• Les puissants de ce monde

    Je suis tombé récemment sur une phrase écrite par le Professeur allemand Rainer Mausfeld, qui m’a bien fait réfléchir : « Le néolibéralisme, comme forme extrême du capitalisme – et probablement sa forme finale – est, après le colonialisme européen, le plus grand projet de déplacement de richesse de l’histoire, le déplacement du bas vers le haut, du sud vers le nord, du public vers le privé. »

    Plus clair que cela… !! C’est en fait toujours la même histoire, depuis que l’homme est homme. Les plus forts ou les plus malins essayent de dominer les autres en pensant qu’ils seront plus heureux de la sorte. Les plus faibles et les moins malins sont écrasés, exploités jusqu’au jour où ils prennent conscience que toute cette situation d’injustice n’est pas une fatalité absolue, ils se réveillent, s’organisent et renversent le pouvoir en place… puis d’autres profitent à leur tour de cette révolution et la roue tourne, mais c’est à peu près toujours la même réalité qui se répète sous des formes diverses.

    Si c’était seulement cela le monde et la vie sur cette terre, ce serait vraiment tragique. Mais finalement on oublie que ces pauvres « maîtres du monde » ne sont au fond que des victimes de leurs illusions, de leur ambition et avidité frénétiques. Ils se sentent plus forts et plus riches que les autres, mais ils sont souvent bien vides au fond d’eux-mêmes, pleins de peur ou d’angoisse pour le lendemain.

    Ce sont simplement les maîtres du déplacement des richesses, comme le dit Mausfeld. Et alors ? Est-ce qu’ils sont les maîtres du bonheur et de la conscience de chaque homme ? Est-ce qu’ils parviennent au cœur de leurs frères et sœurs en humanité ? Ils meurent souvent sans avoir même pu expérimenter ce qu’est l’amour gratuit, ce qu’est la beauté de la réciprocité dans les relations et bien d’autres réalités qui donnent la véritable joie de goûter à la vie. Je suis persuadé que ces sortes de vautours rapaces ont bien peu d’humanité au fond d’eux-mêmes et qu’ils sont emprisonnés entre des murs qu’ils ont créés de leurs propres mains, au lieu de savourer la liberté de savoir accueillir leurs semblables et de donner leur vie pour les autres.

    L’essentiel de la vie n’est pas dans les structures de domination des uns par les autres. Mais il faut tout de même lutter de tout notre cœur et de toutes nos forces contre cette déformation terrible de l’idéal humain. Car si, dans certains pays, on parvient encore à être soi-même, il existe de plus en plus de zones de notre planète ou l’injustice et l’exploitation des pauvres par les riches est si criante que l’homme devient une caricature de lui-même et cela est comme un crime contre l’humanité qui se développe comme si c’était normal. Nous devons nous battre contre ce monstre qui grandit chaque jour.

     

    Heureusement que la nature finit par se rebeller ou se venger toute seule. Ces vagues d’immigrés qui arrivent par milliers en Europe d’Afrique, d’Asie ou du Moyen Orient ne sont que le début d’un phénomène de vases communicants qui finira un jour ou l’autre par faire s’écrouler ce système capitaliste sauvage où la conscience de l’homme semble complètement endormie et près de ne plus jamais se réveiller. Mais il faut que des hommes de bon sens prennent sans tarder leurs responsabilités afin que ce changement qui se profile à l’horizon se fasse avec le moins de violence possible. Et, si l’on sait regarder, l’humanité est pleine de ces héros cachés qui nous font encore espérer en un avenir différent et surtout meilleur.


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  • Commentaires

    1
    Rosa
    Mercredi 23 Août 2017 à 09:53

    Tu n'as pas tord Roland mais je trouve ta finale extrêmement pessimiste : laisser l'issue de cette grande histoire au jeu du retour de baton

    que constituent le migrations me semble bien trop court. Nous pouvons - et nous devons - commencer par poser des actes clairs de

    non-coopération, de résistance passive comme dirait Gandhi. Car il est de notre responsabilité de changer ce monde. Et ceci tout d'abord

    dans nos comportements de consommateurs.

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