• Je suis de plus en plus persuadé que c’est là une des plus belles clés pour le bonheur : s’attendre à tout… sans rien attendre !

    Vous allez me dire que je suis en train de jouer sur les mots ou qu’il y a là une contradiction dans les termes. Mais ce n’est pas vrai.

    Si l’on veut trouver le bonheur dans sa vie, il faut le chercher, il faut l’attendre. Il faut ouvrir chaque matin sa fenêtre, sa porte, son esprit et son cœur pour ne pas le rater quand il va se présenter.

    Car la pire des choses qui puisse m’arriver, c’est que le bonheur passe ici, à portée de main, et que je ne m’en rende même pas compte, que je ne le reconnaisse même pas. Je dois pour cela imaginer que le bonheur viendra sous les formes les plus inattendues. Je dois rêver au bonheur. Le rêve n’est pas une activité inutile ou stérile : c’est au contraire la manière la plus efficace de sortir de la routine quotidienne et de commencer à inventer des lendemains nouveaux.

    Et c’est ainsi que le bonheur va me surprendre, car il va se présenter dans la faiblesse, là où je l’attendais dans la force, ou bien dans le silence quand je l’imaginais dans le vacarme d’une foule en fête, ou bien exactement le contraire. Le bonheur est même capable de se revêtir de malheur à sa première apparition, un malheur qui cache le don d’une vie et l’émotion de partager, au milieu de la souffrance, ce qu’il y a de plus beau et de plus noble au cœur de l’homme. Le bonheur va se montrer sous les traits d’un nouvel ami aux talents insoupçonnés qui va changer notre vie. Et la liste ne finirait jamais.

    Mais ce qui va tout gâcher, c’est quand je vais commencer à me bloquer sur un de ces innombrables visages du bonheur et croire que c’est là son unique visage. Et je vais commencer à faire des caprices s’il ne se représente pas le lendemain sous le même visage. Et c’est alors que le bonheur va me quitter, car il ne sentira plus libre avec moi. Libre de me surprendre chaque jour avec une nouvelle symphonie.

     

    Ce qui empêche le bonheur de revenir, c’est qu’on est déçu lorsqu’il ne correspond plus à nos attentes. J’attends et je veux un bonheur rouge et voilà qu’il se présente en vert et que je me détourne de lui. Et c’est bien pour cela que l’on doit s’attendre à tout avec le bonheur… mais surtout ne pas l’enfermer dans tel ou tel aspect particulier tellement mesquin qu’il va finir par s’y dessécher. 


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  • L’amour a deux visages, deux moments, deux dynamiques : aimer et être aimé. Les deux sont importants, terriblement importants et interdépendants, car ils s’équilibrent l’un l’autre.

    Mais tout a commencé bien sûr, pour chacun de nous, par l’« être aimé », le jour où notre mère nous a mis au monde. Cette vie, que nous n’avons pas demandée, nous a été donnée un jour comme une immense surprise, tellement forte qu’elle nous a comblés de bonheur et en même temps plus ou moins traumatisés.

    Mais le traumatisme a normalement été compensé par les marques d’amour incessantes de nos parents et de toute notre nouvelle famille. Nous nous sommes laissé faire, plus ou moins volontiers. Nous avons appris comme il est beau de recevoir l’amour des autres et même de la nature, de tout ce qui dans la nature peut nous offrir de la joie ou du plaisir. Une nourriture exquise, une musique agréable, la chaleur du soleil ou la fraîcheur d’une brise légère, l’harmonie des couleurs ou d’un beau paysage.

    Mais nous avons rapidement pris conscience que nous aussi nous pouvions donner à notre tour de l’amour à notre entourage et que plus nous répondions à notre maman pour commencer par nos propres baisers ou caresses et plus ces marques d’affection redoublaient à notre égard : premier apprentissage de la réciprocité, garantie de l’amour véritable.

    Jusqu’au jour où « l’autre », par fatigue ou manque de temps, par impatience ou pour une foule d’autres raisons, a commencé à diminuer tous ces signes d’attention envers nous. Et nous avons tout de suite expérimenté les premiers sentiments de solitude ou de jalousie. Nos réactions violentes ou nos caprices ont bien réussi par moments à ramener sur nous les préoccupations, mais nous avons dû nous y faire : la vie n’est pas toujours faite tout au long de la journée de la joie d’être aimé, c’est au moins ce qui nous semble au premier abord.

    Notre journée a donc été remplie peu à peu de longs moments d’ennui, mais aussi de milliers et de milliers de petites inventions pour chercher à droite et à gauche de nouvelles sources de joie ou de bonheur, dans un équilibre instable où égoïsme, responsabilité et générosité essayent de s’alterner.

    Ce qui est sûr c’est que la vie n’est pas facile. Elle se remplit peu à peu de difficultés, de problèmes, de peurs de toutes sortes, la peur surtout de ne plus jamais retrouver cet amour que notre mère avait déversé sur nous aux premières heures.

    Jusqu’au jour où l’on découvre qu’il est encore plus beau d’aimer que d’être aimé. Comment et pourquoi cela ? C’est une longue histoire dont nous parlerons un autre jour pour que notre article ne devienne pas trop long. Mais la découverte extraordinaire que nous faisons soudain un jour, ou peu à peu selon les personnes, c’est que cet amour que nous avons reçu au départ de l’extérieur se trouve maintenant au plus intime de nous-mêmes. Nous avons enfin découvert en nous la source de l’amour et plus n’est besoin d’aller la chercher désespérément comme on essaye d’attraper un papillon qui se dérobe toujours à nos attaques.

    A partir de ce moment-là, il ne nous manque plus rien jusqu’à la fin de nos jours. Et le plus beau c’est que nous allons rencontrer chaque jour de nouvelles personnes qui ont commencé comme nous à faire cette expérience sublime. L’amour est en moi, l’amour est en toi, nous pouvons le déverser au juste moment sur les autres dans cette merveille qu’est la réciprocité, mais même lorsque manque la réciprocité, il ne me manque plus rien parce que tout dépend désormais de moi-même. Tout ou presque, car nous ne sommes pas des robots d’amour, nous avons encore nos limites, nos fatigues, nos faiblesses, mais la leçon est claire pour toujours.

     

    Et je crois que c’est cela la véritable maturité de l’homme ou de la femme : se rendre compte un jour que la mère qui nous manque parce qu’elle n’a pas su nous combler, ou parce qu’elle est limitée comme chacun de nous, ou parce qu’elle nous a plus ou moins abandonnés, ou parce qu’elle semble partie pour toujours, cette « mère » est désormais en nous. Car chaque fois que nous donnons notre vie pour les autres, chaque fois que nous inventons la joie ou le bonheur des autres, nous avons par réaction en nous un bonheur infini : nous nous sommes branchés pour toujours sur la source de l’amour et celle-ci, si nous le voulons, jamais ne pourra mourir !


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  • Quelle drôle de question, n’est-ce pas ? Je vais essayer de m’expliquer. Cela fait un peu de temps que suis convaincu que mon moi, mon véritable moi, n’existe pas encore. Je crois qu’il existera vraiment le jour de mon dernier soupir, où tout sera accompli.

    Mais alors, je ne suis pas moi-même en ce moment ? Si, certainement, je suis bien moi, dans le sens que je ne suis pas un autre, je suis unique, personne n’est comme moi. Mais je dois bien avouer que je suis encore souvent perdu, je sens bien que ce moi que je suis est en pleine recherche. Une recherche passionnante d’ailleurs. Car c’est cela le secret de la vie, construire à chaque instant un peu plus son moi, l’inventer et le découvrir en même temps. Car il y a une dimension de mon moi que je crée moi-même en quelque sorte, par ma volonté et ma liberté, mais il y a une autre dimension que je continue à recevoir de ma rencontre avec les autres et avec la vie.

    Mais tout ce qui s’est développé au long des années, au prix souvent de beaucoup d’efforts, de batailles, de conflits, n’est-ce pas cela qui compte et qui fait finalement ma personnalité ? Oui, en quelque sorte et c’est bien de pouvoir tout de même s’appuyer sur les certitudes que je me suis construites dans le passé. Mais l’erreur terrible que nous faisons tous, c’est de nous arrêter là, de croire que mon moi, c’est toute cette construction passée, sans doute pleine de positif, mais qui est déjà dépassée dans l’instant où j’écris en ce moment et où je m’adresse à vous.

    Un des grands problèmes de notre vie, un des grands malentendus, c’est de croire que mon moi est derrière moi. Je suis fier ou non de cette identité que je me suis faite au fil du temps et je veux l’imposer aux autres, la défendre si je me sens attaqué, et voilà que je reste coincé dans mon passé qui me conditionne. J’accuse les autres de me mettre des étiquettes, de me juger, mais c’est moi-même qui m’enferme dans cette image désormais anachronique que je me suis faite de moi.

    Et voilà que je suis rempli de peurs, parce que les expériences négatives de mon moi passé continuent à me conditionner et m’empêchent d’inventer un moi tout nouveau qui me ferait sortir de mes impasses. Ou bien je suis rempli de regrets et de tristesse pour tout ce qui n’a pas bien marché, comme si l’avenir ne devait jamais plus changer. Ou bien je suis bloqué dans une pauvre vision orgueilleuse de moi-même de laquelle je suis incapable de sortir et je deviens finalement la caricature de moi-même qui n’arrive plus à s’adapter aux changements de la vie.

     

    Non, tout mon moi passé est passé, il est bien derrière moi, même s’il continue à être utile à chaque instant, car il est tout de même le tremplin duquel je peux sauter maintenant dans l’instant présent. Mais ce qui compte désormais c’est ce moi que je peux construire aujourd’hui et qui peut m’apporter tellement de belles surprises. Alors toujours de l’avant dans cette belle aventure !


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  • Oui, un peu de bon égoïsme de temps en temps, cela ne peut pas faire de mal !

    Mais comme elle est belle ma vie, comme elle est importante ! Celui qui me l’a donnée au départ ne m’a pas demandé mon avis. Je me la suis trouvée là, sans bien comprendre d’abord ce qui arrivait, ou plutôt ce qui « m’ »arrivait. Mais ce moi était tellement flou pour commencer. Puis il s’est imposé « à moi » comme une évidence.

    Elle est belle ma vie, parce qu’au fond c’est la seule chose qui est vraiment à moi, avec tout ce qui la compose bien sûr, de réalités physiques, affectives, intellectuelles ou spirituelles. Car on pourra me prendre tout le reste, ma maison et tous mes biens, mais on ne pourra plus jamais me reprendre cette vie. On pourra me tuer peut-être, mais cette vie ne peut pas s’arrêter avec la mort, elle est trop exceptionnelle pour cela, cela aussi est devenu une évidence pour moi avec le temps.

    Mais surtout personne ne pourra me prendre ma vie en disant qu’elle est à lui maintenant. Car je suis le seul, pour l’éternité, à savoir ce que j’ai expérimenté depuis mon enfance et jusqu’à présent de pensées, de sentiments, de désirs, de joies et de souffrances qui ne peuvent être qu’à moi pour toujours.

    Mais qui a inventé ce « moi », cette vie qui est « à moi » ? Comment le remercier ? Sans doute en faisant de ma vie un chef d’œuvre, un trésor qui peut aider la vie des autres aussi à être encore plus belle.

    Car ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est qu’on peut la partager, et plus on la partage, plus elle s’embellit de tous les côtés. C’est le miracle de la vie qui s’enrichit en se multipliant. Car personne ne peut être jaloux de la vie de l’autre. On sera peut-être jaloux des conditions de vie qui peuvent être meilleures pour une personne ou pour une autre. Mais personne n’est triste de ne pas être l’autre. Ou bien s’il le dit parfois dans des moments de désespoir, c’est qu’il ne sait plus ce qu’il dit.

    Nous sommes tellement heureux d’être nous-mêmes que jamais nous n’échangerions notre « moi » pour le moi d’un autre. Nous pouvons traverser des moments de souffrances ou d’angoisses terribles, dont nous ne savons plus comment sortir. Mais c’est de ces souffrances et de ces angoisses que nous voulons nous échapper, pas de notre moi qui souffre. Même celui qui est tenté de se suicider parce qu’il n’en peut plus, ne dira jamais qu’il veut la vie d’un autre, il dira simplement que sa vie à lui est devenue insupportable.

    Et le jour où je comprends que l’autre aussi à une vie à lui dont il est tellement fier et heureux, je ne peux que vouloir le bien de cette vie de l’autre. Je ne peux que l’aimer comme j’aime la mienne. C’est cela le secret de l’humanité. Je crois que les gens se font la guerre parce qu’ils n’ont pas compris le secret de leur propre vie à eux. Ils n’ont pas eu la chance ou la force ou l’intelligence ou le cœur de réaliser que leur propre vie était tellement exceptionnelle. Sinon, jamais ils n’oseraient toucher à la vie des autres.

    Quand on a eu la joie de goûter vraiment au sens de la vie, on a envie de courir d’un bout à l’autre du monde pour crier aux gens de se réveiller, de s’arrêter un instant dans le tourbillon des activités ou du travail sans fin et de contempler enfin ce trésor que chacun possède pour toujours au fond de lui-même… !

     


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  • Non, ce n’est pas une plaisanterie, ni un nouvel article de ma rubrique « Provocations ». Vous voyez bien qu’ici c’est la rubrique « Au bout de soi-même ».

    En fait c’est une découverte qui s’est de plus en plus imposée à moi ces derniers temps, comme une évidence. Depuis que j’ai décidé de dire toujours que « je vais bien », quelles que soient les circonstances, je dois avouer que ma vie n’a pas été toujours très facile, mais j’ai réussi quand même à « aller bien », avec l’aide certainement des amis chers avec lesquels je partage mon idéal de vie au service de l’humanité.

    Car c’est cela qui permet d’aller toujours bien. Se dire que si tout le monde va mal, au moins moi, au moins « nous », nous devons continuer à « aller bien » pour aider les autres à se relever, sûrs que si nous tombons à notre tour, nous trouverons certainement quelqu’un pour nous remettre debout, au moins par reconnaissance dans la réciprocité.

    Mais, pour être sincère, le problème principal dans toute cette histoire, ce sont les sentiments qui n’arrêtent pas de nous traverser l’esprit et le cœur et qui créent souvent en nous un peu ou beaucoup de confusion. Et heureusement qu’ils sont là ces sentiments, car ils nous permettent d’être pleinement hommes, de partager avec nos frères et sœurs en humanité les moments les plus profonds ou intenses de notre vie. Mais ces sentiments sont tout de même parfois bien encombrants. Alors que faire ?

    Il y a quelques jours je « me sentais bien mal », sans arriver à comprendre vraiment pourquoi. Un moment de fatigue, quelques difficultés psychologiques que je traine avec moi depuis mon enfance comme une blessure qui me retombe souvent dessus ? Ou bien m’étais-je trop laissé impressionner par les confidences de quelqu’un qui m’est cher et qui me parlait de l’épreuve terrible qu’il était en train de traverser ? Jusqu’à maintenant, je ne saurais pas dire pourquoi.

    Et le même soir, voilà que nous étions invités à diner chez d’autres amis chers. Partager là encore des problèmes, mais dans la joie d’une grande amitié, jouer avec les enfants. Puis accueillir avec eux d’autres amis encore, venus prendre de leurs nouvelles. Un peu de comédie, dans le sens de dire à chacun que j’allais au mieux, même si je ne me sentais pas bien. Mais je n’avais aucune raison objective de dire que j’allais mal.

    Là-dessus une nuit pas trop facile, mais tellement de gens à suivre le lendemain, à écouter, à consoler parfois, que je n’ai plus eu du tout le temps de penser au problème de mes sentiments. Et voilà que, comme par enchantement, toute cette ombre avait disparu comme un fantôme. J’allais donc bien, très bien même, et je ressentais une grande joie émouvante au fond de mon cœur. J’avais donc bien fait de croire et de dire que j’allais bien, même lorsque je ressentais peut-être le contraire. Un exercice à renouveler chaque jour, mais tellement utile si l’on veut vraiment aider notre humanité à progresser ! Excusez-moi si je vous dis là quelque chose que vous-mêmes avez sans doute découvert depuis bien longtemps…

    [Voir aussi mon article « Comment ça va ? » du 16 octobre dernier dans la même rubrique « Au bout de soi-même »]


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