• La liberté des fils

    « Les fils sont libres. » (Mt 17,26)

    Il est peut-être bon de relire ici un instant le passage original de Matthieu d’où sont tirés ces quatre petits mots, pour bien les comprendre. « …‘Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, sur qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ? Sur leurs fils ou sur les autres personnes ?’ Pierre lui répondit : ‘Sur les autres’. Et Jésus reprit :’Donc, les fils sont libres. Mais il faut éviter d’être pour les gens une occasion de chute : va donc jusqu’au lac, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour toi et pour moi.’ »

    Astuce et malice de Jésus pour ne pas avoir à payer les collecteurs de taxes ? Sans doute. Et l’on peut comprendre que Jésus, le Fils de Dieu, trouve un peu ridicule toute cette histoire, et qu’il veuille la résoudre ainsi avec un certain humour, sans trop avoir à se casser la tête.

    Mais ce serait dommage de ne voir ici qu’une petite anecdote amusante, alors que Jésus nous donne en même temps l’idée d’une révolution totale dans les relations entre les hommes. Car un des plus grands problèmes de l’humanité de toujours, c’est qu’on y trouve sans cesse des puissants qui essayent de dominer les autres, sans aucun souci de la dignité et de la personnalité de ces pauvres hommes. Et ceux qui sont dominés ne se sentent évidemment pas libres du tout et vont passer sans doute leur vie à se plaindre de cette injustice dont ils sont les victimes et contre laquelle ils n’arriveront le plus souvent pas à faire grand-chose.

    Il y a là une clé de lecture pour relire toute l’histoire des hommes et l’une des plus grandes sources de malheur de l’humanité entière. Et voilà que Jésus en quatre mots vient balayer toute cette problématique insoluble ? C’est pourtant vrai. C’est vrai que Jésus est le Fils de Dieu et il est normal qu’il se trouve bien au-delà de ces pauvres misères humaines. Mais ce qui frappe ici, c’est qu’avec lui il entraîne Pierre dans cette liberté nouvelle. En étant devenu le disciple de Jésus, et donc son ami ou son frère, Pierre et chacun des disciples et chacun de nous à notre tour, nous devenons avec Jésus les fils du Royaume, les fils de Dieu, ce pour quoi Dieu nous a pensés de toute éternité. Et en Dieu, nous voilà d’un seul coup libérés de toutes les injustices humaines.

    On pensera qu’il s’agit ici d’une pauvre illusion qui n’arrivera jamais à rien changer dans la réalité. Et pourtant c’est déjà la semence du Royaume de Dieu parmi les hommes qui vient d’être jetée, une semence qui sera souvent reprise par des révolutionnaires comme ceux de la révolution française qui croyaient peut-être avoir inventé eux-mêmes tout cela. Mais ce qui est sûr, c’est que dans notre relation nouvelle à Dieu et aux hommes en Jésus, nous sommes déjà potentiellement des hommes nouveaux. Nous avons tout à fait le droit et le devoir de nous considérer pour toujours des hommes libres, bien plus libres dans notre cœur que ces « méchants » qui essayent peut-être de nous dominer en se croyant supérieurs. C’est l’expérience d’un Nelson Mandela qui se sentait plus libre en son cœur que ceux qui l’avaient condamné et mis en prison et qui voulait libérer en même temps opprimés et oppresseurs : tout part de la révolution divine que Jésus est venue porter du ciel sur la terre…

     

     

     


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