• La mère qui est en moi

    Chacun d’entre nous a une relation complexe, sinon compliquée avec sa mère. Au départ la mère est presque tout pour nous, mais elle est aussi celle qui nous a sortis un jour de notre abri bienfaisant en nous mettant au monde à la lumière. Elle est celle qui a cessé brusquement un autre jour de nous nourrir de son lait, qui nous a peut-être laissés un peu de côté pour nous « préférer » le petit frère ou la petite sœur qui venait de naître et qui, pour finir, nous a emmenés avec elle à l’école, dans un milieu inconnu et hostile et nous a abandonnés là, sans même qu’on soit sûr de la revoir de nouveau quelques heures plus tard…

    Sentiments bien injustes si l’on pense à tout ce que notre mère a fait pour nous pendant toute sa vie. Mais chacun porte en soi, dans son inconscient, ce traumatisme de la séparation d’avec sa mère, qui se complique encore si la relation n’a pas été toujours facile ou si notre mère nous a quittés prématurément.

    C’est là qu’on parle de carence affective, de besoin quelque part de retrouver la mère qui nous manque. Cela peut porter à des déséquilibres psychologiques et de grosses difficultés dans les relations d’amitié ou d’amour. Celui qui cherche en l’autre la mère qui lui manque risque d’avoir une relation immature avec son partenaire.

    Sommes-nous donc condamnés à être toute notre vie des hommes ou des femmes à moitié, selon le degré plus ou moins grand d’affection que notre mère (mais aussi bien sûr notre père) ont déversé sur nous ?

    C’est là je crois qu’il faut aller de nouveau au bout ou au fond de nous-mêmes et découvrir le miracle de notre existence. Car au fond de nous-mêmes se trouve implicitement toute l’humanité qui nous a précédés et toute l’humanité qui doit encore venir à la lumière. Notre mère n’a été ou n’est encore qu’un maillon dans la chaîne extraordinaire de l’aventure humaine sur cette terre.

    C’est l’humanité qui est notre mère, et cette humanité est en moi et voilà que je la découvre en étant moi-même une mère à mon tour pour tous ceux que je rencontre. Affirmation bizarre pour un homme comme moi qui devrait se sentir un père plutôt qu’une mère ? Je crois tout de même que la mentalité moderne a fait beaucoup de progrès dans la découverte du secret de l’humanité. La religion elle-même est en train de changer sur ce plan et l’on parle de plus en plus de l’aspect maternel de Dieu, ce qui aurait scandalisé bien des gens il n’y a pas si longtemps.

    Alors bien sûr que j’ai aussi le « père » en moi, mais cela est un sujet sur lequel nous reviendrons une autre fois. Mais ce que je voudrais dire haut et fort aujourd’hui comme témoignage d’une véritable libération, c’est que j’ai vraiment appris à être homme le jour où j’ai compris confusément que je pouvais être quelque part une mère pour tous ceux que je rencontrais dans ma vie. La relation avec mes parents a changé complètement, dans le bon sens du terme, le jour où j’ai commencé à être la mère de ma mère et même la mère de mon père.

    Et ainsi de suite avec toutes les personnes que j’aime et même avec toutes les personnes que je rencontre simplement au long de ma journée, au travail, avec des amis ou dans des lieux publics. Car le jour où j’apprends à être une mère pour les autres, cette « mère » ne peut plus jamais me manquer parce que je la porte en moi. Je n’ai plus besoin de la « recevoir » de l’extérieur. Voilà que je suis moi-même « mère-humanité » pour tous ceux que je côtoie tout au long de la vie qui me reste.

    Mais concrètement est-ce possible, ce ne sont pas là des mots en l’air ? Oui, c’est tout à fait possible et tout à fait concret et je suis sûr que chacun de nous en a fait quelque part l’expérience. L’expérience d’une mère qui se donne sans rien attendre en retour, qui sait toujours pardonner, qui sait deviner en chacun le positif qui se cache derrière des apparences difficiles… J’ai déjà été trop long pour ajouter encore d’autres détails. Nous reviendrons certainement sur ce sujet si important. Mais ce qui est sûr c’est que chacun a au fond de soi son expérience unique de « la mère » (positive ou négative, c’est finalement secondaire) et c’est de là qu’il nous faut partir pour parvenir vraiment à la lumière.

     

     

                                                                                                                    


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Dimanche 20 Mars 2016 à 15:10
    Etre soi-même "mère humanité " pour tous ceux que je côtoie ! C'est, à mon avis être tout simplement ...une grâce incomparable !
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