• « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. » (Mt 8, 8)

    C’est un mystère tout de même : ce brave centurion qui n’est même pas de la religion de Jésus mais qui a tellement foi en lui ! Comment cela est-il possible ? Cela bouleverse une fois de plus toutes les catégories dans lesquelles on aurait tendance à enfermer Dieu et la prière…

    On pourra noter deux ou trois originalités dans ce rapport entre le centurion et Jésus. D’abord le centurion ne demande rien pour lui-même. Il ne demande même pas de miracle pour quelqu’un de sa famille, ni quelqu’un d’important. Il voudrait simplement que son serviteur cesse de souffrir. Ce centurion a le cœur ouvert sur toute l’humanité, quelle qu’elle soit et en particulier sur les plus faibles et les plus démunis. Il a déjà pénétré par miracle dans le secret du cœur de Dieu.

    Sa foi ne vient donc pas d’une assurance, ni d’une conviction personnelle qui le rendrait sûr de lui. Il se sait faible lui-même et indigne de parler avec Jésus et de lui demander d’intervenir, mais c’est cela la base de la foi, cette relation d’amour que l’Esprit de Dieu suscite en nous si nous le laissons pénétrer. Cet amour qui nous rend humbles devant Dieu, mais en même temps si proches de lui, car Jésus est le premier à être humble. Le centurion n’est pas en train de faire un caprice auquel il voudrait obliger Dieu à répondre. Il sent simplement au fond de lui qu’il y a en Jésus un trésor qui est fait pour toute l’humanité et auquel nous sommes tous invités à puiser…

    Je crois que Dieu est particulièrement sensible à cette relation d’amour vrai qu’il attend de tout son cœur de voir fleurir en chaque homme, car c’est lui qui nous a créés et qui a mis en chacun de nous cette semence de foi et d’amour qui est faite pour nous relier à lui pour toujours. Alors, lorsqu’il voit que cette semence en nous commence à porter du fruit, Dieu perd la tête et il est prêt à exaucer toutes nos prières, toutes les prières que lui-même est en train de nous suggérer à travers l’Esprit qui murmure à notre cœur. C’est cela le véritable miracle : pas tellement la guérison d’une personne qui tombera de nouveau malade un jour ou l’autre, mais l’ouverture réciproque et définitive du cœur de Dieu au cœur de l’homme…

     


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    [Pour nous aider à méditer sur le chapitre 8 de Matthieu, revoici quelques « perles de la Parole » de notre blog, à l’époque où nous étions plongés dans l’Evangile de Marc]

     

    « Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : ‘Si tu le veux, tu peux me purifier.’ Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ‘Je le veux, sois purifié.’ » (1, 40-41) [cf. Mt 8, 2-4]

    Ce qui est remarquable ici, c’est la formule utilisée par le lépreux qui s’adresse à Jésus : « Si tu le veux, tu peux.. » Il aurait pu dire tout simplement : « Jésus, je t’en prie, purifie-moi ! » Mais il a voulu s’adresser à ce qui fait la puissance de Dieu, son « pouvoir » et son « vouloir ». Car seul l’être, seul Dieu, est capable de pouvoir et de vouloir vraiment, il ne faut pas l’oublier. Certes nous aussi nous pouvons et nous voulons, mais comme participation à ce que Dieu, dans son dessein d’amour sur les hommes a bien voulu nous permettre de pouvoir et de vouloir avec Lui. Et combien souvent nous oublions cette vérité de base et nous commençons à vouloir et à pouvoir tout seuls, sans Lui. Combien de fois d’ailleurs nous voudrions et nous ne pouvons pas, ou bien nous pouvons et nous ne voulons pas, car nous ne vivons pas de cette unité en Dieu du « vouloir » et du « pouvoir » et nous les détournons pour nos propres intérêts.

    Remettons-nous alors bien simplement dans l’humble attitude du lépreux, en ayant  conscience que notre intérêt c’est de laisser Dieu justement vouloir et pouvoir en nous et pour nous. Et tout se fera ensuite comme par simple conséquence logique. Nous avons besoin d’être purifiés, ou peut-être consolés, encouragés, éclairés, guidés. Quel que soit notre besoin, Dieu pourra toujours y répondre, s’il pense bien sûr que c’est pour notre bien. Il suffit de mettre notre « volonté » et notre « pouvoir » à l’unisson avec sa volonté et son pouvoir à Lui et tout ira mieux. C’est bien sûr plus facile à dire qu’à faire, mais nous avons toute la vie pour nous exercer et chaque instant pour recommencer.

    « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas de foi ? » (4,40) [cf. Mt 8,26]

    Après tous ces commentaires, il ne reste plus grand chose à ajouter. Ce chapitre est véritablement une leçon merveilleuse de foi et de confiance. Et, encore une fois, Jésus ne fait pas cette remontrance aux apôtres pour les juger ou les condamner, sinon il aurait cessé tout à coup son travail, comme on fait lorsqu’on se décourage. Non, Jésus va continuer jusqu’au bout, il va tout donner jusqu’à la fin. S’il nous secoue de temps en temps au passage, ce n’est surtout pas pour nous faire perdre courage, mais simplement pour nous réveiller un peu, se moquer de nous gentiment, comme on le fait pour quelqu’un qu’on aime de tout notre cœur. L’amour doit être fort parfois, la lumière finale qui nous attend en vaut la peine. Et même la lumière provisoire que nous pouvons accumuler sur notre chemin. Jésus nous conseille seulement d’être attentifs, de continuer le plus possible à ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre esprit et notre cœur pour ne pas rater les occasions qui s’offrent à nous de faire fructifier la Parole.

    « Un homme possédé d’un esprit mauvais sortit du cimetière à sa rencontre. » (5,2) [cf. Mt 8,28 : à noter que Marc parle d’un possédé alors que Matthieu nous décrit deux possédés à la fois]

    Rien de plus simple et de plus beau que ces deux verbes mis ensemble : sortir et rencontrer ! La réputation de Jésus s’est vite répandue dans tout le pays et tout le monde veut le rencontrer. Mais pour le rencontrer il faut sortir. Sortir de sa maison, de son milieu, de sa routine quotidienne. Sortir de soi-même surtout, de ses habitudes, de ses préjugés, de son égoïsme. Il faut, au moins pour un moment, tout quitter pour accueillir Jésus de tout son cœur et de tout son esprit. Alors aura lieu la rencontre et ce sera une véritable rencontre, celle de la réciprocité entre deux êtres qui s’aiment et se donnent l’un à l’autre totalement.

    Cela ne devrait pas être si difficile, surtout si on pense que c’est Jésus qui a déjà fait le premier pas. C’est lui qui est sorti le premier de son ciel pour venir à notre rencontre. Mais il veut que nous fassions nous aussi notre « premier pas », pour que la rencontre soit, en quelque sorte, entre deux personnes qui se traitent d’égal à égal. Ce n’est pas tout à fait vrai puisque nous ne sommes que de pauvres créatures bien limitées, et c’est pourtant vrai car Jésus le veut : il fait comme si nous étions comme lui, il fait confiance à la partie divine qu’il a mise en nous quand il nous a créés.

    Et, une fois faite notre part, une fois que nous sommes sortis de nous-mêmes, il n’y a pas trop à se préoccuper : c’est lui qui va organiser la rencontre, qui va prendre l’initiative, qui va engager avec nous le dialogue qui va transformer notre vie. C’est lui qui va nous guérir, nous apaiser, nous encourager, nous donner la force de continuer. Tout ne va pas être résolu en une rencontre, mais, si nous le voulons, cette rencontre peut se répéter, une fois, deux fois, chaque jour, chaque instant même, si nous sommes vigilants, et alors vraiment la vie s’illuminera au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer.

    Et quand nous découvrons enfin que ce Jésus qui nous attend, qui désire tellement nous rencontrer, se trouve aussi en chacun de nos frères et de nos sœurs, quelle aventure se présente devant nous, à nous couper le souffle ! Il suffit d’un petit effort : sortir un peu plus chaque jour... jusqu’au jour où nous sortirons pour de bon de cette vie d’ici-bas pour rencontrer Dieu face à face et tous ceux que nous aurons aimés sur cette terre. Le passage sera sans doute difficile, mais si nous nous sommes entraînés toute la vie à sortir, ce sera seulement un acte de foi et d’amour en plus, avec une joie immense à partager ensuite pour toujours !

     


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  • Après la lumière extraordinaire du discours sur la montagne qui nous a bouleversés tout au long des chapitres 5 à 7 de l’Evangile de Matthieu, j’avais franchement l’impression que le chapitre suivant allait être un simple moment de transition, le retour ordinaire à la vie publique de Jésus avec plusieurs épisodes qui sont déjà tellement connus et que nous avons pu contempler auparavant à la lecture de Marc (la guérison du lépreux, celle de la belle-mère de Pierre, la tempête apaisée ou l’épisode des esprits mauvais qui entrent dans un troupeau de porcs qui se jettent dans le lac) ou que nous retrouverons plus tard en Luc (ces mêmes épisodes et celui du centurion romain).

    Mais la Parole de Dieu est toujours la Parole de Dieu ! Commençons par nous laisser surprendre par ces nouveaux passages que l’on ne trouvait pas chez Marc. Et tout d’abord l’histoire étonnante de ce centurion romain qui vient à la rencontre de Jésus : « Jésus était entré à Capharnaüm ; un centurion de l’armée romaine vint à lui et le supplia : ‘Seigneur, mon serviteur est au lit, chez moi, paralysé, et il souffre terriblement.’ Jésus lui dit : ‘Je vais aller le guérir.’ Le centurion reprit : ‘Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Ainsi, moi qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; je dis à l’un : ‘Va’, et il va, à un autre : ‘Viens’, et il vient, et à mon esclave : ‘Fais ceci’, et il le fait.’ A ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : ‘Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux, et les héritiers du Royaume seront jetés dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’ Et Jésus dit au centurion : ‘Rentre chez toi, que tout se passe selon ta foi.’ Et le serviteur fut guéri à cette heure même. »

    On trouve encore un deuxième passage original, par rapport à Marc, avec en particulier le verset 17 : « Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies.’ » Une belle synthèse de la mission de Jésus.

    Mais un paragraphe très intéressant, qu’on trouvera aussi chez Luc, est celui des versets 19 à 22 : « Un scribe s’approcha et lui dit : ‘Maître, je te suivrai partout où tu iras.’ Mais Jésus lui déclara : ‘Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête.’ Un autre de ses disciples lui dit : ‘Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père.’ Jésus lui dit : ‘Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts.’ » Ce sont vraiment des phrases étonnantes…

    On lit et on relit ce chapitre tout entier que l’on croit connaître presque par cœur, et voilà soudain que se fait une grande lumière que je voudrais partager avec vous. Ce petit chapitre rapide, de transition, peut devenir en réalité une révolution totale de notre vie. D’abord parce qu’il va changer complètement notre relation à la foi, et partant de là, notre relation à Dieu lui-même.

    Qu’on le veuille ou non, l’homme se cherche toujours des assurances, des certitudes sur lesquelles baser sa vie. Cela ne part pas d’une mauvaise intention. Je dois bien savoir qui je suis, qui est Dieu, dans quelle direction progresser. Tout cela n’est pas faux. Mais est-ce que ces assurances peuvent vraiment suffire quand on marche à la suite de Dieu ?

    On voit tout de suite, évidemment, que les intérêts matériels, purement terre à terre, qui nous préoccupent le plus souvent, sont un obstacle terrible qui nous empêche d’accueillir le Christ dans notre vie. C’est ce qui arrive aux habitants du village dont viennent les porcs qui se sont jetés dans le lac avec les esprits mauvais. Ils n’ont même remarqué que les deux possédés (qui sont certainement les parents de l’un ou l’autre des ces villageois) avaient été guéris, ils n’ont même pas remercié Jésus pour ce miracle. Ce qui les préoccupe seulement c’est la perte matérielle que Jésus leur a ainsi occasionnée. « Voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus ; et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région. » C’est une image du monde qui ne pense qu’à soi et à ses possessions et qui ne sera jamais capable d’ouvrir son cœur  sur l’amour de Dieu qui les attend.

    Mais est-ce que les disciples de Jésus font tellement mieux ? Eux qui auraient dû commencer à comprendre que Jésus était vraiment l’envoyé de Dieu, sinon encore le Fils même de Dieu, eux qui devraient être pleins de confiance en lui et en sa protection, voilà qu’ils prennent peur à la première occasion et qu’ils le secouent dans son sommeil, comme si tout à coup sa présence était devenue inutile : « Ses compagnons s’approchèrent et le réveillèrent en disant : ‘Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus !’ Mais il leur dit : ‘Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ?’ »

    Il est tout de même étonnant que l’exemple que l’Evangile nous donne à suivre, n’est pas celui des disciples qui devraient être si proches de lui, mais de ce pauvre lépreux rejeté par la société et de ce centurion qui n’est même pas de la religion de Jésus. Ce qui distingue ces deux figures exceptionnelles des autres, c’est leur confiance absolue en Jésus. Une confiance pleine d’amour qui ne raisonne pas, mais qui se jette en Jésus du plus profond du cœur. « Un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit : ‘Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.’ » Et devant le centurion, voilà que Jésus nous dit justement : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. »

    Il y a ici, entre les lignes une leçon de foi et d’amour qui est du même niveau que la révolution des béatitudes. Il ne sert à rien d’être disciple de Jésus si on n’est pas capable de se jeter en Lui dans l’instant présent. Ce qui veut dire que la foi ne sera jamais une acquisition, une certitude que l’on « possède », une garantie qui nous rend forts ou meilleurs que les autres, une supériorité sur ceux qui ne connaissent pas Jésus. Non, la foi n’est pas une doctrine apprise à l’école, une information sur la divinité du Christ et sa toute-puissance. Sinon les premiers à avoir la foi devraient être le diable et les esprits mauvais, car ils savent bien qui est Jésus et qui est Dieu, mais cela ne leur sert à rien, car ils n’aiment pas.

    La foi que demande Jésus est simplement l’amour confiant d’un fils qui se jette dans les bras de son père aimant, sans condition, sans hésitation, sans peur, quelles que soient les apparences. Autrement dit la foi à laquelle Dieu nous invite ne regarde que très peu le passé, les belles découvertes que nous avons faites hier sur la puissance de Dieu, mais la foi est toujours tournée vers cet instant présent où je dois aimer et cet avenir à construire selon la loi de Dieu. Il ne sert donc à rien de proclamer le jour de Pâques : « Jésus est ressuscité », si l’instant d’après nous nous plaignons de la première personne qui nous dérange, si nous n’arrivons pas à ressusciter concrètement avec Jésus au milieu des mille problèmes de la vie de tous les jours. La foi véritable en la résurrection est celle du disciple qui laisse Jésus ressusciter aujourd’hui au milieu de l’humanité malade et souffrante et qui sait passer, en aimant, de la mort à la vie, de la croix de chaque jour à la résurrection. Tout le reste ne nous sert à rien au moment de l’épreuve.

    Et c’est aussi pour cela que Jésus déclare à qui veut le suivre : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » Nous revoilà encore dans la logique des béatitudes, de cet amour pauvre qui refuse de posséder, car posséder voudrait dire s’arrêter sur soi-même au lieu de sortir de soi à chaque instant pour se donner à Dieu et aux autres. Si nous voulons vraiment suivre le Christ, nous n’avons pas à chercher en Lui un refuge tranquille qui nous protège contre les problèmes de ce monde, nous avons seulement à nous laisser porter par la vague de son amour infini qui se repose dans son mouvement même de donation qui ne s’arrête jamais car l’amour se recrée et se renforce par la dynamique même qu’il porte en lui dans la réciprocité des Trois Personnes de la Trinité que nous avons commencé à connaître…

    Cela balaye d’un coup toute cette pauvre supériorité que, nous chrétiens, nous nous sommes créée au cours des siècles.  Chaque fois que nous nous sommes sentis les « fils du Royaume » et que nous avons jugé le monde entier et tous ceux qui « n’avaient pas la foi », du haut de notre pauvre orgueil déplacé. Cette supériorité malheureuse que Dieu lui-même est en train de nous enlever peu à peu, heureusement, pour nous faire découvrir enfin la liberté de n’avoir rien d’autre à faire que de nous donner entièrement à Lui et à nos frères et sœurs en humanité tout au long de notre vie. Car c’est là et là seulement que la foi véritable de Dieu peut pénétrer en nous, nous transformer en son amour et nous faire participer « au festin du Royaume des cieux » dès ici-bas sans attendre…


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  • On sait que notre monde n’est pas facile. C’est souvent la loi du plus fort qui s’impose, la loi de la jungle, comme on dit. Alors quel conseil donner à nos jeunes qui s’engagent dans le chantier de la vie ? Ecoutez ce qu’en dit Machiavel, ce fameux philosophe du XVIe qui est resté tellement célèbre par ses prises de positions cyniques qu’il en est resté le mot « machiavélique » dans notre dictionnaire ! Il nous dit tout simplement « que pour être efficace, il faut cacher ses intentions ! »

    Ce n’est pas mal comme idéal de vie ! Il a dû essayer ce système puisqu’il le considère efficace… Mais j’aimerais bien me retrouver un jour avec quelqu’un qui professe de telles idées. Au moins pour essayer de le comprendre. Car j’avoue que j’ai bien du mal à être touché par un raisonnement pareil. Il faudrait d’abord lui demander ce qu’il entend par efficace. Efficace dans quel but ? Pour dominer les autres par la force ou le pouvoir ? Pour tromper les autres ? Pour les surprendre par des coups bas dont ils ne pourront pas se relever ? Ça doit être très efficace pour se faire haïr et pour que les gens n’aient plus jamais confiance en vous…

    Je ne vais pas tourner en rond par mille suppositions inutiles. Je crois que l’avenir appartient à des gens qui ont le courage d’être eux-mêmes et de ne plus jamais se cacher. Je sais bien qu’on ne doit pas dévoiler tout ce qu’on pense à n’importe quel moment et devant n’importe qui. Il y a des étapes dans les relations. Mais la transparence voulue, déclarée et construite jour après jour dans la confiance réciproque est la seule manière de se sortir de ces faux problèmes qui sont une sorte de cancer dans nos relations.

    Moi qui ai décidé il y a quelques années de créer ce blog pour me battre pour une humanité plus belle et plus heureuse, j’aurais dû vous cacher mes intentions au départ pour mieux vous attirer dans mes pièges et pouvoir finalement vous tromper et profiter de vous ? J’aurais honte d’être moi-même. Si j’ai tellement d’amis aujourd’hui, avec qui je peux partager tout ou presque tout de ce qui me tient à cœur, c’est que dès le premier abord, j’ai appris à mettre l’autre à l’aise en lui montrant tout de suite mes limites, mes faiblesses, ma fragilité. Je n’ai trompé personne, mais j’ai vu que tellement de gens qui avaient peur des autres sont venus se confier à moi et me raconter leurs problèmes, leurs désirs, leurs rêves ou leurs angoisses. Car ils avaient trouvé en moi quelqu’un comme eux. Comme moi-même j’avais eu la chance autrefois de tomber sur des gens qui m’avaient simplement accepté comme je suis, sans me juger, mais qui m’avaient considéré comme un frère même si je ne leur avais rien demandé. Je ne suis pas devenu riche ou puissant, mais je peux me promener dans la rue en paix, sûr que les gens que je vais rencontrer seront contents de me voir… car ils connaissent mes intentions !


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  • J’ai beaucoup aimé, récemment, cette phrase du grand écrivain Marcel Pagnol, qui m’est tombée sous les yeux : « Celui qui est capable de ressentir la passion, c’est qu’il peut l’inspirer. »

    Pour ne pas nous compliquer la tâche, nous allons prendre le mot « passion » dans son sens le plus ordinaire, de sentiment qui vous prend entièrement, cœur, esprit et volonté. Le sentiment de quelqu’un que l’on dit justement « passionné » par ce qu’il fait, par ce qu’il cherche, par ce qui lui tient le plus à cœur.

    Vous ne trouvez pas que dans l’éducation traditionnelle à l’école ou à l’université, il n’y a pas beaucoup de place pour les sentiments et les passions ? Comme si toute la préoccupation des enseignants était de remplir l’intelligence de nos enfants ou de nos jeunes d’informations, de raisonnements, d’idées, de techniques de pensées et de savoir qui pourront en principe leur servir dans la vie adulte. Et l’on s’étonne ensuite que ces jeunes vont chercher le bonheur ailleurs…

    Il y a bien des moments dans l’éducation, comme les heures consacrées au sport ou aux activités artistiques qui semblent toucher un peu plus les élèves, mais en fin de compte il n’y a pas beaucoup de passion dans tout cela. Et voilà notre jeune homme ou notre jeune femme qui se lance dans la vie adulte avec l’idée que la passion, c’est un rêve irréalisable, ou bien c’est pour les activités du week-end ou pour les vacances. Et la vie s’écoule ainsi, plus ou moins monotone, jusqu’au jour où l’on souhaite l’arrivée de la retraite pour pouvoir faire enfin ce qui nous passionne, sans autre préoccupation…

    Tout cela est bien sûr une caricature, mais dites-moi combien connaissez-vous vraiment de personnes passionnées autour de vous ? Moi, je vous avoue que le jour où j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de ce blog, c’est devenu presque tout de suite pour moi une immense passion. Ce n’est pas le blog en lui-même qui m’intéresse : ce n’est là qu’un moyen formidable entre mes mains pour partager mon idéal de vie. Mais c’est certainement un des meilleurs instruments que j’aie trouvé d’entamer un dialogue sur le bonheur avec le plus de personnes possible.

    Car c’est cela qui fait ma passion véritable : chercher ensemble le bonheur, surtout là où il semblerait le plus difficile à trouver, et le proposer aux gens qui vivent avec moi ou à ceux que je rencontre au hasard du chemin. Chercher des gens qui sont passionnés comme moi par le désir de faire grandir l’humanité vers une culture de l’accueil et du don qui pourrait tout changer. Me battre pour que l’économie ne soit plus basée sur la richesse facile, comme celle de la vente des armes, mais sur le partage des biens et des talents. Donner ma vie pour que les peuples qui n’ont connu que guerres et injustices puissent un jour retrouver une véritable confiance en la bonté cachée en chaque homme.

    Et si j’ai finalement décidé de faire de chaque instant de ma vie une « passion », je dois dire humblement que je n’en ai pas un grand mérite. Car j’ai eu la chance de rencontrer justement des gens qui « ressentaient » cette passion et qui me l’ont communiquée. Et leur passion contagieuse a pris peu à peu toute ma vie et tous les coins de ma personnalité. En réaction peut-être à la phrase de mon pauvre papa, découragé par les circonstances de son expérience de longues années et qui m’a dit un jour, quand j’avais 14 ans : « Tu sais, Roland, la vie est bien triste ! » Heureusement que cette phrase a provoqué en moi une telle réaction, une telle révolte que plus rien ne m’a intéressé par la suite, si ce n’était la recherche d’une preuve à lui donner un jour que la vie peut être belle. Et je crois que j’ai réussi un peu à le convaincre avant qu’il ne quitte cette terre…


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