• Luc 1 (1e partie)

    Après notre long voyage en Marc et Matthieu, nous voici maintenant à la porte de l’Evangile de Luc. Nous savons qu’il a de nombreux points communs avec les deux autres et pourtant il est en même temps tellement original !

    Luc n’est pas l’un des Douze, comme l’étaient Matthieu et Jean, et son approche de la Bonne Nouvelle est particulièrement intéressante : « Plusieurs ont entrepris de composer un récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus. »

    Ce premier chapitre est d’ailleurs le plus long de l’Evangile de Luc. Il est en même temps très simple. Juste quelques tableaux bien clairs et l’histoire du salut peut commencer. Peu d’acteurs. Le principal protagoniste est Dieu Lui-même. Un Dieu qui n’est pas encore le Dieu Trinité à découvrir, mais le simple Dieu de l’Ancien Testament. Il est le Seigneur, le Très-Haut, le Puissant, le Dieu d’Israël, le Sauveur de son peuple, et Saint est son nom. Et voilà qu’il prend les choses en main, il a décidé d’intervenir directement dans l’histoire de l’humanité. Il envoie son Esprit pour faire naître enfin le Sauveur tant attendu, et son ange pour préparer le chemin et expliquer aux acteurs humains qu’il a choisis, ce qui va vraiment se passer. Il décide lui-même quels vont être les noms des principaux personnages : Jean et Jésus.

    Et il ne lui reste plus qu’à interpeller Zacharie, Elisabeth et Marie qui vont être ses principaux collaborateurs dans toute cette histoire. Tout commence avec Zacharie à qui Dieu envoie directement son ange, l’ange Gabriel, en plein jour, d’une manière si directe que Zacharie en est « bouleversé et saisi de crainte ». Chez Matthieu, l’ange était apparu plusieurs fois à Joseph, mais toujours en songe.

    « Il y avait au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre nommé Zacharie, du groupe d’Abia. Sa femme aussi était descendante d’Aaron ; elle s’appelait Elisabeth. Tous les deux vivaient comme des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptes du Seigneur d’une manière irréprochable. Ils n’avaient pas d’enfant, car Elisabeth était stérile, et tous deux étaient âgés. Or, tandis que Zacharie, au jour fixé pour les prêtres de son groupe, assurait le culte devant Dieu, il fut désigné par le sort, selon l’usage liturgique, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur. Toute l’assemblée du peuple se tenait dehors en prière à l’heure de l’offrande de l’encens. L’ange du Seigneur lui apparut debout à droite de l’autel de l’encens. En le voyant, Zacharie fut bouleversé et saisi de crainte. »

    Ce sont des détails bien précis qu’on ne peut pas inventer. Et c’est là que le miracle commence : « L’ange lui dit : ‘Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été entendue : ta femme Elisabeth te donnera un fils et tu le nommeras Jean. Tu seras dans la joie et l’allégresse, beaucoup d’hommes se réjouiront de sa naissance, car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boissons fermentées, et il sera rempli de l’Esprit saint dès avant sa naissance ; il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu, il marchera devant le Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Elie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, convertir les rebelles à la sagesse des hommes droits, et préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir. ‘»

    N’est-ce pas déjà incroyable cette relation personnelle de Dieu avec son peuple et avec chacun ? Dieu qui sait tout de l’histoire de ce peuple et de chacun de ses membres, Dieu qui appelle chacun par son nom et qui pénètre au cœur de chacun…

    Mais ici, il y a un problème. Quand on lit un peu rapidement ce chapitre on se demande pourquoi Dieu a puni d’une certaine façon Zacharie et non pas Marie, qui, elle aussi a demandé des explications à l’ange. C’est que Zacharie « dit à l’ange : ‘Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, je suis un vieil homme, et ma femme aussi est âgée.’ » En quelque sorte Zacharie ne prend pas au sérieux le message de l’ange, il attend encore une révélation future d’on ne sait où. Il ne comprend pas que l’ange est déjà la présence mystérieuse de Dieu lui-même en train de le visiter. Et cela peut nous faire réfléchir et nous pousser à nous demander combien de fois par jour Dieu frappe à notre porte et nous ne nous rendons même pas compte que c’est lui qui est là…

    « L’ange lui répondit : ‘Je suis Gabriel ; je me tiens en présence de Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. Mais voici que tu devras garder le silence, et tu ne pourras plus parler jusqu’au jour où cela se réalisera, parce que tu n’as pas cru à mes paroles : elles s’accompliront lorsque le temps viendra.’ »

    « Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait de voir qu’il restait si longtemps dans le sanctuaire. Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Il leur faisait des signes, car il demeurait muet. Lorsqu’il eut achevé son temps de service au Temple, il repartit chez lui. Quelque temps plus tard, sa femme Elisabeth devint enceinte. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait : ‘Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, lorsqu’il a daigné mettre fin à ce qui faisait ma honte aux yeux des hommes.’ »

    Le cadre est lancé. Il fallait un arrière-fond à l’annonciation et au début de l’incarnation qui vont suivre immédiatement. Car l’histoire du salut n’est pas seulement entre Dieu et Marie, mais entre Dieu et toute l’humanité. Il fallait bien que Dieu interpelle aussi d’autres personnes que Marie, à la fois pour que Marie ne soit pas trop seule, et pour que nous aussi, pauvres humains limités, puissions sentir la proximité de Dieu, comme Zacharie et Elisabeth, malgré nos limites…

    Mais pour l’instant le rôle de l’humanité est encore bien réduit, même s’il est vrai que Zacharie et Elisabeth ont tout de même dû faire un grand pas dans la foi pour qu’Elisabeth tombe enceinte. Le principal protagoniste est pour l’instant l’Esprit Saint dont Jean sera « rempli » « dès avant sa naissance », mais dont Elisabeth et Zacharie vont bientôt être « remplis » à leur tour. L’Esprit Saint n’est pas là seulement pour la Vierge Marie, il est prêt à remplir chacun d’entre nous de sa lumière et de sa présence, si nous nous laissons faire. La Bonne Nouvelle est vraiment ouverte à toute l’humanité.

     


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