• Je ne sais pas pourquoi, mais je vois trop de peur un peu partout ces jours-ci. Je suis peut-être en train de tomber dans le piège d’avoir peur de la peur ? Il y aurait de quoi être préoccupé. Quand trop de chrétiens sont sur la défensive et continuent à se préoccuper de l’avenir du christianisme, cela pourrait en effet être un signe précurseur que le christianisme est bien malade.

    Heureusement tous les chrétiens n’ont pas peur, car je pense qu’un véritable chrétien est surtout occupé à aimer Dieu et son prochain, il n’a même pas le temps de trop se regarder.

    Mais dites-moi ce que vous pensez de ces quelques lignes tirées d’un article publié hier dans l’Orient Le Jour, le quotidien libanais en langue française :

    « La pratique du yoga est incompatible avec la spiritualité chrétienne, a estimé vendredi le Centre catholique d'information (CCI).

    "Face à la campagne médiatique dont bénéficie le yoga, et la désinformation consistant à cantonner cette pratique à un exercice physique faisant appel à des techniques de respiration et de détente, le CCI tient à alerter les croyants sur les dangers de l'utilisation de ces techniques de méditation venues de l'Asie de l'Est et sur l'éventualité qu'elles pourraient être compatibles avec la méditation chrétienne", indique le communiqué publié vendredi par le CCI.

    "La spiritualité du yoga est contraire à la spiritualité chrétienne... »

    Moi, je ne comprends plus ce christianisme frileux et perdu d’avance qui se replie sur lui-même au lieu de conquérir le monde à l’amour du Christ, cet amour à la fois avec Dieu et entre les hommes qui fait respirer, qui libère. Lorsqu’on voit partout le négatif et des dangers menaçants, c’est qu’on a commencé à être vide au fond de soi-même. Et c’est cela le véritable danger. Excusez-moi, mais si les chrétiens s’aimaient entre eux et aimaient tous leurs frères et sœurs en humanité, ils seraient tellement pleins de vie débordante qu’ils transformeraient le monde.

    J’ai de grands amis qui pratiquent le yoga avec joie et enthousiasme et qui sont en même temps de véritables chrétiens dans tous les sens du terme. Et si quelque part dans le monde certains chrétiens sociologiques ont trouvé dans l’hindouisme une source d’épanouissement qu’ils n’avaient pas trouvé dans le christianisme, qui sommes-nous pour juger qu’ils sont en train de se perdre ?

    Le danger n’est donc pas le yoga, mais la peur du yoga, comme la peur de l’islam ou la peur du nouveau, ou la peur du réfugié, ou la peur de celui qui est différent. Et le christianisme n’est pas d’abord une spiritualité ou une méditation, c’est une vie bien concrète, une relation personnelle avec un Dieu qui s’est fait homme pour nous faire Dieu avec lui. Si je l’ai vraiment découvert, comment pourrais-je revenir en arrière à cause d’une méditation ou d’une spiritualité ? Pauvre christianisme qui se sent menacé : ce n’est pas ce christianisme-là qui risque d’attirer les jeunes d’aujourd’hui ! 

     

     


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  • Je suis tombé il y a quelque temps sur cette phrase de Simone de Beauvoir qui m’a horrifié : « Le couple heureux qui se reconnaît dans l’amour défie l’univers et le temps ; il se suffit, il réalise l’absolu. »

    Je sais que Simone de Beauvoir n’est pas n’importe qui, mais comment peut-on affirmer une ineptie pareille ? Et pourtant, tout semble tellement beau au départ dans cette phrase : cet amour qui « défie l’univers et le temps », cet amour qui « réalise l’absolu ». Si Simone de Beauvoir s’était arrêtée là, ce serait une phrase merveilleuse. Mais ne voyez-vous pas comme moi que trois petits mots viennent complètement gâcher la fête ?

    « Le couple heureux qui se reconnaît dans l’amour défie l’univers et le temps ; il se suffit, il réalise l’absolu. » « Il se suffit… » Le sens de toute la phrase prend aussitôt une autre direction. L’amour et l’absolu qui ne peuvent exister que dans la dynamique d’une ouverture réciproque totale, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur d’eux-mêmes, se replient tout à coup sur eux-mêmes, dans une sorte d’autosuffisance mortelle, comme une sorte de cancer qui va tout bloquer.

    Excusez-moi, mais le sens même de l’amour nous dit qu’il ne pourra jamais s’arrêter, se suffire à lui-même. Car être pris par l’amour, c’est être pour toujours assoiffé, avide de partage à l’infini. L’amour est ce mouvement qui jaillit comme un écho perpétuel qui se renouvelle à chaque instant comme les vagues éternelles qui vont et viennent sur le rivage. L’amour est une découverte qui recommence sans se lasser dans une recherche qui se repose en se multipliant. Freiner l’amour, c’est le condamner à bientôt mourir, dans je ne sais quelle routine inquiétante, c’est le détourner de son souffle bienfaisant, c’est le transformer en un trésor de musée qui n’a plus rien à nous dire pour la suite de notre vie.

     

    C’est toujours la même erreur qui se répète, cette tentation de posséder la vie qui jaillit en nous et entre nous, au lieu de la laisser simplement s’écouler et nous surprendre par ses inventions merveilleuses, ce serait comme vouloir posséder le temps et le mettre dans un coffre-fort. On peut alors comprendre pourquoi l’amour conduit si souvent à de terribles désillusions. C’est que l’amour n’est plus l’amour, mais simplement son fantôme ou son mirage et on a beau jeu de l’accuser de nous avoir gâché la vie pour toujours !


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  • Nous voici de nouveau dans la rubrique « Provocations ».

    C’est que je me suis senti provoqué ces jours-ci, dans le bon sens du terme, par la remarque d’une lectrice que j’aime beaucoup mais qui m’a laissé un peu sur ma faim, et je sens qu’il faut creuser encore un peu plus pour se comprendre.

    J’avais publié de nouveau une ancienne phrase de mon blog qui disait : « Si le monde voulait se mettre d’accord pour la paix, les marchands d’armes feraient faillite, mais qui veut sincèrement la paix ? »

    Ce à quoi notre amie a répondu : « Quelques naïfs comme nous. »

    Je vous renvoie ici, si vous avez le temps, à mon article « Bonté et naïveté » du 6 février 2016 dans la rubrique « Batailles », pour faire avancer notre dialogue.

    Mais revenons à ce mot « naïf ». Si on ouvre le dictionnaire, le mot « naïf » n’est pas forcément péjoratif, comme on a souvent l’habitude de le prendre. Naïf veut dire aussi : naturel, spontané, sincère ou simple, qualités bien rares en ce monde. Mais c’est vrai que le plus souvent naïf veut dire, pour la plupart des gens : bête, benêt, bonasse, candide, crédule, dupe, inexpérimenté, ingénu, innocent (dans le sens de quelqu’un qui se laisse tromper par des gens plus rusés que lui).

    Oui, notre monde est difficile, terriblement difficile, et on doit être attentif à ne pas se laisser entraîner n’importe où, n’importe quand et n’importe comment. Mais je voudrais crier très fort ici que les véritables naïfs, ceux qui se laissent tromper sans réfléchir, sans aller vérifier, ce sont ceux qui croient que tout est négatif en ce monde et qu’il n’y a plus d’espoir. Et comme il n’y a plus d’espoir, que chacun s’arrange comme il peut, que chacun se débrouille pour trouver une place au soleil. La vie est courte et difficile. Qu’on essaye d’en profiter au maximum tant qu’on le peut. Et la mentalité de la société de consommation est le seul sens qui nous reste pour vivre au moins encore pour quelques temps un certain bonheur relatif…

    Tout cela est bien sûr une caricature trop rapide, mais dites-moi si ce n’est pas cette atmosphère qu’on respire en ouvrant la télévision ou en se laissant aller dans ce qu’on appelle maintenant les réseaux sociaux.

    Je crois qu’il y a là une immense tromperie, une tromperie orchestrée d’abord par ceux qui ont intérêt à ce que les hommes tombent maintenant dans ce piège, une minorité qui s’enrichit chaque jour sur le dos de l’égoïsme et de la médiocrité humaine. Et les véritables « naïfs », ce sont tous ces gens qui se laissent prendre par le courant de la société moderne tel qu’elle est devenue et qui sont désormais incapables, comme on dit, de voir plus loin que le bout de leur nez.

    Les gens naïfs, ce sont ceux qui croient à tous les mensonges véhiculés par les médias, qui pensent que la force et la puissance sont la solution aux problèmes, qui croient que la guerre est la seule possibilité de résoudre les conflits, qui pensent que l’amour et la paix sont pour les rêveurs et qu’il faut au contraire apprendre à être « réalistes » (un autre mot sur lequel j’aimerais revenir un jour !).

    Je crois que quand on choisit un jour dans sa vie de se battre pour un idéal au service de l’humanité, comme l’ont fait Gandhi ou Nelson Mandela, que nous citons souvent dans ce blog, on ne peut pas être naïf. On doit bien faire ses calculs avant de se lancer dans la bataille, sinon on se casserait la figure au premier tournant en étant la risée de ses voisins. Non, celui qui croit encore en la paix pour l’avenir de l’humanité c’est le seul que l’humanité ira supplier de le sauver le jour où tout espoir semblera définitivement perdu. Ce sera le seul qui pourra encore illuminer le tunnel noir de l’humanité quand toutes les lumières artificielles de la société de consommation se seront éteintes l’une après l’autre.

     

    Il y a encore beaucoup de gens qui croient en la bonté profonde ancrée au cœur de l’homme. Et je remercie tous ceux que j’ai rencontrés dans ma vie et qui m’ont ouvert les yeux sur cette immense vérité. Mais, de grâce, soyons fiers de nos idéaux, n’ayons pas honte de vouloir le bien de l’homme, de tout homme et de toute femme qui croisent notre chemin. C’est le seul sens positif qu’on peut encore trouver à la vie. Tandis que si nous avons honte de cette lumière que nous avons trouvée, comment convaincre nos compagnons de voyage que tout n’est pas définitivement bouché devant nous et que l’homme, un jour ou l’autre, reprendra le chemin de la paix s’il ne veut pas que toute l’humanité finisse dans un grand suicide collectif ?


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  • Quel beau proverbe, apparemment, que chacun de nous a appris dès son enfance ! Car quoi de plus beau que de s’unir et quoi de plus beau que d’être fort ? Oui, cela semble évident : l’union fait la force !

    Et pourtant il y a le plus souvent dans cette phrase un malentendu terrible. Je vais même vous dire que je crois de plus en plus que cette phrase mal interprétée, mal comprise et mal vécue est en train de devenir la source de tous nos maux, comme un piège mortel dans lequel sont en train de tomber l’un après l’autre presque tous les peuples.

    On veut d’abord nous faire croire que pour pouvoir vivre dans ce monde il faut être fort, mais dans le sens d’être fort contre les autres qui nous menacent, qui veulent prendre notre place, qui veulent nous exploiter et nous dominer. Alors, évidemment, si l’humanité en est arrivée à ce point, il n’y a plus rien d’autre à faire que de s’allier au plus fort, sans état d’âme, sans se demander si ce « plus fort », est aussi le plus juste ou le plus humain.

    Et voilà nos hommes politiques qui continuent à jouer le jeu des Etats-Unis comme si c’était le pays le meilleur du monde, parce qu’avec eux on se sent à l’abri. Et si les Etats-Unis ne nous plaisent pas, on se tourne vers la Russie et bientôt peut-être vers la Chine, sans plus demander de comptes, simplement parce que ce sont les plus forts.

    Dans les régions où règne la mafia, c’est cela la loi qui régit la société. On doit s’unir au boss le plus puissant sous peine de devoir quitter la région ou le pays, ou d’être complètement balayé. Mais le monde est-il devenu une grande et immense mafia planétaire ?

    Je vais revenir encore sur ce sujet qui me semble vital pour l’avenir de l’humanité. Et je voudrais donner deux exemples aux antipodes qui pourraient nous faire réfléchir. Le premier est l’état d’Israël qui s’est uni aux Etats-Unis pour être sûr d’être le plus fort au Moyen Orient. Le résultat c’est qu’il est devenu lui-même un ghetto, menacé et haï par tous les pays qui l’entourent, comme une preuve que la véritable sécurité ne se trouve pas dans la force, mais dans l’amitié avec ses voisins. Si Israël avait su faire la paix avec ceux qui l’entourent et mettre à la disposition de ses voisins tous ses talents technologiques, scientifiques ou culturels, le Moyen Orient serait une oasis de paix au lieu d’être le pauvre corps malade d’un cancer presque incurable tel qu’on le voit actuellement.

    A côté de cela contemplons la vie de Mère Teresa. Elle a cru elle aussi à l’union, mais à l’union « pour » et non pas à l’union « contre ». Elle ne s’est pas sentie menacée, mais elle a donné sa vie pour ceux qui étaient rejetés par la société. Elle s’est unie aux plus faibles et non pas aux plus forts. Personne ou presque ne l’a menacée. Elle a pu parcourir le monde la tête haute, parce que tout le monde l’aimait.

     

    Quand le monde cherche une union pour la force ou par la force, c’est qu’il est déjà malade. L’union véritable, celle de l’amour et des vraies valeurs ne fait pas la force, mais fait la paix et la confiance. Et ce sont la paix et la confiance qui font la véritable sécurité et non pas la force qui domine aujourd’hui et qui sera dominée demain.


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  • J’aime de plus en plus Facebook. C’est une invention géniale. C’est vrai que l’on peut en devenir esclave, c’est vrai que Facebook peut véhiculer un tas de mensonges ou de bêtises. Mais c’est au fond comme toute découverte, à chacun de prendre ses responsabilités et de savoir l’utiliser pour des buts positifs. Je vois que chaque jour de nombreux amis publient sur leur « page Facebook » une foule d’idées, de nouvelles, de citations qui illuminent notre journée.

    Et puis c’est aussi une source de provocations, de belles provocations comme je les aime, des opinions de tous genres qui font réfléchir, qui nous obligent à écouter l’autre différent pour essayer de mieux se comprendre et dialoguer.

    Mais voilà par quoi je me suis senti provoqué, il y a quelques jours. Une de mes amies, qui publie souvent des perles sur sa « page », cite une phrase de Dale Carnegie qui dit « Souviens-toi que le bonheur dépend non pas de ce que tu es ou de ce que tu possèdes, mais uniquement de ta façon de penser. » J’ai réagi tout de suite à cette déclaration par un commentaire : « Il y a une confusion dans les mots ici. Bien sûr que le bonheur ne dépend pas de ce que je possède, mais il dépend de ce que je suis (pas extérieurement, mais au fond de moi-même) et ce que je suis doit être en harmonie avec ce que je pense, sinon pauvre de moi ! »

    Ce à quoi un ami de mon amie répond, malicieusement : « Et si je pense bien, mais je n’ai rien ????!!!! » C’est à cette dernière provocation que j’aimerais répondre aujourd’hui. C’est bien sûr une caricature. Qui en ce monde n’a vraiment « rien » ? Mais cela vaut la peine tout de même de réfléchir un peu plus à ce sujet. A la limite, je crois que si quelqu’un n’a vraiment rien, il n’arrivera même pas à penser… Encore faut-il distinguer entre ceux qui sont très pauvres depuis toujours et ceux qui « avaient » quelque chose et qui viennent de la perdre, par un accident, une maladie, une catastrophe.

    J’ai connu en Egypte des gens d’une extrême pauvreté et qui rayonnaient de joie et de générosité. J’ai connu des gens sur le point de mourir, qui étaient ainsi en train de tout perdre, et qui rayonnaient aussi de paix et de sérénité au milieu de leur épreuve. Je crois donc qu’il y a toujours en chaque homme un espace de liberté où il peut être capable d’être heureux dans la pire des épreuves : facile à dire, mais cette expérience existe !

    Ensuite, il est important de bien s’entendre sur le sens des mots. Il y a une grande différence entre avoir et posséder. La langue arabe est d’ailleurs très originale à ce sujet puisque le verbe « avoir » n’y existe pas. En français on dira : j’ai un livre. En arabe ce sera : un livre est avec moi ou à moi. Ce n’est pas d’avoir qui empêche le bonheur, mais c’est de « posséder », dans le sens où je m’arrête sur mes « possessions » et où je me renferme sur elles dans un défense égoïste et jalouse.

    Il existe de belles possessions : lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il possède un cœur en or ou de nombreuses qualités. Mais en général posséder veut dire être replié sur ce qu’on possède. On parlera d’un amour « possessif » qui empêche l’autre de respirer. On dit même qu’une personne est possédée par le diable, comme une réalité terriblement négative. Posséder et être obsédé par ce qu’on possède, rend esclave, empêche de dormir la nuit et d’être généreux avec son prochain et cela ne laisse plus beaucoup de place pour un vrai bonheur.

    Tandis qu’ « avoir » veut dire simplement que l’on a entre les mains un trésor, un instrument que l’on peut utiliser pour le bien de la société qui nous entoure, comme un talent à développer. J’ai une expérience de travail que je peux transformer en aide pour les autres, une intelligence qui peut servir autour de moi, des compétences qui peuvent faire un bien fou à ceux que je rencontre et même beaucoup d’argent que je peux faire fructifier pour les autres, au lieu de l’enfermer dans mon coffre-fort.

     

    L’important, pour être heureux, est donc l’harmonie entre ce qu’on a, ce qu’on pense et ce qu’on est, toujours dans une relation d’amour avec les autres, car c’est là le vrai et unique bonheur. Et si je pense beaucoup et que je me crois très intelligent, mais que je ne sais pas aimer les gens qui m’entourent, mon bonheur sera aussi bien vite limité. En tous cas merci à cet « ami » que je ne connais pas et qui m’a provoqué sur Facebook : dialogue à suivre !


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