• Pauvre conscience!

    Je suis tombé ces jours-ci sur une phrase du fameux philosophe Emmanuel Kant, qui m’a sidéré. Ecoutez-la tout simplement : « Ce tribunal que l’homme sent en lui est la conscience. »

    Vraiment, cela vous jette tout à coup une lumière négative sur tout un pan de l’intelligence humaine, sur des années d’études, de recherches, d’approfondissement de la pensée…

    Cette voix que je sens parfois confusément, parfois plus clairement au fond de moi, ces suggestions qui me parviennent soudain au milieu d’une foule de problèmes à résoudre, ce serait un tribunal, c’est-à-dire un juge qui me regarde de travers et qui me gronde devant tout le monde ? C’est vrai qu’au tribunal il y a aussi les avocats de la défense qui sont là pour prendre mon parti. Mais avouez que ce serait bien tragique si ce tribunal que nous trouvons à chaque pas de notre vie sociale, au travail, dans nos activités et même en famille, allait maintenant envahir notre esprit et notre cœur et nous ôter la paix intérieure pour toujours.

    Non, excusez-moi, Mr Kant, mais ma conscience à moi n’est pas un tribunal. Et je pense d’ailleurs que votre conscience non plus ne devait pas être un tribunal, mais vous l’avez comprise de travers. Je ne veux pas dire par là que la conscience n’est pas là pour me corriger, me faire redresser des pensées mauvaises, m’éviter des erreurs tragiques.

    Mais ma conscience ne sera jamais là pour me juger ou pour me condamner. Car ma conscience c’est le cœur de mon être même. C’est ce qui m’aide à découvrir mon vrai moi caché sous les masques que la société m’a parfois poussé à inventer devant les autres en croyant me protéger.

    Ma conscience est là pour m’aider, pour m’éclairer, me faire sortir de mes tunnels, me redonner l’espoir quand tout semble obscur et la paix quand je me trouve au milieu de conflits sans fin. Je crois que ma conscience m’aime, Mr Kant, qu’elle veut mon bien avant tout, et qu’elle ne peut jamais m’entraîner dans des problèmes inutiles. Elle va parfois me faire prendre conscience, justement, de ce qui ne va pas chez moi, mais avec délicatesse, en me donnant en même temps le courage de changer et de repartir dans la bonne direction.

    Et puis ma conscience est discrète, elle me parle dans le secret de mon cœur, elle est le contraire d’un tribunal public où je peux devenir la proie des gens qui veulent me faire du mal. Elle est comme un ami qui me sert de miroir et qui vient peu à peu illuminer toutes mes ombres.

    Mais si beaucoup de gens comme vous, Mr Kant, en sont arrivés à de telles conclusions, ce n’est sans doute pas de votre faute. Je crois que c’est la faute des religions du monde entier qui ont cultivé en des milliards d’hommes la peur et la honte du péché, la terreur de l’enfer. A commencer par notre pauvre religion chrétienne qui s’est à moitié perdue en chemin, oubliant le message d’amour de son fondateur…

    Si la vie a un sens qui ne peut être que positif, sinon nous devrions tous nous suicider sur le champ, c’est que nous avons été créés par amour et pour l’amour. Et si la vie m’a donné une conscience, c’est parce qu’elle m’aime et qu’elle est là pour m’apprendre à aimer et à mélanger ma conscience avec celle des autres, en m’enlevant pour toujours la peur de moi-même et en même temps la peur des autres. Sinon ce serait bien triste d’être homme, comme une petite fourmi noire perdue au milieu d’un univers absurde qui l’écraserait. J’espère que notre conscience est là pour nous envoyer des messages un peu plus positifs…

     


  • Commentaires

    1
    JMC
    Jeudi 13 Février 2020 à 19:50

    La pensée de Kant semble ignore que l'homme est à la fois corps, âme et esprit. Son discours se situe u niveau de l'esprit. Il semble ignorer la réalité de l'âme : mémoire, intelligence et volonté (st Augustin), mais aussi désir et intelligence du coeur (françois Cheng, de l'âme, p 40)

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