• Au paradis de Nelson Mandela

    Les citations de ce mois de juin, de Nelson Mandela, (dans notre rubrique « Des mots pour de bon ») sont vraiment spéciales. Ce qui frappe chez cet homme hors du commun c’est que non seulement il fait ce qu’il dit, mais on peut même dire qu’il « est » ce qu’il dit, qu’il « est » ce qu’il fait, sans tricherie ni compromis, et cela n’est pas rien.

    « Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un d’autre de sa liberté, tout comme je ne suis pas libre si l’on me prive de ma liberté. »

    « L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité. Quand j’ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur. »

    «  Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. »

    Rarement on peut trouver chez un homme une telle conception de l’humanité et de la liberté. Nelson Mandela nous montre d’un côté que nous sommes tous faits pour la liberté et de l’autre qu’aucun de nous n’est encore vraiment libre. La liberté, comme état de béatitude tranquille où l’on se sentirait totalement libre, n’existe pas sur cette terre. La liberté, ou plutôt la libération, ne peut être ici-bas qu’une lutte de chaque jour, une conquête de chaque instant. Plutôt que de penser que nous avons trouvé la liberté, nous pouvons au moins la chercher, nous pouvons nous libérer en libérant les autres. Là est le début de la vraie liberté.

    Ce héros de la lutte contre l’apartheid n’avait de haine contre personne. Il voulait s’appuyer sur la bonté originelle qui devrait se trouver au départ au cœur de chaque homme. Pas de liberté sans bonté. Et le comble c’est qu’on l’a mis en prison pour tout cela. Dans notre société dévoyée, un homme capable de vouloir le bien de tout le monde est considéré comme un individu dangereux. Il risque de déstabiliser l’ordre établi qui est le plus souvent basé sur la domination des opprimés par les oppresseurs. Vouloir mettre tout le monde sur le même plan, vouloir croire à la bonté naturelle de chaque homme, va être vu comme suspect.

    Et c’est pourtant là tout le secret d’une harmonie possible dans les relations entre les hommes. Se battre contre l’injustice en voulant le bien à la fois de celui qui est maltraité et de celui qui maltraite. Quelle grandeur d’âme il faut pour en arriver là!

    La conclusion de tout cela ? C’est que d’un côté je n’ai besoin de personne pour être libre et d’un autre côté j’ai besoin de tout le monde. Comment cela ? Si je décide de me libérer en libérant mes amis, mes frères et mes sœurs, mes compagnons de voyage, personne ne pourra m’en empêcher. Même si le monde entier est contre moi je pourrai toujours vouloir son bien, envers et contre tous. Au fond de mon cœur, de mon esprit, de ma conscience, personne ne peut m’obliger à haïr l’autre. Mais quelle force héroïque de caractère il faut pour en arriver là !

    Car d’un autre côté, si tous se liguent pour m’empêcher de lutter pour cette liberté, je vais être continuellement conditionné, menacé, bloqué par les autres qui vont s’opposer à ma démarche libératrice et je ne pourrai pas faire grand chose.

    Où va se trouver la solution ? Encore une fois dans la réciprocité. Il faut absolument que je trouve au moins une personne avec qui vivre cette libération, une personne qui m’accepte comme je suis, de la même manière que je l’accepte comme elle est. Une personne qui ait assez confiance en moi pour accepter que je l’aide à se libérer, comme moi-même je vais lui demander de m’aider à me libérer.

    On oublie peut-être que, si Gandhi ou Nelson Mandela ont été des héros extraordinaires, ils n’ont pas été seuls. Une foule de personne se sont unis à eux dans leur lutte et c’est pour cela que leur démarche libératrice s’est transformée en conquête libératrice, une conquête qui n’était contre personne, mais pour le bien de tous.

    Dans n’importe quelle situation difficile, en famille, au travail, dans notre société ou notre pays, comme au plan international, nous devons toujours purifier d’abord notre esprit et notre cœur de tout ce qui peut les empêcher de voir le positif dans les autres, puis partir à la recherche de ceux qui ont les mêmes désirs, les mêmes buts que nous et ensemble nous pourrons certainement libérer un pan de la société. Tout le monde ne suivra pas ? Cela les regarde : ils sont libres d’adhérer ou non à notre démarche, mais si elle est vraiment sincère elle ne pourra laisser personne vraiment indifférent.

    Et puis, si on ne se sent pas la force d’être le premier à commencer une telle action, ce n’est pas grave. Nous ne pouvons pas tous être des Gandhi ou des Nelson Mandela. Mais nous pouvons au moins être leurs disciples : si l’on se donne la peine de chercher, on peut encore trouver des hommes et des femmes prêts à tout pour un tel idéal. Notre monde d’aujourd’hui cache encore beaucoup de trésors, connus ou inconnus.

    (Voir aussi dans la rubrique « En vie de vocabulaire » : « Etre ma parole »)

     


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Mercredi 10 Juin 2015 à 18:38
    Merci Roland ! Oui notre monde cache encore beaucoup de trésors connus ou pas encore connus !!! C'est ma foi et ma joie et je veux continuer à en témoigner jusqu'à mon dernier souffle !
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