• Matthieu 27

    Encore un chapitre qui n’en finit pas. Les chapitres 26 et 27, l’histoire de la passion de Dieu fait homme et crucifié et abandonné sur la croix, sont les plus longs de l’Evangile de Matthieu. Peut-être aussi les plus mystérieux. Rien de vraiment nouveau par rapport à la passion que nous avons déjà lue chez Marc, même si Matthieu apporte toujours des éléments supplémentaires. Nous allons donc revenir sur la même histoire, le même drame, mais c’est tout l’Evangile de Matthieu qui va prendre justement une autre dimension avec cette même passion et avec la résurrection qui va tout conclure…

    « Le matin venu, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire condamner à mort. Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent pour le livrer à Pilate, le gouverneur. »

    C’est ici que Matthieu ajoute déjà l’histoire du repentir de Judas comme aucun autre évangéliste ne l’a fait. Et cela donne tellement à réfléchir. « Alors Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné ; il rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : ‘J’ai péché en livrant à la mort un innocent.’ Ils répliquèrent : ‘Qu’est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde !’ Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et se dirent : ‘Il n’est pas permis de le verser dans le trésor puisque c’est le prix du sang’. Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le Champ-du-Potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ a été appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang. Alors s’est accomplie la parole transmise par le prophète Jérémie : ‘Ils prirent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix par les enfants d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.’ »

    Ensuite, Matthieu fait lui aussi comparaître Jésus devant Pilate. « Es-tu le roi des Juifs ? » « C’est toi qui le dis. » Puis Jésus ne répond plus rien et Pilate qui a l’habitude de relâcher un prisonnier pour la fête demande à la foule s’il doit relâcher Jésus ou Barabbas. Mais là Matthieu ajoute un élément bien original : « Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : ‘Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui.’ » Etonnant tout de même !

    Et la foule finit par se déchaîner « Qu’on le crucifie ! » Et ici Matthieu ajoute encore : « Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : ‘Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde !’ Tout le monde répondit : ‘Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants !’ »

    Pilate relâche donc Barabbas et livre Jésus aux soldats. Nous connaissons bien son supplice, les coups, les crachats, les moqueries, la couronne d’épines, jusqu’au moment où on le crucifie. « Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là assis, à le garder. Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : ‘Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.’ En même temps on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche.

    Les passants se moquent ensuite de lui. « De même les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens., en disant : ‘Il en a sauvé d’autres, il ne peut pas se sauver lui-même ! C’est le roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui !’ » Et Matthieu ajoute : « Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant s’il l’aime ! Car il a dit : ‘Je suis le Fils de Dieu’. » …

    La suite est presque identique à l’Evangile de Marc : « A partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois heures. Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte : ‘Eli, Eli, lama sabactani ?’, ce qui veut dire : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’ Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant : ‘Le voilà qui appelle le prophète Eli !’ Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres dirent : ‘Attends ! nous verrons bien si Eli va venir le sauver’. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. »

    Je crois que lorsqu’on en arrive à cet instant, on a surtout envie de se taire et de contempler le mystère. Le mystère de ce Dieu qui vient de donner sa vie pour nous pour toujours… Car c’est à partir de notre relation avec la mort et la résurrection de Jésus que nous pouvons trouver une lumière qui nous accompagnera jusqu’à la fin de notre vie…

    Mais que se passe-t-il après la mort de Jésus ? D’abord un grand bouleversement, de la nature même autour de lui. « Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas. » Matthieu nous porte ici au milieu d’un spectacle impressionnant : « La terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et se montèrent à un grand nombre de gens. »

    Et l’on continue avec Marc : « A la vue du tremblement de terre et de tous ces évènements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : ‘Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu !’ »

    Comme Marc, Matthieu nous parle ensuite des femmes qui suivaient Jésus et qui regardaient tout à distance et enfin de Joseph d’Arimathie, cet homme riche « qui était devenu lui aussi disciple de Jésus », précise-t-il, à qui Pilate permet de prendre le corps de Jésus et de le déposer « dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. »

    Tout est fini, tout est dit. Là aussi on aurait besoin de s’arrêter longuement et d’essayer de se mettre à la place de Marie, des disciples de Jésus et de ses femmes qui l’avaient accompagné et pour qui tout semblait irrémédiablement perdu…

    Matthieu termine son chapitre par un élément nouveau et original : « Quand la journée des préparatifs de la fête fut achevée, les chefs des prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : ‘Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : ‘Trois jours après, je ressusciterai.’ Donne donc l’ordre que le tombeau soit étroitement surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : ‘Il est ressuscité d’entre les morts.’ Cette dernière imposture serait pire que la première.’ Pilate leur déclara : ‘Je vous donne une garde ; allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez.’ Ils partirent et assurèrent la surveillance du tombeau en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde. »

    Notre Evangile est presque arrivé à sa conclusion. Et quelle conclusion ! L’aboutissement de l’amour de Dieu pour l’humanité pour toujours à travers la résurrection de Jésus. Je n’ai pas senti le besoin de faire ici beaucoup de commentaires. Nous nous laisserons porter un moment par cette résurrection qui arrive, mais la véritable conclusion à toute notre recherche sur l’Evangile de Matthieu sera en fait de reprendre un instant tout ce qu’il nous a dit, mais à la lumière de cette mort et de cette résurrection qui vont tout changer et bouleverser complètement notre vie, si nous savons nous laisser faire.


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