• Marc 5

    Dans ce nouveau chapitre, l’évangéliste laisse de côtés les disciples, même s’ils sont toujours bien là en arrière-plan, pour nous présenter de nouveau la relation entre Jésus et la foule. Même si la formation des apôtres est importante, nous ne devons pas oublier que le but final du Christ est le salut de toute l’humanité : aucune personne ne peut être exclue de la bonté divine.

    Jésus est bien sûr toujours le personnage principal de notre récit. On découvre chaque fois un peu plus le sens de son identité, de son être profond. Jésus est « le Fils du Dieu très haut ». Et ce qui est étonnant c’est encore de voir que les premiers à le reconnaître sont les esprits mauvais, bien avant Pierre et les apôtres. Cet « être » de Jésus qui est sans doute sa divinité même, va se révéler un peu plus comme la capacité de pouvoir, vouloir, savoir, se communiquer et faire. C’est un être tout puissant et dynamique. Là où personne ne « pouvait plus attacher » ou « maîtriser » l’homme « possédé d’un esprit mauvais », Jésus intervient avec puissance, chasse les esprits et l’homme est définitivement guéri. Ce chapitre est un chapitre de guérisons aussi extraordinaires l’une que l’autre, avec aussi celle de la « femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans » et celle de la fille de Jaïre. Jésus peut guérir et les gens en sont « complètement bouleversés ».

    Jésus peut et en même temps il veut. La volonté divine est toute puissante. En ce sens Jésus est libre d’agir comme il veut, de permettre ou non à l’homme de voir ses désirs satisfaits. Il permet aux esprits mauvais d’entrer dans les porcs. Mais il ne consent pas à l’homme qui a été guéri de l’accompagner avec ses disciples. Jésus décide avec l’autorité du maître. En même temps, Jésus sait ce qui se passe, il comprend même les réalités qui restent obscures aux autres hommes : « L’enfant n’est pas morte, elle dort. » Et l’on peut comprendre que quelqu’un « se moquait de lui », car Jésus est capable de voir bien au delà des apparences.

    Jésus, que les Evangiles nous feront découvrir comme la Parole du Père, est déjà dès le début une communication spéciale de cette parole. Il n’arrête pas de dire, de parler, d’annoncer, d’ordonner : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » « Ne crains pas, crois seulement. » Et en même temps sa parole agit : tout est uni en Jésus, pouvoir, volonté, parole et action ne forment qu’un tout harmonieux. Et tout ce que Jésus fait est toujours pour l’autre, pour son bien : « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Jésus essaye de faire comprendre que son pouvoir est un pouvoir divin, mais c’est encore bien difficile pour l’homme de saisir ce qui se passe : « Il se mit à proclamer dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. »

    Nous disions, au début de notre étude, que l’être de la Trinité est à la fois accueil et don. Le Père, le Fils et le Saint Esprit, s’accueillent l’un l’autre et se donnent l’un à l’autre dans un mouvement d’amour perpétuel et réciproque qu’ils communiquent en même temps à l’homme et à toute la création. Il est étonnant de voir que la puissance de Dieu en Jésus n’écrase jamais l’homme, elle est d’une délicatesse infinie. Jésus accueille toujours l’homme avant de lui donner généreusement son salut ou sa guérison. Il n’impose pas ce salut à l’homme. Il est d’abord attentif à la situation dans laquelle cet homme se trouve, il se met à son écoute pour le comprendre et mieux pouvoir répondre à ses besoins. Jésus demande : « Quel est ton nom ? » « Qui a touché mes vêtements ? » Il regarde « tout autour pour voir celle qui avait fait ce geste. » Il « surprend » les mots des gens qui arrivent de la maison de Jaïre : « Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? » Ce qui veut dire que rien ne lui échappe. Il est d’abord extrêmement présent à toute personne et à tout ce qui se passe. C’est pour cela aussi qu’il « se rendit compte qu’une force était sortie de lui. » Lui seul a compris ce qui s’était passé.

    Et sur la base de cet accueil, lorsque le moment est venu pour lui d’intervenir, Jésus se donne complètement. Il donne la guérison et bien au-delà de la guérison qui sera toujours provisoire, il donne le salut, il se donne à l’homme qui le cherche et qui le demande. « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » Ce chapitre est déjà un avant goût du salut final que Dieu en Jésus est venu donner à toute l’humanité.

    Et pour finir cette rapide description de Jésus, il est encore une fois étonnant de voir combien de mouvements se succèdent continuellement d’une scène à l’autre. Dieu en Jésus, n’est pas un maître tout puissant qui attend sur son trône que ses sujets viennent se prosterner devant lui : c’est lui qui fait toujours le premier pas, qui se déplace pour aller à la recherche de ces brebis perdues. « Ils arrivèrent sur l’autre rive du lac. » « Jésus descendait de la barque. » « Jésus remontait dans la barque. » « Jésus regagna en barque l’autre rive. » « Jésus partit avec lui. » « Ils arrivèrent à la maison du chef de la synagogue. » « Il entre... il pénètre là où reposait la jeune fille. » Combien est dynamique, l’ « être » de Jésus !

    L’autre personnage de notre chorégraphie est la foule qui se déplace aussi beaucoup pour trouver Jésus, qui lui tourne autour, Jésus étant toujours le centre de tout. « Un homme possédé d’un esprit mauvais sortit du cimetière à sa rencontre. » « Arrivés auprès de Jésus, ils voient le possédé assis... » « Le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. » « La foule s’assembla autour de lui. » « La foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. » Il « prend avec lui le père et la mère de l’enfant et ceux qui l’accompagnent. »

    Cette foule va entrer en dialogue avec Jésus. « Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna et cria de toutes ses forces : ‘Que me veux-tu, Jésus, Fils du très haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me fais pas souffrir ! » L’attitude générale est de se prosterner devant le Maître et les paroles ne sont pas seulement des demandes mais de véritables supplications ; tout le monde le supplie, les esprits mauvais comme les hommes. « Les esprits mauvais supplièrent Jésus : ‘Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux.’ » « Ils se mirent à supplier Jésus de partir de leur région. » « Le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. » Jaïre, le chef de la synagogue, « voyant Jésus tombe à ses pieds et le supplie instamment : ‘Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.’ » L’hémorroïsse aussi « vint se jeter »  aux pieds de Jésus.

    Que veut dire tout cela ? On le comprend mieux encore en suivant la description des sentiments de cette foule par rapport à Jésus. « Ils furent saisis de crainte. » « Tout le monde était dans l’admiration. » L’hémorroïsse était « craintive et tremblante ». A la guérison de la fille de Jaïre, les témoins « furent complètement bouleversés. » Qu’ils soient dans une attitude positive (de remerciement) ou négative (comme les propriétaires des porcs qui préfèrent voir Jésus s’en aller ailleurs), tous ont par rapport à lui l’attitude du serviteur ou de l’esclave par rapport à son maître. On y sent une grande distance psychologique. Jésus est d’un autre monde, d’une autre dimension. On ne supplie pas quelqu’un qui est l’égal de soi-même. Le pauvre peut supplier le riche, le faible peut supplier le fort, l’impuissant le puissant. On est encore bien loin de la relation de fraternité que Jésus va tâcher peu à peu de construire avec ses disciples et, à travers eux, avec chacun de nous. Il faudra beaucoup de temps pour que l’homme comprenne une réalité tellement nouvelle, tellement révolutionnaire, hors de tout ce qu’un homme avait pu expérimenter jusque là.

    Ce qui est sûr c’est que personne ne peut rester indifférent devant une telle manifestation de puissance et d’amour. On a tout de suite envie de partager cette « bonne nouvelle ». « Alors cet homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration. » Et pourtant, à la fin de notre chapitre, Jésus « recommanda avec insistance que personne ne le sache ». Sans doute la prudence pour que personne ne l’empêche de continuer sa mission tant que son heure n’est pas encore venue.

    Le passage le plus émouvant de notre chapitre est sans doute celui qui montre la relation de Jésus avec la femme qui perdait son sang depuis douze ans. Jésus est venu lui donner la guérison, comme il l’a fait pour le possédé et pour la fille de Jaïre. Mais cela n’est rien encore. La guérison n’est pas le but final de Jésus. Un jour ou l’autre, cette personne tombera malade de nouveau et mourra. Alors, quel est son but ? Le salut ? Oui, sans doute : « Ta foi t’a sauvée. » Ce salut est mêlé aussi à une grande paix : « Va en paix et sois guérie de ton mal. » Mais ce qui est important ici, pour Jésus, c’est cette possibilité qu’il nous donne d’entrer consciemment dans ce rapport de réciprocité, d’amour réciproque qu’il vit déjà à l’intérieur de la Trinité et qu’il veut partager avec nous.

    Jésus aurait pu se contenter de se rendre compte « qu’une force était sortie de lui ». Cela aurait voulu dire que la guérison était advenue. Cette pauvre femme allait pouvoir vivre normalement. Mais en réalité elle était encore pleine de peur. Elle allait vivre tout le reste de sa vie comme une personne qui a honte de dire la vérité. Jésus veut que cette vérité la libère. Il veut que la foi la conduise à la paix et à la joie d’une relation nouvelle avec Dieu et avec le prochain. Là est la plus grande révolution que nous allons comprendre encore, peu à peu, au fil des chapitres qui nous restent à lire.

     

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    Perles de la Parole

     

    « Un homme possédé d’un esprit mauvais sortit du cimetière à sa rencontre. » (5,2)

    Rien de plus simple et de plus beau que ces deux verbes mis ensemble : sortir et rencontrer ! La réputation de Jésus s’est vite répandue dans tout le pays et tout le monde veut le rencontrer. Mais pour le rencontrer il faut sortir. Sortir de sa maison, de son milieu, de sa routine quotidienne. Sortir de soi-même surtout, de ses habitudes, de ses préjugés, de son égoïsme. Il faut, au moins pour un moment, tout quitter pour accueillir Jésus de tout son cœur et de tout son esprit. Alors aura lieu la rencontre et ce sera une véritable rencontre, celle de la réciprocité entre deux êtres qui s’aiment et se donnent l’un à l’autre totalement.

    Cela ne devrait pas être si difficile, surtout si on pense que c’est Jésus qui a déjà fait le premier pas. C’est lui qui est sorti le premier de son ciel pour venir à notre rencontre. Mais il veut que nous fassions nous aussi notre « premier pas », pour que la rencontre soit, en quelque sorte, entre deux personnes qui se traitent d’égal à égal. Ce n’est pas tout à fait vrai puisque nous ne sommes que de pauvres créatures bien limitées, et c’est pourtant vrai car Jésus le veut : il fait comme si nous étions comme lui, il fait confiance à la partie divine qu’il a mise en nous quand il nous a créés.

    Et, une fois faite notre part, une fois que nous sommes sortis de nous-mêmes, il n’y a pas trop à se préoccuper : c’est lui qui va organiser la rencontre, qui va prendre l’initiative, qui va engager avec nous le dialogue qui va transformer notre vie. C’est lui qui va nous guérir, nous apaiser, nous encourager, nous donner la force de continuer. Tout ne va pas être résolu en une rencontre, mais, si nous le voulons, cette rencontre peut se répéter, une fois, deux fois, chaque jour, chaque instant même, si nous sommes vigilants, et alors vraiment la vie s’illuminera au delà de tout ce que nous aurions pu imaginer.

    Et quand nous découvrons enfin que ce Jésus qui nous attend, qui désire tellement nous rencontrer, se trouve aussi en chacun de nos frères et de nos sœurs, quelle aventure se présente devant nous, à nous couper le souffle ! Il suffit d’un petit effort : sortir un peu plus chaque jour... jusqu’au jour où nous sortirons pour de bon de cette vie d’ici-bas pour rencontrer Dieu face à face et tous ceux que nous aurons aimés sur cette terre. Le passage sera sans doute difficile, mais si nous nous sommes entraînés toute la vie à sortir, ce sera seulement un acte de foi et d’amour en plus, avec une joie immense à partager ensuite pour toujours !

     

    « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » (5,19)

    Quelques considérations très simples à faire à la lecture de cette petite phrase. D’abord ce que Dieu, le Seigneur, « fait », c’est toujours « pour » quelqu’un, pour moi, pour toi, pour l’humanité, pour notre bien, pour les brebis perdues... L’action de Dieu n’est jamais un caprice sans signification, elle est toujours un acte d’amour efficace, surprenant, positif. Son action est aussi toujours pleine de « miséricorde ». Que veut dire cela ? Nous savons que Dieu est amour, cela n’est-il pas suffisant ? Pourquoi ajouter le mot « miséricorde » ?

     C’est simplement parce que l’homme, chacun de nous, qui devrions vivre avec Dieu et notre prochain l’amour réciproque, nous nous arrêtons souvent en route, nous coupons le courant. Dieu a fait le premier pas, nous avons commencé peut-être à répondre, mais voilà que nous nous sommes distraits en route, ou bloqués sur un obstacle imprévu. Dieu ne nous en veut pas, il nous pardonne tout de suite. Mieux encore, il fait notre part, il traite avec nous comme si nous avions répondu, il comble notre vide et l’échange peut reprendre comme s’il ne s’était jamais interrompu. Quel amour immense et merveilleux que celui de Dieu !

    Il nous reste tout de même une autre tâche à assumer : prendre conscience de tout cela et l’annoncer. Participer avec Jésus à la diffusion de la « Bonne nouvelle ». Tellement de gens, comme nous peut-être autrefois, n’ont pas encore bien compris ce qui se passe, l’amour et la miséricorde de Dieu. Ils ne l’ont peut-être même pas compris du tout. Certains sont complètement réfractaires à ce genre d’annonce, parce que sans doute on leur a montré une idée fausse de Dieu. A nous de l’annoncer, par des paroles s’il le faut, mais surtout par notre témoignage de vie, par nos actions, nos réactions, nos attitudes devant les problèmes de la vie. C’est beau d’avoir découvert ce que Dieu a « fait pour nous » dans sa miséricorde, c’est encore plus beau de partager cette découverte avec le plus grand nombre possible de nos compagnons de voyage.

     

    « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » (5,28)

    Formidable cette pensée qui traverse soudain l’esprit de cette pauvre femme malade, malade depuis 12 ans déjà et qui avait perdu l’espoir en même temps que tout son argent dépensé sans résultat auprès de médecins qui n’avaient rien pu faire ou qui l’avaient peut-être même trompée ! Mais comment cela va-t-il être possible ? Il suffira vraiment de toucher la tunique de Jésus pour que toute une vie soit transformée ? Et c’est pourtant bien ce qui va se passer.

    Mais qui a mis cette idée bizarre dans la tête de cette désespérée? C’est Dieu lui-même par son esprit. Dieu qui pourrait guérir la malade sans même lui demander son avis, a besoin qu’elle fasse sa part. Une part à la fois toute simple, apparemment tellement facile : il suffit d’étendre la main un instant pour toucher le vêtement de Jésus. Mais c’est un geste en même temps si difficile, car notre amie a une peur terrible de se faire remarquer, que tout le monde sache la vérité.

    Notre vie passe souvent par des épreuves de ce genre. Combien de fois dans nos relations, notre travail, pour notre santé, nos activités, nous frisons la catastrophe, nous pensons que tout va être irrémédiablement gâché. Et l’esprit de Dieu nous met dans la tête une solution, un geste tout bête à faire. Nous avons peur de le faire, nous inventons mille excuses pour rester plus tranquilles dans notre « maladie ». Mais, si nous nous laissons convaincre, si nous faisons un seul petit acte de foi suivi par une action concrète cohérente, tout va changer, tout va se résoudre et nous serons sauvés.

     

    « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » (5, 34)

     « Ne crains pas. Crois seulement. » (5, 36)

    Notre monde moderne, surtout en occident, est malade du désir de sécurité. On veut tout assurer pour l’avenir comme pour le présent. On assure sa voiture contre les accidents, la maison contre les incendies ou les voleurs, la santé contre les maladies. On vote aux élections pour les candidats qui nous promettent plus de sécurité dans le travail ou dans la rue. On devient malade en essayant de tout prévoir et il y a toujours des imprévus, de petites ou de grandes catastrophes contre lesquelles toutes les assurances du monde ne peuvent rien. Alors que faire ?

    Croire simplement. Croire n’est jamais une assurance, même si on a essayé de faire de la foi un dépôt rassurant que beaucoup de gens ont complètement perdu, parce que la foi ne peut jamais être fixée comme on fixe un clou dans un mur. Croire c’est se lever le matin et se jeter dans les bras de ce Dieu que nous ne voyons pas, mais dont l’amour nous attire. Croire c’est se jeter à l’eau dans des relations avec nos frères et nos sœurs qui sont toujours à réinventer, même si la veille tout s’était bien passé. Croire est une aventure. C’est le prix que Dieu nous demande pour qu’il ne fasse pas tout seul tout le travail : il nous demande juste une petite part, petite et si difficile en même temps !

    Mais si nous avons le courage de croire, et de recommencer à croire après chaque épreuve, nous trouverons la paix, nous serons guéris et sauvés, nous ne craindrons plus. La vie est tellement plus passionnante quand on l’affronte de cette manière. Pas de place pour l’ennui, pas de place pour le pessimisme, pas de place pour la solitude. Notre voyage s’animera chaque jour un peu plus avec la joie communicative de partager cette découverte avec tous ceux que nous croiserons sur notre route.  

     

     « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? » (5,39)

    Ces mots de Jésus peuvent sembler ici bien sévères. N’est-ce pas naturel de pleurer et d’être agité devant la mort ? La foule croyait peut-être que Jésus pouvait faire le miracle de guérir des malades, mais ressusciter quelqu’un de la mort, c’était impensable. Et pourtant Jésus nous demande d’avoir confiance en lui, au delà des apparences.

    Pleurer et être agité sera donc considéré comme un péché ? Là n’est pas la question. Dans notre pauvre petit esprit malade de complexes, de jugements, de scrupules, nous enchaînons un problème avec un autre. Même si c’était un péché cela n’a pas d’importance puisque Jésus nous les pardonnera tous, comme nous l’avons vu au chapitre 3. Dieu ne va pas nous juger si nous pleurons et nous sommes agités. Lui-même a pleuré sur Jérusalem ou à la mort de son ami Lazare. Les pleurs et l’agitation sont parfois même salutaires, car ils nous aident à prendre conscience de nos limites, à demander de l’aide à Dieu au lieu de penser que nous sommes capables de tout résoudre tout seuls.

    Mais ici encore Jésus nous demande de jeter en lui tous nos soucis, nos angoisses, nos problèmes. Rien ne peut être un obstacle pour toujours. Même la mort est comprise dans l’immense dessein d’amour qu’il a sur chacun de nous. La preuve, c’est que bientôt lui-même va affronter cette mort de la plus cruelle des manières pour nous montrer que jamais il ne va nous abandonner. Alors aidons-nous seulement à voir chaque fois un peu plus loin que les apparences. Restons surtout unis devant les problèmes car si nous sommes unis, Jésus est présent au milieu de nous et nous fait voir la lumière au delà des ténèbres. Il nous a donné sa vie pour cela et on pourrait penser qu’il doit être bien triste si nous ne croyons même pas à tout ce qu’il a fait pour nous.

     

    « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » (5, 41)

    Nous sommes toujours ici dans la même logique : sortir de nous, croire en nous jetant en Dieu, ne pas rester sur place à craindre et à pleurer, et maintenant nous lever. Jésus parle ici avec autorité, c’est un ordre qu’il donne à la jeune fille qui est morte. Mais quel ordre si celle-ci ne peut même pas l’entendre ? C’est à nous que Jésus adresse ces mots, pour nous montrer qu’il est tout puissant dans son amour. Rien ne peut lui résister s’il a décidé de trouver une solution définitive à nos problèmes les plus terribles. Il suffit qu’il le veuille et qu’il exprime cette volonté bienfaisante.

    Mais ici encore, Jésus nous demande de faire notre part. Et notre part sera une fois de plus toute simple : il suffira de nous lever. Quoi de plus naturel et ordinaire que de nous lever quand nous sommes assis ou couchés. Si nous sommes dans un état normal, si nous ne sommes pas paralysés par un mal qui nous empêche de bouger, quoi de plus facile et rapide que de nous lever ?

    Après avoir lu et relu notre chapitre, après l’avoir médité, contemplé, après avoir laissé ces perles de la Parole pénétrer en nous et nous transformer de l’intérieur, je crois que pour toujours nous aurons envie de nous lever, de rester debout quoi qu’il arrive. Nous tomberons quand même de temps en temps, pour nous rappeler sans doute que nous sommes faibles tout seuls. Et cela donnera du courage à nos frères et à nos sœurs qui hésitent eux aussi à se relever. Un peu de « gymnastique » chaque jour pour rester en bonne santé dans notre esprit, notre cœur et notre corps : c’est tout le bien que Jésus nous souhaite !


  • Commentaires

    1
    Hayat
    Samedi 20 Juin 2015 à 16:35
    J'ai lu et relu et rerelu ....c'est inépuisable ...je vais noter les idées et les détils inattendus qui m'ont ravie , pour les méditer tranquillement : suis une adepte du papier et crayon !
    2
    Elie
    Jeudi 25 Juin 2015 à 11:25

    "tout est uni en Jésus, pouvoir, volonté, parole et action ne forment qu’un tout harmonieux"

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