• « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. » (Mt 11,29-30)

    C’est la dernière « Perle de la Parole » de ce chapitre 11 de l’Evangile de Matthieu. Jésus vient à peine de nous dire qu’il va nous procurer le repos. C’est beau le repos, quand la vie est une course tellement fatigante parfois, tellement pleine de problèmes qui nous assaillent de toutes parts. Cela semble un rêve impossible à atteindre. Et pourtant on sait que Jésus réalise ses promesses. Mais là cela devient trop irréaliste, trop illogique. Voilà que Jésus nous demande de porter son joug et c’est en le portant que nous allons trouver le repos ? Est-ce qu’il n’exagère pas cette fois-ci ?

    Nous avons essayé d’entrer dans la logique des béatitudes, de cette pauvreté qui devient richesse, de cette paix qui est tellement différente de la paix de ce monde, tout est à contre-courant avec Jésus. Mais là porter un joug, comme les bœufs qu’on attelle ensemble pour qu’ils puissent tirer de toutes leurs forces les poids qu’on va accrocher derrière eux ? Un joug, c’est normalement le synonyme d’un effort immense demandé à des animaux pleins d’énergie. Et le joug de Dieu, le joug de Jésus, c’est porter les croix et les souffrances de l’’humanité et c’est cela qui va nous donner le repos ?

    Alors, arrêtons-nous un instant pour essayer de nous mettre dans la peau de Jésus. Nous voyons que Jésus est tout le temps en mouvement. Mouvement d’amour entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Mouvement d’amour envers l’humanité qu’il est venu sauver. Jésus se sent bien quand il aime et qu’il donne sa vie. Il ne sait pas faire autre chose qu’être Dieu qui laisse déborder en lui son amour divin et qui le répand sur l’humanité assoiffée. C’est cela son secret. Quand Jésus nous propose de devenir ses disciples et de prendre sur nous le poids de son joug au service de l’humanité, il sait que nous allons sentir en nous une énergie inconnue qui va transformer notre vie. Désormais nous ne trouverons le repos que dans son mouvement d’amour pour les autres qui nous comblera de bonheur.

    Car notre nature va peu à peu changer. Si nous laissons la vie de Dieu nous envahir, voilà que nous allons devenir nous aussi « doux et humbles de cœur », ce qui veut dire que notre joie sera de donner comme Dieu notre vie pour les autres et en la donnant nous sentirons cette vie brûler en nous et nous reposer en même temps. C’est une loi de la nature. Le sang qui circule dans nos veines se repose en circulant, les cellules de notre corps qui se reproduisent sans cesse se reposent en se développant. La mort de la nature, c’est quand le cœur s’arrête de battre, c’est quand un cancer empêche nos cellules de se transformer sans se lasser. Le repos en Dieu est de porter les poids de l’humanité au lieu des fuir, car nous aurons le bonheur de laisser passer en nous le sang de Dieu qui va transformer l’humanité et nous serons pris par ce courant divin qui va nous désaltérer et nous combler de l’intérieur. Tout cela va évidemment changer complètement l’idée que nous nous faisions du repos, mais les saints qui ont essayé sont là pour nous prouver encore une fois l’immensité de la sagesse de Dieu qui nous a inondés au cours de ce chapitre tellement extraordinaire. 


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  • « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28)

    Mais est-ce qu’il se moque de nous, Jésus ? Est-ce qu’il s’est reposé lui-même au milieu des hommes, à courir de Nazareth à Capharnaüm ou à Jérusalem, avec tellement de difficultés et d’incompréhensions de toutes sortes qui l’ont mené jusqu’à la mort sur la croix ? C’est cela le repos qu’il nous propose ?

    La première chose qui devrait nous toucher, c’est qu’encore une fois Jésus ne nous parle pas d’en haut avec je ne sais quelle supériorité de sa puissance divine. Jésus a pris sur lui notre fardeau et il s’est même laissé écraser jusqu’au bout par ce fardeau. C’est cela qu’il nous invite maintenant à comprendre. Dieu ne nous guérira et ne nous soulagera jamais du dehors, comme un magicien qui jouerait avec nos vies pour assouvir les caprices de sa toute-puissance. Dieu nous a donné sa vie et il continuera à nous la donner pour l’éternité. Il est passé par notre vie, notre fardeau, nos croix et nos souffrances, nos maladies et même notre mort, pour prendre tout cela avec lui et changer le sens de l’histoire des hommes.

    Dieu ne peut pas nous enlever maintenant à notre destin, mais il peut faire entrer en nous sa vie divine de Ressuscité qui a vaincu la mort et la souffrance, en nous donnant d’abord le repos intérieur de la paix de l’âme, avant de nous donner le repos en Lui ensuite pour toujours. Le repos sur cette terre ne sera donc pas l’absence de problèmes ou de souffrance, mais la joie du Ressuscité en nous et parmi nous. Et là Jésus ne peut pas nous tromper. Tout ce qu’il a promis dans l’Evangile peut se réaliser, pourvu que nous nous laissions pénétrer justement par son « repos » au milieu des tourments et de la tempête. Ce sera notre défi jusqu’à la fin de nos jours. Mais Jésus ne parle jamais en l’air, par je ne sais quelle démagogie. Il veut vraiment nous donner son « repos » : à nous de le chercher et de le goûter, en commençant par être nous-mêmes un véritable repos pour les frères et sœurs en humanité que nous côtoyons du matin jusqu’au soir. Être le repos de Dieu pour les autres et son repos nous arrivera au centuple chaque jour un peu plus…

     


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  • « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Mt 11,27)

    Cette phrase apparemment si simple, c’est le plus grand cadeau que Jésus est en train de nous faire. Il nous dévoile en quelques mots toute la vie qui circule à l’intérieur de la Trinité, de toute éternité entre le Père et le Fils dans l’Esprit, comme si nous y étions. La seule connaissance qui intéresse Dieu, c’est la connaissance dans la réciprocité. Une connaissance en toute transparence dans laquelle aucun des deux ne se sent supérieur à l’autre, une connaissance où chacun ne pense qu’à accueillir l’autre de tout son cœur et à se donner à lui…

    C’est le secret de Dieu et de la semence divine que Dieu a mise au cœur de l’homme. Chaque fois que j’aime l’autre dans la réciprocité, que j’entre dans le cœur de l’autre pour mieux le connaître et l’aimer, dans le même mouvement où je me laisse aimer et connaître par lui sans rien avoir à cacher, sans rien avoir à défendre, c’est la vie de Dieu qui circule entre nous et le paradis est déjà descendu sur terre.

    Chaque fois que je crois connaître l’autre de l’extérieur, que j’essaye de surprendre ses secrets pour mieux le dominer ou me servir de lui, en prenant bien garde de ne pas lui laisser deviner ce qui se passe dans ma tête ou dans mon cœur, c’est l’enfer au lieu du paradis. Car ce n’est plus l’œil de Dieu qui regarde en nous, mais l’œil de l’orgueil ou de l’égoïsme qui pense seulement à profiter de l’autre ou à lutter contre lui au lieu de l’aimer. Ce n’est plus la « connaissance » de l’autre, mais le « jugement » sur l’autre, la « condamnation » de l’autre, qui va me juger et me condamner à son tour, mettre sur moi ses « étiquettes », en croyant me connaître. Mais ainsi ni moi ni l’autre n’avons rien compris à la vie et nous allons passer tout notre voyage sur terre comme des cailloux qui s’entrechoquent sans jamais se comprendre, au lieu d’être des rayons de lumière qui s’entrepénètrent en tous sens pour illuminer l’humanité en s’illuminant en même temps entre eux dans la joie la plus parfaite…


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  • « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. » (Mt 11, 25-26)

    C’est toujours la même logique. A première vue, on pourrait se demander ce que Jésus ou le Père ont contre les sages et les savants. Ce sont des gens bien, les sages et les savants, ce sont eux qui font progresser et mûrir l’humanité, on en a tellement besoin. Mais voilà, de quelle sagesse avons-nous besoin ? C’est comme l’histoire de la possession et de la pauvreté. La sagesse aussi peut devenir une richesse qui se sent importante, qui se met au-dessus des autres, qui les juge, qui les méprise peut-être au lieu de les aimer… et elle sort de la vie de Dieu.

    La loi de Dieu est finalement très simple. Dieu sait seulement aimer, il est incapable de se sentir supérieur à la création elle-même et à l’humanité qu’il a inventée. Dieu est seulement capable de nous donner sa vie. S’il mettait entre Lui et nous une barrière, des obstacles, des jugements, des étiquettes, comme nous le faisons sans cesse entre nous les hommes, au nom de la sagesse ou de la vérité, ce ne serait plus Dieu. Dieu ne vient pas à nous d’en haut, de la supériorité de sa soi-disant toute puissance, il vient à nous de l’intérieur, du centre de son cœur au centre de notre cœur, comme par en-dessous, pour mieux nous soulever et nous élever jusqu’à Lui. C’est cela sa bonté infinie et immuable.

    Alors, si nous voulons que Dieu nous touche, nous n’avons qu’à nous libérer de toutes ces richesses morales, intellectuelles, psychologiques qui nous ont servi à un certain moment à aller de l’avant, mais que nous avons détournées en chemin pour nous séparer des autres, pour nous défendre, pour nous condamner entre nous, au lieu de nous aimer. Les « tout-petits » du Royaume des cieux, ce sont ceux qui sont devenus simples comme Dieu, qui ne pensent aux autres qu’avec la bonté de Dieu dans leur cœur, que l’autre soit bon ou non avec eux, car l’autre a en lui aussi la semence que Dieu y a mise et le reste est bien secondaire. Quand on chemine du matin au soir avec cet esprit des « tout-petits », la vie devient tellement plus légère…

     


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  • « La sagesse de Dieu se révèle juste à travers ce qu’elle fait. » (Mt 11,19)

    Vous avez remarqué que cette petite phrase est encore en elle-même une véritable révolution ? Simplement parce que Jésus nous présente une sagesse qui « fait », qui agit, qui travaille, qui entre dans le concret de la vie. Alors qu’on confond souvent la sagesse avec un ensemble de réflexions ou de pensées plus ou moins philosophiques qui nous éloignent souvent des problèmes de tous les jours.

    L’Evangile est vraiment la vie du ciel qui s’est déversée sur la terre, c’est l’histoire de l’incarnation de Dieu dans la chair de l’humanité avec tout ce que cela signifie de concret et de palpable. L’Evangile est d’abord le récit d’une expérience de vie. La sagesse va donc s’expérimenter avant de s’annoncer et alors elle ne pourra plus se tromper car elle se prouve par des faits réels.

    L’amour auquel Jésus nous appelle ne peut pas se vivre tout seul dans une île déserte. Car pour aimer il faut déjà être au moins deux ou trois personnes bien concrètes. Et la prière elle-même, comme celle du Notre Père sur laquelle nous avons longuement médité, ne pourra plus être le monologue d’une personne qui croit prier mais qui se parle tout simplement à elle-même.

    Alors, la sagesse que Jésus annonce, cette « Bonne Nouvelle », ne pourra plus jamais être une idée en l’air, mais une réalité que l’on peut prouver avec des faits, qu’on peut voir, entendre et toucher. Quand on oublie cette simple réalité, on fait de l’Evangile une pauvre prière repliée sur elle-même qui n’a plus rien à dire à l’humanité et les églises se vident. Mais quand quelques personnes prennent au sérieux l’Evangile et le mettent en pratique, le monde ne peut pas rester indifférent…

     

     


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