• Dans notre recherche de vocabulaire qui donne ou exprime la vie, comme ces verbes qui nous passionnent (voir notre rubrique « au cœur du verbe »), nous voudrions nous arrêter de temps en temps sur de petits mots apparemment moins importants que les autres, qui sont d’ailleurs invariables, comme pour dire qu’ils sont moins vivants que les autres, mais qui sont capables de changer complètement tout le sens d’une phrase : ce sont les adverbes, les prépositions et les conjonctions.

    Si le verbe est le cœur et la vie de la phrase, l’adverbe en est souvent le sel qui donne du goût, qui amplifie ou qui au contraire diminue cette vie, qui précise dans quel sens cette vie se développe, qui lui donne des couleurs.

    Quoi de plus beau que le mot « ensemble » ? Il vient d’un mot latin qui a donné aussi « simultané », fait en même temps, au même moment, mais ensemble veut dire d’abord tout simplement avec les autres, avec d’autres, pas tout seul. Ensemble est même devenu un nom : un ensemble de mots, la théorie des ensembles, etc. Nous en resterons aujourd’hui au simple adverbe.

    Je crois que l’homme commence à être de plus persuadé, par la force des choses, que nous sommes tous interdépendants. Si l’humanité est aujourd’hui en danger, nous commençons à vraiment comprendre que nous nous en sortirons seulement tous ensemble, pas chacun de son côté. L’union fait la force, a toujours proclamé le fameux proverbe. Dans ce blog nous croyons aussi encore plus à l’unité. L’unité est beaucoup plus que l’union, car elle nous unit en profondeur jusqu’au plus intime de nous-mêmes.

    Les travaux modernes de recherche, culturels ou scientifiques, se font de plus en plus ensemble. Les sports collectifs sont ceux qui enthousiasment les foules, mais même les sports soit disant individuels doivent bien se faire ensemble dans une saine émulation qui provoque toujours respect, admiration et amitié. L’homme (dans le sens masculin du terme) a bien compris que les plus grands défis ne peuvent se vaincre qu’avec la femme, tous les deux ensemble. Il n’y a qu’à voir le nombre de femmes qui sont en train de devenir des dirigeantes politiques.

    Si nous voulons nous amuser, nous verrons que presque tous les verbes peuvent se conjuguer avec le mot «ensemble ». Nous pouvons certainement travailler ensemble, étudier ensemble, jouer ensemble, manger ensemble, marcher ensemble, chercher ensemble… il est vrai qu’on ne naît pas ensemble et qu’on meurt tout seul, mais peut-être seulement en apparence. On nous a bien aidés à naître et nous aurons bien de la chance si nous sommes entourés par ceux que nous aimons au moment de mourir. Alors que reste-t-il : on peut penser tout seul ou aimer tout seul ? C’est encore à voir. Je crois que pour chaque verbe on pourrait écrire un long article qui nous ferait conclure à la fin qu’ « ensemble c’est plus beau. »

     

    Citations

    “Vite et bien ne vont jamais ensemble.” (Proverbe italien)

     

    “Le mieux : rire ensemble des mêmes choses.” (Gloria Vanderbilt)

     

    “On boit ensemble, mais on souffre seul.” (Christian Authier )

     

    “Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite.” (Henry Ford)

     

    “Ça soulage le cœur de couler tous ensemble.” (Publius Syrus)

     

    “L'amour et la pauvreté font ensemble mauvais ménage.” (Proverbe français)

     

    “Lorsqu'un amour est notre vie, quelle différence y a-t-il entre vivre ensemble ou mourir ensemble ?” (Raymond Radiguet)

     

    “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” (Martin Luther King)

     

    “L’on ne peut servir ensemble et Dieu et le Diable.” (Proverbe français)

     

    “C'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble.” (Montaigne)

     

    “L’art est beau quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble.” (John Ruskin)

     

    “On apprend combien l'on s'aime, Lorsque ensemble on a pleuré !” (Emile Deschamps)

     

    « Celui qui, par quelque alchimie sait extraire de son cœur, pour les refondre ensemble, compassion, respect, besoin, patience, regret, surprise et pardon crée cet atome qu’on appelle l’amour. » (Khalil Gibran)

     

     

    De la Bible

     

     

     

    « Ils couraient tous les deux ensemble. L'autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau. »  (Jn 20,4)

     

    « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu. » (Ac 2,1)

    « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun. » (Ac 2,44)

     

     

       

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  • On parle beaucoup de paix ces temps-ci. C’est évident, puisqu’on parle beaucoup de guerres. Mais, à force d’utiliser ce mot magique qui devrait apporter la solution à tous nos problèmes, je me demande si notre monde malade n’a pas perdu presque complètement la signification profonde de ce que la paix veut dire.

    Si l’on veut comprendre la paix, je crois qu’il faut d’abord revenir à la signification de la vie elle-même. La vie est une sorte de miracle qui nous échappe, qui nous a été donné un jour lorsque nous sommes venus au monde, et qui continue à progresser, à grandir, sans que nous puissions faire grand-chose au fond ni pour l’arrêter, ni pour l’aider à aller de l’avant. Mais ce qui est sûr, c’est que la vie bouge et avance. C’est une loi de la nature. On ne peut pas imaginer un seul instant les étoiles, les planètes, tout notre système solaire, sans ce mouvement incessant qui leur donne vie justement et leur permet de continuer à « être » ce qu’ils « sont ».

    Lorsque nous sommes entrés dans ce monde, nous avons bien vite découvert que nous ne sommes pas seuls. Il y a autour de nous des milliers, des millions, des milliards d’êtres comme nous qui essayent de se frayer un chemin au milieu de cette espèce de jungle tantôt harmonieuse, tantôt confuse. Nous avons bien vite compris que nous sommes tous interdépendants, même si parfois nous sommes fatigués et nous faisons semblant de vouloir vivre tout seuls.

    Quand nos rencontres avec nos frères et nos sœurs en humanité deviennent trop compliquées, on peut tomber dans la tentation de les résoudre par la force, par la violence, par la loi de celui qui pense être le plus fort. Cela semble marcher un moment (au moins pour ceux qui se croient les plus forts) mais cela ne crée que des problèmes tragiques sans fin.

    Lorsque l’homme a finalement compris que les conflits et les guerres ne mènent à rien, le voilà qui cherche finalement la paix. Il croit malheureusement que la paix, c’est seulement éviter les conflits et le voilà qui se replie sur lui-même. On a fait de la paix une sorte d’isolement où chaque individu va se chercher un refuge où personne ne pourra plus le déranger, où il sera finalement « en paix » : « Fichez moi la paix, s’il vous plaît ! » C’est une paix qui ne peut conduire finalement qu’à la mort, au dessèchement total.

    Non, il ne peut y avoir de paix véritable qu’en suivant le cours de la vie. Et puisque nous sommes faits pour nous rencontrer sans cesse sur cette terre avec nos semblables, il ne peut y avoir de paix qu’en harmonisant sans cesse un peu plus nos relations. La paix n’est pas l’absence de guerre. C’est l’harmonie de mondes différents qui avancent ensemble en s’entrepénétrant.

    On ne peut pas parvenir à la paix en se contentant de nommer des « gardiens de la paix » qui nous protègent. Il en faut certainement, au moins pour éviter des conflits extrêmes, mais ce ne sont pas les « agents de sécurité » qui sauront construire la paix. Ils pourront au maximum éviter que la guerre empire. Ce ne sont pas les murs de séparation qui peuvent apporter la paix : au contraire ils augmentent la peur, la peur que ce mur si haut qui va nous protéger pour quelque temps finisse par céder, et ce sera alors la catastrophe totale. Cette paix sera toujours une paix de mort.

    La paix véritable, la paix de vie, commence dans le cœur de chacun. Là où l’on décide courageusement de ne plus écouter la peur. Là où l’on choisit de faire confiance à l’autre malgré certaines apparences. La paix commence quand on se met à pardonner à l’autre en imaginant que, s’il nous a fait du mal, c’est sans doute à cause de gens qui lui ont fait du mal à lui aussi et qu’il n’a pas su arrêter ce cycle de violence : à nous de le faire !

     

    Ne voyons-nous pas que de plus en plus de gens dans le monde refusent d’aller à la guerre ? C’est encore souvent en poussant les autres à faire la guerre à leur place. Ou bien c’est en essayant de se replier chacun frileusement sur soi ou sur son petit groupe fermé. Mais il y a tout de même un courant véritable de personnes qui travaillent de tout leur cœur pour une paix authentique et durable. Ce courant est encore bien fragile. Pourquoi ne pas l’aider à devenir un jour irrésistible ?


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  • Pourquoi cette alarme soudain, au début de notre article ? Nous risquons un accident ? Pire encore : nous risquons de perdre complètement le sens de notre vie, de notre existence.

    Qu’est-ce qui me prend donc, tout à coup, et qui plus est, dans une rubrique qui parle simplement de mots, de vocabulaire ? Quelle mouche m’a piqué ce matin ?

    Eh bien, c’est très simple : avant de continuer notre aventure avec les mots et avec les verbes, j’ai senti le besoin de mettre en garde mes lecteurs. Les mots sont dangereux. Ou plutôt c’est l’homme qui est dangereux quand il utilise les mots et en particulier les verbes. Nous sommes capables de faire dire à un mot tout ce qu’il signifie et, en même temps son contraire.

    Il ne faut pas s’étonner si on se bat si souvent sur des mots. Avec des mots, on peut diviser une famille, une communauté, un pays. Avec des mots on peut provoquer une guerre. Tout le monde parle de paix et continue à s’armer pour la guerre. Est-ce que les mots auraient perdu leur sens ? ...

    J’espère que vous n’allez pas maintenant me suivre trop longtemps dans cette introduction volontairement pessimiste et provocatrice. Je voulais simplement que nous soyons d’accord sur l’essentiel avant de continuer nos réflexions. Il est si beau de communiquer, de pouvoir partager avec des mots tout ce que nous avons dans le cœur, mais soyons toujours prudents, toujours attentifs à nous assurer que notre interlocuteur a vraiment saisi ce que nous voulions dire, avant de continuer notre dialogue. Parfois un simple moment d’arrêt, pour être sûrs de se comprendre, peut éviter une foule de malentendus pour la suite. Ne soyons donc jamais trop pressés quand nous voulons nous exprimer.

    Mais prenons un exemple provocateur. Si je vous dis : « Moi, je veux être Dieu ! » qu’est-ce que vous allez penser ? Il est devenu fou, il est tombé sur la tête ? Quelle prétention ou quelle stupidité ! Mais essayons d’abord de voir sur quel ton je prononcerais cette phrase et avec quelle intention : malheureusement l’écrit est encore plus limité que l’oral, parce qu’on n’entend pas le ton de la voix et on ne voit pas le visage de celui qui parle, ce qui nous aiderait à mieux le comprendre.

    Si je dis : « Moi, je veux être Dieu ! » et si tout le centre de ma phrase est ce moi ridicule qui se gonfle et qui veut se sentir supérieur aux autres, qui veut être Dieu comme on désire assouvir un caprice ,c’est évidemment complètement fou : c’est au fond la grande bêtise d’Adam et Eve qui voulaient être comme Dieu, qui étaient jaloux de Dieu, ou au moins de ce qu’ils avaient compris de Dieu et ils l’avaient compris complètement de travers.

    Mais si je veux dire, que mon humble moi, avec toutes les limites que je connais, serait tellement heureux de participer à la vie de cet être qui est Dieu, comme nous le propose l’Evangile, le ton et le sens sont évidemment bien différents.

    Si cet exemple ne plaît pas à des lecteurs sans référence religieuse, pas de problème, on peut transformer la phrase en disant : « Moi, je veux être président, ou un héros, ou un exemple pour les autres, ou quelqu’un qui apporte finalement une solution. » Il faut toujours se demander si cette volonté est centrée sur moi ou sur les autres : être président pour dominer les autres et se faire voir, ou bien pour sauver son pays et le servir de tout son cœur. La même phrase peut avoir les deux sens opposés.

    Un peu de bon sens tout de même pour finir notre article. Les choses ne sont quand même pas, en général, aussi compliquées, mais prenons toujours le temps de bien expliquer ce que nous mettons sous les mots, lorsque nous parlons ou écrivons. Et prenons le temps de bien comprendre ce que l’autre veut dire, lorsque nous lisons ou écoutons. C’est aussi pour cela que les commentaires aux articles peuvent être très importants pour continuer notre dialogue. J’espère que notre blog n’est pas en train de devenir un mauvais monologue...


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  • Ce qui est le plus beau dans la vie, c’est lorsque s’établit l’harmonie entre la pensée, les sentiments, la volonté, les paroles et l’action. Comment en arriver là, direz-vous ? C’est bien le but de notre blog : essayer de dire ce que nous « sommes » et d’ « être » ce que nous disons. Vouloir ce que nous disons et nous faisons. Ressentir au plus profond de nous-mêmes que nous « sommes » ce que nous exprimons au dehors. C’est une conquête de chaque jour.

    Mais je voudrais faire aujourd’hui une simple considération qui me semble tellement importante. Avez-vous remarqué que nous ne pouvons « être » que du positif, que du bon, du bien ou du beau ? D’où me vient un tel optimisme déplacé, direz-vous ?

    Essayons de prendre quelques exemples. Je veux aider un ami dans le besoin, un ami qui souffre parce qu’il est malade, parce qu’il se sent seul ou pour n’importe quelle raison. J’ai décidé de l’aider. Je l’appelle au téléphone pour le lui annoncer. Je me prépare à le faire. Je sors de chez moi. J’arrive chez lui. Je fais tout ce qu’il m’est possible de faire pour le soulager : écoute, aide concrète, conseil, partage d’une expérience vécue où moi aussi je me suis trouvé dans le besoin. Dans toute cette démarche, je vais tâcher d’être pleinement disponible, je vais montrer à mon ami qu’il est important pour moi, je vais vraiment me concentrer sur ses problèmes, les porter avec lui autant que je le pourrai.

    Ne pensez-vous pas que dans ces paroles et ces actions je serai vraiment présent de tout mon cœur et de tout mon esprit ? Bien sûr, c’est peut-être une situation extrême où je suis presque obligé de me donner tout entier. Vous me direz peut-être que souvent, dans la routine de la journée, nous faisons les choses à moitié, nous affirmons certaines choses sans y croire complètement. Nous ne « sommes » pas bien souvent complètement ce que nous disons et nous faisons. C’est sûr. A chacun de nous de voir avec lui-même quel est son idéal et s’il veut se contenter d’une vie à moitié ou s’il veut la prendre comme on croque une pomme à pleines dents, s’il veut vivre sa vie le plus pleinement possible. Nous en reparlerons.

    Mais ce que je remarque, c’est qu’il est, bien heureusement, impossible d’ « être » de la même manière une parole ou une action négative. Si je me mets soudain en colère et si je dis des mots qui dépassent ma pensée parce que j’ai été blessé par quelqu’un, est-ce que je sens que je « suis » tout entier ma colère, ou ces paroles méchantes qui sortent de ma bouche et que je vais regretter dans cinq minutes ? Certainement pas !

    Ma conclusion, rapide pour aujourd’hui, toujours pour rester dans les limites d’un article de blog, est finalement celle-ci. Je ne peux « être » moi-même qu’en étant ce qui crée le positif, l’harmonie, la paix, les relations de réciprocité entre les hommes. On dit bien d’ailleurs : cette personne est toute amour. On ne dira jamais : cette personne est toute colère, ou toute haine. On dira plutôt qu’elle est remplie de haine, qu’elle est envahie par la colère comme des réalités qui peuvent entrer en nous et en ressortir aussi vite qu’elles nous ont pénétrés, mais qui ne sont pas « nous ». On dit même qu’une personne est possédée par le mal, comme un élément extérieur qui vient la dominer. Une personne ne « sera » jamais le mal. Elle pourra au maximum dire du mal ou faire du mal. Elle ne peut être au fond d’elle-même que le bien, car c’est dans le bien qu’elle va se réaliser totalement, qu’elle va se sentir en harmonie avec les autres et avec l’univers. Notre recherche sur les mots n’en est qu’à ses débuts, mais ne trouvez-vous pas qu’elle va être passionnante, si ces mots, ces paroles, ces verbes, ce vocabulaire «  en vie » tout entier, nous aident finalement à être de plus en plus nous-mêmes.


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  • Si vous visitez de temps en temps « L’Orient La Nuit », vous avez bien dû vous rendre compte que je suis un fanatique des verbes. Manie d’un vieil intellectuel perdu dans les livres ou les manuels de conjugaison et qui ne sait pas quoi faire de son temps ? Je vais vous montrer que c’est exactement le contraire. Les livres et les recherches intellectuelles m’intéressent de moins en moins : c’est la vie qui me passionne de plus en plus, peut-être parce que je commence à me rendre compte qu’elle ne durera pas indéfiniment sur cette terre et que je voudrais en profiter au maximum.

    Vous avez bien dû lire aussi dans mes articles cette conviction que l’homme est heureux lorsqu’il accueille cette vie pour la donner aussitôt à ses compagnons de voyage. La pire des choses serait de recevoir cette vie pour la prendre égoïstement, vouloir la posséder pour soi, pour en profiter dans son coin et la vie s’arrêterait là, bien malheureuse.

    Eh bien, cette vie qui s’arrêterait là, bien malheureuse, c’est dans les noms que je la vois, jamais dans les verbes. Je vais vous donner quelques exemples. On parle beaucoup de liberté. On se bat pour la liberté. On veut acquérir la liberté, souvent d’ailleurs aux dépends de la liberté des autres. Mais est-ce que vous connaissez quelqu’un qui « a » la liberté, qui la « possède » finalement et ne sera plus dérangé ? C’est juste de créer et d’utiliser des mots pour se comprendre, mais si on réfléchit un seul instant on voit bien que « la liberté » n’existe pas, comme une conquête que je pourrais mettre dans mon armoire ou dans un coffre-fort et la protéger des attaques des autres. Ce qui existe ce sont des personnes qui « libèrent » et « se libèrent » : beauté du verbe où la vie jaillit, se met en marche, part à la recherche, ouvre des chemins nouveaux, parvient à des conquêtes, mais n’est en même temps jamais arrivée.

    Essayons d’en venir à la foi maintenant. Vous « avez » la foi ? Et vous pensez « avoir » bien de la chance. Pauvre foi dont on a fait un dépôt qu’on pourrait presque déposer en banque et qui nous fait sentir supérieurs à ces pauvres gens qui n’ « ont pas » la foi, ou qui l’ « avaient » et qui l’ont « perdue » maintenant. Et on en est arrivé à une guerre stupide entre croyants et incroyants. Moi, je ne pense pas « avoir » la foi. Mais je « crois », ce qui veut dire que je fais confiance à quelqu’un, à quelque chose en qui je me jette tout entier et qui donne un sens à ma vie. Et croire est une recherche qui se renouvelle chaque jour et à chaque instant. Croire c’est toujours lutter, se donner pour arriver à plus de lumière. Croire c’est chercher ensemble, partager les doutes et les moments de crise, ne pas éviter les questions qui dérangent, être capables d’écouter et de comprendre les questions des autres. Tout homme croit à quelqu’un ou a quelque chose. C’est cela la vie.

    Et je terminerai par le pouvoir, pour ne pas être trop long. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler. Mais ça me parait tellement évident. Comme c’est beau de « pouvoir ». Pouvoir se lever le matin, pouvoir penser, aller vers les autres, pouvoir travailler, pouvoir aimer, pouvoir lutter, pouvoir accueillir et donner. Les personnes les plus malheureuses de la terre sont celles qui pourraient mais qu’on empêche de pouvoir, qui pourraient construire quelque chose de beau dans leur vie, mais à qui on enlève la possibilité de travailler, de créer, à qui on enlève le temps et l’espace où ils pourraient apprendre à être eux-mêmes et partager avec les autres. Mais qui les empêche de pouvoir ? C’est le « pouvoir » justement. Il y a des gens qui ne pouvaient plus se contenter d’être des hommes comme tout le monde, ils ont voulu arrêter ce « pouvoir » pour eux, pour le posséder, pour dominer les autres, en pensant par là qu’ils seraient plus heureux, sans réfléchir qu’on est heureux seulement tous ensemble. Quelle beauté dans ce verbe pouvoir et quel danger dans ce nom pouvoir qui est souvent la source de tous les maux ! Je sais bien que tout cela est trop rapide : ce n’est que l’article d’un blog. Mais essayez vous aussi de vivre plus, de vous libérer de vous-mêmes et de libérer les autres, essayez de croire et de pouvoir. Ne perdez pas de temps à vous disputer sur des noms où chacun met souvent la signification qu’il veut en croyant posséder je ne sais quelle vérité, mais en oubliant d’ « être » tout simplement, de vivre et de laisser la vie de ces verbes vivre en lui... « En vie de vocabulaire », comme dit notre rubrique : oui, certains mots ne sont pas seulement des mots, ils sont le cœur de nos actions, de nos batailles, de nos recherches et de toutes nos découvertes : ce sont les verbes qui ont cette fonction inouïe !


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