•  « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. » (Mt 10,40)

    [Un article qui aurait dû paraître en septembre 2019 et que j’ai complètement oublié dans un tiroir : le voilà enfin]

    Tout le message de la Bonne Nouvelle est une révélation progressive de la vie du ciel au milieu de nous, telle que Jésus est venue pour nous l’apporter. Nous avons vu déjà comment Jésus nous fait découvrir peu à peu l’Amour qui règne « là-haut » entre le Père et le Fils dans l’Esprit : le Père et le Fils qui « passent leur temps », si l’on peut se permettre de parler ainsi de Dieu, à se donner l’un à l’autre de tout leur être et à s’accueillir en même temps dans la réciprocité la plus totale.

    Le but unique de Dieu n’est pas d’abord de faire tel ou tel miracle ou tel enseignement qui va bien sûr nous servir immensément, mais surtout d’entrer en Jésus dans la relation trinitaire qui se vit au Paradis. Nous avons vu, dans la prière du Notre Père, comment Jésus voudrait de tout son cœur que nous entrions nous aussi dans cette relation d’amour réciproque qu’il a de toute éternité avec le Père. Cela devrait nous donner le vertige, un beau vertige, si nous nous arrêtions pour comprendre réellement ce qui est en train de nous arriver ainsi en Jésus.

    Tout le reste est finalement secondaire, les réussites ou les échecs à la suite du Christ, les moments de croix ou de résurrection, pourvu que chaque jour nous laissions l’Esprit en nous « accueillir » Jésus tel qu’il se présente à nous, dans la prière, dans l’eucharistie, dans la Parole, dans nos frères et nos sœurs en humanité et au milieu de nous. Et alors nous n’avons plus qu’à nous laisser porter par cette vague divine qui nous conduit au Père, que nous en soyons conscients ou non, que nous dormions ou non, comme cette semence du royaume de Dieu semée en nous et au milieu de nous, qui ne cessera plus jamais de grandir, car le Père en Jésus a commencé à nous adopter pour toujours.

    Mais puisque Jésus s’adresse ici à ses disciples, et donc finalement à chacun de nous qui avons décidé de le suivre, quelle responsabilité nous donne-t-il en même temps ! Car grâce à cette intimité que j’ai commencé à découvrir entre moi et Jésus, et à travers Jésus, entre moi et le Père et l’Esprit, je peux être pour chaque prochain que je rencontre une porte ouverte sur le ciel. Ce prochain qui m’accueille de tout son cœur va maintenant accueillir Jésus en moi et le Père, et si notre amour est réciproque, nous allons nous entraîner tous ensemble sur le chemin du ciel. Il y a déjà là en une toute petite phrase, tout le dessein de Dieu sur l’humanité.


    votre commentaire
  • Bien chers lecteurs,

    Au cours de cette période, notre blog est resté longtemps en silence, mais vous pouvez y trouver tout de même quelques articles qui pourraient vous plaire.

    Du 2 au 12 mars, puis plus tard les 14 et 16 mai, j’ai publié de nouveau dans « Perles de la Parole » une série d’articles sur l’Evangile de Marc, de l’année 2015, comme préparation à la lecture du chapitre 16 de Matthieu : ces deux évangiles se ressemblent beaucoup, mais chacun garde tout de même toujours son originalité. Ce sont « De Marc à Matthieu 16 » (articles de 1 à 7).

    Le 4 mars, j’ai écrit dans « Désorientés » : « Le déluge des médias » pour nous aider à savoir nous diriger au milieu de ce bombardement médiatique qui nous envahit chaque jour de plus en plus et qui crée souvent beaucoup de confusion…

    Le 8 mai, après une longue pause, je suis revenu à la vie publique avec « Notre coronavirus à nous » dans la rubrique « Interdépendance ». C’est impressionnant tout de même de voir tout ce que ce fameux coronavirus a changé dans nos vies.

    En cette période difficile, j’ai essayé de répondre, encore dans la rubrique « Désorientés », à une question cruciale : « Faut-il se protéger contre la souffrance ? »

    Le 12 mai, j’écrivais dans « Reflets de paradis » : « Si loin, si près » sur les relations avec nos amis ou nos proches quand la vie nous empêche de nous retrouver.

    Puis à partir du 18 mai et jusqu’au 28, je me suis plongé, dans « Perles de la Parole », dans le chapitre 16 de Matthieu, avec « Matthieu 16 », « Laisser Dieu comprendre en nous », « Enfin j’ai compris ! », « La béatitude du Père », « La famille de la maison de Dieu » et « Nous ouvrir les uns aux autres le Paradis ».

    Bonne lecture, si vous ne l’avez pas encore faite !


    votre commentaire
  • « Je te donnerai les clés du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16,19)

    Je vous avoue que j’ai eu peur de dire des bêtises, cette fois-ci, quand j’ai vu que je devais commenter cette phrase. Car il y a un piège là-dedans ou même plusieurs pièges. On y trouve toute la problématique, qui n’est pas encore résolue jusqu’à nos jours, du primat de Pierre. Et cette phrase nous rappelle aussi tous les abus de pouvoir sur la conscience de tant d’évêques et de prêtres à cause desquels bon nombre de fidèles se sont éloignés de l’Eglise, préférant chercher un rapport direct avec Dieu sans passer par l’Eglise, plutôt que de dépendre des caprices d’hommes pécheurs comme eux et qui prétendaient se mettre entre eux et Dieu. Mais ce n’est pas de cela que je voudrais parler cette fois-ci, cela demanderait bien plus qu’une pauvre page de blog…

    Je voudrais monter avec vous au ciel, auprès du Père, et essayer de comprendre pourquoi il a tellement perdu la tête pour nous. Il a déjà perdu la tête avec le Fils et l’Esprit Saint, par amour pour l’humanité, quand ils ont décidé que Jésus allait descendre parmi nous, prendre chair parmi les hommes. Mais là, passe encore, ils ont trouvé Marie qui est tellement exceptionnelle…

    Mais cela ne suffisait pas. Jésus n’allait pas tarder sur cette terre, il lui fallait bien retourner auprès du Père et comment les hommes allaient-ils continuer cette révolution d’amour que le Christ avait commencée ? Bien sûr, Jésus allait inventer le miracle de l’Eucharistie, il allait nous laisser sa Parole divine, mais serait-ce suffisant ? Non, « les Trois » là-haut voulaient absolument que l’humanité entre avec eux au Paradis, comme un partenaire presque d’égal à égal. Pour Marie, la Mère de Jésus, c’était peut-être plus compréhensible, mais le reste de l’humanité ? Dieu pouvait-il lui faire confiance, alors que nous sommes au fond chacun de nous, pires les uns que les autres ?

    Quand Jésus a vu que Pierre l’aimait vraiment, qu’il commençait un peu à comprendre et qu’il voulait sérieusement le suivre, il a demandé au Père d’intervenir. Le Père a alors envoyé l’Esprit à Pierre, qui lui a révélé que Jésus était « le Fils du Dieu vivant ». Miracle de l’amour infini de Dieu : voilà qu’il risquait de révéler ses secrets les plus intimes à un pauvre pécheur, comme chacun d’entre nous. Alors, pour aller jusqu’au bout de sa confiance, Dieu a décidé de donner à l’humanité cette chance de pouvoir le trouver en Pierre, une fois que Jésus serait remonté au ciel.

    Et je crois qu’ici tout change. Pierre n’est pas un obstacle entre Dieu et nous, il est une chance, la chance inouïe d’avoir parmi nous un homme, puis des hommes qui sont témoins directs de Dieu et qui peuvent nous ouvrir les portes du paradis, déjà maintenant sur cette terre. Mais alors qui est Pierre ? Le Pape ou les évêques ? Certainement, malgré toutes leurs limites et leurs péchés, mais c’est aussi chaque homme ou chaque femme qui décide un jour de suivre Jésus de tout son cœur et qui ouvre à son tour le paradis à ses compagnons de voyage. Moi, je peux être Pierre pour toi et toi, tu peux être Pierre pour moi. Cela veut dire que chaque homme et chaque femme qui dit oui à Dieu peut devenir un pont entre la terre et le ciel pour tout le reste de l’humanité, malgré toutes nos limites.

    Et nous comprendrons alors encore mieux dans les prochains chapitres de Matthieu pourquoi Jésus a dit que « là ou deux ou trois sont unis en son nom » Lui est présent au milieu d’eux. Et pourquoi il a dit encore que « tout ce que nous faisons à l’un de nos frères » qui souffre, c’est à Lui que nous le faisons. Et personne ne doit être jaloux de personne, parce qu’en fin de compte chacun de nous est un sacrement de Jésus pour le frère. Chiara Lubich nous a toujours parlé avec passion des trois communions que Dieu nous donne : avec Jésus dans l’Eucharistie, dans la Parole et dans le frère… Cela ne fait-il pas rêver ?


    votre commentaire
  • « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mt 16,18)

    Nous savons bien que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde et Jésus nous dit tout au long de l’Evangile comment faire pour y entrer, en particulier en faisant la volonté du Père. Il nous a dit aussi que le Royaume des Cieux est tout proche. Mais voilà qu’il veut maintenant bâtir ici son Eglise parmi nous. « Son » Eglise, c’est-à-dire en quelque sorte sa maison, donc une partie finalement de son Royaume qui existerait aussi dans ce monde. Cela ne devrait-il pas nous donner le vertige ?

    Le problème c’est que nous croyons trop bien connaître l’Evangile que nous lisons si souvent, comme si tout y était désormais connu pour nous, simple et naturel. Mais je crois que nous devons ici encore nous arrêter un instant pour essayer de comprendre. Dieu veut installer dans ce monde mortel une partie de son Royaume immortel, mais comment va-t-il faire ? Il va envoyer une garnison de ses anges pour que les hommes ne la détruisent pas ? Ce serait déjà le plus grand des miracles sur cette terre.

    Eh bien non, Jésus va faire une chose encore plus incroyable, il va confier la garde de sa maison à ses apôtres. Et l’on sait que ce méchant monde (qui existe aussi au fond du cœur de chacun d’entre nous) va s’attaquer à ses apôtres et même en tuer certains. Mais cela ne changera rien au plan de Dieu. L’Eglise restera, les apôtres mourront par le martyre ou par leur mort naturelle, mais la famille de Dieu constituée autour des apôtres ne s’éteindra jamais, tant que notre monde existera. « La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle ».

    On pourrait croire à une fanfaronnade si ce n’était pas Dieu qui parlait. Et, 2000 ans plus tard, l’Eglise de Dieu est toujours là, affaiblie, divisée, mais toujours bien vivante, peut-être même plus vivante que jamais, et toujours bâtie sur les successeurs des apôtres. Aucun royaume, aucun gouvernement d’aucune nation de ce monde n’a résisté de cette façon, tous ont disparu les uns après les autres et ont été remplacés par de nouveaux royaumes ou de nouveaux gouvernements. Et l’homme d’aujourd’hui, comme au temps de Jésus, continue à demander des signes…

    Et ce qui est le plus fort là-dedans, c’est que tout ce que nous faisons encore aujourd’hui au nom de l’Eglise, dans l’Eglise et pour l’Eglise, ce qui veut dire au fond, à travers l’Eglise, pour toute l’humanité, ne mourra jamais. C’est Jésus qui l’a promis et il tient toujours ses promesses. Cela n’est-il pas suffisant pour nous faire changer de vie chaque jour complètement ?


    votre commentaire
  • « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux. » (Mt 16,17)

    Quelle phrase extraordinaire que celle-ci, si on prend le temps de s’y arrêter ! D’abord, c’est une béatitude ! On pourrait penser un instant qu’elle n’est pas comme les autres béatitudes, car elle n’est pas adressée à tout le monde, comme celles du discours des Béatitudes adressées à la foule de ceux qui suivaient Jésus, et donc à chacun de nous ; elle n’est même pas adressée à tous les disciples, mais seulement à Pierre, qui vient à peine de déclarer à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »

    Mais c’est justement pour cela que cette béatitude est placée là dans l’Evangile, pour atteindre chacun d’entre nous au fond de son cœur. Car chacune des béatitudes est faite évidemment pour le monde entier, mais Dieu n’est pas un commerçant en gros, Dieu est ce miracle d’un amour qui est à la fois global, universel et unique, personnel pour chacun. Jésus a appelé Simon Pierre, et pas n’importe quel Simon, un Simon bien précis, le fils de Jonas. Etait-il au départ tellement extraordinaire ? Non, c’était un simple pêcheur du lac de Tibériade.

    Alors que s’est-il passé ? Pierre était-il déjà un saint avant de commencer ? On voit justement dans l’Evangile combien Pierre était un pauvre pécheur, bien limité comme nous. Mais il a répondu à l’appel, il s’est mis à aimer Jésus de tout son cœur. Et quand le Père voit quelqu’un qui reconnaît son Fils, alors il commence à l’aimer à son tour. Nous disions à propos de la prière du Notre Père qu’on arrive toujours au Père par Jésus. Et c’est cela la béatitude. Quand on prend l’amour de Jésus au sérieux, quand on se met à le reconnaître et à l’aimer à l’intérieur de nous et dans nos frères, voilà qu’il nous porte au Père.

    Alors tout change, car le Père nous envoie l’Esprit et il nous révèle les secrets de son paradis. Et ce ne sont plus seulement la chair et le sang, c’est-à-dire nos simples capacités humaines qui nous montrent le chemin. Nous commençons à voir les personnes, les évènements et les choses comme Dieu les voit. La vie devient tellement plus simple et nous voilà devenus soudain « bienheureux », pour toujours, indépendamment des difficultés et des souffrances de la vie de chaque jour. Car il suffit maintenant de nous brancher sur le Père, chaque fois que nous nous sommes arrêtés en route ou perdus en chemin. C’est nous qui risquons encore de changer jusqu’au dernier jour de notre vie, mais la béatitude sera toujours là à nous attendre, car le Père est là qui veille sur nous…

     


    votre commentaire