• « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, dent pour dent.’ Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » (Mt 5, 38-39)

    Cette phrase de Jésus est bien célèbre, mais je crois que presque personne n’y a jamais rien compris… au point qu’elle est devenue pour beaucoup de gens, à l’intérieur de la famille chrétienne ou au dehors, comme le symbole de la faiblesse de ceux qui suivent l’Evangile, alors que cette phrase voulait dire exactement le contraire.

    Pour me faire comprendre, il aurait fallu peut-être la mimer, plutôt que de l’expliquer avec des mots, ou bien se rappeler la scène du fameux film sur Gandhi dans lequel les Indiens avancent tranquillement vers les dépôts de sel tenus par les Anglais en sachant que les soldats vont les frapper avec leur bâtons, que leur sang va couler, mais qui regardent ces soldats droit dans les yeux sans peur… et ce sont les soldats armés qui se sentent finalement le plus mal devant cette injustice qu’ils sont en train de commettre… et c’est par des actes courageux de ce genre de non-violence que Gandhi a finalement obtenu l’indépendance de l’Inde.

    Si quelqu’un me frappe sur une joue, Jésus me demande d’abord de l’aimer quand même, c’est-à-dire de lui pardonner du fond du cœur, car probablement « il ne sait pas ce qu’il fait. » Puis, avec la paix dans l’âme, je vais retourner vers lui et lui tendre l’autre joue, en le regardant droit dans les yeux, comme pour lui dire : si tu penses que c’est bien de me frapper, vas-y, je n’ai pas peur, mais quand tu comprendras le mal que tu me fais, c’est toi qui vas avoir peur, peur de me regarder dans les yeux, peur de toi-même, peur du mal et de l’injustice qui t’aveuglent… et ta violence ne gagnera jamais.

    Alors, je crois qu’il faut en finir une fois pour toutes avec cette hérésie totale qui veut nous faire croire que l’amour est faible, que l’amour est l’attitude des gens qui ont peur, qui n’osent pas se battre pour la justice et les droits de l’homme, qui font de lâches compromis. Tendre l’autre joue, c’est regarder au fond du cœur de cet homme ou de cette femme qui nous fait du mal, croire qu’il y a Jésus en lui ou en elle qui nous tend la main sans même que l’autre le sache et aider ce Jésus dans l’autre à le faire sortir finalement de son aveuglement. Car répondre à la violence par la violence, c’est rester dans une logique de mort et de peur qui ne mènera jamais nulle part. Tandis que se jeter dans la non-violence de l’amour, c’est manifester aux hommes la force de l’amour de Dieu qui est plus grand que tous les esprits mauvais qui sont dans le cœur de chacun.

    Et ici encore, quand je vis l’Evangile avec toute une communauté de personnes qui s’aiment dans l’amour réciproque avec Jésus au milieu d’eux et que c’est une communauté tout entière qui témoigne de la force révolutionnaire de l’amour du Christ devant le mal qui essaye de détruire l’harmonie et la paix entre les hommes, bien des choses peuvent changer dans le bon sens dans nos sociétés malades de peur et de violence ! 


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  • « Donc, lorsque tu vas présenter une offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5,23-24)

    C’est encore une phrase tellement connue, mais est-ce que nous l’avons comprise en profondeur ? Il y a là une autre révolution totale par rapport à la mentalité du monde, si nous saisissons le sens des paroles de Jésus. Nous qui sommes tellement habitués à nous battre du matin au soir dans la jungle de la société pour montrer que nous avons raison et que l’autre à tort, voilà que Jésus nous dit que tout cela n’a aucune importance. Il me demande de me réconcilier avec mon frère qui a quelque chose contre moi, sans même me laisser le temps de lui expliquer si c’est de ma faute ou de la faute de mon frère si nous en sommes arrivés là. Il n’est même pas intéressé à le savoir. La seule chose qu’il nous dit, c’est que notre prière n’arrivera jamais jusqu’à lui si nous ne sommes pas réconciliés.

    Un saint disait que Dieu ne nous voit même pas si nous ne sommes pas unis. Manière de parler, sans doute, puisque Dieu nous voit toujours, mais expression tellement forte pour nous convaincre que Dieu ne voit que Dieu, et si nous sommes désunis ou en conflit, c’est comme si nous n’existions pas pour lui.

    Alors toute cette énergie que nous dépensons pour nous battre, pour montrer que nous avons raison, c’est seulement du temps perdu pour Jésus. La seule chose qui compte pour lui, c’est que nous passions notre journée à tisser des relations d’amitié, d’amour, d’unité, de paix et de réconciliation. Cela devrait être notre seul but du matin jusqu’au soir. Aller au travail, au bureau, au magasin, à l’école, à l’église, puis de nouveau en famille, pour construire des ponts avec les gens qui nous aiment et même avec ceux qui peut-être ne parviennent pas à nous aimer, mais n’avoir aucun autre but dans notre vie que cette harmonie entre nous et tous nos frères et sœurs en humanité. Comme la vie devient alors passionnante, difficile bien sûr, tellement on trouve d’obstacles en chemin avant de parvenir à l’harmonie, mais tellement pleine de joie pure chaque fois que nous avons fait un pas de plus en direction de ce rêve que Jésus est venu réaliser sur la terre au milieu de nous…

     


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  • « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même que votre lumière brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,14-16)

    Encore des paroles qui sortent de l’ordinaire. Jésus vient déjà de nous dire que nous sommes « le sel de la terre », ce qui n’est pas rien, puisque le sel, apparemment si petit et si faible est là pour donner du goût à tout… Mais là, vous ne trouvez pas qu’il exagère ?  Il dit que nous sommes non seulement lumière, mais « la lumière du monde ». C’est nous qui illuminons le monde. Sans nous, le monde serait dans les ténèbres. Mais qui sommes-nous ? A qui s’adresse Jésus ici encore ? A nous, ses disciples. Aux disciples qui étaient avec lui sur la montagne de Galilée et aux disciples de tous les temps, jusqu’à aujourd’hui et pour toujours.

    C’est une immense responsabilité qui pourrait nous faire peur. Car la lumière est un des plus grands miracles de la nature. Il suffit d’une petite fente dans un mur ou dans une porte pour que la lumière vienne inonder toute une pièce obscure. La lumière ne résout pas les problèmes, mais elle fait passer justement de l’obscurité à la clarté. Les problèmes sont peut-être toujours là, mais la lumière leur donne un sens, elle permet de chercher enfin des solutions, elle apporte l’espoir, là où régnait le découragement… Et c’est nous qui allons apporter tout cela ?

    Eh bien oui, à condition seulement d’avoir décidé d’être ses disciples, de tout notre cœur, avec ce cœur pur que nous venons à peine de rencontrer dans les « béatitudes ». Car Jésus ne nous demande pas plus, il sait bien que nous sommes faibles, pécheurs et tellement limités. Mais il nous demande en quelque sorte de ne pas nous regarder, d’être sûrs que sa lumière divine est en nous et qu’elle fera son effet, si seulement nous la laissons passer. Il affirme même que les gens « rendront gloire » à notre Père qui est aux cieux, en voyant ce que nous faisons de bien. Il est donc sûr que nous faisons quelque chose de bien. C’est un bien qu’il fait en nous, bien sûr, mais qui passe tout seul, si seulement nous savons l’accueillir.

    C’est une leçon de vie pour toujours. Certains passages de l’Evangile nous demandent de nous arrêter un instant sur nous-mêmes pour nous convertir. Mais d’autres passages comme celui-ci, quand nous ne sommes plus seuls avec nous-mêmes, quand nous sommes au milieu du monde perdu et assoiffé qui attend la lumière, nous demandent de ne plus penser à nos défauts et à nos péchés, mais de nous jeter à l’eau de tout notre cœur, car Dieu a besoin de nous pour répandre sa lumière et il n’y a pas de temps à perdre. Quelle aventure merveilleuse ! Quelle confiance incroyable Jésus a mise en nous ! A nous de nous aimer les uns les autres au point que ce soit toujours Jésus au milieu de nous qui nous guide et la lumière brillera pour toujours !

     

     


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  • « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » (Mt 5, 10-12)

    Vous avez remarqué ? C’est comme pour les pauvres de cœur : « le Royaume des cieux est à eux ! » Même si notre récompense sera ensuite « grande dans les cieux », le Royaume de Dieu est déjà là pour nous. C’est que le Royaume des cieux, c’est déjà Jésus parmi nous, Dieu qui s’est fait homme, qui est venu habiter parmi nous, en nous, au milieu de nous.

    Mais pour goûter véritablement à sa présence, il faut être déjà en quelque sorte au même niveau que Dieu, au même niveau que Jésus, il faut donc être sorti de soi pour donner sa vie pour l’humanité. Et cela l’humanité malade ne nous le pardonnera jamais, car la vie de Dieu en nous dérange ceux qui ne veulent pas l’accepter. Et ils se mettent en guerre contre nous. Et plus nous nous laissons faire par cette guerre contre nous, sans essayer de nous défendre, et plus la vie de la justice de Dieu grandit en nous. C’est comme l’épreuve du feu. Prouver à Dieu et aux hommes que nous sommes vraiment du côté de la justice. Les injustes ne nous le pardonneront jamais, mais Jésus y reconnaît tout de suite ceux qui sont devenus du même sang que Lui.

    C’est une béatitude terrible, sans doute la plus exigeante et la plus difficile à réaliser, mais notre bonheur va y être total, car nous ressemblons maintenant pour toujours à ce Jésus qui a donné sa vie sur la croix pour chacun de nous. C’est la dernière de toute cette série de béatitudes, mais c’en est en même temps comme la synthèse finale, celle qui porte en elle toutes les autres. Car pour accepter de donner sa vie pour Dieu et pour ses frères, comme Jésus l’a fait, il faut certainement être pauvre de cœur, il faut être doux, capable de pleurer, il faut avoir faim et soif de la justice, être miséricordieux, avoir un cœur pur et être artisans de paix. Tout est là, tout est dit, l’Evangile pourrait s’arrêter aux béatitudes et il ne nous manquerait rien, car ces béatitudes vont éclairer maintenant toute la vie publique de Jésus, le sens de sa donation, jusqu’à son dernier souffle sur la croix, là où il va être non seulement persécuté, mais tué, massacré, anéanti pour avoir osé donner sa vie pour la justice. Mystère d’un Dieu plus grand que tout le mal du monde et source de foi et de vie pour toute l’humanité. Quelle chance avons-nous de l’avoir rencontré et d’avoir pu commencer à le suivre !


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  • « Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5,9)

    Comme il est beau ce mot “artisan” : Jésus nous demande d’être des artisans de paix. Il veut que nous mettions la main à la pâte. La paix est certainement un des plus grands dons de Dieu, mais il voudrait tellement que nous l’aidions à construire cette paix entre les hommes, qui manque encore si souvent.

    Il est évident qu’il y aurait de quoi se décourager quand on écoute les nouvelles de l’humanité. Les guerres continuent à éclater un peu partout, et si ce n’est pas toujours avec des armes qui tuent, les peuples se font la guerre avec de l’argent, avec du chantage sur tout ce qui peut se produire dans le monde, avec la faim ou même les idées ou les réseaux sociaux qui sèment souvent la confusion au lieu de contribuer à l’harmonie globale entre tous.

    Mais cette béatitude elle-même va nous réconforter. Dieu ne nous demande pas de réussir à gagner la bataille de la paix, il nous demande simplement de donner notre vie pour la construire. Il sait bien que la paix globale dépend de la liberté des hommes qui peuvent la vouloir ou la refuser, ou l’oublier derrière d’autres intérêts. C’est pour cela qu’il nous propose de nous jeter avec lui dans son plan de paix.

    Nous pouvons être artisans de paix en nous-mêmes pour commencer. Nous pouvons faire déborder la paix que Dieu met en nous sur notre famille, les gens que nous aimons, les gens que nous côtoyons chaque jour au travail ou dans toute notre vie sociale. Et c’est tout ce que Dieu nous demande pour pouvoir nous appeler ses « fils » : « fils de Dieu ». Jésus ne veut rien d’autre que nous donner sa vie. Si nous travaillons avec lui à la paix de notre famille ou du monde, de tout notre cœur, nous allons ici aussi entrer dans le cœur de Dieu et le laisser entrer en nous. Et c’est là que nous pouvons réussir.

    C’est difficile de construire la paix, cela demande de pardonner à ceux qui nous font du mal, de faire confiance à ceux qui ne nous font pas confiance, de rendre le bien pour le mal, mais si nous commençons à agir ainsi, nous devenons non seulement les « fils de Dieu », mais les frères et sœurs de tous ceux qui ont déjà commencé avant nous à être ces artisans de paix. Et c’est cela la joie la plus grande, qui nous fait déjà expérimenter un peu de paradis sur terre quand nous sommes unis avec la famille de la paix de Dieu qui reste debout et sereine au milieu de la tempête. Et rien ni personne ne nous empêchera d’entrer dans ce courant divin, à partir du moment où nous avons décidé de commencer l’aventure !


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