• Oui, s’arrêter, c’est mourir. Etre homme, c’est avancer.

    Vivre, c’est avancer, avancer toujours, continuer notre chemin.

    Car la vie est comme le temps. Le temps n’est pas capable de s’arrêter, ce ne serait plus le temps. Il y aurait une contradiction dans les termes.

    Quand la vie s’arrête, quand le cœur ou n’importe laquelle de nos fonctions vitales cesse de fonctionner, on sait que c’est aussitôt la mort qui survient !

    Et pourtant nous passons notre temps à nous arrêter. Toute la journée, nous nous arrêtons. Je ne veux pas parler ici des moments de repos bien mérités que l’on prend au milieu du travail, des périodes de pause, des changements d’activité en cours de route qui nous empêchent de sombrer dans la routine. Changer, c’est encore continuer, même si c’est d’une autre manière.

    Non, je veux parler de ces arrêts de l’esprit, de la pensée qui se bloquent en nous presque à chaque instant sans même que nous nous en rendions compte.

    Les arrêts de l’esprit, ce sont par exemple les jugements sur les autres et sur nous-mêmes. Je me bloque tout à coup sur ma relation difficile avec une personne, sur une attitude qui m’a déplu ou qui m’a blessé.

    Je m’arrête sur une déception qui me dévore ou sur une peur, justifiée ou non du lendemain. Et à quoi cela va-t-il me servir ? Pratiquement à rien. Cela m’empêche surtout de me concentrer de tout mon cœur sur mon activité du moment, et cela me gâche la journée, la semaine, toute l’année.

    Je ne veux pas parler ici des raisonnements, des calculs, des analyses, nécessaires en chemin pour s’assurer que tout procède normalement et que nous avançons dans la bonne direction, mais seulement de toutes ces réflexions inutiles qui se transforment ensuite en paroles inutiles qui créent le plus souvent des malentendus et des conflits inutiles qui alourdissent notre vie pour toujours.

    Nous reviendrons sur ce sujet, mais imaginons que le sang dans nos veines se mette à réfléchir avant de revenir au cœur et aux poumons et de refaire son tour bienfaisant de la tête aux pieds de notre corps. Alors pourquoi ne pas faire la même chose avec les pensées qui traversent nos sentiments ou même l’amour qui traverse notre cœur ? Les laisser simplement avancer toujours sans relâche, continuer à construire de manière positive notre vie et nos relations. Nous allons trop nous fatiguer ?

     

    Mais c’est le contraire qui se passe. Lorsque nos pensées et notre amour ne cessent de se donner, ils se reposent automatiquement par l’équilibre harmonieux de notre vie, comme le sang se repose dans le cœur et les poumons. Tandis que s’arrêter de donner nos pensées et notre amour, c’est se figer dans des conflits intérieurs à nous-mêmes ou à nos relations avec les autres. Et c’est alors que la vie devient vraiment comme un fardeau terriblement fatigant qui se désagrège au lieu de se reconstruire de nouveau dans la fraîcheur de chaque instant vécu dans la liberté d’aimer.


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  • (citations tirées du site : proverbes-francais.fr)

    [La pensée des grands écrivains a toujours une profondeur fascinante, même s’ils restent des hommes avec leurs limites comme tout le monde, et l’on n’est pas obligé de partager tous leurs points de vue, mais au moins ils nous amènent à réfléchir]

    L'amour, dans les grandes âmes, c'est une estime céleste.
    Un père ne peut s'empêcher de craindre pour son fils.
    Hélas ! tout penseur semble avide d'épouvanter l'homme orphelin ! Le savant dit : Le ciel est vide. Le prêtre dit : L'enfer est plein.
    Le bonheur de vivre fait la gloire de mourir !
    Un nœud de fleurs se mêle aux fers qui nous enlacent.
    N'être jamais soi, faire illusion, c'est une fatigue.
    Les faux amis, ces nœuds qui deviennent couleuvres.
    Il y a cette différence entre le conquérant et le voleur : Le conquérant est un voleur illustre, et l'autre un voleur obscur.
    Le plus fort est celui qui tient sa force en bride.
    Ôter l'illusion à l'amour, c'est lui ôter l'aliment.
    Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents.
    L'amour, c'est d'abord un miroir où la femme coquette et belle aime à se voir.
    La porte de la vérité a deux clefs : l'une s'appelle l'étude, l'autre la souffrance.
    La vérité est comme le soleil, elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder.
    L'amour, c'est la bêtise des hommes et l'esprit de Dieu.
    Le souvenir est voisin du remords.
    Faire rire, c'est faire oublier ; quel bienfaiteur sur la terre, qu'un distributeur d'oubli !
    L'amour a besoin de l'éternité pour son dévouement et ses espérances.
    Ce que l'amour commence ne peut être achevé que par Dieu.
    Confirmer ou réfuter les critiques, c'est la besogne du temps.
    Les malheureux sont ingrats ; cela fait partie de leur malheur.
    Les hommes sont ingrats, méchants, menteurs, jaloux : le crime est dans plusieurs, la vanité dans tous.
    La beauté de la mort, c'est la présence ; l'être pleuré est disparu, non parti.
    La mort est la plus grande des libertés.
    L’homme a l'amour pour aile, et pour joug le besoin.
    Toute faute qu'on fait est un cachot qu'on s'ouvre.
    Ne soyez pas sorcier ; mais si vous l'êtes, faites-en votre métier.
    L'intolérance des tolérants existe, de même que la rage des modérés.
    Les opiniâtres sont les sublimes.
    La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste.
    Pour ceux dont le mal est l'idéal, l'opprobre est une auréole.
    Pour un hypocrite être démasqué est un échec, mais se démasquer est une victoire.
    L'hypocrite est l'épouvantable hermaphrodite du mal.
    Boire perpétuellement son imposture est une nausée.
    L'odieux de l'hypocrisie commence obscurément dans l'hypocrite.
    Rien n'égale la timidité de l'ignorance, si ce n'est sa témérité.
    On ne doit pas désunir ce que Dieu a uni ; on ne doit pas unir ce qu'il a désuni.
    L'hypocrite se confie à on ne sait quoi d'indifférent dans l'inconnu qui permet le mal.
    Le propre de l'hypocrisie, c'est d'être âpre à l'espérance.
    Tout solitaire devient un philosophe naturel.
    Un hypocrite est un patient dans la double acceptation du mot ; il calcule un triomphe et endure un supplice.
    L'argot est la langue de la misère.
    L'argot, c'est la langue des ténébreux.
    La paresse est mère : elle a un fils, le vol, et une fille, la faim.
    On meurt miné aussi bien que foudroyé.
    Si la nature s'appelle providence, la société doit s'appeler prévoyance.
    Le travail ne peut être une loi sans être un droit.
    L'art, c'est le relief du beau au-dessus du genre humain.
    La poésie est de toutes les choses humaines la plus voisine des choses divines.
    La rêverie est la vapeur de la pensée.
    L'œil ne voit bien Dieu qu'à travers les larmes.
    La suprême bassesse de la flatterie, c'est d'encourager l'ingratitude.
    L'odieux est la porte de sortie du ridicule.
    Dieu est l'auteur de la pièce ; Satan est le directeur du théâtre.
    L'homme trouve la raison en lui et la sagesse hors de lui.
    Aimer, c'est donner à autrui, par une sorte de pouvoir créateur, une existence supérieure.
    La bonhomie est le plus charmant des visages ou le plus hideux des masques.
    En amour, tel mot, dit tout bas, est un mystérieux baiser de l'âme à l'âme.
    La volonté trouve, la liberté choisit : trouver et choisir, c'est penser.
    La solitude n'admet pas les nouveaux visages.
    Les larmes sont un don ; souvent les pleurs, après l'erreur et l'abandon, raniment nos forces brisées !
    La mort doit avoir un voile, la tombe doit avoir une pudeur.
    L'admiration des médiocres caractérise les envieux.
    Être riche n'est pas l'affaire ; toute l'affaire est de charmer.
    L'amour, c'est le creuset sublime où se fait la fusion de l'homme et de la femme.
    Un méchant peut donner un bon avis ; une chandelle pue, mais éclaire.
    Aider un bon garçon dans la peine, ça me botte.
    Une affection est une conviction.
    On n'est pas maître de soi-même, amoureux comme je suis de toi.
    Babil d'amoureux, caquetage de moineaux !
    Le sommeil de l'enfance s'achève en oubli.
    Toute la vie tient dans ces quatre mots : Chanter et rire, dormir, aimer !
    Limiter la pauvreté sans limiter la richesse.
    L'écrasement, c'est la peur des petits.
    L'arrogance froissée est tout de suite colère.

     

     

     


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  • Encore une phrase, publiée sur les réseaux sociaux, qui m’a provoqué ce matin. Elle est de William Shakespeare, apparemment pleine de sagesse, au premier abord, mais c’est une phrase terrible si on la comprend mal, elle peut être source d’un malentendu presque mortel, mais voyez plutôt :

    « Je me sens toujours heureux, affirme le grand écrivain anglais, vous savez pourquoi ? Parce que je n’attends rien de personne… Les attentes font toujours mal. La vie est courte… Aimez votre vie… soyez heureux… Gardez le sourire… »

    Je sens qu’il y a un énorme piège dans ces mots. J’avais parlé récemment de l’attente dans mon article « S’attendre à tout… sans rien attendre » (publié le 15 mai dernier dans la rubrique « Au bout de soi-même »). Mais il s’agissait alors de la vie en général et du bonheur. Ici notre sujet est notre relation avec les autres, c’est lié au premier, mais c’est tout de même un autre angle de vue.

    J’ai peur qu’en prenant la phrase de Shakespeare à la lettre on ait envie de faire comme certains sages orientaux dont l’idéal est de se couper du reste du monde dans une sorte de refuge que l’on se ferait dans la nature ou en soi-même, où les autres n’existent plus et ne peuvent par conséquent plus gêner notre bonheur. Mais il y aurait là un énorme quiproquo !

    A moins d’avoir une vocation bien particulière, nous sommes faits pour vivre au milieu des hommes, c’est à la fois notre joie, notre souffrance et notre éternel défi !

    Alors où se trouvent notre problème et sa solution ? Je crois, ici aussi, que nous devons tout attendre de l’autre, de n’importe quel autre. Nous sommes venus gratuitement à la vie, pour découvrir que nous sommes tous un don les uns pour les autres. C’est l’amour des autres, et même leur manque d’amour parfois, qui ont forgé ma personnalité au cours des ans. Sans les autres je n’aurais jamais pu être moi-même, même si ensuite c’est bien moi qui ai dû harmoniser l’apport des autres et en faire, en toute liberté (au moins comme intention) ce que je suis au fond de moi-même, comme personne unique et inimitable.

    Quand je me lève le matin, je devrais m’attendre à une foule de rencontres qui vont être encore pleines de surprises pour moi. Ces surprises ne seront pas forcément toutes agréables, mais elles seront certainement enrichissantes. Et j’espère bien qu’elles seront le plus possible une source de joie et de bonheur pour moi, dans la réciprocité, avec ces personnes que je côtoie, en famille, au travail, dans mes cercles sociaux, partout. Je m’attends à ce que chaque relation ait un sens, me remplisse d’énergie nouvelle, m’aide à sortir de moi, me pousse à donner le meilleur de moi-même. Chaque relation vécue est un défi, une aventure qui se répète sans jamais se répéter et qui fait que la vie est tellement dynamique.

    Mais où alors se situe le problème ? Qu’est-ce qui fait que les autres me rendent parfois tellement malheureux ? C’est là que l’intuition de Shakespeare est géniale : c’est l’objet de mon attente qui ne va pas. J’ai rendu un service à quelqu’un et il ne m’a même pas dit merci. J’ai salué un collègue dans la rue et il ne m’a même pas répondu. Les autres voient bien que je souffre et personne ne vient m’aider. J’aime tellement cette personne mais elle ne répond jamais à mes attentes. Celui-ci m’a promis de me donner un coup de main, mais il a complètement oublié… On n’en finirait pas de dresser la liste de toutes les déceptions qui nous assaillent chaque jour.

    Notre problème c’est que nous attendons toujours de l’autre tel ou tel geste, telle ou telle parole, telle ou telle marque d’affection, à tel ou tel moment bien précis, sans penser que l’autre est différent de nous, les circonstances dans lesquelles il vit sont différentes, il n’est pas un robot entre les mains de mon amour possessif, c’est un homme libre ou une femme libre, qui saura bien me répondre un jour ou l’autre, mais selon son rythme et non pas le mien.

     

    Mon problème c’est que je ne suis pas le centre du monde, d’un monde qui devrait tourner autour de moi selon mes caprices. Non je suis seulement le morceau d’un puzzle immense qui s’appelle l’humanité, où je peux choisir d’être seulement et toujours positif, de toujours donner sans rien attendre et je serai surpris de voir combien les gens finissent par m’aimer, par rechercher ma compagnie ou ma présence, je serai submergé de marques d’affection d’une foule de gens desquels je ne me serais jamais rien attendu au départ. Et qu’importe si certains me déçoivent à tel ou tel moment. Tout ne s’arrête pas là, la vie est encore longue devant moi, mais il ne faut jamais la détourner pour mes pauvres attentes égoïstes, il faut continuer à la donner, et l’on est alors étonné de voir chaque jour combien de gens viennent construire avec nous ce grand puzzle de l’humanité dont le dessin se découvre peu à peu comme une immense surprise !  


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  • « Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : ‘Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ?’ Jésus lui dit : ‘Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel.’ » (14,61-62)

    Quand j’étais à l’université, ma classe était divisée en deux groupes bien distincts : ceux qui « croyaient » et ceux qui « ne croyaient pas ». Même si la limite entre les deux groupes n’était en fait pas si claire que cela. Et je vois que le monde entier est toujours divisé entre ces deux groupes, sans que cela soit en aucune façon un prétexte pour juger quelqu’un : j’ai connu tellement de gens « non-croyants » qui avaient une profondeur d’humanité sublime que beaucoup de « croyants » pourraient leur envier…

    C’est pour cela que j’essaie de me mettre à la place de ces amis « sceptiques » et ce n’est pas si difficile que cela. Imaginons que nous soyons à la place du grand prêtre et qu’un individu comme vous et moi vienne nous dire : « Moi ‘je suis Dieu’ » ! Pour qui se prendrait-il ? Il y aurait bien des raisons de douter ou de trouver cette affirmation ridicule.

    Et pourtant, quand je sens cette vie qui bout dans mes veines, l’amour qui envahit mon cœur, la capacité incroyable en mon cerveau de comprendre, de calculer, d’analyser, de rechercher, d’inventer même, au-delà de l’imaginable, je ne peux qu’être ému, profondément ému par ce miracle que je vis au quotidien. Et quand je vois cette nature immensément grande et à la fois immensément remplie de réalités minuscules qui s’enchevêtrent dans une parfaite harmonie, quand je vois cette nature se transformer à chaque instant, mourir pour se recomposer aussitôt dans un perpétuel jaillissement de nouveauté, je ne peux que « croire » à ce miracle qui se répète à l’infini et dont je fais partie de tout mon être.

    Alors oui, « je crois » du plus profond de moi-même. Je n’arrive même pas à imaginer un seul instant que je pourrais ne pas « croire ». Qu’est-ce que cela voudrait dire ? Me laisser transporter par les vagues de la mer et écouter la voix d’un savant qui me dirait que la mer n’existe pas ? Ressentir cette vie qui jaillit en moi et autour de moi de tous les côtés, comme une cascade, comme un feu d’artifice, et me laisser convaincre que la vie n’existe pas. Aimer de tout mon cœur ces frères et ces sœurs en humanité que je trouve chaque jour sur ma route et avec lesquels je suis arrivé à partager les coins les plus précieux de mon esprit et de mon cœur dans une réciprocité surprenante, et l’on viendrait me dire que tout cela n’est qu’un mirage ? Qu’importe au fond si quelqu’un tient à penser que tout cela n’est pas vrai ou pas réel, je suis toujours libre de me laisser porter par cette passion de vivre, d’aimer, et de croire que toute cette merveille est liée pour l’éternité à ce Dieu qui m’a créé et qui continue à me faire renaître à chaque instant de ma vie.

    Mais tout cela bien sûr à condition que ce chant à la vie que je ressens au plus intime de moi-même soit surtout un service incessant auprès de mes frères et de mes sœurs qui ne sentent peut-être pas la même passion, ou qui ne la comprennent pas de la même façon, mais qui se battent eux aussi pour donner un sens à leur vie, à leurs souffrances, à leurs peurs et à leurs espoirs, et à la vie de toute la famille humaine !

     

     


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  • En ouvrant hier Facebook, je suis tombé sur cette phrase qui m’a fait mal au cœur : « Quand tu as bon cœur, tu aides beaucoup, tu fais trop confiance, tu donnes sans compter, tu aimes infiniment, et c’est toi que l’on blesse le plus. Partage si tu es d’accord. »

    Je me suis empressé de dire que je n’allais certainement pas « partager », parce que je n’étais pas d’accord. Cette phrase est une des nombreuses phrases publiées chaque jour par le site « Santé-Magazine », un site intéressant, souvent plein d’une certaine sagesse concrète, mais une sagesse qui est parfois un peu trop terre à terre et recroquevillée sur des intérêts un peu égoïstes qui risquent d’étouffer au lieu de faire respirer.

    Je suis content d’avoir ici l’occasion de dire vraiment ce que je pense. C’est important si on ne veut pas vivre la vie à moitié seulement. Et ce genre de phrase empêche littéralement de voler, vous ne pensez pas ?

    Mais voyons un peu : avoir « bon cœur » serait déjà un handicap. Excusez-moi, mais si quelqu’un « a du cœur », comme on dit, j’espère bien que c’est un « bon cœur », sinon il aurait alors un « mauvais cœur » ? Ou bien l’on a un « bon cœur », ou bien on n’a pas de cœur du tout, ou une pierre à la place du cœur…

    Aider « beaucoup » serait aussi dangereux : alors le mieux serait d’aider seulement à moitié, en partie, d’abandonner nos amis au milieu du chantier et qu’ils se débrouillent tout seuls ? J’espère bien que quand on aide, on le fait de tout son cœur, jusqu’au bout, et « beaucoup », sinon ce n’est pas la peine de commencer.

    Faire « trop confiance » : là encore, comme si la confiance pouvait être de trop. La confiance doit être totale ou bien elle ne laissera que des blessures à l’autre qui va s’apercevoir qu’au fond j’ai peur de lui faire confiance. Entendons-nous bien, je peux faire confiance à un ami pour certaines choses et pas pour d’autres pour lesquelles je sais par exemple qu’il n’a pas la compétence, mais quand je fais confiance, je ne retourne pas en arrière, ce serait tragique. Personnellement je suis devenu ce que je suis aujourd’hui, avec toute la joie de vivre qui est la mienne, j’ai réussi à sortir de mes malheurs parce que j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont vraiment fait confiance, au-delà des apparences, qui ont cru en moi bien plus que moi-même j’avais le courage de le faire. Et maintenant je m’amuserais à faire confiance aux autres seulement à moitié ?

    « Donner sans compter » : là c’est peut-être le pire ! Mais si je donne en comptant, en calculant, en me méfiant, en faisant attention à ne pas trop donner, en attendant par exemple tel ou tel résultat, en donnant par intérêt, ce n’est plus du don, c’est du commerce. Je n’ai rien contre le commerce qui est nécessaire, mais quand je donne, je donne ! Il y a une gratuité dans le don qui en fait sa noblesse et sa beauté !

    Aimer « infiniment ». C’est le comble ! Il faudrait aimer en bridant déjà notre cœur au départ ? Car donner, est déjà extraordinaire, mais aimer c’est se donner soi-même, c’est ce qu’on peut imaginer de plus beau dans les relations humaines et je commencerais tout de suite par mettre des limites à mon amour ? Non, ou bien l’amour est ouvert, au moins comme intention, à 360 degrés, ou bien c’est un piège qui ne va provoquer que des déceptions et des rancœurs réciproques.

     

    Et le résultat de cette aide, de cette confiance, de ce don et de cet amour soi-disant démesurés, ce ne serait que des blessures qu’on aurait bien mérité par notre imprudence ? Pauvre humanité serions-nous, tellement renfermée sur ses peurs et ses calculs ! Mais là aussi entendons-nous. Il ne s’agit pas de donner et d’aimer n’importe qui, n’importe quand et n’importe comment. Il y a une sagesse à savoir toujours trouver le moment et les circonstances adaptées pour chaque relation, mais quand on se donne, il s’agit de le faire pour de bon, sans plus revenir en arrière et de tout notre cœur. C’est sûr que nous rencontrerons quelques blessures en chemin, mais nous rencontrerons surtout une foule de gens avec qui partager en plénitude la joie de vivre sur cette terre. Et si, parfois, certaines personnes nous semblent ingrates, ne comprennent pas notre amour, nous oublient ou même nous font du mal comme récompense, c’est sans doute que ces personnes sont pleines de souffrances cachées que nous pouvons aider un peu à éponger, comme des amis l’ont fait sans doute avec nous quand nous allions mal. Ce n’est certainement pas une excuse pour remettre tout en question et aller nous cacher dans notre chambre où, tout seuls, nous n’aurions peut-être pas de blessures, mais notre vie serait bien triste !


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