• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 6 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2018] 

    « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,46-48) (cf. Lc 6, 32-35 : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu’on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. »

    C’est la conclusion du chapitre des Béatitudes, même si le discours sur la montagne est encore loin d’être terminé. C’est la découverte du secret de Dieu ! Pourquoi Jésus nous demande ou nous propose tellement de changements dans notre mentalité et dans notre vie de tous les jours ? Pour ajouter encore des devoirs à nos responsabilités d’hommes ? Pour faire de nous des héros, des personnes capables des actions les plus sublimes ? Peut-être, si on le comprend encore superficiellement.

    Mais en fait, Jésus qui nous aime tellement, qui a eu l’audace et le courage de venir habiter et mourir parmi nous, a un plan d’amour tellement plus beau pour chacun de nous et pour toute l’humanité. Il sait bien que le meilleur des hommes, livré à lui-même, n’ira pas bien loin dans la réalisation de sa personnalité et de son bonheur. Il restera enfermé dans ses habitudes, ses petites vertus étriquées, les quelques personnes avec lesquelles il arrive à s’entendre dans cette humanité tellement complexe qu’elle donne le vertige et fait peur…

    Non, Jésus veut nous libérer de tout ça. Nous libérer de nous-mêmes et de nos visions mesquines et centrées sur nous-mêmes. Il veut nous faire finalement respirer en renversant toute notre pauvre logique terre à terre, en nous faisant goûter la loi du ciel déjà sur la terre. Jésus voudrait que nous devenions « parfaits » comme notre « Père céleste est parfait ». Et notre Père céleste, n’est pas parfait comme un robot de sainteté et de vertus, mais comme un cœur rempli d’amour pour chacun de nous et qui voudrait nous emmener avec lui au paradis, dès ici-bas, pour nous faire expérimenter la beauté de cette réciprocité de l’accueil et du don qu’il vit avec le Fils dans l’Esprit de toute éternité.

    Tous ces conseils qu’il nous donne, qui nous semblent parfois si difficiles à vivre, tellement à contrecourant par rapport à la mentalité du monde qui nous entoure, ne sont que des moyens de nous laisser transformer peu à peu par lui …  pour nous retrouver chaque jour un peu plus, comme par miracle, avec un cœur nouveau, capable comme le Père et Jésus de vivre chaque instant dans le bonheur de donner sa vie et de la recevoir en même temps chaque fois plus belle et plus intense…


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 6 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]  

    « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi, voilà ce que dit toute l’Ecriture : la Loi et les prophètes. » (Mt 7, 12) (cf Lc 6,31 : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »)

    Nous voici arrivés à cette fameuse phrase qu’on appelle la « règle d’or » car on la retrouve, avec quelques variantes, dans presque toutes les religions. C’est comme la conscience de l’humanité, une recette toute simple pour que règnent la paix et l’harmonie dans les relations humaines.

    En fait, tout n’est pas aussi simple que cela pourrait sembler au premier abord. Car on peut se demander avec raison si chaque homme ou chaque femme en ce monde, à commencer par chacun de nous, savons vraiment ce que nous voudrions que les autres fassent pour nous. Si on interrogeait les gens dans la rue à ce sujet, on aurait certainement des milliers de réponses tellement variées…

    Mais en fin de compte chacun désire être accueilli et aimé par les autres et ici tout se simplifie. J’aimerais d’abord que l’autre m’accepte tel que je suis, avec toutes mes différences. J’aimerais ne pas être jugé ou étiqueté, j’aimerais être compris en profondeur et non pas considéré à partir de mon aspect extérieur, j’aimerais qu’on m’écoute et qu’on me laisse exister et être moi-même, qu’on me laisse la place pour vivre, travailler et me donner. Et l’on va retrouver ici pour nous aider tous les conseils que Jésus nous a donnés depuis le début du discours sur la montagne…

    Le cœur de tout cela, c’est que j’aimerais continuer à rencontrer l’amour de Dieu à travers mes frères et mes sœurs en humanité. Comme la vie serait belle si tous les gens que je croise du matin au soir avaient sur moi le regard du cœur de Dieu dont nous avons parlé si souvent dans nos commentaires.

    Alors, si nous ne voulons pas trop nous compliquer la vie, la meilleure manière de faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils fassent pour nous, ce sera sûrement d’être comme une présence de l’amour de Dieu dans leur vie. Si je me levais chaque matin en me demandant : comment pourrais-je faire sentir à chaque personne que je trouve en chemin, au travail, dans la rue ou ailleurs, que Dieu l’aime immensément, alors la vie serait certainement la plus belle des aventures.

    Mais comme nous savons bien que notre bonne volonté n’est pas suffisante et que chacun de nous est trop faible et limité pour être à chaque instant cette présence de Dieu pour les autres, la meilleure solution sera de vivre l’amour réciproque de la manière la plus radicale possible et en même temps avec le plus de personnes possible, pour que ce soit Jésus au milieu de nous qui assure cette présence et qui la continue et la recommence chaque fois que nous nous arrêtons en chemin et que nous oublions d’aimer : je ne crois pas qu’il y ait une « volonté du Père » plus évidente que celle-ci ; nous en reparlerons encore bien souvent.

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 6 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2018] 

    « Si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. » (Mt 5,41-42) (cf. Lc 6,29b-30 : « A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. »)

    Encore une phrase qui bouleverse ce qu’on considère être le bon sens. Jésus nous demande de toujours accueillir la demande de l’autre quelle qu’elle soit. Ce genre de demande qui veut dire aussi un grand effort de notre part, beaucoup de générosité, beaucoup de confiance dans l’autre, car l’autre devient ainsi comme notre patron, celui qui commande. Et Jésus ne précise même pas si la demande de l’autre est juste ou non, si elle est raisonnable ou non, si elle arrive à un moment dans lequel je suis déjà occupé à autre chose…

    On ne va pas discuter ici comme des pharisiens qui veulent défendre la loi. Il est bien évident que, prise à la lettre, une telle phrase sera souvent impossible à mettre en pratique. Il suffit d’imaginer que deux ou trois personnes nous demandent en même temps des choses contradictoires et nous serons bien évidemment paralysés, sans plus savoir quoi faire. Mais nous mettre à discuter avec Jésus serait bien stupide.

    Ce qui compte ici, c’est l’esprit avec lequel Jésus s’adresse à nous. C’est d’abord un esprit d’amour total pour nous, car Jésus veut surtout nous libérer de notre logique terre à terre qui nous empêche de décoller et d’être libres d’aimer nos frères. Il nous demande ensuite d’être prêts à aider ou à aimer nos frères comme eux veulent être aidés ou aimés, même si pour nous leur demande peut être bizarre, mal placée, exagérée.

    Il nous demande de surprendre l’autre par notre amour : vouloir toujours donner plus que ce que l’autre a demandé, c’est déjà apprendre à être comme Dieu qui donne toujours plus que ce qu’on n’aurait jamais pu imaginer. Et c’est toujours cela le but de Jésus. Il ne se demande pas si l’autre va profiter de nous et nous exploiter, c’est le dernier de ses soucis. Il veut nous dire au fond que c’est Lui-même qui se cache derrière la demande de notre frère ou de notre sœur. Et son mot d’ordre va donc être d’apprendre à nous laisser faire, chaque fois que ce sera réalisable, bien sûr, mais le plus souvent possible. Cela demande d’abord d’écouter notre frère, de comprendre sa demande et de l’accueillir de tout notre cœur… et nous serons étonnés de voir où cela va nous mener, car c’est Dieu qui va prendre en mains notre relation et une grande aventure va commencer…

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 6 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2018] 

    « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, dent pour dent.’ Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » (Mt 5, 38-39) (cf. Lc 6,29 : « A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre. »)

    Cette phrase de Jésus est bien célèbre, mais je crois que presque personne n’y a jamais rien compris… au point qu’elle est devenue pour beaucoup de gens, à l’intérieur de la famille chrétienne ou au dehors, comme le symbole de la faiblesse de ceux qui suivent l’Evangile, alors que cette phrase voulait dire exactement le contraire.

    Pour me faire comprendre, il aurait fallu peut-être la mimer, plutôt que de l’expliquer avec des mots, ou bien se rappeler la scène du fameux film sur Gandhi dans lequel les Indiens avancent tranquillement vers les dépôts de sel tenus par les Anglais en sachant que les soldats vont les frapper avec leur bâtons, que leur sang va couler, mais qui regardent ces soldats droit dans les yeux sans peur… et ce sont les soldats armés qui se sentent finalement le plus mal devant cette injustice qu’ils sont en train de commettre… et c’est par des actes courageux de ce genre de non-violence que Gandhi a finalement obtenu l’indépendance de l’Inde.

    Si quelqu’un me frappe sur une joue, Jésus me demande d’abord de l’aimer quand même, c’est-à-dire de lui pardonner du fond du cœur, car probablement « il ne sait pas ce qu’il fait. » Puis, avec la paix dans l’âme, je vais retourner vers lui et lui tendre l’autre joue, en le regardant droit dans les yeux, comme pour lui dire : si tu penses que c’est bien de me frapper, vas-y, je n’ai pas peur, mais quand tu comprendras le mal que tu me fais, c’est toi qui vas avoir peur, peur de me regarder dans les yeux, peur de toi-même, peur du mal et de l’injustice qui t’aveuglent… et ta violence ne gagnera jamais.

    Alors, je crois qu’il faut en finir une fois pour toutes avec cette hérésie totale qui veut nous faire croire que l’amour est faible, que l’amour est l’attitude des gens qui ont peur, qui n’osent pas se battre pour la justice et les droits de l’homme, qui font de lâches compromis. Tendre l’autre joue, c’est regarder au fond du cœur de cet homme ou de cette femme qui nous fait du mal, croire qu’il y a Jésus en lui ou en elle qui nous tend la main sans même que l’autre le sache et aider ce Jésus dans l’autre à le faire sortir finalement de son aveuglement. Car répondre à la violence par la violence, c’est rester dans une logique de mort et de peur qui ne mènera jamais nulle part. Tandis que se jeter dans la non-violence de l’amour, c’est manifester aux hommes la force de l’amour de Dieu qui est plus grand que tous les esprits mauvais qui sont dans le cœur de chacun.

    Et ici encore, quand je vis l’Evangile avec toute une communauté de personnes qui s’aiment dans l’amour réciproque avec Jésus au milieu d’eux et que c’est une communauté tout entière qui témoigne de la force révolutionnaire de l’amour du Christ devant le mal qui essaye de détruire l’harmonie et la paix entre les hommes, bien des choses peuvent changer dans le bon sens dans nos sociétés malades de peur et de violence !

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 6 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2018] 

    « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5, 43-45) (cf. Lc 6,27-28.35 : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient… Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. ») 

    C’est toujours la même logique. Si je pense à moi, jamais je ne pourrai aimer mon ennemi, celui qui a commis une injustice envers moi, qui m’a fait du mal, qui m’a menti, trompé, exploité, qui s’est moqué de moi, qui m’a volé, insulté, calomnié. Et pourquoi devrais-je le faire ? Pour l’encourager à recommencer, puisqu’il n’aura même plus peur de moi ?

    Mais la logique de Dieu est complètement différente. Dieu ne pense jamais à soi-même, il pense toujours au bien de l’autre. Et puisqu’il veut mon bien, il me propose de faire comme lui. Si quelqu’un m’a fait du mal, je ne vais pas penser au mal qu’il m’a fait, mais au bien que Dieu veut et peut lui faire. Je vais seulement penser à Dieu et à l’autre. Je vais essayer de voir l’autre comme Dieu le voit, avec son regard d’amour, même si l’autre a été méchant ou injuste.

    Alors tout change en moi. D’abord, je commencerai à accepter avec humilité l’idée que si l’autre est méchant avec moi, c’est peut-être en partie ma faute : est-ce que moi-même j’ai toujours été amour avec lui par le passé ? Un peu d’humilité fait toujours du bien et libère de soi-même. Ensuite, quelle que soit la réaction de l’autre, je vais rester en paix avec moi-même et avec Jésus présent et caché dans l’autre. Car c’est cela la deuxième vérité que je vais découvrir : que Jésus est caché au cœur de celui qui me fait du mal, même si l’autre ne le sait même pas ou ne veut pas le savoir. Je vais me mettre d’accord avec ce Jésus en lui, pour renverser peu à peu la situation et je verrai peut-être des miracles. Et si l’autre ne veut pas comprendre, je lui pardonnerai quand même, comme Jésus a pardonné à ses persécuteurs sur la croix : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font. »

    L’important dans tout cela, et c’est le cadeau de Dieu dans toute cette histoire, c’est que mon union avec Dieu, ma paix intérieure et mon amour pour Lui et pour le prochain ne vont cesser de grandir. Mieux même, l’amour qui est passé par l’épreuve en ressort plus fort. C’est parce que j’ai eu le courage d’aimer ceux qui ne m’aiment pas que j’aurai encore plus de force et d’enthousiasme pour aimer ceux qui m’aiment, tous ceux qui me sont chers, et pour continuer à construire l’unité de la famille humaine. Ce serait tellement dommage de limiter mon amour pour Dieu et pour toute l’humanité, parce qu’une ou deux personnes m’ont fait du mal en chemin !

     

     


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