• Le miracle de la réciprocité divine entre les hommes

    « Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : ‘Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » (Lc 1,41-42)

    Encore et toujours des miracles : ici c’est le coup de pouce de l’Esprit Saint qui souffle à l’oreille d’Elisabeth ce qui est véritablement en train de se passer dans le sein de Marie. Et Elisabeth le croit tout de suite, sans hésitation. Comment est-ce possible ? Sans doute parce que sa propre aventure à elle, le fait que Dieu lui a fait ce cadeau dans sa vieillesse de donner enfin la vie à un enfant, sont des réalités tellement incroyables, qu’elle est prête à tout croire de ce qui vient maintenant de la part de Dieu.

    C’est l’Esprit Saint en elle et l’Esprit Saint en Marie qui se reconnaissent. Ce sont même Jésus et Jean dans le ventre de leurs mères qui commencent déjà à bouger et à communiquer entre eux. C’est Dieu qui intervient pour que Marie ne se sente pas seule dans cette expérience de réciprocité divine qu’elle a commencé à vivre. Car si Marie était seule à vivre tout cela avec Dieu, elle risquerait de se sentir anormale, folle, illuminée dans le mauvais sens du terme. Elle ne pourrait jamais plus communiquer avec le reste de l’humanité. Mais non, Dieu veut que Marie puisse vivre cette vie trinitaire dans la simplicité d’une amitié et d’un amour humains. Car c’est cela qui est en jeu. Non pas seulement transformer complètement la relation entre Dieu et les hommes, mais aussi la relation entre nous les humains : cette relation que Marie a sans doute goûtée avec Joseph (même si l’Evangile ne nous dit rien à ce sujet), puis avec Elisabeth, avec Jésus lui-même qui est justement homme et non pas seulement Dieu, puis avec les apôtres et Jean en particulier, et finalement tout homme et toute femme qu’elle va rencontrer à partir de ce moment.

    Et Elisabeth a tout compris. Marie a reçu un cadeau spécial et immense de Dieu, mais, encore une fois, pas pour la couper du reste de l’humanité qui pourrait en devenir jalouse, mais pour faire entrer l’humanité en Dieu avec elle et à travers elle. Marie sera toute sa vie portée à Dieu et en Dieu « entre toutes les femmes » et donc pour elles, au milieu d’elles, avec elles, et Elisabeth, qui le lui dit, est la première des femmes qui a compris son secret. Et quand on dit ici « toutes les femmes », cela veut dire évidemment pour Dieu « toutes les femmes et tous les hommes » que Dieu ne pourra jamais séparer.

    Et « le fruit de ses entrailles » est béni. Dieu a bien fait un miracle, mais pour y arriver il s’est servi de la normalité des « entrailles » d’une femme comme toutes les autres. Dieu va jouer le jeu jusqu’au bout. Jésus va grandir pendant neuf mois dans le ventre de sa mère comme n’importe quel nouveau-né. Miracle mais miracle dans la normalité, car Dieu est au service de cette humanité qu’il a créée et qu’il aime tellement qu’il lui donne sa vie. Il ne joue pas avec nous comme on joue avec un jeu de prestidigitation pour s’amuser. Dieu se donne à nous comme nous sommes, pour que ce que nous sommes finisse par entrer en lui pour toujours.

     

     


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