« Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du Royaume des cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » (Mt 19,12)

Oui, c’est évident, voilà encore une réalité tellement difficile à comprendre. Mais, comme toutes les vérités de l’Evangile, on les comprend surtout quand on les expérimente sur soi-même. Car l’Evangile n’est pas une belle théorie dans les nuages, inventée par je ne sais quel savant enfermé dans son bureau et qui voudrait changer le monde sans le connaître.

Non, Jésus est la « voie, la vérité et la vie ». Il sait de quoi il parle, puisque c’est Lui qui nous a créés. C’est pour cela qu’il nous fait entrevoir des vérités qui semblent tellement à contrecourant avec les réalités humaines de tous les jours. Ne venons-nous pas de l’entendre nous dire que l’homme est fait pour s’unir à sa femme et pour ne faire qu’un avec elle ? N’est-ce pas là le dessein merveilleux de Dieu sur l’humanité, pour que cette humanité grandisse et se fortifie, pour que la vie qui est en l’homme ne s’arrête plus jamais ?

Bien sûr, mais c’est comme la réalité du levain dans la pâte. Le levain est tout petit, tout faible devant la grandeur et l’épaisseur de la pâte, mais c’est lui qui va faire se lever la pâte et lui donner toute sa force. Ces hommes et ces femmes qui se sacrifient apparemment et qui se donnent à Dieu « à cause de son Royaume », ne sont pas des personnes anormales, ce sont d’heureux élus auxquels Dieu va déjà donner sur cette terre un peu de la vie que nous connaîtrons plus tard au paradis.

C’est un miracle qu’on ne peut pas comprendre de l’extérieur, il faut l’avoir vécu. Ces hommes et ces femmes qui quittent tout pour le Royaume vont être remplis par l’esprit du ciel, pour être témoins du paradis sur la terre, pour être pour le reste de l’humanité un pont entre ciel et terre, pour aider la pâte de l’humanité à grandir et se développer déjà ici-bas selon la loi du ciel.

Ces hommes et ces femmes ce sont les Saint François, les Mère Teresa de tous les siècles, qui ont permis à l’Eglise de continuer son chemin et de se répandre sur toute la terre. Mais attention à ne pas détourner cette nouvelle richesse pour soi-même. Ces personnes consacrées à Dieu qui se croient meilleures que les autres (comme si le levain était meilleur que la pâte) perdent le sens de leur vocation, deviennent comme la pierre d’une mosaïque qui veut cheminer toute seule en dehors des autres. Et alors, elle se perd irrémédiablement… et on en arrive à ces scandales qui secouent actuellement notre Eglise.

Car l’important n’est pas notre vocation ou notre place dans la mosaïque de l’humanité, mais notre unité en Jésus avec le reste de cette humanité, dans laquelle l’homme ou la femme mariée ont absolument la même valeur que les hommes ou les femmes consacrés. Avoir divisé l’Eglise ou l’humanité en catégories soi-disant plus ou moins importantes les unes que les autres a détruit l’Eglise et l’humanité de l’intérieur. Revenir à cette unité avec Jésus à tous les niveaux et, en Jésus, retrouver notre relation au Père, avec lequel tout est possible, voilà ce qui va peu à peu nous remettre tous sur le bon chemin que nous avions peut-être perdu quelquefois. Vérité difficile à vivre peut-être mais tellement simple quand on s’y plonge de tout son être, de tout son esprit et de tout son cœur…