• (Suite de l’article : « L’amour ne revient jamais en arrière »)

    Quand on commence à aimer, avec l’apprentissage de la vie, on aime d’abord bien sûr les personnes qui nous ont aimés en premier, nos parents, notre famille, puis nos amis. C’est ce qu’on pourrait appeler un amour « naturel ». Et le reste de l’humanité nous est souvent complètement indifférent.

    Mais peu à peu grandit en nous cette expérience que chaque personne est en fait potentiellement un frère ou une sœur en humanité que je peux aimer à son tour et qui m’enrichit immensément. Alors nos journées commencent à y gagner énormément en qualité, car bientôt personne ne nous est plus indifférent comme avant.

    Mais c’est qu’il s’agit de prendre conscience que cet amour que j’ai en moi est le plus grand trésor de ma vie et que ce trésor ne va cesser de grandir chaque fois que je vais le partager. Le partager, entendons-nous, avec les nuances nécessaires : je ne vais pas aimer une personne rencontrée dans la rue comme j’aime le préféré ou la préférée de mon cœur. Mais cela ne signifie absolument pas que je ne vais pas aimer chaque personne de tout mon cœur.

    Et je crois qu’il faut ici clarifier un grand malentendu dans lequel on tombe tellement souvent : c’est la peur de la jalousie des personnes qui nous sont les plus chères. L’homme qui aime sa bien-aimée à la folie, a peur de donner cet amour à d’autres personnes, comme s’il allait trahir justement sa bien-aimée. Mais il oublie une chose, c’est que son cœur est plein de l’amour de sa bien-aimée et aimer tout le monde avec ce cœur qui s’est élargi ne veut absolument pas dire trahir l’autre, mais au contraire être fidèle à l’autre. Garder dans chaque relation la même qualité d’accueil, d’écoute, de compassion, de compréhension profonde.

    Imaginons qu’un homme embrasse sa femme le matin avant d’aller au travail et lui promette un amour éternel, et qu’il passe sa journée au bureau à se disputer avec ses collègues ou son directeur, à haïr ses clients, à être impatient avec tout le monde, vous croyez qu’il sera capable d’aimer sa femme de tout son cœur en rentrant le soir à la maison ? C’est exactement le contraire. Car l’amour, le véritable amour qui grandit dans la réciprocité, est lorsque je pénètre en profondeur dans le ciel de l’autre et que je le laisse pénétrer dans le mien.

    Mais dans le ciel de l’autre, je découvre peu à peu le secret de toute l’humanité. Chaque personne devient sacrée pour moi, comme ma bien-aimée est sacrée. Et plus j’aime chaque personne que je rencontre avec cet amour sacré, dans les limites bien sûr d’une relation adaptée à chaque personne, mais pas en aimant moins, plus je reste fidèle à cet amour en moi qui ne pourra plus mourir. Et ma bien-aimée sera heureuse de me voir épanoui et libre dans mon travail et dans toutes mes relations sociales et je l’aimerai encore plus et elle m’aimera encore plus. Finie la jalousie. Les portes de l’amour vont s’ouvrir à l’infini et je vais vraiment aimer toute la journée, parce que sans cela je me renierais moi-même et je commencerais à me dessécher…


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  • Comme je n’arrête pas de le répéter dans ce blog, la réciprocité est peut-être le plus beau des cadeaux que l’on puisse recevoir de quelqu’un : cette amitié ou cet amour gratuits qui nous arrivent de l’autre à l’improviste comme une belle surprise qui nous comble de joie et d’émerveillement.

    Le problème c’est que nous sommes capables souvent de gâcher les plus beaux cadeaux ou de prétendre les recevoir comme si c’était un devoir de l’autre de nous le faire parvenir… et l’on commence à attendre, à prétendre si l’autre ne répond pas comme il l’avait fait la première fois : nous avons mis cette amitié ou cet amour en cage et il ne sera plus jamais libre de voler comme il le faisait à son premier élan.

    On accuse ensuite l’autre de ne pas être fidèle ou sincère, mais c’est nous qui lui avons coupé les ailes. C’est nous qui l’avons emprisonné dans nos caprices ou nos jugements… et la vie redevient bien triste.

    Un des principes de la réciprocité, c’est qu’on ne devrait jamais l’attendre, mais seulement l’accueillir quand elle nous arrive sans avoir prévenu. Mais le deuxième principe, c’est de nous dire que si la réciprocité de l’autre nous fait tellement de bien, à nous de la prendre en charge et de l’inventer à notre tour. Si je me levais le matin en pensant : à qui je pourrais aujourd’hui faire un acte d’amour gratuit, une surprise qui serait capable de l’émouvoir ou même de le bouleverser ? Qui donc je pourrais remercier de tout mon cœur avec un mot en plus de ce qu’il aurait attendu ? A qui je pourrais donner un peu de mon temps inattendu pendant la journée ? Qui je pourrais appeler au téléphone ? A qui je pourrais dire : « Tu sais que tu me manques et j’ai tellement envie de te voir ? » Ou bien : « Tu sais que je n’arrête pas de penser à toi depuis que tu m’as confié ton problème, ou depuis le jour où tu as été tellement proche de moi dans le mien ? » Quelques mots qui sortent de l’ordinaire, une petite attention spéciale, un mot de tendresse au milieu d’une épreuve, un service rendu qu’on ne m’avait même pas demandé… pour faire sentir à l’autre que notre relation ne mourra jamais, parce qu’il est trop important pour moi… et la réciprocité appelle la réciprocité et l’amour appelle l’amour et l’on peut commencer déjà à vivre le paradis sur la terre !


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  • J’ai publié hier sur Facebook une de mes citations sur la vie qui disait : « La vie est dure quand on la regarde de l’extérieur, au lieu de l’étreindre de tout notre cœur, comme on le ferait avec la personne qu’on aime le plus au monde. » Et j’ai aussi ajouté, en guise de commentaire : « La vie n’est pas quelque chose qui m’arrive du dehors. Ma vie à moi, c’est la chance d’être moi-même en me plongeant en même temps dans la vie des autres. »

    Mais je sens maintenant que je dois en dire encore tellement plus sur la vie… pour la remercier. Car la vie est une aventure, un mystère, une surprise, une épreuve et un horizon qui n’en finit pas de s’ouvrir, même quand elle donne l’impression de se refermer. La vie, c’est le sang qui jaillit de mon cœur et qui y retourne, c’est l’air qui fait respirer mes poumons, c’est l’eau qui me désaltère et le feu qui me réchauffe et qui risque en même temps de me brûler. Mais la vie c’est toi aussi, et moi, et les autres, les autres que j’aime et ceux que j’ai tellement de mal à aimer. Car la vie c’est une relation qui s’ouvre en se multipliant à chaque instant, qui s’invente, se transforme, se répète, mais n’est jamais monotone. La vie est une découverte et la vie c’est l’amour, c’est la joie et la souffrance. La vie c’est tout et en même temps le contraire de tout. La vie nous donne le vertige, nous attire et nous fait peur.

    Et c’est que la vie est aussi un problème, un drame, une mort perpétuelle. Et c’est là que je voudrais dire tout ce que j’ai dans le cœur au sujet de la vie. Je suis choqué ou plutôt peiné de voir combien de gens disent tellement de mal de la vie, de leur propre vie et de celle des autres. Comme s’ils n’avaient pas encore découvert le trésor. Et l’on rencontre ainsi du matin au soir des personnes qui se plaignent de leur vie, qui n’en peuvent plus et qui voudraient en finir avec tout ça. Et c’est tellement triste d’en arriver là. Mais comment peut-on tomber dans une telle absurdité ? Comme si on préférait être une pierre ou un arbre, peut-être, ou même n’avoir jamais existé…

    Je crois qu’il y là un malentendu terrible. C’est que l’on confond la vie avec ses circonstances, avec ses défauts apparents, avec ses échecs et ses passages difficiles. Alors que la vie, c’est toi qui es la source de tout et qui m’as donné la vie. La vie, c’est toi qui m’a ouvert les yeux sur la vie. La vie, c’est toi qui me donnes le courage d’avancer et de sortir de mon coma quand il s’abat sur moi. La vie, c’est moi et c’est toi. Sans toi, la vie, je serais simplement un néant, je ne serais même pas, de manière absolue. Et si un jour tu m’as inventé, comment pourrais-je être aussi ingrat et oublier de te remercier ? Comment pourrais-je me retourner contre toi et dire que la vie n’est pas belle ?

    Alors, il faut apprendre à se serrer les coudes avec la vie, à la regarder et à l’accueillir tous ensemble. Car la solitude n’aide pas à avoir le courage de voir la vie en face. C’est seulement la relation et l’amour qui peuvent être la clé qui ouvre le secret de la vie. Cette clé qui nous fait comprendre tout à coup que les circonstances de la vie peuvent être terriblement difficiles, mais que cela n’ôte rien à la vie. C’est même dans les épreuves les plus dramatiques que l’on vit souvent les moments de partage les plus émouvants, ces moments qu’on n’oubliera jamais, comme si nos sangs s’étaient mélangés pour toujours au cœur de la douleur. Car la vie est aussi la souffrance, la vie est aussi la mort, mais elle est toujours la vie, et elle ne nous abandonnera jamais, même quand elle semble se taire définitivement. C’est le secret de l’humanité et de chacun d’entre nous. A nous de nous entraider à l’aimer de tout notre être, de tout notre cœur, et à chercher autour de nous chaque jour toutes ces personnes tellement tristes parce qu’elles n’ont sans doute pas eu encore la chance que quelqu’un les ouvre finalement à la lumière… à la lumière de la vie !


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  • J’ai récemment écrit et publié une phrase qui disait : « On doit regarder l’humanité d’en haut ou de l’intérieur, mais pas du dehors comme on nous la montre en général. » J’ai été surpris de voir qu’il n’y a eu pratiquement que des réactions positives à mon affirmation, comme si mes lecteurs étaient trop gentils et me faisaient confiance sans me demander des comptes. Alors j’ai pensé tout de même que je devais un peu mieux m’expliquer, parce que notre regard sur l’humanité est finalement si important qu’il peut changer toute notre vie, dans un bon sens comme dans un mauvais sens.

    Et d’abord qu’ai-je voulu dire par « regarder l’humanité d’en haut » ? On aurait très bien pu comprendre ma phrase comme celle d’une personne qui se croit plus intelligent ou supérieur et qui se permet de donner sur l’humanité des jugements qui montrent sa déception, son agacement, son découragement, comme on entend bien souvent.

    Si c’est tout de même un ami qui me lit, il va bien comprendre que mon « regard d’en haut » signifie pour moi toute autre chose. C’est simplement un regard d’amour et de compassion sur cette humanité sans laquelle je n’existerais pas et dont je fais partie à part entière, que j’en sois heureux ou non. Je crois que le regard le meilleur qu’on puisse avoir sur l’humanité est justement de commencer à l’accueillir comme elle est, du fond du cœur, en la remerciant de nous avoir donné l’existence. C’est le regard bienveillant d’un père ou d’une mère par rapport à ses propres enfants ou même à ses propres parents. Car le jour arrive aussi où nos parents se font vieux et faibles et c’est nous qui devons les porter ou les supporter jusqu’à la fin de leurs jours, et ce sera évidemment plus facile si nous avons avec eux cette relation de bienveillance profonde…

    Regarder l’humanité « de l’intérieur » est une conséquence directe de ce regard d’amour que j’ai appris à poser sur elle. Car, pour entrer au cœur de l’humanité, je dois me faire accepter par elle dans une relation de réciprocité et de confiance qui va nous mettre à l’aise tous les deux. Et c’est là aussi que je vais comprendre que l’humanité en quelque sorte n’existe pas, mais qu’existent des hommes et des femmes qui sont quelque part aussi mes frères et mes sœurs de l’aventure humaine, sans lesquels je ne pourrais jamais aller bien loin dans le chemin de la vie.

    Regarder ces frères et sœurs, mes compagnons de voyage, avec amour et compassion, ne veut pas dire que je ne vais pas me rendre compte de tous les problèmes tellement nombreux qui ne cessent de tomber sur l’humanité, depuis toujours et peut-être encore plus par les temps qui courent aujourd’hui. Mais ce regard de l’intérieur qui laisse en même temps bien humblement l’autre regarder en nous, va nous libérer, car la liberté ne se trouve pas en se cachant les uns aux autres nos problèmes, mais en s’encourageant mutuellement à les porter ensemble comme une réalité normale qui ne devrait choquer personne.

    Tandis que si je regarde l’humanité de l’extérieur, bien assis dans le fauteuil de ma supériorité, capable d’analyser et de condamner tout ce qui va mal chez l’autre, comme si cela ne me concernait pas, comme si l’humanité était un corps étranger dont j’aurais seulement à me plaindre toute la journée, alors la vie devient certainement bien lourde et bien triste. Mais c’est malheureusement ainsi que l’homme se rapporte souvent à soi-même, comme s’il était son propre étranger, capable seulement de juger ses frères, mais pas de partager avec lui l’aventure sur cette terre. On comprend alors les suicides, les dépressions, la solitude, les conflits et les guerres que l’on aurait pu tellement facilement éviter avec un peu de bonne volonté ! Sujet crucial qu’on ne peut pas traiter en quelques lignes d’un blog et sur lequel nous reviendrons encore souvent.


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  • [A l’occasion de mon anniversaire, je remercie Dieu pour ces 70 ans de vie tellement pleine, mais je tiens à remercier par cette lettre « personnelle » chacun et chacune de ceux qui ont illuminé ma route par leur présence et leur amour : ils se reconnaîtront !]

    Oui, c’est toi, mon plus grand trésor. Car sans toi, jamais je n’aurais pu être moi, ce moi si fragile et toujours en recherche, mais qui est bien moi et que j’ai appris à aimer malgré toutes ses ombres, ses contradictions, ses conflits, mais aussi cette soif d’infini, ce désir immense de paix, cette joie débordante à partager, ce cœur qui palpite avec tous ceux qui sont prêts à l’accueillir et qui rêve de soulager toute la souffrance du monde.

    Mais c’est toi qui m’a donné la force d’aimer ce moi qui se serait perdu, si tu n’avais pas été là. Car tu as été le miroir où j’ai commencé à comprendre qui je suis, malgré les moments de brouillard et d’incertitude. C’est parce que j’ai découvert peu à peu combien ton « moi » à toi est tellement beau, que j’ai commencé à prendre courage de regarder en face ce « moi » qui me faisait peur et à me laisser convaincre que moi aussi je dois être « aimable », moi aussi j’ai le droit d’aimer et d’être aimé. Avec cette passion désormais, jusqu’au dernier souffle que Dieu me donnera, de transmettre cette conviction et ce courage à tous ces gens que je rencontre chaque jour et qui sont encore tristes, qui n’ont pas encore trouvé le trésor.

    Ce trésor que je suis, et ce trésor que tu es. Car tu m’as aidé aussi à comprendre que c’est seulement ensemble, l’un plongé dans le ciel de l’autre, dans une parfaite réciprocité, que nous pouvons être de vrais trésors qui fassent respirer ce monde tellement malade autour de nous.

    Et c’est cela aussi qui est le plus beau, cette réciprocité qui n’est jamais ennuyeuse car elle nous surprend à chaque rencontre, cette surprise de découvrir et de redécouvrir sans cesse que je suis merveilleux parce que je suis unique, comme l’autre que tu es est merveilleux parce qu’il est unique. Mais c’est un unique qui grandit, progresse, s’épanouit chaque jour un peu plus, en acceptant d’accueillir et de se donner au « toi » de l’autre, comme des échos qui se répondent à l’infini sans jamais se lasser. Alors mon « moi » est toujours mon « moi », il ne pourra jamais devenir quelqu’un d’autre, mais il sera chaque jour plus empli de toi, un « toi » qui lui donne la lumière et qui la prend de moi, un toi qui me fait être comme toi, mais qui me fait être en même temps plus moi-même comme le miracle de la nature où jamais aucun être n’est complètement semblable à l’autre, mais en même temps si proche de l’autre, enrichi sans cesse du parfum et de la couleur de l’autre qu’il reproduit avec ses accents à lui toujours plus personnels et universels en même temps.

    Miracle de la nature et miracle de l’amour qui est le secret de la nature pour lequel nous sommes venus au monde. Alors merci encore d’avoir été là, spécialement dans les moments délicats, et merci d’être là encore aujourd’hui pour cette nouvelle étape. Et tu peux avoir la certitude que tout ce qui me restera à vivre sera pour plonger un peu plus encore dans ce mystère du « moi » et du « toi » qui est comme la musique de l’univers, ce lieu mystérieux où le beau, le bon et le bien s’entremêlent dans une symphonie à la fois présente et éternelle qui ne cesse de nous rassasier pour toujours !


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