• Puissance perdue?

    « Tu vois ces grandes constructions ? il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mc 13,2) 

    Nous venons de lire cette phrase terrible au début du chapitre 13 de l’Evangile de Marc : « Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles belles pierres ! quelles belles constructions ! » Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ? il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mc 13,2)

    Jésus veut-il nous faire peur ici ? Certainement ! Et pourtant nous savons bien que l’Evangile n’est pas un message de peur mais d’amour. Alors que se passe-t-il ? Il s’agit d’un simple rappel, essentiel pour notre vie : tout passe, tout est vanité des vanités, comme nous le disait déjà l’Ancien Testament. 

    Mais pourquoi Jésus est-il descendu parmi nous sur la terre, lui le Tout puissant, si c’est pour nous redire une fois de plus que la vie conduit à la mort, comme si nous ne le savions pas, comme si nous n’en faisions pas chaque jour une nouvelle expérience ? Toute une vie consacrée aux plus beaux projets que l’homme puisse rêver et voilà qu’en quelques jours tout va s’arrêter. Il ne restera plus rien.

    C’est sur ce verbe « rester » que je voudrais m’arrêter ici un instant avec vous. Le plus grand rêve de l’homme c’est celui de « rester », de continuer à vivre pour toujours, d’être immortel. Et si Dieu est véritablement amour, et c’est ce que nous expérimentons chaque jour dans notre vie lorsque nous nous laissons porter par lui, il ne peut pas s’être moqué de nous. Il ne peut pas avoir mis en nous ce rêve apparemment insensé pour se moquer de nous tout simplement : quel amour cela serait-il ? Ce serait tellement cruel de nous traiter de la sorte.

    Non, ce que Dieu a mis en nous de plus vrai, de plus fort, de plus profond est bien là pour « rester ». Mais il s’agit de bien distinguer. Il s’agit de ne pas tout confondre. De ne pas croire que c’est ce qui est apparemment fort et puissant qui va rester. Non, la puissance extérieure n’a rien à voir. Jésus lui-même va mourir dans quelques heures… mais il va ressusciter.

    La résurrection ne nous frapperait pas autant si tout s’était passé en douceur, comme si de rien n’était. La résurrection est extraordinaire parce qu’elle fait suite à la mort, à la destruction la plus totale que l’on puisse imaginer. Nous devons donc accepter de regarder pour toujours cette réalité en face dans notre aventure sur cette terre. La vie est pleine d’échecs, de maladies, de morts, de destructions. Mais ce sont ces échecs, ces maladies, ces morts et ces destructions qui vont passer finalement. Ce n’est pas la vie qui passe, c’est la mort qui passe, et cette vie qui « reste » est d’autant plus belle et plus forte qu’elle a passé et dépassé l’épreuve de la mort.

     

    N’avons-nous pas expérimenté souvent dans notre vie combien l’amour grandit au milieu des épreuves, combien notre cœur déborde d’amour pour chacun et même pour le monde entier lorsque nous entrevoyons enfin la lumière à la fin d’un tunnel ? Mystère de la souffrance et même de la mort qui nous conduisent à la vie qui « reste » et qui grandit et se transforme, déjà sur cette terre, sans avoir besoin d’attendre la vie éternelle. Quel amour étonnant de ce Dieu qui a affronté la mort pour nous pour que nous puissions la regarder en face sans plus la craindre…


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