• Vous n’avez pas l’impression que certains médias essayent de nous faire croire que notre époque est une nouvelle ère de guerres de religions ? Une excuse pour vendre et revendre des armes toujours plus sophistiquées, toujours plus mortelles qui ne peuvent laisser que le désespoir sur leur passage ?

    Et pourtant, la religion n’existe pas ! Si on y pense sérieusement un seul instant, la religion est seulement un mot inventé par les hommes pour se comprendre, un mot qui veut sans doute dire beaucoup à ceux qui l’expriment, mais cela reste toujours un mot abstrait comme la liberté ou le progrès.

    Dans notre vie de tous les jours la plupart des mots que nous utilisons sont des mots concrets, ils parlent de choses que nous pouvons voir, toucher, entendre, comme la nourriture, la maison, la ville, les champs, les montagnes, les habits, l’argent, l’eau ou le feu. D’autres mots expriment des sentiments comme le bonheur ou la peur, l’amour ou la haine. Mais nous avons aussi créé des mots abstraits pour nous comprendre, pour pouvoir dialoguer, échanger, progresser dans nos relations.

    Le mot religion essaye d’exprimer « un ensemble de pratiques et de croyances », comme nous le dit le dictionnaire. Mais effectivement la religion n’existe pas. Ce qui existe c’est Dieu (au moins pour les croyants) et ce sont des hommes et des femmes qui croient, qui prient, qui espèrent, qui mettent en pratique les paroles du Dieu qu’ils ont rencontré. Ce qui existe aussi ce sont les familles de croyants, comme l’Eglise pour les chrétiens ou la Ummah pour les musulmans, comme existent aussi les tribus, les clans, les peuples, toutes les associations ou communautés de personnes qui sont unies par une origine commune, un but commun, une vie commune. Mais la religion elle-même n’existe pas, au sens réel et propre du terme.

    Alors faire la guerre contre une religion ou pour une religion n’a pas de sens. On ne pourra jamais vaincre une religion sur un terrain de bataille. On pourra tuer des gens qui croient et qui prient. Et après ? La guerre en soi est déjà absurde. La mort ne conduit qu’à la mort. Je peux comprendre un peuple qui se défend par les armes parce qu’il est agressé par un autre peuple. Même si moi, personnellement je ne me battrai jamais avec des armes contre personne : je suis trop convaincu de la stupidité de la guerre et de la force réelle du dialogue ou au moins d’une vraie non-violence comme celle de Gandhi pour résoudre les conflits entre peuples et communautés.

    Il n’y a pas si longtemps des catholiques en France massacraient des protestants au nom de leur religion. On trouve encore en Afrique du Sud des habitants aux noms français, descendants de ces pauvres protestants persécutés qui n’ont eu d’autre solution pour survivre que de se sauver au bout du monde. Belle image que la religion qui veut faire la guerre parce qu’elle pense être supérieure ou détenir la vérité ! Pourquoi l’homme tombe-t-il encore dans ce piège ? Mes frères ou mes sœurs ont d’autres convictions, d’autres croyances que moi : la belle affaire ! Ne restent-ils pas mes frères ou mes sœurs ? N’y a-t-il pas moyen de s’entendre tout de même sur tellement de choses importantes pour continuer à faire progresser l’humanité ?

    La vérité c’est que l’homme, chacun de nous, est tenté par l’aventure du pouvoir, le désir de dominer l’autre, et la religion a souvent été, le long de l’histoire de l’humanité, un beau prétexte pour assouvir ces tendances égoïstes,  malsaines et destructrices. On se cache derrière la religion car aucune raison humaine ne peut en fait justifier une guerre. Halte à l’hypocrisie ! Et si certains hommes veulent encore nous faire croire à ces illusions malfaisantes, laissons-les faire, fuyons-les s’ils ne nous laissent pas dialoguer avec eux : ils se retrouveront bien vite isolés et ridicules. Tomber dans leur piège serait leur faire croire qu’ils ont raison. L’humanité a fait tellement de progrès en un siècle, au niveau scientifique ou technologique en particulier : ne peut-elle pas se réveiller pour de bon et arrêter de faire des caprices comme un enfant de deux ans pour des réalités qui ne devraient pas exister,  mais qui finissent par devenir mortelles ?


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  • Non, je n’ai rien compris, ou pas grand chose en tous cas, et je n’ai pas honte de le dire ! Mais ça ne se fait pas d’avouer devant tout le monde qu’on n’a rien compris. Surtout de nos jours où le développement des médias et d’internet en particulier fait qu’en principe on devrait à peu près tout savoir et tout comprendre. Alors dire tranquillement qu’on n’a rien compris c’est assez choquant pour tout le monde. Cela ne vous est jamais arrivé d’entendre raconter une blague que vous n’avez pas comprise et d’éclater quand même de rire comme les autres pour ne pas vous faire remarquer ? Tant qu’il s’agit d’une blague, ce n’est pas trop grave, mais c’est souvent la même chose pour ce qui se passe autour de nous, en famille, dans le quartier, dans notre pays...

    Il faudrait peut-être commencer humblement par comprendre ce que veut dire comprendre. Eh non, ce n’est pas aussi simple que cela pourrait sembler à première vue. Je pourrais comprendre un raisonnement mathématique ou la cause d’une réaction chimique : une fois compris réellement, il n’y a en effet plus de confusion possible. Mais est-ce que je comprends pourquoi il continue à y avoir la faim dans le monde alors qu’on jette chaque jour des millions de tonnes d’aliments, pourquoi il y a encore des guerres alors que tous les pays ont adhéré à l’organisation mondiale des Nations Unies et que tous participent aux Jeux Olympiques comme si de rien n’était ? Pourquoi la vie est belle et il y a tellement de gens qui sont tristes et qui pleurent ?

    Comprendre ce n’est pas facile, car cela veut dire en fait entrer dans le cœur de quelque chose ou de quelqu’un, pénétrer son mystère, son secret, le sens profond de ce qui l’anime, le pourquoi de ses contradictions, le fil d’or qui guide son mécanisme ou son action. Pour comprendre il faut passer du temps, se tromper mille fois et finalement avoir l’intuition que la vérité n’est pas loin. Mais cela n’arrive pas du jour au lendemain, il faut peut-être toute une vie pour comprendre vraiment.

    Pourquoi ces deux frères se haïssent ? Pourquoi cet enfant refuse de manger ? Pourquoi nous sommes jaloux ? Pourquoi nous nous jugeons les uns les autres ? Pourquoi deux personnes qui pensent exactement le contraire sont toutes les deux sûres d’avoir raison ?

    Comme je sais bien que l’article d’un blog ne doit pas être trop long, je vais essayer tout de même d’être bref. Je vais vous dire que ce n’est pas vrai finalement que je n’ai rien compris. Non, j’ai commencé à comprendre quelque chose, surtout ces derniers temps, surtout d’ailleurs depuis que j’écris dans ce blog. C’est un blog magique ? Peut-être. Mais c’est surtout qu’avant d’écrire j’ai été obligé d’écouter un peu plus que d’habitude. On ne peut pas écrire n’importe quoi. Et j’ai essayé de comprendre ce que les autres comprennent, en particulier ceux qui sont bien différents de moi. Et j’ai été étonné de découvrir qu’il y a au fond de nous des vérités que tout le monde comprend, sans même le savoir, et c’est cela que je voudrais crier maintenant sur les toits avec vous.

    J’ai compris surtout que l’on doit chercher à comprendre une seule chose, ce ne sera d’ailleurs pas forcément la même chose pour tout le monde. Chacun doit découvrir le fil d’or qui anime sa vie. Mais nous devons nous aider à comprendre. Nous ne pouvons plus passer notre vie comme des feuilles mortes balayées par le vent qui ne savent pas où elles vont. Nous ne pouvons pas être heureux ce matin et tristes ce soir. Je sais qu’il y a des circonstances extérieures qui nous conditionnent, mais si nous avons commencé à comprendre notre vie et la vie des autres, ces circonstances extérieures ne peuvent pas nous faire changer d’opinion ou de sentiments toutes les cinq minutes.

    Non, je crois que j’ai commencé à comprendre un peu mieux que ma vie est belle. Mais ce qui a changé dans mon esprit, c’est que j’ai commencé à comprendre un peu mieux pourquoi la vie des autres aussi est belle. Car ma vie est belle si celle des autres l’est aussi, sinon ce serait absurde. Et j’ai commencé à comprendre comment faire comprendre aux autres cette vérité. Et pour être honnête, ce sont les autres au fond qui m’ont ouvert les yeux sur tout cela. Vous avez compris ? Un peu, beaucoup, en partie ? Cela ne fait rien, nous avons à peine commencé, nous avons beaucoup à comprendre ensemble encore...


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  • Oui, je sais que je prends un risque en écrivant cet article. Mais c’est bien pour cela que je vais le mettre dans la rubrique « Provocations ». Le risque c’est que mes lecteurs se disent que ce blog raconte n’importe quoi, que je me moque du monde, que je ne suis pas sérieux et qu’ils ne viennent plus jamais nous visiter.

    En effet comment s’amuser à affirmer que l’autre a toujours raison alors que toute notre éducation en famille, à l’école, à l’université, dans les médias n’a cessé de nous dire que nous devions toujours avoir raison et surtout le montrer et le prouver aux autres ? Et si par hasard nous avons été faibles, si nous n’avons pas réussi à imposer notre raison aux autres, on nous a appris alors à nous blinder un peu plus dans notre tour d’ivoire, à aller chercher d’autres arguments plus puissants que les premiers pour arriver à la fin à convaincre tout le monde que vraiment nous avions raison. Et si finalement nous échouons dans notre tentative, quelle honte au fond pour notre orgueil, nous allons perdre la face, pire encore nous allons peut-être être obligés de nous laisser entraîner dans le camp de l’autre...

    Mais prétendre maintenant, par exemple, que tous les gens qui vont mettre des commentaires négatifs à mes articles auront raison? Je ne suis pas honnête, je fais de la démagogie ? Ou bien je n’ai pas de personnalité ? J’aimerais bien d’abord que quelqu’un écrive un commentaire à mes articles mais le blog n’est pas assez connu encore, il en est à ses débuts et il n’a pas beaucoup de lecteurs, ou bien les lecteurs ne se sentent pas assez libres avec moi pour dire ce qu’ils pensent. Il y a cette rubrique « Place aux jeunes » où personne n’a encore rien écrit : vous pouvez m’aider en faisant connaître notre blog à des jeunes, comme un défi ?

    Je vais quand même essayer de m’expliquer. Oui, l’autre a raison, il a toujours raison, ou bien, si vous voulez, il a toujours des raisons. On dit que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Eh bien, c’est la même chose pour « l’autre » : l’autre, n’importe quel autre, mon frère, ma sœur, mon ami, mon collègue, mon ennemi ont des raisons que je ne connais pas et que je ferais sans doute très bien d’essayer de comprendre.

    Tout le problème part du fait que notre monde, celui que nous imaginons dans notre pauvre tête bien étroite, est divisé entre personnes qui ont raison et d’autres qui ont tort. Et lorsqu’on dit « raison », on pense presque toujours raison contre l’autre, contre moi et c’est une bataille sans répit dont on sort en général chacun dans son coin encore plus divisés qu’avant et sans doute encore plus agressifs.

    La réalité c’est que ma raison est toujours limitée tant qu’elle n’est pas entrée réellement, profondément dans les raisons de l’autre pour tenter au moins de le comprendre. Oui, l’autre a toujours des raisons, des motifs qui le poussent à dire ce qu’il a dit ou à faire ce qu’il a fait. Même si c’est un fou, un malade, un terroriste ? A plus forte « raison » ! Il est peut-être devenu fou, malade ou terroriste parce qu’il n’a jamais rencontré une seule personne dans son entourage pour l’écouter, pour le consoler peut-être ou lui apprendre à changer son regard, à écouter lui aussi les autres différents, à connaître la patience et finalement l’amitié.

    Vouloir avoir raison contre l’autre ne servira qu’à diviser un peu plus notre société malade. Si je veux construire un monde différent je dois apprendre à avoir toujours raison avec l’autre. Et si c’est impossible de se comprendre d’un seul coup entièrement avec l’autre, commençons par ce qui peut nous rapprocher, nous unir, découvrons au moins que l’autre a comme nous de bonnes intentions au départ. A ce moment-là nous n’avons plus rien à cacher, nous pouvons dire ce que nous pensons, au bon moment bien sûr, lorsqu’on voit que l’autre est disponible pour nous écouter. Sinon, travaillons pour créer les conditions nécessaires à ce nouveau dialogue et puis écoutons-nous, écoutons-nous sans cesse : nous serons surpris de voir nous-mêmes le monde avec des yeux différents.


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