• Casser nos murs (2)

    « ll faut revenir sur le sujet », me propose un beau commentaire après le premier article « Casser nos murs ».  ! « Là tu casses les murs et c'est nécessaire. Mais on risque de se fracasser sur le ou les murs des autres ....C'est peut-être le risque à "choisir " ? »

    Bien volontiers je reviens sur le sujet. Je voudrais surtout que personne ne se sente jugé par ma manière un peu provocante de dire les choses. Nous vivons tous au milieu de « murs » qui nous ont souvent été imposés et contre lesquels nous ne pouvons pas faire grand-chose. Redisons aussi qu’existent des murs bienfaisants et nécessaires qui nous permettent de trouver la paix au milieu de la confusion, ou la chaleur quand il fait froid dehors, ou la fraîcheur quand il fait trop chaud, et tout cela est compréhensible sans avoir besoin de multiplier les exemples. Tâchons seulement que nos murs aient toujours quelque part des portes (avec des clés et des passepartouts), ou même simplement des fenêtres, qui permettent d’entrer et sortir.

    Mais moi, je voulais surtout parler des murs que nous-mêmes nous construisons sans même parfois nous en rendre compte et qui augmentent les divisions, les tensions ou les conflits dans le monde ou nous vivons. Si les autres insistent pour créer ou inventer toujours de nouveaux murs, ils sont libres au fond, même si je suis sûr qu’on ne peut jamais se sentir vraiment heureux et libre entre des murs qu’on hausse tous les jours un peu plus, en croyant se protéger, mais en se séparant finalement de tout le monde.

    Il ne s’agit pas ici d’aller briser les murs des autres, ce serait une très grande responsabilité, cela pourrait être dangereux pour les autres et pour nous. A moins que notre frère ou notre sœur, qui se sent en prison dans les murs qu’il s’est construits, nous demande lui-même ou elle-même de l’aider à les abattre. Il ne s’agit pas non plus de se fracasser sur les murs des autres. Il est souvent bien inutile d’aller vers quelqu’un qui refuse de nous recevoir. Il s’agit de sortir de nos murs à nous, ceux dont nous sommes au moins en partie responsables et ils sont nombreux. C’est là que nous pouvons jouer. C’est là que nous pouvons être plus attentifs au cours de la journée.

    Et surtout je répète combien il est dangereux, inutile et contreproductif de répondre au mal par le mal. D’abord parce, bien heureusement, nous n’en sommes pas capables. Si nous voulons être violents avec les violents, nous verrons bien vite que nous ne savons pas faire et qu’ils vont tout de suite gagner la bataille. Mais il faut surtout se mettre à leur place, en comprenant que ces pauvres gens violents le sont sans doute devenus car ils ont eux aussi été victimes un jour ou l’autre de cette violence et ils n’ont pas trouvé sur leur route quelqu’un pour leur montrer le chemin de la paix. Nous pourrions être les premiers. Sans parler d’exemples extrêmes, nous avons tous fait l’expérience d’assister à un accident de voitures ou d’en être même les victimes. Quelle différence entre celui qui sort de sa voiture en colère, qui commence à insulter celui qui l’a cogné et menace de le frapper, si ce n’est pire (et cela finit toujours par beaucoup de négatif), et celui qui n’a peut-être aucune responsabilité dans l’accident, mais qui sort de sa voiture et va en paix demander à l’autre s’il se sent bien, si au moins il n’a pas été blessé. Combien cet autre, qui est peut-être en pleine confusion, va le remercier de son attitude compréhensive !

    Tout est là dans le courage et la présence d’esprit de chaque instant d’inventer une attitude, une poignée de main, un sourire, une question qui détendent l’atmosphère, qui permettent de trouver une solution sereine aux problèmes les plus ardus. C’est la racine de la vraie non-violence, qui peut parfois nous sembler trop héroïque pour nos propres forces, mais qui commence au fond par de petits gestes tout simples de la vie de tous les jours. Car l’autre, qui s’attendait à nous voir nous cacher derrière notre mur, est tellement surpris de nous voir aussi spontanément ouverts devant lui, que son mur lui-même va peut-être tomber tout seul et il va nous remercier pour toujours.

     

     


    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Hayat
    Vendredi 16 Octobre 2015 à 12:52
    Suis heureuse d'avoir "provoqué" cet article !oui il faut du courage, une
    grande espérance et une foi inébranlable dans le pouvoir de l'amour dans les petits gestes , pour dépasser nos propres "murs"...en tout cas le jeu en vaut la chandelle!
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :