• La servante du Seigneur

    « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » (Lc 1,38)

    Je voudrais m’arrêter ici seulement sur deux mots de cette phrase qui est parmi les plus citées de tout l’Evangile : « servante » et « parole ». Marie est la « servante ». « Servante » vient du verbe « servir ». Combien d’humilité faut-il pour être capable de « servir » ! Avec évidemment la différence qui existe dans la mentalité du monde que servir une personne plus importante que toi peut sembler un honneur, tandis que s’abaisser à servir quelqu’un de moins important est presque considéré comme une humiliation. Servir Dieu serait tout de même un grand honneur…

    Mais laissons là cette pauvre mentalité du monde et plongeons dans celle de Dieu et de l’Evangile. Le Père, dans la Trinité, n’a pas d’autre but que de donner sa vie au Fils dans l’Esprit, et le Fils de lui répondre de même dans la plus totale réciprocité. Le Père n’est pas là pour dominer le Fils, mais donc pour l’aimer et donc pour le servir de tout son être. Aimer, donner sa vie et servir sont, en Dieu, des synonymes de la vie la plus extraordinaire que l’on puisse imaginer, cette vie divine qui se partage à l’infini…

    En ouvrant la porte de la Trinité sur Marie, et en elle sur toute l’humanité, Dieu a décidé tout à coup de donner concrètement sa vie à cette humanité faible et malade, il n’y aucune humiliation de sa part dans cet acte qui peut nous sembler héroïque. Au contraire, Dieu va nous montrer que son amour divin est justement sans frontière, sans tabou, universel, ouvert à tous. Dieu est encore plus Dieu quand il se donne, si l’on peut s’exprimer ainsi avec nos pauvres catégories humaines.

    Et c’est alors que se produit en Marie un deuxième miracle : non seulement l’Esprit Saint a pris Marie « sous son ombre », comme l’ange Gabriel le lui annonce, et commence ainsi l’incarnation de Jésus parmi les hommes, mais voilà que naissent en Marie les sentiments mêmes de Dieu envers Dieu et toute l’humanité. En se sentant poussée à servir, Marie ne fait pas spécialement ici un acte d’humilité, mais elle vit une simple continuation du oui qu’elle vient de prononcer et qui se transforme en ce oui divin qui ne va plus la quitter jusqu’à la fin de sa vie sur terre. Il est important d’oublier ici notre mentalité terrestre pour commencer à entrer dans celle du paradis qui vient de descendre sur la terre…

    Et quel est alors le rôle de la parole, ou plutôt de la Parole dans tout cela ? Mais la Parole est justement Jésus, le Verbe, le Fils de Dieu qui vient de devenir chair dans le ventre de Marie. Ce Verbe que Marie va servir de tout son être, en étant bientôt surprise que son Fils lui-même est venu pour la servir elle aussi en pleine réciprocité. Alors, bien sûr, durant toutes les années qui lui restent sur cette terre, Marie n’aura plus qu’à se laisser porter par la Parole, à se revêtir de la Parole, à la laisser grandir en elle et à la suivre, devenant par là le modèle originel de toute vie chrétienne et de toute vie humaine, tout simplement. Cela donnerait presque le vertige, un beau vertige quand on pense que nous n’en sommes encore qu’aux premiers pas de notre aventure…

     


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