• Je crois que c’est assez évident que l’autre est important pour moi. D’abord parce que sans l’autre, tous les autres, je ne serais jamais devenu moi-même, tout ce que je suis en ce moment, avec tout ce que l’autre m’a fait de bien ou de mal depuis le jour de ma naissance jusqu’à aujourd’hui.

    Et c’est bien pour cela que j’écrivais récemment : « La joie et la souffrance des autres ne peuvent plus nous laisser indifférents. » Cette petite phrase a bien plu à certains. Mais je voudrais m’arrêter ici sur les commentaires, apparemment négatifs, que m’ont faits deux de mes lecteurs.

    Le premier nous dit : « Il me semble que la souffrance des autres réjouit certains ! » Et le second : « Combien de personnes sont sensibles aux souffrances des autres… il y a en a très peu, malheureusement. »

    Ces deux remarques sont justes et sensées. On rencontre en effet tous les jours des gens qui sont contents de voir souffrir les personnes avec lesquelles ils ont eu des problèmes, comme s’ils tenaient là une vengeance, ou au moins une revanche. Comme si la souffrance des autres allait alléger la nôtre. Comme si cette souffrance était indirectement une punition que nous aurions aimé leur infliger.

    Mais lorsqu’on se laisse aller à des sentiments pareils, ne voit-on pas qu’on est en train de s’enfermer dans une prison qu’on bâtit avec ses propres mains ? Si le bonheur de l’homme se trouve dans le partage des joies, des découvertes, des trésors de l’amitié ou de l’amour, souhaiter le mal des autres, n’est-ce pas créer entre ces frères et ces sœurs en humanité et nous-mêmes un véritable fossé que nous n’arriverons plus jamais à combler ?

    La vie ne serait alors plus que la construction d’une véritable poubelle humaine où l’on jetterait l’un après l’autre tous ceux qui nous dérangent, qui ne pensent pas comme nous, qui nous ont trahis ou oubliés. Et combien pensons-nous avoir encore d’amis après un tel carnage ? Même les personnes les plus proches deviendront peu à peu des candidats à la méfiance ou au moins à l’indifférence. On n’ira jamais très loin avec une telle mentalité.

    Je crois que la seule manière de grandir en humanité, est de décider un jour que tout homme et toute femme sont importants pour moi. Car tout homme et toute femme peuvent un jour ou l’autre m’enrichir des trésors qu’ils possèdent en eux et qui me feraient certainement beaucoup mûrir s’ils les partageaient avec moi… comme moi, je pourrais en même temps être un beau cadeau pour eux s’ils me laissaient leur donner tout ce que j’ai de beau au fond du cœur.

    Vision naïve et irréelle ? Mais êtes-vous sûrs que nous sommes nés sur cette terre seulement pour nous faire souffrir les uns les autres ? Je sais que beaucoup vont encore me dire qu’ils ont essayé et qu’ils ont été trop déçus. Alors ils préfèrent s’isoler pour toujours plutôt que de s’exposer encore à de nouvelles blessures.

    Il y a un remède à tout cela. Se lever un matin en se disant : à partir de maintenant je vais chercher dans le monde toutes les personnes qui ont des sentiments positifs, pour apprendre à sortir de moi-même et ne pas m’arrêter au premier obstacle. Et vous verrez que des gens pareils sont bien plus nombreux qu’il y paraît au premier abord. Puis, avec ces amis solides, je vais partir à l’attaque, je vais gagner chaque jour à notre cause des gens comme moi qui voudraient bien s’ouvrir, mais qui ont encore peur de se faire mal. Car avec nous, tous ensemble, la joie et le bonheur vont devenir contagieux… (à suivre)

     

     


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  • Il y a quelques jours, deux de mes lecteurs ont réagi à la publication d’une de mes phrases provocatrices qui disait : « Donner et se donner, c’est le début du bonheur. »

    L’une m’a dit : « Parfois, on est mal compris. » Et l’autre : « Très peu connaissent ce chemin. »

    Tous les deux ont tout à fait raison. Mais c’est bien pour cela que je me bats chaque jour dans ce blog, pour sortir de la mentalité de notre pauvre monde qui vole bien bas.

    Je sais que j’écris d’une manière qui provoque et je continuerai à le faire, parce que c’est un devoir de s’aider à monter ensemble vers la lumière.

    J’avais déjà traité le premier sujet en septembre 2015, avec un article qui s’intitulait : « Quand on n’est pas compris. » et que mes lecteurs peuvent retrouver facilement.

    Cela fait longtemps que j’ai décidé de ne plus trop chercher à être toujours compris. J’y ai passé réellement trop de temps et y ai laissé trop d’énergie pour bien peu de résultats. L’important n’est pas d’être compris, mais d’être aimé.

    Or, quand on donne continuellement, du matin au soir, l’autre ne peut pas ne pas être touché. Et je ne parle pas ici tellement de donner de l’argent ou des choses matérielles. C’est extraordinaire de voir tout ce qu’on peut donner, quand on y pense un peu. On peut donner son temps, sa disponibilité, son sourire ou une poignée de main. On peut donner son attention ou son écoute, un conseil ou une suggestion. On peut faire don de ses talents ou de ses capacités, de ses connaissances ou de son expérience. On peut donner son cœur et tout son amour. Et l’autre ne restera jamais indifférent.

    Bien sûr ce ne sera peut-être pas l’autre que j’attends. Je vais aider une personne qui ne va même pas se rendre compte du geste que j’ai fait pour lui (qui ne va donc pas me comprendre), mais ce sera peut-être une autre personne présente qui va être frappée par mon attitude et qui va se rapprocher de moi et devenir mon ami. Peu importe d’où viendra la réaction positive. Mais là encore, comme nous le disions pour la confiance, le don appelle le don, et si je continue à donner et à me donner, va grandir peu à peu autour de moi un cercle de personnes qui se sentent en confiance avec moi, qui voient que je n’ai pas d’intérêts cachés et qui vont entrer dans cette culture du don encore si rare dans notre humanité malade, mais qui fait respirer quand on la pratique.

     

    Et on en vient ici à la deuxième remarque : « Très peu connaissent ce chemin. » C’est bien évident. Mais c’est justement là qu’on a l’occasion ou la possibilité de faire un choix de vie qui peut influer sur le monde qui nous entoure. Si tellement peu nombreux sont ceux qui donnent, n’est-ce pas précisément parce qu’ils n’ont pas trouvé sur leur chemin des gens qui étaient heureux de donner ? Quand on fait de la publicité pour un nouveau produit, on montre des gens qui utilisent ce produit et qui semblent heureux. C’est aussi simple que ça : donner et montrer qu’on est heureux. Les gens qui vont essayer à leur tour seront tellement touchés par cette nouvelle découverte qu’ils nous suivront bientôt et nous dépasseront sans doute très vite. Mais il faut être convaincu au départ, ne pas s’arrêter devant les échecs et montrer que le bonheur au cœur de l’homme ne dépend pas des apparences, mais de la liberté intérieure que ce don répété en toute circonstance va très certainement créer peu à peu en nous…


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  • Il y a deux jours, je publiais cette phrase pour mes lecteurs : « Plus nous faisons confiance à l’autre, plus l’autre a envie de nous faire confiance à son tour. C’est une loi de la nature. »

    J’ai reçu plusieurs « j’aime », ce qui veut dire que cette phrase leur a plu. Mais j’ai reçu aussi la critique d’une lectrice fidèle qui commente : « Pas avec tout le monde. »

    Je remercie vraiment cette lectrice, d’abord d’avoir pris le temps de me répondre, ensuite d’avoir été sincère et surtout de m’avoir poussé à continuer ce dialogue.

    En tous cas c’est bien vrai que, assez souvent, lorsque nous faisons du bien à quelqu’un ou que nous lui faisons confiance, il répond mal à nos attentes ou parfois il ne répond même rien du tout, comme si nous avions un mur en face de nous.

    Ma première considération, fruit de toute une vie d’expérience, c’est que nous perdons beaucoup de temps à attendre une réponse de l’autre et que nous finissons ainsi trop souvent par être déçus.

    Mais je voudrais expliquer peut-être un peu mieux ici ce que j’appelle l’autre. Ce n’est pas une personne précise à laquelle je pense. En fait « l’autre » veut dire pour moi tout autre ou toute autre, n’importe quelle personne que je rencontre au cours de la journée, et finalement toute l’humanité.

    Si je commence à faire confiance à l’autre, que ce soit une personne que je connais bien depuis longtemps, ou quelqu’un que je n’avais jamais vu auparavant, cette confiance va devenir source d’eau vive à l’intérieur de nos relations. Cela va d’abord me libérer de mes peurs. Ces peurs d’être incompris par l’autre, d’être exploité par lui ou ignoré. Car ces peurs finissent par nous replier sur nous-mêmes et par nous paralyser. Chaque rencontre, chaque relation devient alors un problème et nous en arrivons à perdre même la confiance en nous-mêmes et c’est là le début d’une grande catastrophe dont il sera difficile de se relever.

    Tandis que, quand je fais confiance à un parent, un collègue et même un inconnu, et que je le fais de plus en plus souvent au cours de mes journées, je m’aperçois que mon interlocuteur ou mon interlocutrice est agréablement surpris. Car la confiance véritable est finalement assez rare dans ce monde : apprendre à faire confiance, sans y mettre de conditions, sans calculer à chaque pas…

    Et cela donne tellement de courage à ce moment-là de se souvenir de tous les moments où des gens nous ont fait confiance et nous ont vraiment libérés, nous ont aidés à nous jeter à l’eau pour toujours !

    Alors, lorsque nous avons goûté à certains miracles, de personnes qui étaient blasées, ou dégoûtées de tout et qui ont décidé d’essayer à leur tour d’être positives, cela donne tellement de joie qu’on n’arrivera même plus à s’arrêter en chemin.

    Et je continue à penser que la confiance doit obligatoirement faire tache d’huile, c’est vraiment une loi de la nature… à condition de lui ouvrir nos portes.

    Chacun de nous est comme la chambre d’une grande maison qui se trouverait orientée vers le sud, là où le soleil tape toute la journée. Si nous ouvrons nos volets, nos fenêtres et nos portes au soleil de la confiance, si nous nous laissons envahir par la chaleur et la lumière de cette confiance, nous pouvons commencer à transmettre cette chaleur et cette lumière aux pièces voisines qui ne voient peut-être pas le soleil. Et peu à peu ces autres pièces s’habituent elles aussi à cette confiance qui rayonne.

    Le problème c’est que chaque pièce est libre de nous ouvrir ou non ses portes. Il y a même des chambres frigorifiques, toutes glacées de l’intérieur, qui refusent de s‘ouvrir à la chaleur. L’important c’est d’attendre le moment où ces chambres vont ouvrir un instant leurs portes et y glisser un peu de notre lumière. Ce sera difficile au début, parce que nous allons être refroidis d’un seul coup par cette température glacée qui va nous pénétrer. Il s’agit de rester bien accrochés à notre soleil qui va finalement l’emporter.

     

    Et puis même le soleil va disparaître de temps en temps, car la nuit reviendra régulièrement et semblera gagner la bataille, ou en plein jour derrière des nuages tout noirs. Cette bataille de la confiance n’est pas une aventure facile. Mais nous savons que le soleil reviendra toujours à un moment ou à un autre, car c’est lui le plus fort.


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  • Pourquoi toujours ce pauvre bonheur misérable qu’on essaye de nous présenter dans les médias ? Mais jugez plutôt. La citation d’un artiste, critique, écrivain et journaliste français de notre époque, Frédéric Beigbeder, qu’on nous présente comme un modèle de sagesse : « Recette pour aller mieux. Répéter souvent ces trois phrases : le bonheur n’existe pas. L’amour est impossible. Rien n’est grave. » Ça vous attire comme idéal de vie ?

    Que rien ne soit grave, c’est déjà un peu étrange comme affirmation, parce qu’il y a tout de même des situations graves dans la vie d’un homme et le nier serait refuser de voir la vie ou la maladie ou la mort ou les catastrophes en face, et donc finalement fuir la réalité. Si notre auteur veut peut-être dire par là que beaucoup d’évènements qui nous font peur ou nous font du mal, ne sont en fin de compte pas si terribles que cela, passe encore. Mais vouloir nous rassurer en nous anesthésiant devant les difficultés ou la souffrance, n’est certainement pas une clé pour le bonheur. Je connais des gens qui souffrent beaucoup et qui vivent tout de même des moments de bonheur intense. Ce sont des réalités qui ne sont pas forcément du tout dépendantes l’une de l’autre.

    Mais dire que le bonheur n’existe pas, c’est bien une des pires affirmations que j’aie jamais entendues. A quoi cela servirait-il de se répéter cette phrase toute la journée ? Pour ne jamais être déçu ? C’est simplement se couper les ailes pour toujours, en s’empêchant de voler. Si je ne décolle pas de mon pauvre monde triste et terre à terre, je ne risque peut-être pas de tomber de haut et de me faire du mal. Alors l’idéal serait de s’enfermer dans une chambre pour toujours, ne jamais sortir dehors pour ne pas risquer de se faire brûler par le soleil. Rester au chaud pour ne pas prendre de courants d’air. Ne pas aller dans la rue pour éviter les accidents. Ne rencontrer personne pour éviter les conflits. Ne jamais chercher l’aventure parce que c’est trop dangereux. Se suicider serait encore peut-être la meilleure solution. Je peux rester en vie, mais être un mort vivant, quelqu’un qui végète parce qu’il refuse d’affronter la vie et tous ses défis, mais en même temps toutes ses découvertes, ses joies et ses surprises.

     

    Et dire enfin que l’amour est impossible ? Le seul fait que notre ami écrive cette phrase pour que quelqu’un la lise est déjà la preuve qu’il cherche au moins une personne au monde qui va être d’accord avec lui, qui va aimer sa phrase et qui va désirer entrer en contact avec lui : l’amour est déjà là, présent au moins en germe. Mais être homme, n’est-ce pas déjà être le fruit d’un amour qui nous a mis au monde ? Si quelqu’un a eu le courage de me donner la vie, n’est-ce pas déjà la preuve du plus grand amour ? Si l’amour s’est ensuite arrêté en chemin, s’il a trouvé des obstacles sur sa route, c’est un autre problème. Personne ne dira jamais naïvement que l’amour c’est voir la vie en rose, que tout amour est forcément facile. Non l’amour, comme toutes les réalités les plus belles de notre vie, est une grande responsabilité, un risque perpétuel de conflits, d’incompréhensions, de tensions de toutes sortes, dont il peut sortir plus grand ou plus affaibli. A chacun d’apprendre à s’en servir le mieux possible, en se relevant après chaque échec. Et surtout à chacun de vivre cet amour avec d’autres personnes avec qui on peut partager et mûrir ensemble. Car l’amour est possible justement parce qu’il relie, qu’il crée l’accueil de l’autre dans la réciprocité, et c’est cette réciprocité qui va le rendre toujours possible. L’amour est en effet impossible si je refuse de rencontrer les autres, si j’ai peur de la relation à tous les niveaux. Le jour où cette peur commence à disparaître, commence un bonheur qui ne finira jamais, malgré tous les accidents de parcours. Mais encore faut-il avoir le courage d’essayer, avant de s’avouer vaincu sans avoir commencé la bataille !


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  • Mais où va notre pauvre monde ?

    Lisez, s’il vous plaît, ces quelques lignes d’un article paru dans « Le Monde » du 2 février et dites-moi si cela n’est pas inquiétant.

    L’article s’intitule : « Les murs dans le monde, en réponse aux nouvelles peurs. »

    Et on peut y lire entre autres : « Dans un monde écartelé entre mondialisation en expansion et repli identitaire, ces remparts se multiplient comme autant de solutions sécuritaires. » Et puis : « Si l’idée d’ériger un mur ou une clôture entre des pays est aussi ancienne que les concepts de nation et de frontière, l’Europe et le monde occidental ont un peu vite cru que la fin de la guerre froide et l’effondrement du mur de Berlin, en 1989, allaient signifier la disparition des séparations entre les peuples. Près de trente ans plus tard, le nombre de murs et de clôtures a explosé un peu partout sur la planète… »

    On va me dire que c’est mieux d’ériger des murs pour se protéger que de faire la guerre à son voisin ? Certainement. Mais se protéger contre qui ? Contre des délinquants et des criminels qu’on préfère mettre en prison ? Cela pourrait encore se comprendre, même si on comprend de plus en plus que les prisons ne sont jamais à long terme des solutions positives.

    Mais ce qui est navrant dans cette histoire, c’est d’abord qu’on décide de mettre en prison tout un peuple. C’est toute une nation qui est considérée tout à coup comme délinquante ou criminelle. Comme cette nouvelle entendue un jour à la télévision d’un pays voisin qui parlait d’une centaine de terroristes dont la moitié étaient des femmes et des enfants : les enfants étaient déjà des terroristes par définition !

    Pour ne pas écrire ici encore des pages et des pages sur ce sujet, que mes lecteurs n’auraient pas le temps de lire, je voudrais poser seulement une petite question à ces hommes politiques qui décident un jour, sans état d’âme, de mettre des peuples entiers derrière des barreaux. Oublions même les problèmes de conscience dus à la situation humanitaire désastreuse qu’engendrent en général ce type de murs ou de clôtures.

    Ces hommes politiques sans conscience, qui ne pensent peut-être qu’à la prochaine élection dans leur pays dans quelques mois ou quelques années, ne voient-ils pas qu’en isolant les autres, ils finissent par s’isoler eux-mêmes les premiers, à se mettre eux-mêmes dans la prison où ils pensaient enfermer les autres ? Dans un monde où nous sommes désormais tous de plus en plus interdépendants, quel héritage vont-ils transmettre aux générations futures de leur propre pays ? Des relations internationales basées seulement sur la peur, où l’on n’est même plus capable de comprendre l’autre différent ? Imaginons si, à la fin de la seconde guerre mondiale, la France et l’Allemagne avaient décidé d’ériger entre elle un grand mur pour ne plus risquer de se faire la guerre, où en serait l’Europe aujourd’hui ? Le monde de demain sera interdépendant ou bien il disparaîtra pour toujours. Il n’y a pas d’autre solution désormais. Un enfant le comprendrait…

     

     


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