• Eh oui, vous voulez que je vous le dise, à quoi ça sert d’avoir raison ? D’une manière un peu provocatrice ? Ça ne sert à rien du tout. Ou plutôt, si, ça sert à diviser les gens, à les juger, à les haïr, à se croire supérieur aux autres, à avoir envie de les dominer, de les écraser, de prendre le pouvoir sur eux… à provoquer des guerres qui n’en finissent plus. Mais pourquoi notre belle humanité en est-elle arrivée là ?

    Si nous reprenons les deux mots de notre question, « avoir raison », ils n’ont pourtant rien de négatif au premier abord, bien au contraire. La raison, la raison humaine, c’est une sorte de synonyme de l’intelligence, ce qui nous distingue des animaux, ce qui nous permet de raisonner justement, de penser, de réfléchir, de résoudre des problèmes. Ou bien si l’on prend le mot « raison » dans un autre sens, cela veut dire, un motif pour prendre une décision, un bel argument dans une discussion, une part de la vérité dont on a besoin. Et « avoir » ce devrait être aussi tellement positif. Avoir le temps, avoir de quoi vivre, avoir des amis, ce n’est pas mieux que d’être démuni de tout ? Alors pourquoi « avoir raison » serait devenu tellement négatif ?

    C’est tout simplement qu’on s’est habitué à penser qu’on a toujours raison « contre » quelqu’un qui a tort. Au lieu que la recherche de la vérité fasse progresser l’humanité, voilà qu’elle la morcelle en groupes de personnes qui pensent tous avoir raison les uns contre les autres. Alors que la première vérité devrait être que l’homme a besoin d’amour et d’unité, voilà que la recherche de nos raisons conduit à la haine et à la loi de la jungle. C’est une sorte de détournement de la vérité pour des intérêts personnels, comme on détourne un avion pour commencer une guerre.

    Quand ce n’est plus la recherche de la vérité qui m’intéresse, mais le désir de dominer l’autre et de lui montrer que je suis le plus fort, je ne l’écoute plus pour le comprendre, mais pour trouver les points faibles de son raisonnement pour mieux l’écraser à notre prochaine discussion. Et quand j’ai trouvé des arguments imparables auxquels l’autre n’arrivera plus à répondre, je triompherai de lui et je montrerai finalement au monde entier que c’est bien moi qu’il faut suivre. J’aurais réussi à « posséder » pour moi cette pauvre vérité que je me suis forgée dans la bataille sociale de tous les jours. Et le verbe « avoir » devient une possession égoïste contre les autres, au lieu d’être un don que je peux partager avec les autres et la « raison » une caricature de la vérité, un morceau de vérité qui sert seulement à s’entretuer au lieu de nous faire avancer vers la lumière.

    Alors comment renverser le courant, comment montrer à l’humanité le chemin de la réconciliation ? En commençant moi-même chaque matin à écouter de tout mon cœur les gens que je rencontre, à essayer de les comprendre, de les aimer et de leur faire confiance. Et avec eux de trouver chaque jour un peu plus de vérité qui nous unit et nous libère. C’est ce qu’ont compris des hommes comme Gandhi qui a mis sa vérité au service de tous les Indiens et même des colonisateurs anglais qui étaient pour lui des frères avant d’être des ennemis. C’est ce qu’a compris Nelson Mandela qui voulait libérer en même temps les oppresseurs et les opprimés. Car tous les deux savaient que l’humanité sortirait finalement de son tunnel le jour où nous aurions raison tous ensemble, les uns avec les autres et non pas les uns contre les autres…


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  • J’ai récemment publié sur Facebook une phrase qui disait : « Accueillir est parfois un risque, mais c’est surtout une libération… » Et comme j’imagine que certains lecteurs ont dû être perplexes devant une telle affirmation, je voudrais m’expliquer un peu.

    Entendons-nous, je n’ai jamais dit qu’il faut à tout prix accueillir n’importe qui et n’importe quand. A chacun de gérer sa vie et ses relations selon les circonstances et en harmonie avec le but ou les buts qu’il a pu se fixer pour sa propre vie.

    Il n’en reste pas moins qu’en général, toute la journée, nous avons à accueillir des gens, directement chez nous ou dans notre bureau, notre magasin, notre entreprise, notre association… La vie est faite de relations plus ou moins profondes qui font que nous avons continuellement l’occasion de rencontrer une foule de personnes, parents, amis, connaissances, collègues de travail ou inconnus. Ce sont peut-être des rencontres qui se répètent avec les mêmes personnes tous les jours, ou au contraire très rarement. Ce sont parfois la rencontre d’une personne que nous aurons vue une seule fois au cours de notre vie…

    Mais tout cela ne change pas grand-chose. Au moins si la qualité de nos relations est importante pour nous. Je sais que beaucoup de gens ne font véritablement attention qu’aux personnes avec lesquelles ils partagent une certaine amitié ou des intérêts communs, sans se soucier le moins du monde de la masse anonyme des gens qu’on croise tout au long de la journée et qui peuvent n’avoir aucun intérêt pour nous.

    Mais je sais que ceux qui lisent mon blog sont désireux comme moi de faire de toutes ces rencontres une occasion d’aimer toujours un peu plus cette humanité qui nous entoure. Si l’on a choisi un tel idéal, c’est là que l’accueil réel de chaque personne devient notre premier but dans la vie. Mais c’est là aussi que commencent les difficultés ou les problèmes. C’est qu’on ne peut pas accueillir quelqu’un n’importe comment. Pour qu’il se sente à l’aise, nous devons l’accueillir en toutes circonstances de tout notre esprit et de tout notre cœur, sinon ce ne serait pas un véritable accueil. Oui, je peux recevoir quelqu’un en vitesse au milieu de toutes mes préoccupations, en pensant en même temps à une foule de choses que je dois résoudre, sans véritablement m’intéresser à lui. Il sentira alors que je l’ai « mal reçu » et que je ne l’ai donc pratiquement pas « accueilli ».

    Car l’accueil, le véritable accueil, est toujours ouvert le plus possible à la réalité de l’autre, dans une pleine disponibilité. Et c’est là que le risque commence. Car si j’accueille quelqu’un de tout mon cœur, je ne peux plus ensuite revenir en arrière, sinon ce serait pire encore. Accueillir quelqu’un sincèrement c’est lui faire sentir qu’il est pour nous un frère ou une sœur et que nous sommes à sa disposition totale, au moins comme intention et dans les limites bien sûr de notre temps et de nos autres engagements. Et l’on se retrouve parfois dans des situations difficiles à gérer, avec des gens qui profitent de nous, qui nous dérangent et avec lesquels on ne sait plus quoi faire, il faut bien l’avouer.

    Et pourtant, si l’on ne veut pas vivre à moitié, je crois qu’il n’y a pas d’autre solution que d’accueillir les autres, n’importe quel autre, de tout notre cœur. Pas seulement pour son bien à lui, mais aussi pour notre bien à nous. Car l’autre solution serait la méfiance, la peur au départ, les calculs à n’en plus finir avant n’importe quelle rencontre, le désir de rester enfermé sur soi-même plutôt que de se lancer dans une aventure dont on ne peut pas à l’avance connaître les conséquences.

    Quand on accueille l’autre de tout son cœur, on se libère d’un coup de toutes ces craintes et de tous ces raisonnements compliqués qui n’en finissent pas de nous replier sur nous-mêmes. Accueillir l’autre nous libère, donne un sens à toutes nos relations, et nous amène souvent à de si belles surprises. Car le véritable accueil est si rare dans notre société malade que les gens sont tellement touchés par notre accueil transparent qu’ils ont très vite envie d’y répondre en étant eux aussi ouverts envers nous de tout leur cœur. C’est comme cela que l’amour et l’amitié grandissent en nous et autour de nous pour toujours.

    Et quand on a véritablement accueilli quelqu’un de tout son cœur dès le départ, on peut même avoir le courage de lui dire un jour que son attitude nous dérange ou nous fait du mal, si un problème a jailli en cours de route, et il comprendra bien vite que nous n’avons rien contre lui par principe, mais qu’il y a peut-être quelque chose à corriger, comme en famille. Et beaucoup de problèmes se résoudront ainsi au moment voulu et le risque se changera de nouveau en libération. Trop beau pour être vrai ? Il suffit d’essayer, en sachant qu’ainsi nous ne serons jamais seuls, mais entourés de vrais amis, et ce sera beaucoup plus facile de toujours accueillir les autres quand nous nous sentons nous-mêmes tellement bien accueillis par une foule de gens…


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  • Je sais, c’est encore un article de ma rubrique « Provocations » et vous allez dire que j’exagère toujours. Et pourtant voilà encore une occasion de mieux expliquer ce que j’ai écrit dans mon récent article sur le positif et le négatif.

    Nous étions bien d’accord qu’il y a beaucoup de mal et de négatif dans notre monde et j’essayais de vous dire mon expérience que le positif existe en soi-même, indépendamment de la quantité de négatif.

    Je voudrais continuer ici dans le même sens, en allant encore plus loin. Nous faisons chaque jour tellement d’expériences négatives. Nous recevons chaque jour de tristes nouvelles de personnes que nous aimons ou que nous connaissons. Nous-mêmes sommes assaillis bien souvent par de nouveaux problèmes qui nous dérangent ou nous inquiètent.

    Eh bien, si nous avions chaque fois le réflexe de nous dire : tout cela est bien triste, mais n’est-ce pas une bonne occasion de lancer ici une nouvelle dose de positif ? Notre voisin était fâché depuis longtemps et il ne disait même plus bonjour. Voilà qu’il vient d’être frappé par une catastrophe en famille. Et si j’en profitais pour sonner à sa porte et lui proposer mon aide, comme si de rien n’était ? Vous ne pensez pas que cela nous mènera à dépasser nos malentendus ? Que les pierres qui s’étaient dressées comme un mur entre nous pourront devenir alors au contraire un pont nouveau dans nos relations ?

    Chaque jour, nous avons l’occasion de visiter ou de contacter des parents, des amis, des connaissances qui sont frappés eux-mêmes ou dans leurs proches par une maladie, un accident, un malheur imprévu. Pourquoi n’en profitons-nous pas pour leur faire sentir que nous sommes proches d’eux, qu’ils peuvent compter sur nous, pour les encourager et les aider peut-être à trouver des solutions concrètes à leurs problèmes ?

    Pourquoi, lorsque nous entendons des nouvelles négatives, notre premier réflexe est souvent de nous plaindre et d’ajouter ainsi tristesse à la tristesse, au lieu de nous jeter à l’eau et d’essayer de trouver une lumière qui illumine l’obscurité ? Combien avons-nous touché du doigt pendant des périodes de guerre que l’amitié née de la solidarité dans le malheur est celle qui résiste le plus au fil des ans ! Combien cette nouvelle crise du coronavirus a permis d’inventer de nouvelles trouvailles magnifiques et impensables quelques semaines plus tôt pour redonner courage à l’humanité !

    Alors, oui, profitons-en, mais que ce soit bien clair en quel sens. Il ne s’agit pas de profiter du malheur des autres pour notre bonheur. Il s’agit de profiter du malheur des autres pour leur faire découvrir que, même au cœur du malheur, il y a toujours un chemin pour la paix dans les cœurs, pour l’amour entre nous, pour la lumière au bout du tunnel et pour l’espoir dans l’obscurité.

    Et si nous sommes nous-mêmes frappés par un malheur, ce sera une occasion magnifique de témoigner à notre tour que dans toute souffrance, il y a toujours ce bien caché qui nous attend : et profitons-en bien, car le témoignage de l’expérience vécue convaincra toujours plus nos amis de la vérité de nos convictions, bien plus que de beaux discours. Et je n’oserais d’ailleurs jamais me permettre d’écrire des articles pareils si je n’avais pas moi-même touché du doigt, dans les moments difficiles de ma propre vie, qu’au-delà des nuages le soleil brille toujours…


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  • Oui, c’est encore une de mes « provocations ». Et pourtant nous entendons de plus en plus souvent cette question autour de nous. Et il y aurait même de bonnes raisons de croire que notre pauvre monde va bientôt exploser. Les guerres se multiplient et nous sommes à deux doigts d’une catastrophe nucléaire. Les changements climatiques deviennent toujours plus surprenants et imprévisibles, au point qu’on prévoit que bientôt le nombre de refugiés pour raisons climatiques va dépasser de loin celui des réfugiés pour cause de guerres. La population mondiale se multiplie à un rythme incroyable et en même temps les ressources diminuent…

    Alors que penser et que faire ? Dans une situation pareille, la meilleure façon de hâter la fin du monde, c’est la panique. Vous savez qu’il existe des serpents qui hypnotisent les oiseaux avec leur regard ? Le pauvre oiseau qui a ses ailes pour voler et qui se trouve sur une branche à plusieurs mètres du serpent est tellement paralysé par le regard de ce serpent qu’il finit par tomber à terre devant lui et à se faire dévorer. Et nous n’avons, nous aussi, qu’à nous laisser paralyser par ces nouvelles prophéties sinistres pour arrêter de vivre et pour nous suicider collectivement simplement par peur de la catastrophe…

    Sans compter que la peur est devenue un excellent business qui rapporte de mille façons, en faisant vendre des armes par exemple pour se protéger des invasions qui nous menacent et quand on a trop d’armes entre les mains, il est bien facile de s’en servir de travers et de hâter les guerres qu’on pensait justement éviter.

    Ce qui est sûr, c’est que la panique n’a jamais trouvé de solution à n’importe quel problème. Certaines peurs légitimes sont parfois sources de sagesse quand elles nous aident à réfléchir et à éviter certains dangers, et cette panique est évidemment un des pires dangers qui puissent nous tomber dessus.

    Alors, réfléchissons simplement. La vie a été un cadeau que nous avons reçu gratuitement sans l’avoir demandé. La terre, notre planète et notre habitation, nous a été confiée en même temps comme le cadre idéal où cette vie pouvait grandir et se développer. Si la vie cesse un jour ou si notre planète meurt, elles s’en iront comme elles sont arrivées et on n’y pourra rien. Je ne parle pas ici au niveau de la foi en Dieu et en l’éternité qui donnent évidemment un tout un autre sens à l’idée de la fin du monde. J’en reste à l’aspect simplement extérieur et apparent de ce que peut être cette « fin du monde ».

    Il ne nous reste qu’une solution pour l’instant : croire en la vie que nous avons encore entre les mains, profiter de cette peur légitime pour nous unir le plus possible avec tous les hommes de bonne volonté qui peuvent encore sauver notre planète avant qu’il soit trop tard. Et se convaincre que la peur et la mort ne provoqueront que des peurs et des morts encore plus terribles. Alors la panique disparaîtra et nous aurons encore de beaux jours devant nous sur cette merveilleuse terre qui n’a pas encore fini de nous surprendre !

     


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  • « La seule richesse qui peut apporter le bonheur est celle qu’on reçoit et qu’on est tout de suite prêt à partager, mais certainement pas celle qu’on croit posséder égoïstement pour soi. » C’est ce que j’ai écrit il y a quelques jours sur Facebook et on me demande de m’expliquer un peu. Car c’est bien évident que la mentalité courante considère que posséder des richesses est une source de bonheur…

    Nous savons bien que cette pauvre « mentalité courante » se trompe tellement souvent. Il n’y a qu’à penser aux préoccupations que provoque la richesse, la peur d’être volé, les jalousies, le fait que les gens sont vos amis parce qu’ils aiment votre argent, mais qu’il n’y a là souvent rien de sincère, et la liste des dangers de la richesse est bien facile à imaginer.

    Alors, c’est mieux d’être pauvre ? Ce serait ridicule de passer d’un extrême à l’autre. La pauvreté aussi est source d’angoisse et de préoccupations de toutes sortes. Pas d’issue à ce dilemme ? L’homme est condamné à être de toute façon malheureux ? Ce n’est certainement pas ce que je veux dire. Mais raisonnons un instant tout simplement.

    La richesse en soi est un bien. Et pas seulement la richesse matérielle. Il n’y a qu’à penser combien nous sommes riches de cette vie qui continue à couler dans notre corps, dans notre esprit ou notre cœur. Nous sommes aussi riches de volonté, de santé, d’énergie, d’intelligence, de culture, d’expérience, d’amitié ou d’amour. Et tout cela peut réellement nous apporter le bonheur.

    Mais à une condition : c’est de nous souvenir que tous ces types de richesses sont un cadeau que nous a fait la nature, ou que nous nous sommes nous même gagné à la sueur de notre front ou de notre intelligence, mais la richesse n’est jamais un but en soi, elle n’est qu’un moyen de créer des relations, de construire une société toujours plus harmonieuse. La richesse est un don que j’ai reçu pour le partager et développer des relations toujours plus belles entre les hommes.

    C’est donc la relation qui est importante et si telle ou telle richesse m’est enlevée, j’en trouverai toujours d’autres à partager, car ce sont mes relations avec les autres qui comptent et non pas par quelles richesses nous avons fortifié ces relations. Un pays en guerre fait cette expérience difficile et merveilleuse que les richesses détruites irrémédiablement peuvent être remplacées par une telle solidarité humaine que l’on parvient à créer des amitiés encore plus fortes quand tout va mal qu’en période de paix.

    Alors si l’autre que j’aime est le but de ma journée et de toute ma vie, je serai un moment malheureux si je perds une de mes richesses, mais je découvrirai bien vite que j’ai tellement d’autres richesses à donner, que je ne perdrai plus de temps à faite encore attendre ces amis qui ont besoin de moi. Mais si évidemment la richesse est devenue un but pour moi, pour me sentir important ou à l’abri des dangers, alors mon bonheur risque de disparaître au moindre accident avec tous les faux amis que je m’étais trouvés en route et qui iront chercher ailleurs d’autres illusions…


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