• Le bonheur de pouvoir pleurer

    « Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! » (Mt 5,5)

    Ici encore une révolution totale, si on sait lire entre les lignes. Mais que veut nous dire encore Jésus ? De ne pas avoir peur quand on souffre, parce que Dieu est là pour nous consoler ? Ce Dieu qui est amour et qui ne nous oubliera jamais ? C’est bien évident et combien de fois cherchons-nous dans la prière cette protection et cette consolation divines qui nous font tellement de bien. Mais je voudrais dire ici bien fort que nous contenter de cette première interprétation assez banale finalement, serait passer à côté d’un immense trésor sans le voir !

    N’oublions pas que l’Evangile de Matthieu va nous dire, dans quelques pages, que « là où deux ou plus sont réunis en son nom, Jésus est présent au milieu d’eux » (cf. Mt 18,20) et nous y reviendrons… Jésus veut évidemment que nous trouvions une relation profonde avec Lui, avec le Père et avec l’Esprit Saint, qu’on appelle aussi l’Esprit consolateur. Mais la révolution de l’Evangile va beaucoup plus loin. Jésus veut que nous trouvions Dieu à travers le frère, dans lequel il continue à se cacher. Et avec cette lumière nouvelle, notre petite phrase va s’enflammer.

    Là où on a honte de pleurer devant les hommes, Jésus nous dit que nous avons au contraire une chance immense de pouvoir partager ce qui nous fait tellement mal. D’abord parce qu’on n’a pas à avoir honte de souffrir, c’est une participation à la souffrance du Christ sur la croix, où lui-même a redonné un sens à la souffrance de toute l’humanité. Et cette souffrance est au cœur du dessein d’amour divin. Car cette souffrance est le moyen le plus sûr de nous unir. Quand nous souffrons et pleurons, au lieu d’avoir honte et de nous cacher, voilà que nous découvrons que nous avons un trésor entre nos mains. Car ces pleurs et cette souffrance ont besoin de trouver quelqu’un qui va nous comprendre et nous consoler. Ce ne sera pas toujours facile à trouver, mais une fois trouvées la personne ou les personnes que Dieu a préparées pour nous consoler, va commencer une autre divine aventure.

    Chacun d’entre nous porte en son cœur un puits d’amour et de tendresse pour toute l’humanité. Chacun d’entre nous voudrait être comme Dieu qui vient guérir nos blessures et nous faire respirer au moment de l’épreuve. Alors quand deux personnes se rencontrent, l’une qui pleure et l’autre qui la console, commence un petit paradis sur la terre, car ces deux personnes vont être liées pour toujours par ce moment d’intimité où elles auront fait l’expérience d’un arc en ciel au milieu de la tempête.

    Alors, que je sois du côté aujourd’hui de celui qui pleure ou de celui qui console, cela n’a finalement pas beaucoup d’importance. Mais ce qui est sûr, c’est que Dieu veut unir les cœurs à l’occasion de ces moments de souffrance. Et le plus souvent la souffrance va disparaître, mais cette tendresse, cette confiance partagées tout à coup, vont rester entre nous comme un sceau divin qui va transformer notre vie pour toujours. Alors, bien sûr, il faut s’habituer à cette nouvelle logique divine, qui n’est pas si évidente au départ : lorsque je pleure, ou que pleure un être qui m’est cher, me recueillir comme devant un tabernacle, et me dire que Dieu est en train de nous visiter et lui demander la grâce d’en profiter pour vivre avec lui et tous ensemble cette nouvelle « béatitude » !

     


  • Commentaires

    1
    Hayatfallah@hotmail.
    Dimanche 21 Octobre 2018 à 09:36
    Dieu te bénisse Roland pour cet article ! J'ai vécu ces quelques jours cette nouvelle béatitude ! C'est une grande chose, belle. et précieuse d'accueillir les larmes de quelqu'un et d'avoir quelqu'un qui sache simplement accueillir nos larmes ! C'est un lien qui ne s'efface pas !
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