• Du bon égoïsme

    Je crois que la plupart des gens ordinaires pourraient se diviser en deux catégories. Ceux qui ont une bonne éducation morale et ceux qui préfèrent se débrouiller dans la vie, s’arranger à faire leur propre chemin sans trop se préoccuper des autres. Si on y regarde de près, les deux sont en général égoïstes, centrés sur eux-mêmes, avec la différence que la deuxième catégorie est moins hypocrite que la première. Cet égoïsme se voit en tous cas quand il s’agit d’amour : l’amour est souvent vécu avec le désir de posséder l’autre, de le mettre au service de nos exigences et de nos désirs.

    Les gens extra-ordinaires, ceux qui sortent de l’ordinaire, ont dépassé ces deux catégories. Ils vivent pour les autres, pour la solidarité, pour la justice, pour le bien de l’humanité et, concrètement, de tout être humain quelle que soit son origine. Ces gens extra-ordinaires peuvent être animés d’un idéal spirituel ou être sans référence religieuse, mais ils sont convaincus par l’expérience que l’homme se réalise, devient véritablement lui-même, lorsqu’il vit pour les autres.

    Pensez-vous que ces gens altruistes ne sont pas égoïstes ? Ils le sont eux aussi, mais leur égoïsme est un bon égoïsme, comme il y a le mauvais et le bon cholestérol. Il y a beaucoup d’hypocrisie dans notre manière de penser à l’égoïsme. Si je suis venu au monde un jour sur cette terre, si j’ai découvert que je suis un homme et que donc je suis important, il est normal que je cherche à être heureux, à me réaliser, à m’épanouir : quoi de plus naturel ? Mon moi, mon « ego » est une belle chose, qui m’a été donnée pour que je la développe, l’accomplisse.

    Mais la découverte, le secret de la vie et du bonheur, c’est quand je comprends à un certain moment que les autres ne sont pas des adversaires à écarter, des obstacles à mon bonheur, mais que c’est tous ensemble que nous parviendrons à nous réaliser. Mon « égoïsme » positif s’harmonise avec l’ « égoïsme » positif des autres. Et nous pouvons nous rendre heureux dans la réciprocité.

    Tout ce que j’écris là en quelques lignes est bien sûr une caricature, une provocation. Dans quelle catégorie vais-je d’ailleurs me mettre ? Si je suis un peu honnête, je vais bien voir que, selon les moments, je me situe souvent, tour à tour, dans l’une ou l’autre de ces catégories. Nous avons tous des références morales qui nous conditionnent et qui nous servent malheureusement plus souvent à juger les autres qu’à être des éléments positifs de la société. Nous avons tous des moments où nous nous « débrouillons », sans trop penser aux autres, et nous avons heureusement des moments où nous vivons de tout notre cœur pour nos frères ou nos sœurs en humanité. Essayons seulement de nous aider à vivre ce « bon égoïsme » un peu mieux chaque jour !


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  • Commentaires

    1
    samir
    Mercredi 2 Septembre 2015 à 15:55

    bel article. bien dit


     

    2
    Hayat
    Mercredi 2 Septembre 2015 à 19:49
    Vrai , absolument vrai ! J'aime bcp la notion de l'égoïsme positif ....là aussi on revient à la réciprocité : mon égoïsme positif qui s'harmonise avec l'égoïsme positif des autres . Je réfléchis à comment s'aider à vivre cela un peu mieux chaque jour ...
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