• « Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. » (Lc 3,21)

    Il y a une petite différence entre le baptême de Jésus en Marc et Matthieu d’une part et en Luc d’autre part. En Marc et Matthieu, à peine Jésus sort de l’eau dans laquelle il vient de se faire baptiser, voilà que le ciel s’ouvre et que le Père et l’Esprit se manifestent pour la première fois. Dans l’Evangile de Luc, Jésus se fait baptiser et c’est au moment où il prie après être sorti de l’eau que le ciel s’ouvre. N’est-ce pas au fond la même chose ? Le baptême est un signe de conversion : l’homme qui se tourne vers Dieu pour sortir enfin de lui-même et vivre définitivement à la lumière de la volonté divine. Et la prière aussi est l’action de se tourner de tout son être vers Dieu et de le laisser entrer en nous.

    Jésus, le Fils du Père, dans sa relation au Père dans l’Esprit, n’est-il pas en Lui-même conversion et prière, n’est-il pas tout entier tourné vers le Père qu’il accueille et qu’il prie de tout son être en se donnant à Lui ? Bien sûr, on le sait, et cela de toute éternité. Mais jusqu’alors cela était caché au regard des hommes. Au début de sa vie publique, lorsque va commencer véritablement la révélation de la Bonne Nouvelle à l’humanité, les Trois ont décidé enfin de se manifester, d’envoyer un signal fort pour qu’au moins les premiers disciples, ses premiers témoins, se mettent à accueillir et à comprendre le cœur du message que Jésus est en train de nous apporter.

    A partir de là, tout va bien sûr être différent pour qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Et nous allons maintenant accompagner Jésus dans cette manifestation publique qui ne fait que commencer. Cela est tellement important pour comprendre Jésus. Mais ce qui peut nous réjouir infiniment, si nous nous arrêtons un seul instant sur cet évènement extraordinaire, c’est que chaque fois maintenant que nous nous tournons vers Dieu pour nous convertir ou pour le prier, voilà en fait que nous donnons au ciel la possibilité de s’ouvrir sur nous, et à travers nous sur toute l’humanité. Jésus est venu pour nous donner la clé du ciel, dès notre vie sur la terre. Si nous en étions un peu plus conscients…


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  • « Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » (Lc 3,18)

    Je ne sais pas si vous voyez comme moi qu’il y a ici une révolution totale pour notre façon de comprendre la Bonne Nouvelle. Mais qu’est ce donc que cette Bonne Nouvelle ? Un évènement, certainement. La venue de Jésus sur la terre, suivie de toute sa vie de la Galilée à la Judée, il y a 2000 ans, avec sa mort et sa résurrection. Bien sûr. L’annonce de la proximité du Royaume de Dieu, sur la terre comme au ciel. Tout cela est une telle Bonne Nouvelle que nous en restons émerveillés chaque fois que nous y pensons. Mais il y ici chez Luc un aspect qui va encore plus loin. Car Jésus a trouvé le moyen pour que cette Bonne Nouvelle atteigne et transforme le cœur de chacun de nous.

    La venue de Jésus parmi nous aurait pu ne pas changer grand-chose dans notre vie. Mais voilà que Jésus accompagne cet évènement inouï de recommandations, d’exhortations, de conseils qui peuvent changer toute notre vie. La Bonne Nouvelle n’est pas seulement une annonce exceptionnelle qui nous arrive comme de l’extérieur, mais elle dépend même de nous. Si nous répondons aux exhortations de l’Evangile, nous devenons nous-mêmes une sorte d’incarnation de la Bonne Nouvelle. Nous devenons le filtre à travers lequel Dieu s’incarne dans notre vie et en même temps le témoin et le canal de cette Bonne Nouvelle pour l’humanité qui nous entoure.

    Voilà qu’en toute conscience et liberté nous pouvons devenir nous-mêmes pour les autres et pour nous en même temps Evangile du Royaume semé et répandu pour l’humanité. Nous devenons en quelque sorte, si nous accueillons l’appel de Dieu, sacrement du Royaume des cieux sur la terre. Dieu a pensé à nous rendre participants du don total qu’il fait de soi à la création et à l’humanité. Quel dessein de Dieu sur l’homme de tous les siècles et pour toujours ! Cela dépasse tout ce qu’on pourrait imaginer…

     


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  • « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même. » (Lc 3,11)

    Luc est tellement concret et précis dans ses exhortations qu’il nous touche beaucoup. Bien sûr que nous devons suivre en tout la parole de Dieu, suivre Dieu dans la prière et la méditation et nous aimer les uns les autres. Mais n’oublions pas la description que font les Actes des Apôtres de la communauté des premiers chrétiens qui étaient un seul cœur et une seule âme at qui avaient tout en commun. On fait parfois de l’amour réciproque un beau sentiment, mais l’amour réciproque a des conséquences bien pratiques : il nous demande de partager et même de tout partager. Car le partage ne dépend pas seulement de ce que j’ai en moi ou de ce que je possède, il dépend surtout des besoins de l’autre. Là est une des principales révolutions de l’Evangile. L’autre, Dieu ou le prochain, est le premier critère de notre vie en Dieu et avec Lui.

    Tout partager vraiment ? Il ne s’agit pas de quantité, il s’agit de disponibilité, d’être prêt à le faire en tout temps, en tout lieu et avec n’importe quel prochain. Ce que j’ai reçu en don, ou comme le fruit de mon travail, ce que j’ai acheté ou gagné à la sueur de mon front, ce qui m’est arrivé comme centuple à travers les personnes de ma famille, de ma communauté ou d’ailleurs, est à la fois pour moi et pour mon prochain. Et si mon prochain manque de quelque chose, c’est Dieu qui m’interpelle et qui frappe à ma porte en me disant : j’ai besoin de ton partage.

    Le partage n’est au fond qu’un aspect de ce don de soi que nous trouvons chaque jour dans l’amour trinitaire d’accueillir et de donner. Et quelle joie de se rendre compte que tout peut être partagé. Mes biens matériels bien sûr et mes trésors spirituels, mais aussi mes talents, mon expérience, mes inspirations, la présence de l’Esprit en moi, mon temps tout simplement, mes forces et mon énergie, un sourire, un conseil, une consolation, la liste ne finirait jamais. Et tout cela n’est qu’une nouvelle excuse que Dieu a trouvée de nous entraîner dans son paradis qui n’est autre que partage réciproque et infini pour toujours…

     


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  • « Les foules lui demandaient : ‘Que devons-nous faire ?’ … Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : ‘Maître, que devons-nous faire ?’ … A leur tour, des soldats lui demandaient : ‘Et nous, que devons-nous faire ?’… » (Lc 3,10.12.14)

    Oui, comme elle est frappante, cette insistance de Luc à mettre sur la bouche de tous ceux qui viennent se faire baptiser par Jean Baptiste cette question toute simple : « Que devons-nous faire ? » On ne peut pas être attiré par la parole de Dieu et bientôt par Dieu lui-même à travers tout l’Evangile et rentrer chez soi sans rien changer à ses habitudes quotidiennes. La conversion du cœur, c’est sentir confusément qu’on a trouvé un grand trésor, mais qu’on doit changer complètement de vie si on veut le garder.

    On découvrira bien vite que ce « devoir » que Dieu nous demande n’est pas la volonté despotique d’un puissant dictateur, mais l’amour tendre de Dieu qui veut nous apporter le bonheur. Les disciples de Jean Baptiste ne pouvaient pas encore comprendre que Dieu est tout amour, mais ils se rendaient bien compte que toute leur vie allait changer. Il suffirait de se mettre chaque matin au réveil dans cette humble attitude : « Quels sont tes conseils pour aujourd’hui ? A quoi m’invites-tu ? Où pourrais-je te trouver ? As-tu de nouvelles belles surprises pour moi et pour nous ? » Et alors la vie devient une belle aventure, quelles que soient les difficultés ou même les épreuves qui nous attendent. Car tout cela a désormais un sens.

    Suivre Dieu, maintenant que notre cœur de pierre a commencé à se transformer en cœur de chair pour Dieu et notre prochain, c’est simplement lui demander sans cesse de nous illuminer le chemin, de nous orienter vers Lui. La vie ne sera plus jamais une routine, une pauvre résignation devant les évènements souvent tragiques qui nous tombent dessus, mais un saint voyage qui fait de tous les obstacles un nouveau tremplin pour avancer ensemble vers le paradis qui nous attend déjà sur cette terre, en anticipation de cette béatitude qui nous tend les bras ensuite là-haut pour toujours…


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  • « Ne vous mettez pas à dire vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père.’ Car je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. » (Lc 3,8)

    Il y va fort tout de même, Jean Baptiste ! Ce n’était pas rien pour un juif de l’époque de se considérer comme un fils d’Abraham ! Et puisque c’est Dieu qui l’inspire directement, que veut nous dire Dieu ici ? Que tout à coup notre appartenance familiale ou de clan n’a plus aucune valeur ?

    En fait je crois que tout est simple et limpide avec Dieu. Jésus que le Père a envoyé parmi nous sur terre avec l’Esprit Saint est venu nous dire une seule chose, c’est que sa véritable famille, c’est la Trinité ! C’est cet amour tellement inouï qui court entre le Père et le Fils dans l’Esprit de toute éternité, cet amour d’accueil et de don infinis dans la plus parfaite réciprocité. Et le seul désir de Dieu quand Jésus vient vivre au milieu de nous, c’est de nous faire entrer peu à peu, mais aussi le plus vite possible, dans cette béatitude céleste de la Trinité.

    C’est pour cela qu’il a créé la famille au cœur de l’humanité, comme le joyau de l’univers. Il nous a fait naître chacun dans une famille. Jésus lui-même est venu au monde dans la « sainte famille de Nazareth », exemple pour chacun de nous. Car il n’a pas voulu nous faire naître chacun seul dans son coin, mais comme les branches entremêlées et entrecroisées du même arbre de l’humanité. Car c’est en famille que nous apprenons à découvrir en nous et avec l’autre que tout dans la vie est relation, d’écoute et de donation. Et c’est là, avec toutes nos expériences à la fois belles et difficiles, de découverte progressive de l’autre et de cet amour réciproque entre nous, que nous commençons à goûter, sans le savoir encore, à la vie de la Trinité parmi nous.

    Mais lorsqu’on détourne tout à coup la famille de son but, lorsqu’on se sert de la famille pour s’éloigner des autres ou même pour les combattre, lorsqu’on utilise même la puissance de sa propre famille pour écraser les autres et les dominer, alors Dieu intervient et détruit tout de suite cette fausse famille que nous nous sommes formés et nous réveille à la réalité. N’entendrons-nous pas bientôt Luc lui-même nous parler de cette femme qui élève la voix au milieu de la foule pour dire à Jésus : « Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri de son lait ! » Et Jésus de répondre : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent ! » (Lc 11,27-28)

    Nous avions déjà vu en Matthieu un autre épisode qui allait dans le même sens. « Quelqu’un lui dit :’Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler.’ Jésus répondit à cet homme :’Qui est ma mère et qui sont mes frères ?’ Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit :’Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère.’ » (Mt 12,47-50) Même sa relation avec sa sainte et admirable mère, n’a tout à coup plus aucune importance si elle n’est pas un chemin qui nous conduit à la sainte famille de la Trinité, cette famille où Marie a été introduite la première pour nous aider à y pénétrer nous-mêmes à notre tour. Comme tout est vraiment simple et logique pour notre Dieu !


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