. (Étienne Pivert de Senancour)

    Il faut être soi-même pour pouvoir aimer. (Marc Lévy)

    Quiconque peut tout a droit de tout vouloir. (Thomas Corneille)

    Pour pouvoir, pour oser dire des vérités, il ne faut pas dépendre de son succès. (Jean-Jacques Rousseau)

    On fait ce qu'on peut, et non pas ce qu'on veut. (Carmontelle)

    Celui qui peut, agit ; celui qui ne peut pas, enseigne. (George Bernard Shaw)

    Quand on le veut, on le peut. (Oscar Wilde)

    Qui peut tout, pourra trop vouloir. (André Chénier) 

     

    On peut tout ce qu'on veut fortement. (Sénèque)

    Pouvoir chanter que c'est beau, c'est beau la vie. (Jean Ferrat)

    Pourquoi les poètes donnent-ils des ailes à l'Amour ? Il doit pouvoir s'envoler tout à l'aise ; autrement, on lui donnerait des béquilles. (Ninon de Lenclos)

    Pouvoir jouir vaut mieux que jouir. (Pierre-Marc-Gaston de Levis)

    On peut parce que l'on croit pouvoir. (Virgile)

    Qui peut le plus peut le moins. (Aristote)

    Lire, écrire, c'est devoir ; voyager, c'est pouvoir. (Paul Morand)

    Tous nous ne pouvons pas tout. (Virgile)

     

    Savoir, c'est pouvoir. (Citation latine)


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  • (Encore sur la miséricorde) 

    Oui, la nature a peur du vide. C’est une loi que nous rencontrons à chacun de nos pas, depuis l’eau de pluie qui se glisse dans toutes les fentes de nos maisons ou de nos habits, jusqu’à la lumière qui emplit tous les recoins de ma chambre dès le lever du soleil, jusqu’à la circulation chaotique des voitures dans une grande ville…

    Que ce soit positif ou négatif, c’est un fait indéniable, parfois heureux, parfois gênant, mais on ne peut pas y changer grand-chose. Il faut tout de même dire qu’en général nous sommes bien contents que la nature ait horreur du vide car sinon il y aurait des manques et des trous et des oublis partout et la continuité est souvent la garantie de la stabilité et de la paix.

    Là où cela pose problème, c’est au niveau de l’esprit et du cœur de l’homme. On aimerait parfois s’arrêter de penser un moment pour oublier ses soucis ou les problèmes du lendemain, mais notre cerveau n’est pas capable de se reposer un instant. Comme une radio éternellement allumée, il fonctionne jour et nuit, nous poursuit même durant le sommeil avec des aventures dont on se serait parfois bien passé.

    Notre cœur aussi a besoin de ressentir et de se passionner. S’il n’est pas content, c’est qu’il est triste ou mélancolique. S’il n’aime plus, c’est peut-être qu’il passe par une crise de jalousie, ou qu’il est déçu, qu’il se remplit de rancœur, d’amertume ou même de haine ou de colère, mais notre cœur doit s’occuper. Il ne sait pas ce que voudrait dire rester neutre ou indifférent pour quelque temps.

    Tout cela va nous servir maintenant de leçon pour reprendre encore notre sujet de la miséricorde. Lorsqu’éclate un conflit avec quelqu’un qu’on aime, notre cœur doit vite décider et choisir s’il veut pardonner ou pas. Car le cœur a besoin de savoir ce qu’il doit faire, il ne peut pas rester impassible devant le problème qui vient d’éclater.

    Nous avons donc deux solutions devant nous (même si l’on sait bien que la réalité de chaque jour n‘est jamais complètement ou blanc ou noir). La première solution, c’est de vite pardonner, mettre tout son esprit et son cœur à trouver au mal subi le plus possible de circonstances atténuantes. Probablement notre ami, notre frère, notre sœur, qui que ce soit, n’a pas dû se rendre compte de ce qu’il faisait. Ou bien il avait un gros problème qui l’a perturbé tout à coup et lui a fait faire n’importe quoi. Et toute cette vie de relation si belle pendant des années se bloquerait maintenant pour une bêtise ? Et d’ailleurs moi aussi j’en ai fait des bêtises et j’ai été bien content quand l’autre a continué à m’aimer comme avant, malgré tout. Alors, ce n’était qu’un accident de parcours. La blessure va être vite refermée et cicatrisée. Une belle conversation pour s’expliquer en tête à tête ou même en présence d’autres amis si cela peut aider, et tout va recommencer comme avant. Nous allons nous revoir avec des yeux neufs comme si rien ne s’était passé. L'esprit et le cœur sont intacts.  On a frisé la catastrophe. Mais rien de grave. Au contraire le souvenir de cet accident évité de justesse va être l’occasion de rire ensemble de nos bêtises et l’humour sur soi-même consolide encore l’amitié…

    La deuxième solution, guidée peut-être par la panique, va être de m’arrêter sur le tort subi parce qu’il est inadmissible. Je me sens trahi. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi mon ami m’a traité de cette façon. Mais au fond cela fait quelque temps qu’il ne me regarde plus comme avant, comme si notre relation ne l’intéressait plus. Et les raisonnements s’enchaînent alors l’un après l’autre à une vitesse vertigineuse, faisant d’un incident isolé une véritable « guerre mondiale » où tout s’écroule. L’esprit déborde alors rapidement sur le cœur. L’amitié ou l’amour ressenti auparavant en pensant à cette personne chère devient un refus terrible, d’autant plus qu’un tel acte de la part d’une personne chère fait encore bien plus mal que si cela venait d’un inconnu. Le cœur est pris alors dans une véritable tempête ou l’amour est vite remplacé par la déception, la rancœur ou même le désir de se venger. Pauvre cœur qui se laisse emporter, car il a besoin de vivre, de ressentir des passions et peu lui importe si ces passions sont positives ou détruisent tout sur leur passage, ce n’est pas son problème.

    Tout cela est bien sûr une caricature. La réalité est toujours beaucoup plus complexe. Mais ce qui est sûr c’est que notre vie sera beaucoup plus belle lorsque nous aurons réussi à vivre vraiment la miséricorde avec tout le monde. Un grain de poussière dans l’œil peut gâcher toute une journée. Une seule personne avec laquelle nous ne sommes pas en paix et voilà toute notre vie qui devient triste. Notre esprit et notre cœur ont eux aussi besoin d’unité. On ne peut pas se contenter de vivre la miséricorde avec certains et avec d’autres non. Si je crois aimer ma famille et déverser ma rancœur sur mes collègues de travail, un jour ou l’autre je finirai par faire déborder mes sentiments négatifs sur ma famille elle-même. C’est cela le problème de la miséricorde et en même temps sa beauté. Avec elle, c’est ou tout ou rien. Je sais que c’est difficile, mais si on n’y arrive pas, il faut se faire aider, car on doit être convaincu qu’un jour ou l’autre la miséricorde gagnera la bataille au fond de notre cœur. Sinon c’est nous qui allons y perdre et y perdre gros…

     

     


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  • La vraie modestie est naturelle, la vraie droiture est naïve.
    Les plaisirs délicieux de l'innocence ne sont une chimère que pour les scélérats.

    La simplicité et la candeur sont les véritables rayons de la sagesse.

    Le sage se perd en combattant ses pensées, et l'insensé se perd en les suivant.
    La décence est le teint de la vertu et le fond du vice.

    On peut être décent sans être sage, mais on ne saurait être sage sans être décent.

    La patience est la vraie pierre philosophale, qui l'a trouvée n'a plus à craindre que de la perdre.
    Une chute dans le fossé est un gain pour la sagesse.

    Qui bâtit loin du chemin en a pour trois étés.

    Les malheurs viennent de la bouche.

    Nul fils n'est jamais innocent quand sa mère le croit coupable.

    Les jours de tristesse sont longs, les jours de joie sont bien courts.

    Mieux vaut essuyer une larme d'un ami que d'obtenir cent sourires d'un hypocrite.
    Par ce que disent les gens on juge du prix de leur silence.

    Qui paye les dettes d'autrui noie son argent dans un fleuve.

    Qui bâtit une relation amoureuse sur du sable doit se préparer à pleurer.

    Un hypocrite a du miel sur les lèvres, mais son cœur cache un poignard.
    Ce ne sont pas ceux qui parlent le plus qui ont les meilleures choses à dire.

    Les paroles des cœurs unis sont odorantes comme des parfums.

    Les grands bonheurs viennent du ciel, les petites joies viennent des hommes.

    Un grand parleur ne manque jamais d'ennemis.

    Le respect et l'amour sont les deux ailes de la piété filiale.
    Peu de femmes ne perdent pas en vertu ce qu'elles gagnent en réputation.

    La langue des femmes croît de tout ce qu'elles ôtent à leurs pieds.
    Les époux qui s'aiment véritablement, se disent mille choses sans se parler.

    Les vaniteux sont trop occupés d'eux-mêmes pour qu'on puisse les aimer.

    Une petite fente suffit pour faire périr un vaisseau ; le plus petit insecte peut causer la mort par sa morsure ; une seule étincelle peut occasionner un grand incendie ; et une taupe peut miner le plus fort rempart.

    Plus une femme aime son mari, plus elle le corrige de ses défauts ; plus un mari aime sa femme, plus il augmente ses travers. Quand ils s'aiment tous deux : également, ils restent ce qu'ils sont.

    Le marbre, pour être poli, n'en est ni moins froid, ni moins dur ; il est de même des courtisans.

    Celui-là est heureux qui connaît son bonheur.

    Mieux vaut jouer le rôle d'assassin que celui de calomniateur : l'assassin ne donne qu'une mort, le calomniateur en donne mille.

    Une femme laborieuse arrange sans cesse ses meubles ; un lettré studieux dérange sans cesse ses livres.
    Les richesses n'ornent que la maison, mais la vertu orne la personne.

    Qui donne du mauvais vin à ses hôtes ne boit chez eux que du thé.

    Soit le bec du coq plutôt que le derrière du bœuf.
    Une seule étincelle peut mettre le feu à la plaine.

    Quand tu auras à manger à ta faim, tu pourras penser à autre chose.
    Plus il y a de monde réuni, plus il y a de médisances.

    Tel s'endort médisant qui se réveille calomnié.

    Le sage ne dit pas ce qu'il fait, mais il ne fait rien qui ne puisse être dit.

    La raillerie est l'éclair de la calomnie.

    Un sot ne s'admire jamais tant que quand il fait quelque sottise.

    Avoir trop d'esprit, c'est n'en avoir pas assez.

    L'argent emprunté rend le temps court ; travailler pour autrui le rend long.

    Les récompenses prématurées rendent l'esprit paresseux.

    La blessure cicatrisée, on oublie la douleur.

    Qui sème des épines ne peut moissonner que des peines et des afflictions.

    Mille souvenirs ne donnent pas une pensée.
    On ne connaît le cœur d'un homme que dans les moments difficiles.
    Proverbe chinois ; La pensée et sagesse chinoise (1784)

    Quand la route est bien longue, un bon ami n'est jamais de trop.

    Les nuages les plus brillants ne sont que de l'eau.

    Que chacun balaie devant sa porte, et les rues seront propres.
    Les plaisirs étaient bon marché avant que l'or fut cher.

    Il faut laisser au peuple toutes les ignorances qui ne le trompent pas.
    Tout est perdu quand le peuple craint moins la mort que sa misère.

    La plus courte vie connaît parfois des siècles de douleur.

    La haine n'a jamais fait d'heureux.

    Quand le malheur vous tombe sur la tête, il est trop tard pour regretter.
    Qui parle le plus de soi est le plus grand des menteurs.

    Il n'y a pas de situation fixe dans cette vie, à moins qu'on ne s'occupe de l'autre.

    Qui ne connaît pas ses défauts ne se connaît pas lui-même.

    Qui veut qu'on lui ressemble doit se ressembler à lui-même.

    Les sciences ne sont perfectionnées qu'aux dépens des mœurs.
    Dans le choix, il vaudrait mieux tout ignorer que tout savoir.

    Un homme laid ne doit pas reprocher au miroir d'être de travers.

    La rivière tranquille a ses rives fleuries.

    Le malheur n'entre jamais que par la porte qu'on lui a ouverte.

    Pardonner n'est une folie que pour celui qui ne s'est pas vengé.

    Qui rit d'une impertinence s'en rend complice.

    Un bon chef de famille, c'est celui qui se montre un peu sourd.

    Les vieux péchés ont de longues ombres.

    Plus on connaît de monde, moins on connaît les gens.

    Ce qui était vrai hier l'est encore aujourd'hui, mais ce qui est bien aujourd'hui ne le sera pas demain.

    Un humble ami dans mon village vaut mieux que seize frères influents à la cour.

    Chacun aime à parler de son métier.
    Veillez sans cesse sur vous comme si vous étiez sur le bord d'un abîme.

    Quand on est sûr qu'il y a des tigres sur la montagne, on se garde bien de s'y rendre.
    Qui a des fils s'appuie sur ses fils, qui n'en a pas met sa confiance en ses gendres.

    On ne se sert point d'un canon pour tuer une petite souris.

    L'hypocrite revêtit la peau de l'agneau, pour mieux dissimuler son cœur de loup.

    Ceux qui possèdent les mêmes vertus s'aiment, mais ceux qui exercent le même métier se jalousent.

    Quand la route est longue, on connaît la force du cheval.

    Une langue va plus vite que deux pieds.
    Le comble du malheur pour un scélérat, c'est de couvrir ses parents de son infamie.

    Tout scélérat a commencé par être mauvais fils.

    Qui néglige de miser ne peut espérer gagner.

    Qui se craint soi-même n'a plus rien à craindre.
    La terrasse aux dettes est une haute construction.

     

    Qui ne se mêle de rien a paix, qui se mêle de tout a guerre.


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