• La clé du bonheur

    Je suis tombé, il y a quelques jours sur un article absolument ahurissant. J’ai pensé un instant écrire mes impressions dans la rubrique « Désorientés », parce que j’ai été vraiment choqué pendant un moment, ou dans la rubrique « Batailles », car il y a vraiment de quoi se battre si l’on veut aider l’homme à se réaliser ailleurs que dans des caprices superficiels. Puis j’ai finalement décidé de me jeter dans la rubrique « Passepartout », puisqu’il s’agit là de trouver de manière un peu plus définitive la clé du bonheur, un « passepartout » pour le bonheur qui ne dépende pas des situations extérieures changeantes dans lesquelles nous sommes amenés chaque jour à nous trouver au gré des caprices du temps ou de la bonne ou mauvaise volonté des gens avec qui nous vivons.

    Mais jetons un coup d’œil au moins sur le début de l’article, publié dans le Monde du 14 août :

     

    Etre parent pour la première fois serait pire qu’un divorce ou un licenciement

      

     

    [La naissance d’un enfant, surtout s’il n’est pas désiré, peut faire chuter le bonheur. AFP/DIDIER PALLAGES

    Si devenir parent est vécu – ou attendu – comme un heureux événement, la réalité est parfois plus compliquée qu’on ne l’imaginait.

    En fait, selon une étude menée sur 2 016 jeunes parents, la première année – avec le premier enfant – peut avoir des conséquences vraiment horribles sur le moral, « pires qu’un divorce, qu’un licenciement, voire que la mort d’un conjoint », explique The Washington Post.

    Les chercheurs Mikko Myrskylä et Rachel Margolis ont mené leur étude sur 2 016 Allemands sans enfants, qui sont devenus parents. Ils ont tous donné une note de 0 à 10 à la simple question : « Etes-vous satisfaits de votre vie ? »]

     

    J’arrête là ma citation pour faire simplement une ou deux considérations rapides. Mon but n’est surtout pas ici de juger des gens qui se trouvent sans doute dans des situations difficiles, mais au moins de les plaindre s’ils en sont arrivés à de telles aberrations. La première idée à combattre de nos jours est la conviction, qui gagne de plus en plus de terrain dans les médias, que la souffrance empêche le bonheur. C’est complètement faux : ce sont deux réalités qui se présentent sur deux niveaux qui sont certes liés entre eux, mais tout de même bien différents. Je ne voudrais pas entrer ici dans des considérations trop spirituelles qui pourraient déranger certains lecteurs. Mais prenons simplement le domaine du sport : ne voyons-nous pas que plus il y a de souffrances et même de sacrifices dans le sport et plus il y a, à l’arrivée, de joie et de bonheur ? L’homme serait-il stupide et masochiste ou bien le sport nous ouvre-t-il sur des horizons qui changent complètement le sens de la souffrance ? Ce serait à approfondir... peut-être dans un prochain article.

    Mais je voudrais revenir ici sur les mots secrets de notre blog : accueillir et donner. Je suis persuadé, par expérience personnelle et à travers l’expérience de nombreuses personnes qui me sont chères, que ce sont là les véritables passepartouts pour le bonheur. C’est de donner et de se donner que nous avons besoin pour découvrir un sens profond à notre vie et une joie qui ne soient pas éphémères et dépendants des circonstances extérieures. Il arrive que ce « donner » soit rempli de joie et d’euphorie, et c’est tant mieux. Mais parfois « donner » coûte et coûte même terriblement, cela entraîne des souffrances comme, évidemment, les douleurs d’un enfantement. Mais cela n’enlève rien au bonheur : au contraire une mère qui met au monde une nouvelle vie, avec tout le mystère que cela représente, ressentira encore plus la valeur de ce miracle de la nature par les souffrances (terribles mais passagères) qu’elle aura endurées. C’est cela la vie, et la souffrance n’enlève en soi rien au bonheur, mais plutôt donne à ce bonheur une dimension de générosité et d’altruisme qui fait sa grandeur et sa beauté.

    Le problème, c’est que pour être capable et content de donner et de se donner il faut d’abord avoir reçu et accueilli. Comment pourrais-je apprendre à donner si personne ne m’a appris ce que cela voulait dire en me donnant déjà à moi-même quelque chose qui m’ait changé la vie ? Bien sûr mes parents m’ont donné la vie au départ. Mais si ensuite ils n’ont pas été capables de me remplir d’affection et d’amour véritable et désintéressé, il se peut que je sois incapable de donner à mon tour. Là est toute la question. Et puis c’est aussi presque impossible de donner lorsqu’on se sent déjà seul et abandonné.

    Cet article et cette statistique (qu’il ne faut pas prendre évidemment comme un absolu, mais qui nous parlent de gens de notre société qui existent réellement) devraient nous amener simplement à nous mobiliser avec toutes nos forces pour que tous les gens que nous rencontrons fassent au moins une fois dans leur vie cette expérience de recevoir ou d’accueillir et de donner. Le reste devrait suivre tout seul. Mais combien perdons-nous d’énergie à trouver le médicament miracle qui nous empêchera de souffrir, à voter pour les candidats aux élections qui nous assureront qu’il y aura plus de sécurité dans notre pays, à chercher des lieux d’habitation ou de travail où personne ne puisse nous déranger. C’est bien normal de chercher à être en bonne santé, en sécurité et tranquille, mais si nous changions complètement la direction de notre recherche, en cherchant à guérir la santé des autres, à veiller à leur sécurité et à leur tranquillité, nous aurions passé notre vie à donner, nous aurions provoqué chez les autres beaucoup de joie et de bonheur, nous aurions reçu à notre tour cette paix et cette tranquillité qui nous serait revenues comme un boomerang. Et surtout nous ne nous serions pas arrêtés à la première souffrance ou difficulté, comme si les difficultés étaient incompatibles avec le bonheur. Affaire à suivre...

     

     


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  • Commentaires

    1
    EmilieT
    Mardi 18 Août 2015 à 12:52

    Je trouve que les affirmations du Monde sont un peu exagérées même si je n'ai pas vécu de divorce ou de licenciement...

    Mais je peux témoigner en tant que jeune parent de deux enfants, 6 et 4 ans, que leur arrivée et leur première année de vie n'ont pas été faciles personnellement et pour mon couple. Nuits coupées pendant plusieurs mois, accepter de couper notre vie sociale, découvrir et tâtonner dans notre nouveau rôle de parent, accepter l'autre différent, déroutant parfois dans son rôle de parent, mettre entre parenthèse l'intimité du couple... Cet été justement, j'ai été frappée de voir que ces difficultés sont communes à de nombreux autres parents. Nous avons pu passer quelques moments avec des amis, jeunes parents, que j'ai trouvé fatigués, sur les nerfs et en difficulté dans leur couple.

    Toute une pastorale est proposée aux jeunes qui souhaitent se marier à l’Église mais après, il n'y a pas grand chose pour accompagner les premiers pas des parents qui sont toujours homme/femme et époux/épouse... On devrait (pas forcément que l’Église mais les Mouvement, associations laïques...) proposer un soutien et un accompagnement spécifique à ces jeunes couples avec des enfants en bas âge.

    Alors oui Roland tu as raison de dire que le bonheur est dans le don... car toutes ces heures passées à bercer, calmer, nourrir, soigner, changer les petits nous sont largement rendues par la joie de les voir grandir, s'épanouir dans l'autonomie, la relation à l'autre et au monde.

    2
    Mardi 18 Août 2015 à 13:48

    Merci, Emilie, tu es bien mieux placée que moi pour commenter un tel article. Je sais qu'en quelques lignes d'un blog on n'a pas non plus la place de mettre trop de nuances. J'insiste encore pour dire que ces pauvres mères qui sont tellement tristes d'avoir un enfant (en plus dans l'article, il s'agit d'un premier enfant), n'ont sans doute aucune faute: ce sont les victimes de notre société. Comme tu le dis, il faudrait pouvoir accompagner ces personnes, qu'elles expérimentent la joie au milieu des difficultés et des souffrances. C'est facile à dire, mais il n'y a pas d'autres solutions, sinon de dire comme mon père (quand j'avais 14 ans): tu sais, la vie est triste! Moi, je n'arrive pas à m'y résigner.

    3
    Hayat
    Vendredi 21 Août 2015 à 16:27
    La vie nous semble parfois triste , d'autres fois dure sans pour autant être triste, ou même cruelle , ou absurde ,ou injuste...mais elle reste belle ...A un moment de ma vie j'ai senti que j'étais une morte ambulante ...mais j'avais reçu et donné tant d'amour que je jen avais en réserve au fond de moi ...et ça a été essentiel pour ma "guérison " ...
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    4
    Bassem
    Dimanche 23 Août 2015 à 13:37

    Bonjour, je réagis au commentaire d'Emilie T en donnant l'information d'une belle initiative expérimentée:


    Il y a quelques années, un couple de notre paroisse française nous a sollicité pour accompagner 4 couples nouvellement mariés


    à l'église. Pendant deux ans, nous avons découvert ce qui est appelé parcours Tandem. Je vous mets le lien d'un article paru dans


    le journal Lacroix qui parle de cette initiative :


     http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Tandem-imagine-le-service-apres-vente-du-mariage-chretien-2015-02-02-1275932


    Une thématique est traitée à chaque rencontre mensuelle, comme l'arrivée des enfants, beau-parents, activités, l'argent, l'écoute et


    la communication dans le couple,...


    Ce fut extrêmement riche en échanges et cela a permis de créer d'excellentes relations qui perdurent après 4 années et 2 ou 3 enfants par couple !


    Je le recommande vivement.

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