• Ce mois-ci, dans nos « mots pour de bon », nous avons publié de belles citations de Mère Teresa. Vous avez vu comme elles sont extraordinaires dans leur simplicité ? On dirait comme un miroir où se reflète dans une grande lumière toute l’âme limpide de notre grande sainte moderne.

    Il suffit de voir quels mots elle utilise le plus souvent et cela permet déjà de tout comprendre. Les mots qui se répètent le plus sont : « aimer, amour et vie » ! Tout est là pour Mère Teresa. Une vie remplie d’amour. L’amour qui donne un sens à la vie. L’amour secret et âme de la vraie vie. Vivre pour aimer et aimer pour vivre. Elle qui s’occupait des moribonds sur les trottoirs de Calcutta, elle ne voulait pas qu’ils meurent tout seuls abandonnés. Elle voulait que pour leurs dernières heures sur cette terre, pour les derniers souffles de leur vie de souffrance, ils puissent expérimenter au moins un peu d’amour, comme les ouvriers de la dernière heure de la parabole.

    Puis l’on trouve ensuite « donner, service, servir et sourire ». L’amour est don en lui-même. L’amour ne s’arrête jamais, il continue à recevoir pour donner et transmettre ce qu’il a reçu. Mais il donne avec amour justement, ce qui veut dire de tout son cœur. Et il s’agit surtout d’un amour et d’un don concrets qui se mettent au service de tous ces frères et sœurs que nous rencontrons. Ce n’est jamais le don d’un riche qui écrase le pauvre en lui donnant, mais de quelqu’un qui se met à genoux devant ce prochain qu’il est en train de servir, pour que celui-ci se sente tout de suite à l’aise. Mais le plus important est peut-être encore ce sourire qui accompagne chaque geste, chaque don, chaque action, comme un baume sur la plaie de ces malheureux que l’on est en train de servir !

    Les mots suivants sont « souffrance et pauvre ou pauvreté ». C’est la passion de Mère Teresa, cette passion qui a rempli toute sa vie, au point qu’elle a parcouru le monde pour être sûre que partout la priorité de chaque personne, de chaque peuple puisse devenir vraiment l’attention aux plus démunis. Mère Teresa a trouvé sa joie dans le soulagement de la souffrance des autres. Elle n’avait plus rien d’autre à faire et elle a entraîné dans son enthousiasme des milliers et des milliers de personnes. Ce monde qui court après les vanités et les apparences a commencé avec Mère Teresa à reprendre le chemin des béatitudes qu’il avait presque complètement oublié !

    Nous en arrivons ensuite à « paix et cœur ». La paix est le résultat de tout cela. Un monde plein d’amour, où les plus pauvres sont mis à la première place, n’a plus le temps d’être égoïste et de se faire la guerre. La souffrance apaisée est source de paix et de joie. Et cette paix est d’abord dans le cœur de chacun, à découvrir et à faire grandir. La paix n’est pas un slogan vide que l’on utilise pour des élections politiques, mais le but ultime et concret du rapport entre les hommes et entre les peuples.

    Les derniers mots qui nous touchent dans cette liste sont « la foi et la prière ». C’est le secret et la force de Mère Teresa. Cette petite religieuse au physique tellement fragile avait la force immense de quelqu’un qui est convaincu que Dieu est avec elle et qu’avec lui tout est possible. Ce sont tous des mots qu’il suffirait de méditer au début de chacune de nos journées pour donner à notre vie une nouvelle saveur. Nous imaginons maintenant Mère Teresa au paradis, qui nous attend, mais elle avait su faire de cette terre une anticipation et un reflet concret de ce paradis qui vit déjà en nous et au milieu de nous.

     


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  • « Si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui pour que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes. » (Mc 11,25)

    Ici se pose un problème. Où est passé cet amour sincère et désintéressé dont nous parle l’Evangile ? Voilà que je deviens maintenant comme un commerçant qui pense seulement à son intérêt ? Je me mets à faire du chantage avec Dieu ? J’aimerais tellement être pardonné, alors je vais pardonner aux autres et Dieu sera bien obligé de me pardonner : c’est malin, je suis un bon profiteur. Ce n’est pas la personne à qui je pardonne qui m’intéresse, mais ma tranquillité à moi : que Dieu me pardonne et le reste m’est alors bien égal.

    Il y a des gens qui pensent de cette façon, c’est sûr. Et peut-être que chacun de nous est passé par là à certains moments de sa vie. Et d’autres gens se scandalisent ou bien se détournent d’une religion qui leur semble pleine de fausseté dans les relations entre les hommes. Où est donc la vérité dans tout cela ?

    Il faut certainement reprendre notre phrase et la regarder sous un autre angle. Il faut d’abord reconnaître qu’aucun de nous n’est capable de pardonner au départ. Comment accepter en toute simplicité d’aimer de tout notre cœur une personne qui nous a fait du mal, qui a peut-être apparemment brisé notre vie ou la vie de quelqu’un qui nous est cher ? Humainement ce ne serait pas possible.

    Alors il faut se mettre à la place de Dieu et voir ce qu’il a fait et ce qu’il fait encore depuis toujours. Nous qui l’avions trahi et qui continuons chaque jour à le trahir, il ne cesse de nous pardonner. Il a même donné sa vie pour nous et il nous remplit à chaque instant de cette vie. C’est qu’il est Dieu et il ne sait pas faire autre chose que d’être Dieu et de nous aimer…

    C’est donc cela le secret de notre phrase. Dieu ne sait pas faire autre chose que d’aimer. Dieu est amour en lui-même, dans ces trois personnes de la sainte Trinité qui ne cessent de s’accueillir et de se donner l’une à l’autre de toute éternité. Et Dieu est en même temps amour hors de lui, cet amour qu’il a déversé sur la création et en particulier sur l’humanité. Lorsque nous commençons à ouvrir nos portes à l’amour de Dieu, voilà que devenons comme lui, nous ne pouvons plus ne pas aimer. Nous sommes entraînés par une force irrésistible qui nous fait voir les autres comme Dieu les voit et qui nous pousse à donner notre vie pour eux et pour lui en même temps.

    Il ne s’agit donc plus de pardonner pour qu’ensuite Dieu nous pardonne. Il s’agit de laisser entrer en nous un peu de cet amour-pardon qui pardonne aux autres en même temps qu’à nous-mêmes sans distinction, nous laisser envahir par le pardon de Dieu. Car en Dieu le bonheur des autres est notre bonheur, il n’y a plus d’égoïsme. Chemin difficile pour en arriver là ? Certainement, mais ce n’est pas cela l’important. Lorsque nous avons commencé à goûter à cet amour de Dieu qui ne peut plus s’arrêter de pardonner, nous ne pouvons certainement plus revenir en arrière. Nous sommes pris dans ce courant d’amour et de béatitude infinie sans lequel nous ne pourrons plus vivre. Alors pardonner, servir, écouter, se donner, partager, communier, toutes les nuances de cet amour qui se répondent à l’infini comme dans un immense écho qui nous surprend chaque jour un peu plus, cela devient secondaire. Mais ce qui est sûr c’est que nous avons ouvert notre porte à Dieu et que lui a commencé à faire le reste et que notre vie ne sera plus jamais comme avant !

     


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  • « Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez déjà reçu, cela vous sera accordé. » (Mc 11,24)

    Vraiment Jésus est incroyable ! Et il est malin, en plus, dans le bon sens du terme. Comment peut-il nous promettre que « tout » ce que nous allons demander sera immédiatement exaucé, mieux même exaucé déjà avant qu’on le lui demande ?

    Chacun de nous a pourtant fait l’expérience d’avoir demandé tellement de faveurs à Dieu, pour sa santé, pour sa famille, pour son pays, pour son travail, pour un tas de problèmes, avec l’impression que Dieu ne l’a pas écouté. Est-ce pour cela que tant de gens se détournent de la foi, de la religion ? Sommes-nous en face d’un Dieu qui a échoué ? Si l’on regardait les évènements, les personnes et les choses avec un regard un peu rapide et superficiel, on serait tenté d’en arriver à cette conclusion.

    Mais il y a ici une leçon cachée. Cachée, vraiment ? Pas tout à fait, puisqu’elle est écrite bien en évidence, noir sur blanc. Jésus nous invite à lui faire nos demandes « dans la prière » ! C’est là que tout se joue. C’est là où Jésus veut nous amener. Car ce n’est pas important au fond si nous demandons à Dieu de nous guérir et s’il nous exauce pour quelque temps, car un jour ou l’autre nous serons de nouveau malades et en fin de compte nous mourrons à notre tour. Alors où Jésus veut-il en venir ? Il veut surtout nous apprendre à prier. Prier, disait quelqu’un, c’est « rentrer chez nous ». Nous venons du ciel et nous sommes en route pour y retourner. Prier est simplement s’arrêter en chemin et se rendre compte que nous sommes « chez nous ».

    Oui, nous sommes chez nous avec la Trinité qui nous accompagne et qui nous attend. En elle seulement nous apprenons à être nous-mêmes. Et c’est dans cet exercice que l’on doit faire au début en s’arrêtant, mais que l’on peut continuer ensuite même en marchant ou en courant, que l’on commence à se laisser porter par l’amour de Dieu en nous et au milieu de nous. Nous n’avons alors plus aucun désir, plus aucune demande que celle de demeurer dans cette béatitude infinie et de la partager avec tous nos compagnons de voyage.

    Et c’est là que nous sommes tout de suite exaucés, car nous n’avons plus aucune demande repliée sur nous-mêmes, nous ne vivons plus que pour que cette lumière qui nous inonde se déverse à son tour sur tous ceux que nous aimons, sur nos proches, sur notre pays, sur le monde entier. Et nous voyons ce rêve se réaliser. Nous voyons des portes qui s’ouvrent, des ponts qui se construisent devant nous, des barrières qui s’écroulent… Mais il faut apprendre à voir par la prière ce que Dieu voit, ses plans de travail sur l’humanité. La confiance devient alors infinie. C’est à cela tout simplement que Jésus nous amène, si nous savons peu à peu nous laisser emporter par lui.

     


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  • Nous passons le plus clair de notre vie à nous battre avec le temps. Le temps nous tourmente, nous excite, nous fatigue, nous effraie, nous attire, nous surprend, nous console parfois, nous désespère ou nous encourage, mais il ne nous laisse jamais indifférents. On pourrait penser trouver le bonheur le jour où nous aurions définitivement résolu notre bataille avec le temps, mais voilà le grand problème : avec le temps il n’y a justement jamais rien de définitif. La solution ou le problème de ce matin sont déjà dépassés par de nouvelles réalités qui viennent de s’imposer à nous et qui changent tout. Alors que faire, se résigner à vivre toute notre vie dans un provisoire angoissant où l’on n’est jamais sûr de rien ? Ce n’est pas facile de savoir s’en sortir.

    Et pourtant, je crois que chacun de nous a fait l’expérience, à certains moments privilégiés de la vie, de la beauté et de la bonté du temps. Le temps nous fait déjà dépasser la routine, car il change sans cesse. Il nous permet de relativiser nos problèmes ou même de les oublier parfois pour toujours. Le temps est aussi un grand maître, un grand pédagogue qui nous donne chaque jour de nouvelles leçons. Le temps nous apporte parfois de belles surprises complètement inattendues qui nous font respirer.

    Mais, à côté de cela, il y a bien sûr toutes les expériences négatives qui sont liées à ce temps qui ne nous donne jamais un seul instant de répit. Là où nous pensions finalement pouvoir nous installer sur de belles certitudes acquises après de longs efforts, voilà qu’il nous faut chaque matin tout recommencer de nouveau, comme si les conquêtes d’hier n’avaient déjà plus de sens. A chacun de penser ici à tous les malheurs de notre vie qui sont liés aux caprices du temps ou à notre mauvaise gestion de tout ce qui nous arrive, notre incapacité à savoir nous organiser, le sens d’être toujours en retard ou à cheval sur cinquante réalités qui s’entrecroisent et que nous ne parvenons pas à harmoniser…

    Toutes les grandes figures de l’humanité nous ont pourtant donné de belles indications. D’abord apprendre chaque jour à vivre « l’instant présent ». Puisque le passé est passé, pourquoi continuer à y « perdre son temps », en nous plaignant de ce qui ne pourra plus être changé, en regrettant les malheurs d’hier, oubliant par là même de regarder si cet instant présent a peut-être quelque nouveau message à nous donner dont nous pourrions bien profiter.

    Et c’est la même chose pour le futur qu’on « perd son temps » à imaginer, qui nous angoisse parce que nous avons peur qu’il s’y répète des problèmes passés qui nous ont traumatisés. Ce futur qui nous fait aussi rêver, dans le bon sens du terme, mais qui nous éloigne finalement de l’attention à ce que nous pourrions vivre « maintenant », avec tellement plus d’intensité.

    Mais parler d’instant présent, n’est pas tout. Encore faut-il savoir l’accueillir, comme on accueille un hôte qui vient nous visiter. L’accueillir de tout notre cœur, l’accepter d’abord tel qu’il est, sans vouloir tout de suite le changer, sans faire « à chaque instant » des comparaisons avec le passé ou avec le futur que nous avions imaginé et qui nous apportent finalement de continuelles déceptions.

    Le bonheur viendra le jour où nous accepterons chaque instant qui se présente à nous comme le plus beau des cadeaux. Une joie inattendue ? Prenons-la à bras le corps, remercions-la, goûtons-la de tout notre cœur et partageons-la avec le plus possible de nos compagnons de voyage sur cette terre. Profitons-en au maximum. Une nouvelle découverte surprenante ? Apprenons ou réapprenons à savoir nous émerveiller de tout ce que le temps invente pour nous chaque jour. De nouvelles épreuves qui pourraient nous accabler ? Ne pensons surtout pas : « Encore ce problème ou ce malheur ! Ce sera toujours la même chose ! » Car aucun moment d’épreuve ne ressemble vraiment au précédent. Et chaque instant nous apporte aussi l’énergie nouvelle qui nous a peut-être manqué hier.

    Ce qui est sûr c’est que notre relation avec le temps peut devenir chaque jour plus pacifique, moins traumatisante, si nous nous exerçons à prendre le temps comme il vient, à l’attendre de tout notre être, comme on attend une grosse vague au milieu de la mer, qui peut nous bousculer, mais qui peut aussi nous porter avec elle, si nous sommes capables de nous jeter, pleins de confiance, dans son eau bienfaisante, de jouer avec elle et de nous laisser aller où elle voudra. La bataille ne sera plus alors une guerre perdue d’avance, mais un jeu d’amour qui fera de notre vie un long voyage toujours plus passionnant. Rêve impossible ? A chacun d’essayer. Personne ne nous en empêche.


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  • « Tout homme qui dira à cette montagne : ‘Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer’, s’il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé ! » (Mc 11,23)

    Décidément, on dirait que Jésus s’amuse dans ce chapitre. Il s’amuse avec la recherche de l’ânon qui va le porter à l’entrée de Jérusalem, il s’amuse avec le figuier qu’il maudit et dessèche. Et pourtant ce n’est pas le moment de s’amuser, avec le drame tout proche qui l’attend. Et maintenant il nous parle de déplacer des montagnes… !

    Derrière chaque acte, chaque provocation de Jésus, il y a une raison cachée, un enseignement qui va servir surtout dans les moments difficiles. Dans peu de temps, les disciples vont avoir l’impression que le monde s’écroule sous leurs pieds. Tout ce qu’ils avaient bâti avec Jésus n’aura apparemment plus de sens. L’avenir bouché, une catastrophe irréparable. Exactement comme une montagne à déplacer, à jeter dans la mer. Et Jésus va leur montrer que même la mort peut être vaincue !

    Quel obstacle peut être pire que la mort, quelle montagne plus écrasante qui semble nous boucher pour toujours le paysage et le chemin de l’avenir ? Dieu ne nous invite pas à faire des caprices comme dans un conte de fée. Non, mais il sait que notre vie est parfois complètement obscure, sans espoir à l’horizon. Et il nous demande de « croire ». Toujours cette question de foi. La foi est indépendante de la grandeur du problème. Il faut autant de foi pour déplacer un petit rocher qu’une grande montagne. La solution est en nous. Elle ne dépend pas des apparences extérieures. C’est cela que Jésus veut nous dire.

    Combien de fois faisons-nous des comparaisons entre nos problèmes. « Cette fois-ci, c’est pire que jamais, je ne pourrai plus m’en sortir ! » « J’ai eu bien des épreuves dans ma vie, mais d’un coup comme celui-là je ne pourrai plus me relever ! » C’est cela la montagne que Jésus nous présente. C’est celle de l’instant présent, unique comme toutes les autres épreuves qui ont constellé notre vie. A moi et à nous de croire qu’il y a toujours une solution, un moyen pour passer de la mort à la vie. A nous de ne pas perdre courage, et si nous sommes tombés de nous remettre en route une fois de plus : il est là qui nous attend et nous tend la main !

     


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