• De Marc à Matthieu 13 (3)

    [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 13 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » (Mc 6, 4) Article du 7 août 2015 (cf. Mt 13,57 : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa propre maison. ») 

    C’est apparemment impossible à comprendre : les habitants de Nazareth ont vécu pendant presque trente ans (après le retour d’Egypte) avec Jésus, Dieu fait homme, et ils n’ont rien remarqué. Etaient-ils complètement aveugles ou bien Jésus a-t-il réussi à tellement bien cacher sa divinité ? Peut-être un peu des deux. Car au moins Marie et Joseph devaient comprendre quelque chose, mais ils le gardaient pour eux au fond de leur cœur. Ils savaient bien que c’était une réalité trop divine, trop délicate pour qu’ils osent y toucher. Ils faisaient seulement leur part de tout leur cœur en attendant de voir et de comprendre ce que Dieu allait faire. Car ils avaient au moins compris qu’il y avait le doigt de Dieu là-dedans, mais où, comment ? 

    Avant de juger les pauvres habitants de Nazareth, essayons d’abord de nous mettre à leur place. La vie sur cette terre est déjà tellement difficile. Elle l’était peut-être plus encore à l’époque de Jésus où l’homme pouvait mourir pour un rien, où personne n’était à l’abri des puissants et de leurs caprices, comme ceux d’Hérode. Ils s’accrochaient donc aux peu de réalités qui leur donnaient un peu d’assurance : la famille, le clan, l’organisation sociale telle qu’elle était vécue jusqu’à ce jour, le travail, l’éducation, la nourriture... Tout était réglé le mieux possible. Déranger ces habitudes, fruit de siècles et de millénaires de lente évolution, n’était que le risque de tout gâcher en peu de temps. L’homme étant aussi doté d’intelligence, les gens avaient appris, de génération en génération, à donner un sens à leur vie, ils avaient acquis un certain nombre de connaissances qu’ils « possédaient ». Toute révolution dans ces habitudes et ces connaissances semblait évidemment suspecte : l’équilibre auquel l’humanité était arrivé jusque là était tellement fragile qu’on regardait de travers ceux qui, sous prétexte de nouveautés, provoquaient des catastrophes, comme ce qui s’était passé avec l’histoire des porcs qui s’étaient précipités dans le lac... 

    Là est bien le piège : ces braves gens « possédaient » des connaissances, limitées sans doute mais tellement utiles pour vivre. Et voilà que Dieu allait leur demander de perdre ces connaissances. Tout est là. Nous-mêmes nous sommes forgés au cours des ans une foule de connaissances sur la vie, sur l’homme, sur les personnes que nous « connaissons », sur nous-mêmes. Et voilà que quelqu’un voudrait tout à coup tout changer ? Ce n’est pas raisonnable. Nous aussi tombons dans ce piège chaque jour. Essayons de nous demander seulement un peu si ce que nous pensons des autres et de nous-mêmes est une véritable connaissance, la lumière du regard de Dieu sur les personnes, les évènements ou les choses, ou bien un jugement global, fait de préjugés figés et impossibles à remuer qui fait de nous des malades de paralysie mentale, intellectuelle ou spirituelle. Nous avons compris dans ce chapitre que Dieu ne s’arrête jamais dans son amour, il renouvelle chaque instant son regard et notre regard. Si nous en restons aujourd’hui au regard d’hier, nous sommes déjà perdus, nous avons renoncé à nous laisser transformer par Lui et nous allons peu à peu paralyser tout ce qui se présente à nos yeux, à notre cœur, à notre connaissance. Combien y a-t-il à méditer là-dessus jusqu’à la fin de nos jours ! 


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