• « Examine donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres ; alors si ton corps tout entier est dans la lumière sans aucune part de ténèbres, il sera tout entier dans la lumière, comme lorsque la lampe t’illumine de son éclat. » (Lc 11,35-36)

     

    Jésus vient de nous dire : « La lampe de ton corps, c’est ton œil. » (11,34). Pour simplifier ici, nous pourrions dire que notre œil, c’est notre conscience, ou notre cœur, au sens biblique du terme. C’est le lieu en nous où nous nous branchons sur Dieu, c’est le lieu de la prière, là où nous écoutons Dieu et nous Lui parlons, là où nous nous laissons illuminer par Lui. Et le corps, en simplifiant aussi beaucoup, c’est tout le reste, le siège de nos pensées comme de nos sentiments ou de nos émotions.

     

    Combien souvent nous traversons dans notre vie des moments d’épreuves, de souffrances physiques ou spirituelles où nous sommes envahis par des ténèbres plus ou moins profondes. Et nous cherchons alors, parfois désespérément, la lumière. Et voilà que Jésus nous dit que si notre œil est dans la lumière, tout le reste suivra. C’est de la magie ? Un idéal utopique que nous n’atteindrons jamais ? Cela vaut la peine de nous arrêter sur ces phrases de Jésus et de les prendre au sérieux.

     

    Il faudrait d’abord revenir sur le sens du miracle de la lumière, dont nous avons parlé d’autres fois. Ce qui est miraculeux avec la lumière, c’est qu’il suffit d’une petite fente, une petite ouverture dans un volet mal fermé, pour que toute une pièce obscure soit envahie par la lumière. Est-ce que la lumière va tout résoudre maintenant ? Certainement pas. Si la pièce est sale ou en désordre, s’il y a un problème quel qu’il soit, la lumière ne va pas tout changer toute seule. Mais elle va éclairer la situation ou le problème. Elle va nous permettre d’y voir clair pour trouver des solutions et pour nous mettre au travail. Elle va surtout nous redonner la paix et l’espoir qui avaient sans doute disparu dans l’obscurité.

     

    C’est là tout le sens de la pureté du regard de Dieu que Jésus veut nous communiquer. Avoir le regard de Dieu ne s’improvise pas du jour au lendemain. C’est un exercice de chaque jour qui grandit justement à l’écoute de la Parole et de l’Esprit. Mais peu à peu on sent que la lumière grandit en nous. Si au départ nous nous agitions chaque fois qu’il y avait un problème avec quelqu’un, si nous voulions toujours nous défendre ou attaquer l’autre, si nous étions continuellement en train de juger l’autre ou de le condamner, voilà que nous apprenons à pardonner, à trouver des excuses à qui nous fait du mal. Et on se sent tellement mieux quand on regarde l’autre avec le regard de Dieu.

     

    Mais il y a ici encore un raccourci pour parvenir plus rapidement au but. C’est d’avancer ensemble sur ce chemin du regard de Dieu. S’unir à des frères et sœurs qui ont le même idéal et s’encourager mutuellement à se regarder déjà entre nous avec cette lumière, et à avoir ensuite ensemble ce regard d’amour sur tous ceux qui nous entourent, les gens que nous trouvons faciles à aborder, comme les difficiles. On fait alors beaucoup de pas en avant et la vie devient une belle aventure… 


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  • « Comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix du milieu de la foule pour lui dire : ‘Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri de son lait !’ Alors Jésus lui déclara : ‘Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent !’ » (Lc 11,27-28)

     

    Vous ne trouvez pas qu’il y va un peu fort, cette fois-ci, Jésus, dans une telle phrase à propos de sa mère ? Comme si tout à coup, n’importe lequel d’entre nous en train de vivre de tout son cœur l’Evangile, devenait plus important à ses yeux que sa mère, Marie, qui a dit son « oui » à l’appel de Dieu, qui a eu le courage de le mettre au monde et qui est devenue ensuite la Mère de l’Eglise ?

     

    Mais ce serait là une interprétation bien superficielle et loin de l’esprit de Jésus. La comparaison n’est pas ici entre Marie et tel ou tel disciple fidèle du Christ. Il s’agit tout simplement d’une nouvelle leçon sur l’importance de l’instant présent, cet instant magique de l’Evangile qui est la porte étroite et bénéfique qui nous ouvre sur l’amour de Dieu.

     

    Jésus est bien le premier à aimer sa Mère de tout son cœur de Fils de Dieu et de Marie. Il sait bien que sa Mère n’a pas cessé toute sa vie d’entendre la Parole, de la méditer dans son cœur et de la mettre en pratique. Cette Marie que Chiara Lubich, dans ses visions du Paradis, a contemplée comme celle qui était « toute revêtue de la Parole ». Il sait bien que Marie a été et sera toujours jusqu’à la fin de sa vie la plus proche de Lui, dans tous les sens de cette parole. Celle qui sera avec Lui dans toute sa vie publique, au pied de la croix et au milieu des disciples au nom de Jésus, à la Pentecôte et à la naissance de l’Eglise.

     

    Mais la question n’est pas là. Jésus veut simplement que nous ne restions pas accrochés à la beauté ou à la gloire d’un passé dont nous pouvons pourtant, avec tous les droits, être fiers. A cette femme qui parle de la gloire du passé de Marie, Jésus rappelle que tout cela perdrait aussitôt son sens si nous nous arrêtions un instant d’aimer. Et c’est là que l’on voit toute la tentation chrétienne de nous croire arrivés, parce que nous avons été baptisés, que nous pensons avoir la foi, et que nous oublions en cet instant d’écouter et d’aimer Dieu et notre prochain. Car l’important est d’abord aujourd’hui et maintenant. C’est à la fois terriblement simple et terriblement difficile. Mais c’est la clé du paradis et du bonheur pour ceux qui veulent suivre la Bonne Nouvelle…

     


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  • « Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. » (Lc 11,20)

    J’ai eu envie de revenir encore sur cette phrase merveilleuse de Jésus, parce que, tout à coup, en la méditant une fois de plus, j’y ai découvert une nouvelle lumière que je n’avais pas remarquée au premier abord. C’est tout simplement l’attitude de Jésus. Si on y fait attention, Jésus répond avec force aux pharisiens, mais pas un instant il ne pense à lui-même. Il ne pense pas à se défendre, ou à montrer que Lui, Jésus, il a raison. Non, toute sa préoccupation c’est de révéler le Règne de Dieu et de le défendre.

    Et l’on pourrait ici se demander : mais qui est le Règne ou le Royaume de Dieu ? Jésus lui-même n’est-il pas Dieu et donc le Règne de Dieu en personne ? Mais c’est là que Jésus nous révèle le secret de la Trinité. Jésus est Dieu, bien sûr, mais il ne vit que pour le Père et l’Esprit Saint, ou pour le Père dans l’Esprit Saint. Ou bien il vit aussi pour nous, pour la création, pour l’humanité, pour chacun d’entre nous. Mais Lui, Jésus, ne se regarde jamais. Il ne cherche jamais quelque chose pour soi-même. Il est tout entier projeté dans l’amour de son « prochain », comme il nous l’a demandé à nous-mêmes. C’est là une leçon extraordinaire.

    Quand on pense qu’avec ces discours terribles qu’il adresse aux pharisiens, Jésus est au fond en train de provoquer en eux la persécution qui va le porter bientôt à mourir pour nous sur la croix, on voit bien que Jésus n’est pas en train de penser à soi-même, de penser par exemple à se protéger. Non, tout ce qui lui importe, c’est le bien de l’autre, ou de l’Autre. C’est le bien de la vérité et de la réalité du Royaume des cieux, du Règne de Dieu.

    Il vient de nous enseigner au début de ce chapitre comment prier « notre Père », en lui demandant : « Que ton Règne vienne ». Et il n’a pas d’autre but en ce moment et dans toute sa vie, que de se donner pour que ce « Règne » arrive enfin pour de bon sur la terre comme au ciel. Il se laisse conduire par le Père et par l’Esprit, par son amour pour nous, et il ne regarde même pas les conséquences qu’il va subir à cause de nous ! Quel amour ! Quel oubli de soi ! Quelle leçon de liberté totale dans un amour qui ne vit vraiment que pour ceux qu’il aime, quoi qu’il en coûte… 

     


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  • « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons » … « Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. » (Lc 11,15.20)

    Vous ne trouvez pas que Jésus est ici en train de se moquer, avec un certain humour, à la fois des pharisiens et de ceux qui auraient pu être troublés par leurs accusations ? Il se joue des critiques des pharisiens qui essayent de l’enfermer dans la fausse logique dont eux-mêmes sont prisonniers : en arriver à dire que Jésus serait du côté du diable, c’est bien un comble ! Mais Jésus est tellement malin que non seulement il confond la bêtise et l’hypocrisie des pharisiens, mais il se sert de cet incident bizarre pour révéler encore une fois la Bonne Nouvelle qui est en train de s’accomplir aux yeux de tous.

    Je crois que la leçon de ce passage est bien claire et elle devrait faire faire un bon immense à notre foi et à notre espérance. Jésus veut nous montrer ici que tout ce qui se passe dans notre vie peut porter à la lumière. Toute la vie divine de la Parole de Dieu qui s’incarne en nous va nous conduire, bien sûr, à chaque instant un peu plus vers le cœur de Dieu, avec toute la beauté de l’enseignement positif de Jésus. Mais même les adversités, même la souffrance, même les échecs, les péchés, les persécutions, peuvent être chaque fois une nouvelle révélation indirecte mais puissante de la grandeur de Dieu et de son amour. N’est-ce pas là une raison extraordinaire et définitive de conserver toujours, dans notre esprit et notre cœur, cette paix que Jésus ne cesse de nous donner à chaque pas, dans chacun de ses miracles, dans chacune de ses paroles ou de ses interventions ? Le règne de Dieu est vraiment « survenu pour nous », depuis 2000 ans déjà, maintenant et pour toujours, quoi qu’il arrive !


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  • « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !’ » (Lc 11,13)

    Il est très intéressant de noter que Matthieu, pour le même passage, disait simplement que le Père donnerait « de bonnes choses » à ceux qui le lui demandent : la phrase de Luc est donc en ce sens une grande nouveauté ! C’est une manière pour Luc de nous montrer que, pour Jésus, toute la providence qui nous arrive du Père est toujours merveilleuse et surprenante, mais que le plus grand des cadeaux sera toujours la présence de Dieu parmi nous. Comme Matthieu nous a bien révélé l’énorme cadeau qu’est pour les disciples de Jésus unis en son nom, sa présence véritable au milieu d’eux, un autre cadeau inestimable est le don de l’Esprit que Jésus et le Père ne cessent de faire à chacun de nous et à toute l’humanité.

    Car le pain ou les biens matériels nous comblent pour un instant, mais ils sont toujours périssables, tandis que la présence de l’Esprit est Dieu lui-même qui vient nous donner sa lumière, et la lumière de Dieu change tout. Être guidés par l’Esprit donne tout un autre sens à la vie de tous les jours. Les problèmes ne sont plus les mêmes, car ils ont déjà en eux leur solution. Les croix sont déjà en route vers la résurrection. La foi, l’espérance et la charité que l’Esprit met dans notre cœur au bon moment nous font voler vers le paradis, dès ici-bas, comme si rien désormais ne pouvait plus nous arrêter.

    Alors, demandons l’Esprit Saint chaque jour avec insistance, et surtout apprenons à l’accueillir de tout notre cœur, à l’écouter, à nous laisser entraîner par Lui, à lui faire confiance, même si ses propositions ne sont pas toujours claires ou compréhensibles pour nos intelligences limitées. Recevoir l’Esprit, c’est avoir déjà un pied au ciel, même si la terre nous semble parfois si lourde. Nous laisser faire par l’Esprit, c’est nous libérer de nous-mêmes et libérer les autres en même temps. Car si l’Esprit est l’Amour qui est capable de relier le Père au Fils pour l’éternité, cela doit bien être un jeu d’enfant pour lui de nous relier nous aussi à Jésus et au Père et de nous pousser à nous aimer les uns les autres tout au long de nos journées…

     


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