• La souffrance est certainement un grand mystère, un mystère dont on se serait passé bien volontiers. On ferait tout pour éviter certaines souffrances, nos souffrances personnelles bien sûr pour commencer. Mais ce qui dérange parfois le plus c’est la souffrance des autres. On se trouve démuni, impuissant devant la souffrance des autres. L’image de cet enfant mort noyé sur les côtes turques a fait le tour du monde et il semble qu’elle a finalement ouvert comme par enchantement un tas de portes en Europe. Des gouvernants réticents à accueillir des réfugiés, il y a de cela seulement quelques semaines, et qui changent tout à coup leur discours. Des manifestations de soutien à ces pauvres êtres persécutés et qui n’ont plus d’avenir nulle part.

    La souffrance serait elle aussi un bon passepartout ? Peut-on jouer sur la souffrance pour ouvrir les portes et les cœurs ? C’est déjà une technique utilisée depuis toujours par les mendiants qui peuplent les trottoirs de tous les pays du monde où l’on voit de pauvres femmes exposer à la foule la misère ou le handicap de leurs enfants, sans pudeur, en espérant recueillir ainsi un peu plus d’argent. Cela est fait bien sûr par intérêt et c’est pire encore lorsqu’on apprend que cette pauvre femme doit partager ensuite l’argent reçu avec des chefs de bandes qui profitent de la situation...

    Mais, qu’on se serve bien ou mal de la souffrance, qu’on soit sincère ou qu’on agisse par intérêt, il faut bien convenir que la souffrance unit le plus souvent. Entendons-nous bien. Lorsqu’il s’agit d’un tremblement de terre, d’un accident d’avion, d’une inondation, c’est sûr que tout le monde se sent concerné et prêt à agir. Même si aucun de nos êtres chers n’est concerné directement par la catastrophe, ce n’est pas difficile de penser qu’un jour ou l’autre nous pourrions nous aussi nous trouver dans une situation semblable et que nous serions bien heureux de voir le monde autour de nous se mobiliser pour nous venir en aide. Combien de chaînes de solidarité pour un enfant malade qu’une opération délicate et coûteuse peut sauver de la mort si chacun décide de se priver de quelque chose pour partager avec cette famille démunie et désespérée qui serait incapable toute seule de s’en sortir !

    Bien sûr, il y a les souffrances provoquées par le mal qui est dans le cœur de l’homme, les guerres pour commencer, guerres militaires, mais aussi guerres financières, psychologiques, guerres de toutes sortes qui ne cessent de diviser le monde entre oppresseurs et opprimés. Ces souffrances-là divisent évidemment plus qu’elles unissent, mais il y a toujours une partie de la population, du même bord, qui apprend à se sentir solidaire, à tout partager.

    Alors devrions-nous rêver que la vie serait mieux si elle était autrement ? Ce n’est pas nous qui avons inventé ou demandé cette vie et encore moins cette souffrance. Nous devons convenir tout de même que, bien souvent, nous avons augmenté la souffrance des autres au lieu de l’alléger. Alors, ce que nous avons certainement de mieux à faire, comme pour toute chose dans notre brève vie sur cette terre, c’est de chercher à tout prix le positif de ce qui nous arrive, comme on cherche un trésor. Et on s’aperçoit que vraiment la souffrance peut devenir le plus puissant de tous les passepartouts, qui ouvre les portes, qui ouvre les frontières et les cœurs. D’autres utilisent cette souffrance pour leurs propres intérêts ? Ils sont malheureusement libres de faire. Mais moi je suis libre aussi de décider une bonne fois pour toutes que je passerai le reste de ma vie à alléger les souffrances de mes compagnons de voyage sur cette terre, en m’unissant à tous ceux, héros connus ou inconnus, qui ne m’ont pas attendu pour faire de cette souffrance une perle précieuse pour illuminer l’humanité.


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  • Je suis tombé, il y a quelques jours sur un article absolument ahurissant. J’ai pensé un instant écrire mes impressions dans la rubrique « Désorientés », parce que j’ai été vraiment choqué pendant un moment, ou dans la rubrique « Batailles », car il y a vraiment de quoi se battre si l’on veut aider l’homme à se réaliser ailleurs que dans des caprices superficiels. Puis j’ai finalement décidé de me jeter dans la rubrique « Passepartout », puisqu’il s’agit là de trouver de manière un peu plus définitive la clé du bonheur, un « passepartout » pour le bonheur qui ne dépende pas des situations extérieures changeantes dans lesquelles nous sommes amenés chaque jour à nous trouver au gré des caprices du temps ou de la bonne ou mauvaise volonté des gens avec qui nous vivons.

    Mais jetons un coup d’œil au moins sur le début de l’article, publié dans le Monde du 14 août :

     

    Etre parent pour la première fois serait pire qu’un divorce ou un licenciement

      

     

    [La naissance d’un enfant, surtout s’il n’est pas désiré, peut faire chuter le bonheur. AFP/DIDIER PALLAGES

    Si devenir parent est vécu – ou attendu – comme un heureux événement, la réalité est parfois plus compliquée qu’on ne l’imaginait.

    En fait, selon une étude menée sur 2 016 jeunes parents, la première année – avec le premier enfant – peut avoir des conséquences vraiment horribles sur le moral, « pires qu’un divorce, qu’un licenciement, voire que la mort d’un conjoint », explique The Washington Post.

    Les chercheurs Mikko Myrskylä et Rachel Margolis ont mené leur étude sur 2 016 Allemands sans enfants, qui sont devenus parents. Ils ont tous donné une note de 0 à 10 à la simple question : « Etes-vous satisfaits de votre vie ? »]

     

    J’arrête là ma citation pour faire simplement une ou deux considérations rapides. Mon but n’est surtout pas ici de juger des gens qui se trouvent sans doute dans des situations difficiles, mais au moins de les plaindre s’ils en sont arrivés à de telles aberrations. La première idée à combattre de nos jours est la conviction, qui gagne de plus en plus de terrain dans les médias, que la souffrance empêche le bonheur. C’est complètement faux : ce sont deux réalités qui se présentent sur deux niveaux qui sont certes liés entre eux, mais tout de même bien différents. Je ne voudrais pas entrer ici dans des considérations trop spirituelles qui pourraient déranger certains lecteurs. Mais prenons simplement le domaine du sport : ne voyons-nous pas que plus il y a de souffrances et même de sacrifices dans le sport et plus il y a, à l’arrivée, de joie et de bonheur ? L’homme serait-il stupide et masochiste ou bien le sport nous ouvre-t-il sur des horizons qui changent complètement le sens de la souffrance ? Ce serait à approfondir... peut-être dans un prochain article.

    Mais je voudrais revenir ici sur les mots secrets de notre blog : accueillir et donner. Je suis persuadé, par expérience personnelle et à travers l’expérience de nombreuses personnes qui me sont chères, que ce sont là les véritables passepartouts pour le bonheur. C’est de donner et de se donner que nous avons besoin pour découvrir un sens profond à notre vie et une joie qui ne soient pas éphémères et dépendants des circonstances extérieures. Il arrive que ce « donner » soit rempli de joie et d’euphorie, et c’est tant mieux. Mais parfois « donner » coûte et coûte même terriblement, cela entraîne des souffrances comme, évidemment, les douleurs d’un enfantement. Mais cela n’enlève rien au bonheur : au contraire une mère qui met au monde une nouvelle vie, avec tout le mystère que cela représente, ressentira encore plus la valeur de ce miracle de la nature par les souffrances (terribles mais passagères) qu’elle aura endurées. C’est cela la vie, et la souffrance n’enlève en soi rien au bonheur, mais plutôt donne à ce bonheur une dimension de générosité et d’altruisme qui fait sa grandeur et sa beauté.

    Le problème, c’est que pour être capable et content de donner et de se donner il faut d’abord avoir reçu et accueilli. Comment pourrais-je apprendre à donner si personne ne m’a appris ce que cela voulait dire en me donnant déjà à moi-même quelque chose qui m’ait changé la vie ? Bien sûr mes parents m’ont donné la vie au départ. Mais si ensuite ils n’ont pas été capables de me remplir d’affection et d’amour véritable et désintéressé, il se peut que je sois incapable de donner à mon tour. Là est toute la question. Et puis c’est aussi presque impossible de donner lorsqu’on se sent déjà seul et abandonné.

    Cet article et cette statistique (qu’il ne faut pas prendre évidemment comme un absolu, mais qui nous parlent de gens de notre société qui existent réellement) devraient nous amener simplement à nous mobiliser avec toutes nos forces pour que tous les gens que nous rencontrons fassent au moins une fois dans leur vie cette expérience de recevoir ou d’accueillir et de donner. Le reste devrait suivre tout seul. Mais combien perdons-nous d’énergie à trouver le médicament miracle qui nous empêchera de souffrir, à voter pour les candidats aux élections qui nous assureront qu’il y aura plus de sécurité dans notre pays, à chercher des lieux d’habitation ou de travail où personne ne puisse nous déranger. C’est bien normal de chercher à être en bonne santé, en sécurité et tranquille, mais si nous changions complètement la direction de notre recherche, en cherchant à guérir la santé des autres, à veiller à leur sécurité et à leur tranquillité, nous aurions passé notre vie à donner, nous aurions provoqué chez les autres beaucoup de joie et de bonheur, nous aurions reçu à notre tour cette paix et cette tranquillité qui nous serait revenues comme un boomerang. Et surtout nous ne nous serions pas arrêtés à la première souffrance ou difficulté, comme si les difficultés étaient incompatibles avec le bonheur. Affaire à suivre...

     

     


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  • Quel est le plus grand obstacle à une relation authentique, positive, pacifique entre les hommes ? Je pense que c’est la peur. On pourra discuter beaucoup et l’on trouvera certainement d’autres obstacles importants comme par exemple la haine, la violence, le manque de confiance, l’égoïsme, le goût du pouvoir, l’individualisme, mais, si on pense un seul instant, toutes ces maladies humaines sont imprégnées par la peur et parfois directement causées par elle.

    Notre « passepartout «  sera donc quelque chose qui chasse la peur, qui ne lui laisse pas le temps de nous envahir comme un poison qui vient tout gâcher. Ne pensez-vous pas que la connaissance, la vraie, celle qui crée la réciprocité entre les hommes, pourrait-être un remède admirable contre la peur ?

    Essayons d’y voir un peu plus près. Il est sûr que l’homme a souvent peur de ce ou de ceux qu’il ne connaît pas. La peur de l’inconnu. La peur du différent. C’est vrai et ce n’est pas vrai. Car un enfant, à ses premiers pas, se mettra à pleurer si un individu qu’il n’a jamais vu veut le prendre dans ses bras, mais on verra pourtant le même enfant, deux minutes après, faire des sourires dans la foule à tous les gens qu’il rencontre, leur tendre la main, les attirer à lui (surtout peut-être s’il repose tranquillement dans les bras de son père ou de sa mère qui lui assurent une réelle protection).

    C’est donc sans doute cela la vérité : on est capable de ne pas avoir peur de l’inconnu si on repose sur une base qui nous assure sécurité et protection. Mais cette sécurité et cette protection grandissent lorsqu’on commence vraiment à se connaître avec l’autre, à tout partager de ce qui nous est cher. La réciprocité, qui est certainement un des sujets préférés de notre blog, vous avez dû déjà le noter, est évidemment le type de connaissance qui nous donne le plus de confiance. Lorsqu’on est amoureux on n’a même plus besoin de cacher ses défauts, ses misères, ses appréhensions pour se sentir à l’aise avec l’autre. Bien au contraire, lorsque j’ai le courage de dévoiler à l’autre mes faiblesses et que cela encourage l’autre à en faire de même, la vie devient tellement plus simple, limpide et transparente.

    Un des grands progrès de l’humanité est justement cette découverte réciproque qui fait que certaines guerres aujourd’hui ne semblent plus possibles. Les peuples français, allemands et anglais se sont ouverts réciproquement le cœur l’un à l’autre, même s’il restera toujours de saines rivalités, comme dans le sport, mais ce serait  bien difficile désormais qu’ils se laissent entraîner dans une nouvelle guerre entre eux comme il y en a eu il n’y a pas si longtemps.

    Cela n’empêche cependant pas les guerres de continuer à éclater un peu partout sur notre planète. Alors que penser ? On me dira que la peur vient parfois aussi de la connaissance. Des expériences passées négatives peuvent laisser des traces. Un brave Français moyen aura sûrement plus peur d’un Nord-Africain avec qui il a vécu des moments difficiles, qu’avec un Chinois qui reste encore pour lui lointain et mystérieux. Et combien de couples se déchirent parce qu’ils se connaissent trop et qu’ils n’arrivent plus à se supporter.

    Eh bien, vous m’excuserez, mais je voudrais dire ici de toutes mes forces que ces derniers exemples sont de la fausse connaissance. Lorsqu’on se méfie d’un voisin avec qui on a eu de violentes disputes, ou même lorsqu’on se sépare définitivement de celui ou celle avec qui on a vécu pendant de longues années et qui semble tout à coup ne plus nous comprendre, cela ne peut pas s’appeler de la connaissance. Je l’appellerais simplement un « jugement ». Et la différence est ici essentielle. Dans la vraie connaissance, celle qui est justement réciproque, on entre chacun dans le cœur de l’autre, au point de tout partager : c’est une connaissance de l’intérieur qui, peu à peu, est capable de guérir même les blessures les plus cachées, les plus secrètes.

    Lorsqu’on en arrive à se haïr parce qu’on se « connaît » trop, c’est en réalité qu’on n’arrive plus à se placer au cœur de l’autre, on l’analyse de l’extérieur, on le condamne, on le rejette de son cœur, et la réciprocité (mais ce n’en est plus une) devient alors celle du jugement et de la condamnation réciproques. Comment ne pas en arriver là pour voir gâchée en quelques mois ou quelques semaines une relation qui nous avait auparavant donné tellement de bonheur ? C’est là que devient tellement importante cette passion de l’unité à 360 degrés dont nous parlions récemment dans notre rubrique « Interdépendance ».

     Ce sera la relation pacifique et pacifiée avec d’autres personnes amies qui nous aidera à dépasser ces nuages et ce tonnerre qui soudain nous ont envahis. Et c’est là qu’on découvrira qui sont nos vrais amis. Des gens qui nous pousseront à prendre parti contre l’autre, qui nous diront : « Tu as raison, l’autre est complètement stupide, tu fais bien de le laisser tomber ! » ou ceux qui nous diront : « Mais non, tu verras, ce n’est qu’un malentendu, l’autre t’aime encore beaucoup au fond de lui, même si des circonstances difficiles ont créé des nœuds entre vous, mais avec un peu de patience tous les nœuds devraient pouvoir un jour ou l’autre se dénouer. » ? Le bon sens et la confiance sincère en l’autre peuvent bien souvent reprendre le dessus, si cette connaissance réciproque est le trésor, le passepartout qui compte le plus dans notre vie !


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  • On me demande quel pourrait être le rapport entre la confiance et la prudence. J’aime beaucoup cette question. D’abord parce l’essentiel de notre vie est fait de rapports, de relations entre les personnes, les êtres, les choses, les mots, les valeurs...

    C’est sûr que la confiance est une valeur inestimable qui peut tout changer dans nos relations, qui donne la paix, qui aide à jeter sur les autres un regard différent, en général positif. La confiance évite un tas de problèmes inutiles, elle nous empêche de nous laisser enfermer dans des préjugés, des condamnations a priori qui risqueraient de gâcher définitivement nos rencontres de chaque jour.

    Mais il est clair aussi qu’aucune valeur ne peut être en soi, toute seule, un absolu. C’est justement la relation entre les valeurs qui va créer l’équilibre. Comme nous avons eu l’occasion de le voir à propos de la liberté, l’égalité et la fraternité : l’une des trois sans les autres peut conduire à une catastrophe.

    La confiance toute seule peut donc nous conduire elle aussi à bien des catastrophes. Et c’est là que la prudence entre en jeu, non pas comme un frein peut-être, mais comme un moment de réflexion nécessaire, un réflexe de sagesse. Car la confiance sait bien qu’elle court toujours des risques même si ces risques sont indispensables pour ne pas rester enfermé dans un cercle petit, mesquin et ridicule à la fin.

    Puisque la peur elle-même peut être un critère positif pour équilibrer notre confiance, à plus forte raison la prudence. Mais alors, je reviens en arrière dans mes convictions ? Je ne fais plus confiance maintenant à la confiance que j’avais adulée il y a à peine deux jours ? Pas du tout ! Encore une fois l’article d’un blog ne peut être qu’une brève introduction, une caricature à la limite, car nous n’avons certainement pas le temps de mettre toutes les nuances.

    La confiance n’est pas effacée désormais par la prudence. La prudence va surtout me dire quand, comment, où et à qui pour commencer faire confiance. Alors tout va être harmonieux grâce à cette relation réciproque entre confiance et prudence. Je vais te faire confiance, mais je dois aussi te connaître un peu mieux avant que ma confiance soit vraiment complète. Je me jetterai dans l’aventure avec toi s’il y a aussi d’autres partenaires avec nous sur notre chemin. Je t’écouterai et je te demanderai aussi de m’écouter. Je te demanderai de m’expliquer ce que veut dire pour toi cette confiance, pour être tranquilles que nous sommes bien d’accord sur les mots. La prudence sait prendre son temps, elle ne diminue pas la confiance, elle la renforce même si tout va bien.

    La vie est tout un jeu de relations entre la confiance, la prudence et toutes les autres valeurs que nous cultivons chaque jour en nous et avec nos compagnons de route. On pourrait entrer dans les mêmes considérations avec la sagesse, le pardon, la générosité, la solidarité, la fraternité, l’altruisme, ou même les valeurs d’une saine laïcité qui fait confiance en ce qu’il y a de vrai et de positif en chaque homme. On pourrait continuer ce beau raisonnement à l’infini. Comme elle est belle notre vie, lorsque toutes ces lumières allumées sur notre chemin s’entraident, se renforcent au lieu de se faire obstacle l’une l’autre, comme il arrive malheureusement trop souvent ! Affaire à suivre, encore une fois...


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  • Rien de plus beau que la confiance, surtout justement quand elle est bien placée. Mais je vous avoue que j’ai quelques problèmes avec la langue française quand on parle de confiance. D’abord, le dictionnaire me dit que la confiance est un « sentiment de sécurité vis à vis de quelqu’un ou quelque chose ». En italien on donne sa confiance à quelqu’un, comme on donne son amitié, son amour, son affection ; en français « donner confiance » veut dire exactement le contraire, c’est-à-dire attirer la confiance de l’autre envers soi. On dira donc plutôt accorder sa confiance ou faire confiance. Tout cela n’est pas grave, il suffit de se mettre d’accord sur le sens des mots. Mais je ressens tout de même un certain malaise avec cette idée de « sécurité », renforcée par l’expression « avoir confiance », comme si la confiance était quelque chose qu’on pouvait avoir, posséder  tranquillement. C’est comme ceux qui pensent « avoir » la foi, dans le sens justement de la « posséder » comme une chose acquise.

    Je crois qu’il y a un grand malentendu dans tout cela. Plus on pense « avoir » la confiance ou la foi, plus on risque de les perdre. En réalité l’origine du mot confiance veut dire, se fier à quelqu’un, en quelque sorte se jeter sans peur entre ses bras, et la confiance comme la foi est toujours quelque part un saut dans le vide. C’est cela le sens de la vie. Je crois que notre monde moderne a perdu la confiance et la foi parce qu’il veut tout sécuriser, il ne veut prendre aucun risque. Si je sors dans la rue, si j’escalade une montagne, si je traverse la mer, je cours toujours le risque d’avoir un accident. Je serais sûrement plus en sécurité enfermé dans ma chambre.

    Vivre sa vie, c’est lui faire confiance, c’est ouvrir ma porte le matin et me jeter à l’aventure. La confiance en l’autre, c’est un chèque en blanc que je signe, en sachant que je serai bien vulnérable. Quelquefois cela  finira mal, on profitera de moi, on me trahira. On le fera d’autant plus, d’ailleurs, qu’on m’aura vu hésitant, titubant dans la confiance que j’aurai accordée.

    Non, la vraie solution c’est de faire toujours confiance au départ, « sans condition », sauf si vraiment on peut me prouver que j’ai en face quelqu’un de malade qui veut me détruire. Mais en réalité les gens ne font pas confiance parce que personne peut-être ne leur a fait confiance à eux pour commencer. C’est comme le proverbe : « Là où il n’y a pas d’amour, mets l’amour et tu trouveras l’amour. » Là où il n’y a pas de confiance mets la confiance et tu trouveras la confiance. Trop dangereux, pensez-vous ? Je suis prêt à parier que huit fois sur dix la confiance créera la confiance en retour, en pleine réciprocité. Et les deux fois où cela va mal se passer ? Ce n’est pas grave. La confiance réciproque avec les autres sera tellement belle qu’elle donnera le courage de surmonter tous les obstacles.

    Affaire à suivre, là aussi : j’attends vos commentaires et vos critiques constructives.


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