« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. » (Mt 28,18)

C’est une phrase extraordinaire, mais il nous faut toute l’épaisseur de l’Evangile de Matthieu pour bien la comprendre. Car il ne s’agit pas de faire ici un contresens horrible sur le mot pouvoir. Il ne s’agit pas ici de « pouvoir sur » comme celui des dictateurs ou des tyrans qui ont le pouvoir sur tout un peuple qu’ils dominent au lieu de le servir. Jésus nous a bien expliqué qu’il est venu pour servir tous les hommes.

Il s’agit ici d’un « pouvoir de »… Jésus, le Fils du Père Tout puissant est capable de… tout ce qui donne la vie. Le pouvoir qui est en Lui veut dire simplement qu’il a reçu du Père la capacité de donner cette vie qui est la source de l’univers.

Grâce à ce « pouvoir » qui lui a été donné « au ciel et sur la terre », Jésus « peut », au sens profond du verbe « pouvoir ». Il « peut » tout ce qui crée et développe la vie. Il peut donc aimer, guérir, sauver, ressusciter, secourir, soutenir, développer, consoler, guider, faire le bien, tout ce qui donne la vie et la fait grandir.

Mais Jésus est incapable de faire le mal. Il ne peut pas haïr, ou trahir, ou se venger, ou tromper, ou mentir. Il ne peut même pas posséder pour lui-même, car tout ce qu’il reçoit du Père, il le redonne aussitôt. Jésus est donc toujours dans cette dynamique trinitaire de l’accueil de l’autre et du don à lui, à tour de rôle. Il ne sait pas faire autre chose. Il est donc immensément libre. Il n’est jamais conditionné par les circonstances, par les évènements favorables ou défavorables, il est capable d’aimer ses pires ennemis. Aucun obstacle ne peut l’empêcher de donner la vie divine qui brûle en son cœur et en son esprit. C’est pour cela qu’il nous aime toujours sans condition. Il n’a rien d’autre à faire. Il est simple de la simplicité de Dieu.

Et c’est pour cela que nous pouvons répondre à son appel et le suivre. Nous pouvons même prendre notre croix à sa suite et voilà que notre joug nous apparaîtra tout à coup léger, car c’est lui, qui peut tout, qui va la porter avec nous. Car le but final de Jésus, comme du Père et de l’Esprit Saint n’est pas de garder pour lui ce « pouvoir » infini d’aimer, mais de le partager avec chacun de nous, si nous acceptons de nous laisser entrainer par lui. Ce pouvoir qu’il a reçu du Père dans l’Esprit, c’est pour nous qu’il l’a reçu. Comment imaginer un amour plus grand qui peut véritablement nous faire expérimenter déjà sur cette terre un peu de cette liberté des fils de Dieu que nous goûterons bientôt pour toujours au paradis ?