• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 18 de l’Evangile de Luc, nous reprenons ce commentaire publié dans ce blog en 2021] 

    S’élever en Dieu

    « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » (Mt 23,12) (cf. Lc 14,11 : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » et maintenant Lc 18,14 « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »)

    Quelle phrase extraordinaire que celle-ci ! Mais ici aussi il faut bien comprendre. Et pour cela nous devons partir du verset précédent en Mt 23,11 : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » Et nous nous souvenons ici des phrases de Mt 20,26-28 : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Des phrases qui reprennent presque mot à mot le passage de Mc 10,43-45 que nous avions commenté en son temps.

    Jésus passe son temps à nous rappeler que nous sommes tous frères en humanité et que jamais quelqu’un de nous ne devrait se sentir plus grand, plus important que les autres, car ce serait comme se couper du reste de l’humanité. Le dessein d’amour de Dieu entre les hommes est possible seulement si tous les hommes s’aiment en se servant les uns les autres, à l’exemple du Christ lui-même qui est Dieu et qui pourtant est descendu parmi nous pour être un homme comme les autres.

    Tout est lié à notre Evangile des béatitudes. L’homme est grand en Dieu quand il est pauvre, quand il est humble, quand il se met au niveau de tous ses frères et sœurs en humanité. Pourquoi cela ? Parce que se séparer des autres en se croyant supérieur est comme casser le corps du Christ que représente l’humanité. Imaginons qu’un de nos membres ou une des parties importantes de notre corps se sente tout à coup supérieur aux autres et veuille les dominer, la main, le cerveau, le cœur, ce serait sa mort et en même temps la mort du corps tout entier. L’harmonie de l’humanité ne peut se faire que si tous les hommes restent liés entre eux au même niveau. On ne peut pas s’élever au-dessus des autres sans se faire du mal à soi-même et à tous ces autres.

    Mais alors pourquoi si quelqu’un s’abaisse, s’il se met au service de ses frères comme Jésus le demande, voilà qu’il va être tout à coup élevé ? C’est qu’il s’agit ici d’une élévation complètement différente. Quand nous avons découvert que Jésus et le Père sont attirés par deux ou trois hommes qui s’aiment selon la loi du ciel, cela veut dire que le ciel se déverse tout à coup sur la terre, et alors voilà que ces hommes sont soudain élevés au niveau du paradis, dans la dynamique de la réciprocité qui se vit au cœur de la Trinité et qu’ils vivent déjà « sur la terre comme au ciel ». Miracle du Royaume de Dieu qui commence déjà parmi nous sur la terre, même si ce n’est pas encore parfait comme quand nous serons en Dieu au ciel pour toujours.

    Mais c’est une élévation soudaine qui ne change rien à notre rapport avec les autres hommes. Les saints en sont un exemple merveilleux : ils ont déjà un pied au ciel, mais sur la terre ils sont envoyés à nouveau en mission pour s’abaisser au service des hommes comme Jésus l’a fait avant eux. Et plus l’homme s’élève au ciel en pénétrant déjà dans le Royaume plus il a la force de s’abaisser à donner sa vie pour les autres hommes. Miracle de l’amour qui libère de toutes les tentations de pouvoir et de domination que le diable essaye chaque jour de mettre en nous… 

     

     


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  • (Mais comment lire l’Evangile ?)

    « Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. » (Lc 17,34)

    Nous avons à peine commenté récemment ce passage et je ne vais pas y revenir, mais j’avais envie de partager avec vous un peu plus de cette expérience merveilleuse que j’ai commencé à vivre avec vous depuis 9 ans, avec ces commentaires réguliers sur les « perles de la Parole ».

    Oui, comment lire l’Evangile, cette « Bonne Nouvelle » que le ciel nous envoie depuis plus de 2000 ans et qui ne vieillit jamais ? Je commence par la lire en pensant que c’est un message personnel que Dieu m’envoie directement, et c’est bien là le point de départ. Car Jésus est venu sur terre pour donner la vie pour toute l’humanité, mais aussi pour chacun et chacune de nous personnellement. Car nous sommes tous uniques.

    En ce sens, la phrase que nous venons de méditer ici pousse chacun de nous à se demander comment être prêt quand le Seigneur viendra, à la fin des temps, mais aussi chaque jour, et en particulier le jour unique pour chacun où nous allons terminer notre voyage sur terre. Il y a là une invitation personnelle justement pour chacun à veiller à ne pas oublier chaque jour l’essentiel de cette Bonne Nouvelle, pour ne perdre aucune occasion de rencontrer Dieu là où il vient nous rejoindre.

    Mais cette lecture personnelle devient vite une lecture communautaire, en famille, avec tous nos compagnons de voyage à la suite du Christ. Il y là une responsabilité collective dans l’accueil de la Parole de Dieu. Car c’est ensemble, dans la prière, la méditation et le partage que nous allons nous aider à mieux comprendre toutes les innombrables lumières qui se cachent dans ces quelques mots divins qui peuvent changer toute notre vie.

    Mais je voudrais attirer votre attention sur une nouvelle dimension qui peut nous prendre quelquefois dans la lecture de la Parole, et qui peut bouleverser complètement notre vie. C’est quand, tout à coup, nous ne lisons plus seulement les mots de Jésus avec toute notre attention humaine, ni même plus seulement avec la force de l’Esprit de Dieu présent au milieu de nous. Mais il arrive parfois que Jésus nous fasse revivre ces paroles à partir de son cœur de Dieu à Lui.

    Et cela devient tellement différent si soudain je relis ce passage en pensant à la souffrance de Jésus qui nous donne sa vie et qui se demande encore combien seront ceux qui vont vraiment l’accueillir. Alors naît dans notre esprit et notre cœur un amour nouveau pour le cœur de Jésus qui ne va plus nous quitter. Mais que ressent Jésus quand il voit qu’un seul des 10 lépreux vient le remercier après leur guérison ? Et quelle angoisse doit-il éprouver au fond de Lui quand il se demande si, le dernier jour, il y aura encore des brebis perdues qui ne seront pas capables de rentrer au bercail, alors qu’il a tout donné pour que chacun puisse être sauvé ?

    Je crois que cela fait naître au fond de nous un nouveau sentiment mystérieux, qui fait que nous pouvons réellement être pour Jésus des frères, des sœurs et même sa mère, comme il l’a dit un jour (« Qui sont ma mère, mes frères et mes sœurs ? ») Alors nous entrons un peu plus avec Lui dans cette relation trinitaire qui existe de toute éternité entre le Père et le Fils dans l’Esprit, où l’on peut être tour à tour celui qui donne et celui qui accueille ou qui reçoit, comme dans un grand jeu d’amour…

     

     


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  • « Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. » (Lc 17,34)

    Une dernière phrase de ce chapitre extraordinaire, pour nous faire méditer. Je ne voudrais pas tomber dans le piège de discussions interminables sur le jugement dernier, sur ceux qui iront au paradis ou en enfer, dans lequel on a souvent la tentation de vouloir envoyer toutes les personnes qui nous ont fait du mal au cours de notre vie…

    Non, je voudrais avec vous me mettre personnellement devant Dieu et cet amour immense, plein de miséricorde, qu’il n’arrête pas de nous manifester dans l’Evangile de Luc. A la fin des temps, quand le diable aura fini de se déchaîner en voyant le Fils de l’homme arriver, tout va soudain s’arrêter et Jésus va venir prendre chez lui tous ceux avec qui il aura pu tisser sa relation divine au cours de leur vie. Les experts de l’Evangile nous expliquent que c’est cela que signifient les mots « pris » ou « laissé ». Jésus viendra prendre les siens pour les emmener pour toujours dans son paradis et cela est déjà la plus belle des nouvelles.

    Je crois que chacun de nous, qui avons tenté plus ou moins bien de suivre Jésus au cours de notre vie, nous sentons bien confusément que Dieu, ce jour-là, nous pardonnera tout, comme il l’a fait de tout son cœur au fils prodigue, comme il l’a fait à la brebis perdue. Alors pourquoi cette sorte de spectacle apocalyptique qui peut nous faire peur ? Sans doute un peu aussi de la pédagogie de l’époque, où l’on était habitué à effrayer les gens pour les secouer et les empêcher de prendre de mauvais chemins.

    Il y a donc ici encore, comme dans beaucoup de textes de l’Evangile un avertissement que Dieu nous fait encore par amour : fais attention, sois vigilant, pour qu’au jour où Jésus va revenir sur terre, tu sois prêt à repartir avec Lui dans son Royaume. Mais pourquoi tellement insister, comme l’a fait si souvent notre Eglise, sur la peur de mal faire, au lieu de souligner avant tout cet accueil miséricordieux de ce Dieu qui a passé toute notre vie à nous attendre ?

    Et surtout arrêtons de tomber dans ce piège de décider nous-mêmes qui sont ces méchants que Dieu va punir en les « laissant » et donc en les condamnant à se retrouver tout seuls en enfer. Essayons plutôt, si nous voyons des frères ou des sœurs qui risquent de prendre le mauvais chemin, de tout faire pour donner notre vie pour les sauver. C’est justement ce que Jésus va faire maintenant dans les derniers chapitres de notre Evangile, en nous invitant par là à faire comme Lui, pour qu’aucune de ses brebis ne soit perdue. 


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  • « Ce qui se passera dans les jours du Fils de l’homme ressemblera à ce qui est arrivé dans les jours de Noé… Ce sera aussi comme dans les jours de Loth. » (Lc 17,26.28)

    Il faut avouer que cette phrase a de quoi nous effrayer. Et si aujourd’hui nous étions de nouveau revenus à l’époque du déluge universel ou d’une nouvelle destruction totale de l’humanité ? Hypothèse impossible ? Beaucoup de gens se demandent si l’humanité n’est pas en train de s’autodétruire en ce moment d’une manière irréversible. Et tout cela serait bien triste.

    Mais que faire alors ? Se rappeler que Dieu n’abandonne jamais l’humanité. Et qu’il est toujours là pour la sauver au dernier moment. Toute l’histoire de notre terre bien aimée et en même temps malade est faite de périodes où tout semblait fini et où Dieu envoyait de nouvelles arches pour faire repartir l’humanité en avant, et notre époque n’est pas bien différente.

    Il nous est demandé encore une fois de ne pas nous abandonner à la panique et de bien regarder autour de nous où Dieu est en train de nous préparer ces arches. En fait, si l’on est attentif, on peut découvrir soudain autour de nous des milliers et des milliers d’hommes et de femmes de bonne volonté qui sont en train de sauver de nouveau l’humanité entière, parfois en silence, mais de manière efficace.

    Un chrétien pensera normalement que l’Eglise du Christ devrait être cette arche bénie. Mais il faut bien avoir l’humilité d’avouer que l’Eglise elle-même, notre Eglise qui chemine sur la terre, est en partie en train de s’autodétruire. Et ici encore il ne faut pas succomber à la tentation de se décourager pour toujours. Chacun porte en soi, au fond de lui-même, une arche de Dieu avec toutes les contradictions du vieil homme qui ne nous abandonne jamais. Il ne s’agit pas maintenant de se croire soi-même une partie de l’arche du salut qui va sauver le monde et de juger le reste de l’humanité, comme le pharisien jugeait le publicain.

    Mais il faut absolument s’unir avec toutes les personnes merveilleuses qui ne manquent pas d’illuminer, souvent discrètement, notre société fragilisée, et de nous aider avec patience à reprendre le bon chemin. Rien n’est jamais perdu, tant que Dieu qui nous aime continue à donner sa vie pour nous. Et la multiplication de figures de saints de notre époque moderne en est bien la preuve tangible et encourageante. Continuons à chercher nos « arches » et y à faire monter le plus de gens possible…

     


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  • « Comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. » (Lc 17,24-25)

    C’est toujours la même réalité bien claire dans tout l’Evangile : pour suivre le Christ, il faut porter sa croix. C’est un mystère que nous comprendrons vraiment une fois que nous serons arrivés au ciel. Mais en même temps Jésus est là pour nous accompagner à chaque pas. Il ne nous laisse jamais seuls et cela change tout. La pire des souffrances devient soudain toute différente, à l’image de cette phrase que nous avons déjà rencontrée en Mt 11,30 où Jésus nous dit que son joug « est doux » et son fardeau « léger ».

    Ce qui est impossible à comprendre pour nous, c’est la folie de l’amour d’un Dieu qui est venu pour souffrir et donner sa vie pour toute l’humanité et chacun et chacune de nous en particulier. Mais il est Dieu, il est bien hors de portée de tout ce que nous pouvons imaginer. Et en même temps il s’est fait si proche de nous-mêmes qu’il bouleverse complètement notre vie de l’intérieur.

    Alors que retirer de ce passage incroyable ? Jésus vient de nous dire que le règne de Dieu est déjà au milieu de nous. En même temps tout n’est pas terminé. Jésus a accompli sa mission sur terre jusqu’à la mort pour nous sur la croix et la résurrection. Mais il nous laisse maintenant le temps de nous jeter avec lui dans sa mission divine en toute liberté. Il ne veut pas nous forcer à le suivre comme des marionnettes.

    Jésus nous dit ici qu’il va beaucoup souffrir et être rejeté, et cela a déjà eu lieu. Nous aussi allons souffrir et porter notre croix, mais cette croix ne sera jamais aussi terrible que celle où il a donné sa vie pour toujours. Car Jésus est déjà là avec nous qui porte chacune de nos croix, qui empêche ces croix de nous écraser pour toujours. Jésus est là qui nous « illumine » et qui « illumine » nos souffrances.

    Et c’est cela qui fait que, tant que la foi, l’espérance et l’amour réciproque sont en nous avec la force de l’Esprit que Jésus nous a déjà envoyé, le diable ne peut rien contre nous. C’est de cela que nous devons être convaincus. Le diable qui voit le Fils de l’homme revenir sur terre, sent que sa fin est proche, il veut tout casser pour nous faire croire que c’est lui qui a gagné la bataille, mais tout cela n’est pour lui qu’une pauvre illusion. 

    Jésus est venu pour nous « illuminer » et c’est en vivant selon la loi du ciel de l’amour réciproque que nous devenons le plus inaccessibles aux projets du diable. L’Evangile n’est pas seulement un beau livre avec de belles pensées, il est un véritable miracle et nous avons encore toute la vie pour découvrir chaque jour un peu plus ce miracle…

     


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