• C’est drôle de voir que certains mots, et certains verbes en particulier, trainent avec eux une mauvaise réputation. Quand on parle de laisser quelque chose ou quelqu’un, on a tout de suite à l’esprit l’image de quelqu’un qui laisse tomber un ami, ou qui démissionne devant une situation difficile, ou qui n’a pas le courage d’aller au bout de son travail. On pense aux parents qui laissent faire n’importe quoi à leurs enfants, parce qu’ils ne savent plus comment les éduquer. On imagine la paresse d’une famille qui laisse éclater un drame dans l’appartement voisin, parce que ce serait risqué d’intervenir. Ou bien le laisser-aller d’une société comme celle de Calcutta, où a vécu Mère Térésa, où on laisse mourir les gens sur le trottoir, parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour qu’on puisse s’occuper d’eux. On laisse aussi les injustices et les mensonges s’accumuler, parce que cela demande trop de courage et d’énergie pour aller à contre-courant. Et tout cela est évidemment bien négatif.

    Mais j’aimerais ici réhabiliter aujourd’hui notre verbe « laisser ». A une époque où l’on considère l’individu comme la réalité fondamentale de notre société (au lieu de comprendre que cet individu, s’il ne se réalise pas comme personne en relation, est destiné à se dessécher et à disparaître), on finit par croire que l’important c’est toujours de dominer les autres et non pas de les laisser faire ce qu’ils veulent. Le résultat c’est que c’est la loi de la jungle, celle du plus fort qui écrase le plus faible, qui finit par l’emporter.

    Tandis que le jour où l’on comprend que la valeur la plus importante dans nos relations est la réciprocité, alors tout change. Dans cette réciprocité des verbes de notre blog, où nous parlons toujours de l’harmonie entre accueillir et donner, on ne pourra jamais rien donner si l’autre ne nous laisse pas entrer chez lui ou dans son cœur. Et on ne pourra jamais accueillir, si on ne laisse pas sa porte ou son cœur grands ouverts.

    Laisser, cela veut dire d’abord laisser la vie grandir en nous et autour de nous. Car nous ne sommes pas les maîtres de la vie. Il est inutile de vouloir toujours tout dominer. Les plus belles réalités de notre vie, nous pouvons seulement les laisser se développer en harmonie, les aider à se réaliser, les laisser parvenir à leur pleine maturité. C’est comme avec le temps. Rien ne sert de se plaindre du temps, de regretter le passé et de s’angoisser pour l’avenir. Nous n’avons rien d’autre à faire que de laisser le temps suivre son cours, en essayant seulement d’en profiter au maximum.

    Aimer quelqu’un, c’est le laisser le plus possible être lui-même, c’est le laisser entrer dans notre vie à nous en mettant le moins de barrières possible, pour qu’il s’y sente à l’aise : alors lui aussi nous laissera à son tour entrer chez lui, sans appréhension. Laisser cela veut dire accepter de manière active la passivité de l’accueil. Car on reçoit d’abord la vie avant de pouvoir la donner.

    Et l’on en arrive alors non seulement à « laisser », mais même à « se laisser », se laisser aimer par les autres, se laisser faire, se laisser transformer, se laisser corriger s’il le faut, se laisser éclairer lorsqu’on est un peu dans le noir. Il faut beaucoup d’humilité pour se laisser conduire ou aider, là où on n’aurait pas pensé aller. Mais n’est-ce pas cette capacité de laisser l’autre changer notre programme et même nos idées, si c’est une occasion de nous enrichir, qui va créer une confiance réciproque sans bornes, qui sera la base d’une amitié ou d’un amour véritables que plus rien ne pourra altérer ? il faut bien sûr une grande sagesse à tout cela, il ne s’agit pas de se laisser faire n’importe comment, n’importe quand et par n’importe qui, comme une feuille emportée par le vent et qui ne dépend plus d’elle-même. Il est important d’être d’abord soi-même, mais un soi-même qui sait se laisser enrichir chaque jour par cette réciprocité du don et de l’accueil avec nos compagnons de route.

     

    Citations (du site : dicocitations.lemonde.fr)

     

    La vraie prudence consiste, puisque nous sommes hommes, à ne pas vouloir être plus sage que notre nature ne le comporte. Il faut ou supporter de bonne grâce les folies de la multitude, ou se laisser entrainer avec elle par le torrent des erreurs. [ Érasme ]

     

    Je crois que je vais te laisser cette lettre ici. Dans cette cuisine vide. Pour que tu saches, si tu reviens, que je t'aime et que tu me manques. Je t'en prie, ne t'inquiète pas pour moi. [ Alice Kuipers ]

    Les avions me fascinaient, j'y voyais le symbole de la liberté, du danger même, non d'avoir un accident, mais de laisser ce que l'on connaissait, qui encadrait ; partir était aussi se quitter soi-même. [ Nina Bouraoui ]


    Pour tirer le meilleur parti des parents, nous devons leur laisser l'entière responsabilité de ce qui les regarde vraiment, l'éducation de leurs propres enfants. [ Donald Winnicott ]

    Je vais traverser cet hiver en silence, on ne peut s'approcher d'une rose rouge qu'en silence. J'ai au cœur un tourment de bois noir, je vais laisser tout ça virer au rouge et au clair. [ Christian Bobin ]

    La vie sait se montrer savoureuse avec ceux qui osent la laisser venir à eux. [ Sophie Adriansen ]

    Sur les tombes juives, on interdit de faire figurer des photographies afin que la mémoire ne se fixe pas sur un moment de l’existence du défunt. Il faut beaucoup d’imagination pour remonter le temps et laisser derrière soi les images de l’agonie ou de la vieillesse. [ Joann Sfar ]

    Planter, s'agripper au sol, refuser de se laisser déraciner et emporter par la vague torrentielle des modes, refuser de se laisser ballotter par les tourbillons de conceptions plus ou moins contradictoires, c'était, hélas, vouloir rester « sauvage ». [ Bernard Dadié ]

    Plus tard, lorsque je ne serai plus la même, j’offrirai des cocktails sublimes dans des verres superbes. Je serai jeune longtemps, je ne me laisserai pas happer par la vieillesse, je me battrai, me transformerai, je ne crois ni aux potions, ni aux massages, je ne crois qu’à l’allure, au déplacement du dos, de la tête, je deviendrai un symbole. [ Rykiel ]

    En marchant les femmes peuvent tout montrer, mais ne rien laisser voir. [ Honoré de Balzac ]


    Elle trouvait qu'il fallait davantage se préparer au chagrin qu'au grand bonheur. Le grand bonheur, c'est facile, il suffit de se laisser glisser. C'est comme descendre sur la pente d'un toboggan. Le chagrin, c'est remonter à pied un très long toboggan. [ Katherine Pancol ]

    En amour, il vaut parfois mieux laisser son intelligence de côté pour écouter son cœur. La solution la plus réfléchie est rarement celle qui fait le bonheur. Suis ton instinct. [ Gilles Legardinier ]

    On ne devrait jamais laisser ses amis sans surveillance. Il faut toujours surveiller ses amis. Sinon, ils vous échappent. [ Yasmina Reza ]

    L'important était de laisser passer l'orage. La colère des parents ne dure jamais bien longtemps. [ Michel Piquemal ]

     

    On avait envie de lui dire, comme une mère à un enfant qui se gratte la tête : Veux-tu bien laisser ta conscience tranquille ! [ Tristan Bernard ]

     

    Il est maladroit de laisser un individu mâle, quel que soit son âge, comprendre du premier coup qu'on a de la jugeote. Une femme intelligente, ça inquiète les hommes et ça les met mal à l'aise. [ Robert A. Heinlein ]

     

    Au lieu donc de me laisser aller au désespoir, j'ai pris le parti de mélancolie active pour autant que j'avais la puissance d'activité, ou en d'autres termes j'ai préféré la mélancolie qui espère et qui aspire et qui cherche à celle qui, morne et stagnante, désespère. [ Vincent van Gogh ]

     

    Quel intérêt a-t-elle sa vie maintenant ? J'ai l'impression qu'il a dû commencer très tôt à la rater. A faire toujours le mauvais choix. A se laisser influencer par les uns, par les autres ou, comme ça, par des coups de cœur et de colère. [ Marie Brantôme ]

     

    Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire.
    [ Antoine de Saint-Exupéry ]

    Tu m'as fait ouvrir des cryptes qu'il aurait peut-être mieux valu laisser fermées, parce que j'ai découvert que ces cadavres avaient été enterrés vivants, et que quelques-uns ont encore un certain souffle. [ Stephen King ]

     

    Je ne laisserai à personne d'autre le soin de dire que tous les ans, de un à neuf, sont le plus bel âge de la vie, et ainsi de suite... [ Jean-Edern Hallier ]

     

    Pour que nous entendions les mots de l’Amour, il faut le laisser s’approcher. [ Paulo Coelho ]

     
    Chacun de nous a besoin de savoir que l'avenir existe. Chacun de nous a besoin de laisser une trace de son passage parmi les hommes. Chacun doit laisser cette marque. Sa marque, parce que c'est ainsi que l'humanité, Ce corps aux visages innombrables, creuse son sillon. Et l'enfant, c'est la trace d'un homme et d'une femme. [ Martin Gray ]

    Certaines blessures de l enfance ne cicatrisent pas, elles se font oublier, le temps de nous laisser grandir, pour mieux resurgir plus tard. [ Marc Levy ]

     

    Il est tellement important de laisser certaines choses disparaître. De s'en défaire, de s'en libérer. Il faut comprendre que personne ne joue avec des cartes truquées. Parfois on gagne, parfois on perd. N'attendez pas que l'on vous rende quelque chose, n'attendez pas que l'on comprenne votre amour. Vous devez clore des cycles, non par fierté, par orgueil ou par incapacité, mais simplement parce que ce qui précède n'a plus sa place dans votre vie. Faites le ménage, secouez la Poussière, fermez la porte, changez de disque. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes. [ Paulo Coelho ]
    Usage de la fenêtre : inviter la beauté à entrer et laisser l'inspiration sortir. [ Sylvain Tesson ]

     

    Quand le téléphone ne sonne pas, ça sert à rien de le laisser branché. [ Jean-Marie Gourio ]

    Le public est un juge qui n'entend jamais que les avocats d'une seule cause, parce qu'il a la bêtise de laisser à ces avocats le pouvoir d'imposer silence à leurs adversaires. [ Jean-Baptiste Say ]

    Le tourment m'habitera jusqu'à la tombe. L'inquiétude. L'intranquillité. Déchéance de nationalité : peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose. Peut-être serait-il plus raisonnable d'être raisonnable et de laisser passer. En convenir. S'en accommoder. Ne pas ajouter au trouble. (. .. ) Ne vaut-il pas mieux alors un cri et une crise plutôt qu'un long et lent étiolement ? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m'avisais de bâillonner ma conscience. [ Christiane Taubira ]

     

    A nos âges, le passé est un abîme béant où il est mortellement doux de se laisser glisser. [Michel Tournier ]

     

    Celui qui ne peut remplir les devoirs de père n'a point le droit de le devenir. Il n'y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain, qui le dispensent de nourrir ses enfants et de les élever lui-même Mais que fait cet homme riche, ce père de famille si affairé, et forcé, selon lui, de laisser ses enfants à l'abandon ? Il paye un autre homme pour remplir ces soins qui lui sont à charge. Âme vénale ! Crois-tu donner à ton fils un autre père avec de l'argent ? Ne t'y trompe point ce n'est pas même un maître que tu lui donnes, c'est un valet. Il en formera bientôt un second.
    [ Jean-Jacques Rousseau ]

     

    Si vous voulez laisser un bon souvenir, attention à ne pas mourir trop vieux. [ Jean-Louis Fournier ]

    Tu vas devoir comprendre que rien n'arrive par hasard. C'est à toi d'en trouver les raisons, d'en tirer les leçons, et de les laisser te guider là où tu es censé aller. [ Glenn Beck ]

     

     

     

     


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     [Sagesse de ce grand écrivain russe qui donne aussi un peu de l’âme de son peuple]

     

    1. Nous devons aimer la vie plus que le sens de la vie.
    2. Personne ne fera le premier pas car chacun pense que ce n’est pas réciproque.
    3. Tout a une limite, la dépasser serait dangereux ; car après l’avoir franchie, il est impossible de faire marche arrière.
    4. Le bonheur n’est pas le bonheur en soi, mais savoir qu’on l’a atteint.
    5. Le peuple profite de sa propre souffrance.
    6. Arrêter de lire des livres, c’est arrêter de penser.
    7. La liberté n’est pas de se retenir, mais de savoir se contrôler.
    8. Il n’y a pas de bonheur dans le confort, le bonheur se paie au prix de la souffrance.
    9. Dans un cœur qui aime vraiment, soit c’est la jalousie qui tue l’amour, soit c’est l’amour qui tue la jalousie.
    10. Il en faut peu pour détruire quelqu’un : il suffit de lui dire que ce qu’il fait ne sert à personne...
    11. Mon ami, souviens-toi, garder le silence est bon, sûr, et beau.
    12. Un écrivain dont les œuvres n’ont pas eu de succès devient facilement un critique acerbe. De même qu’un vin fade et sans saveur peut devenir du vinaigre.
    13. C’est une personne intelligente, mais pour agir avec intelligence il ne suffit pas de l’être.
    14. Si tu tends vers un objectif et que tu commences à t’arrêter en chemin pour jeter des pierres sur tous les chiens qui t’aboient dessus, tu n’atteindras jamais ton but.
    15. J’aime pouvoir parler de tout avec une personne comme avec moi-même.
    16. C’est incroyable l’effet que peut produire un rayon de soleil sur l’âme humaine !
    17. Il faut se parler en face... pour pouvoir lire l’âme à travers le visage, et pour que le cœur rêve tout haut. Une parole prononcée avec conviction, pleine de sincérité et sans hésitation, vaut beaucoup plus que dix pages d’écriture.
    18. On économise sa vie sans but.
    19. L’âme se guérit auprès des enfants.
    20. Celui qui veut se rendre utile, même avec les mains attachées, peut faire beaucoup de bien.
    21. La beauté sauvera le monde.
    22. Parfois on parle de la brutalité "animale" de l’être humain, mais c’est terriblement injuste et insultant pour les bêtes : jamais un animal ne pourrait être aussi cruel qu’un être humain, aussi artistiquement cruel...
    23. Les adultes ignorent qu’un enfant, même sur un sujet très compliqué, peut donner un conseil extrêmement précieux.
    24. Ne remplis pas ta mémoire de rancœurs, au risque qu’il n’y ait plus de place pour les moments heureux.
    25. Celui qui sait étreindre est quelqu’un de bien.

     

    [Traduction et adaptation sympa-sympa.com]

     


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  • Vous savez, c’est impressionnant de découvrir combien de circonstances apparemment banales de notre vie quotidienne peuvent nous éclairer d’une grande lumière, si nous sommes suffisamment attentifs, si nous sommes capables de lire dans le livre de la vie !

    Il y a quelques temps, deux personnes, l’une après l’autre, sont venues me demander si j’allais bien. Seulement que l’une m’a demandé : « Tout va bien ? » et l’autre « Tu vas bien ? » Je crois que j’ai répondu à toutes les deux que ça allait bien. Mais, en y réfléchissant un peu, je me suis rendu compte que la première question m’avait beaucoup gêné.

    Oui, comment ai-je pu répondre sincèrement oui à qui m’avait demandé si « tout » allait bien, alors qu’au fond presque tout va mal autour de moi ? Nous sommes de plus en plus inquiets pour nos amis d’Alep qui risquent d’être atteints à tout moment par un obus. Nous ne savons plus comment faire pour aider concrètement nos amis syriens qui sont réfugiés au Liban. Le Liban lui-même est au bord de l’explosion. Si ça continue ainsi, bientôt ce seront de nouveau les Libanais qui prendront le chemin de l’exil, et pour aller où ? Combien d’amis sont sans travail et presque désespérés. Mais les nouvelles de France ou d’ailleurs ne sont pas non plus tellement réconfortantes. Problèmes de santé, pertes d’un être cher, injustices de toutes sortes. Comment font-ils en Afrique à croire encore en un avenir meilleur ? Et la liste peut s’allonger sans fin…

    Alors, comment je me suis permis de dire : « Oui, tout va bien ! » ? Je sais que cet ami voulait au fond me demander si moi, j’allais bien. Mais puis-je sincèrement dire que je vais bien avec tous ces drames devant moi, qui viennent chaque jour frapper à ma porte ? Suis-je inconscient, égoïste, hypocrite ? Est-ce que je joue la comédie ? Il faut dire que toute comédie n’est pas forcément négative, comme celle d’une mère qui cache sa souffrance à ses enfants parce qu’elle les aime, mais tout de même !

    Alors, j’ai fait le point de la situation au fond de moi-même, pour me préparer aux questions qu’on allait sans doute encore me poser tout le reste de la journée, et toute la vie. Et je me suis convaincu que vraiment j’allais bien et je voudrais vous dire pourquoi.

    Je vais bien, parce que j’ai la vie en moi, le plus beau cadeau que nous avons reçu à la naissance, et que je peux donner cette vie et en faire profiter les autres. Je vais bien parce que je peux continuer à aimer mes frères et sœurs en humanité et construire avec eux une société plus belle. Je vais bien parce que je suis libre d’aller bien, même si toutes les circonstances autour de moi semblent affirmer le contraire. Quoi de plus beau que cette liberté de pouvoir dire que moi, je vais bien, même si tout va mal autour de moi ! Pas par égoïsme, mais par sentiment de responsabilité, parce qu’au milieu d’un monde qui passe son temps à se plaindre, si les rares personnes encore positives et optimistes perdent leur courage, tout finira par s’écrouler.

    Mais j’ai décidé surtout de dire et de penser que je vais bien, même si « tout » en moi peut aller mal. Il est évident qu’avec l’âge ma santé va se détériorer de plus en plus, je vais perdre peu à peu la plus grande partie de mes capacités naturelles, puis je vais tomber malade et un jour je vais mourir. Et avec tout cela je sens que je continuerai à aller bien. Un ami disait toujours, en plaisantant : l’important c’est de mourir sain. Ce n’est pas là seulement une plaisanterie. Arriver le jour de notre mort à dire que nous allons bien, parce que nous avons tout donné, nous avons surtout donné un sens à notre vie jusqu’au dernier souffle, et nous pouvons partir tranquilles.

    Aller bien, c’est simplement être en paix avec soi-même et avec les autres. Le reste est bien secondaire. Et même les difficultés, les problèmes, les obstacles sont une occasion de montrer si nous allons bien ou pas. Alors : tout va bien ? Certainement pas. Mais est-ce que je vais bien ? Certainement, parce que j’ai décidé d’aller bien et que j’espère être fidèle jusqu’au bout à cette décision, quoi qu’il m’en coûte. Sinon j’aurais honte de moi-même. Mais le jour où je n’y arriverai plus, j’irai bien quand même, parce que je serai fier de partager un peu plus les souffrances de l’humanité et je continuerai à trouver du positif même dans mes échecs. C’est cela sans doute le sens profond de notre liberté ! Car personne au fond ne pourra jamais m’empêcher d’aller bien, si tel est mon choix de vie !


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  • [Fin de nos « perles de la Parole » du chapitre 10 de l’Evangile de Marc]

    « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10,43-45)

    Il faut avouer que Jésus y va fort. Et je crois que la mentalité d’il y a 2000 ans n’est pas bien différente de celle d’aujourd’hui. Tout de même, nous proposer de devenir esclaves les uns des autres, est-ce le meilleur moyen de faire des disciples ? Donner sa vie, cela se comprend peut-être un peu mieux, mais c’est le plus souvent une sorte d’idéal héroïque inaccessible que nous laisserions volontiers à d’autres plus adaptés que nous. Alors pourquoi Jésus utilise-t-il un tel vocabulaire ?

    Je crois qu’avec Jésus, il faut accepter de ne pas tout comprendre au départ, de se laisser faire et de découvrir peu à peu ce qui se passe en cours de route. La beauté et la force de l’Evangile passent par là. Les paroles de Jésus sont pleines de lumière, mais à condition de les essayer sur soi-même et dans nos relations avec les autres. Et puis ses mots sont des passepartouts qui ne voudront pas forcément dire la même chose pour l’un ou pour l’autre. C’est pour cela qu’il est tellement important de les expérimenter et ensuite de partager nos échecs et nos découvertes dans une humble communion dans la réciprocité qui va peu à peu nous donner la clé de tout, au moins la clé qui nous convient à chacun pour avancer et comprendre l’Evangile de l’intérieur.

    Mais celui qui a le courage de mettre ces mots révolutionnaires en pratique, va expérimenter par-là la plus grande liberté qu’un homme puisse connaître. Etre libre d’être l’esclave de l’autre, même si cet autre est ingrat ou injuste avec moi. Car ma liberté ne dépend plus de la réponse de l’autre, mais de la force intérieure que la vie du Christ en moi va me donner. Et c’est cette force qui va peu à peu conquérir l’autre et le libérer lui-même de soi-même pour en faire un nouveau compagnon de route dans la diffusion de la « Bonne nouvelle ».

     


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  • Vous avez dû lire mon dernier article « Crimes de guerre, ou bien c’est la guerre qui est un crime ?». Je suis à la fois content de l’avoir écrit et un peu triste. Car j’y apparais au fond comme un accusateur universel et qui suis-je pour me donner ce rôle ? N’est-ce pas encore une fois une bataille violente pour s’opposer à la violence ? Mais comment construire cette paix ?

    Oui, je suis convaincu que la guerre est un crime, parce que tuer est un crime, même quand c’est pour se défendre. On doit avoir le courage d’appeler les choses par leur nom. Mais à condition de ne pas continuer à accuser les autres comme si nous-mêmes nous étions innocents. Et c’est ce qui m’a gêné à la relecture de mon article.

    Je ne suis au fond pas plus innocent que beaucoup d’autres. Moi aussi je suis un criminel, car je suis complice de ces crimes que continue à perpétrer l’humanité. Parce que, quand j’étais à l’école, j’ai appris que l’histoire de l’humanité a été faite de guerres qui n’en finissaient jamais et je me suis laissé convaincre que c’était presque normal, comme une fatalité.

    J’ai vécu des années de guerre au Liban et au Moyen Orient, j’ai bien essayé de soulager des souffrances et de vivre le mieux possible la solidarité avec ceux qui étaient dans le besoin, mais combien de fois je me suis tu, impuissant et donc complice, devant la violence.

    Combien de fois j’ai voté pour des hommes politiques qui continuent à avoir du sang sur les mains parce qu’ils décident de s’engager dans des conflits dont on ne connait que le début, mais jamais la fin. Pourquoi n’ai-je pas eu le courage de faire du chantage avec ces hommes politiques en leur disant que je voterai pour eux le jour où ils cesseront de vendre des armes ?

    Nous sommes tous plus ou moins criminels, ce n’est pas toujours directement notre faute, mais personne n’est innocent de ce sang qui continue à couler aux quatre coins du monde et qu’on regarde couler comme on va voir un film au cinéma, sans même réagir, en faisant seulement des commentaires ou des paris sur qui est le plus fort, le plus faible ou le plus malin…

    On ne peut pas rester les bras croisés devant cette catastrophe humanitaire. « Humanitaire » dans le sens où l’homme finit par y perdre son âme, ses valeurs, son identité. Alors que l’homme est la plus grande merveille de l’univers, son plus grand miracle, voilà qu’il devient sa honte, son ordure, son plus grand gâchis. Ne peut-on pas s’aider un peu plus à changer le cours de notre histoire, faire que la guerre ne soit plus jamais « une chose normale » ?


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