• On n’en finirait pas de parler de la confiance. C’est un sujet tellement important et délicat à la fois. Je suis tombé ces jours-ci sur une phrase de Goethe qui m’a beaucoup intéressé : « Aie confiance en toi-même, et tu sauras vivre. »

    C’est une belle phrase assurément, mais il y a un piège là-dedans, car on pourrait la comprendre de deux manières complètement contradictoires. Je vais m’amuser ici à faire une sorte de caricature pour me faire comprendre…

    Imaginons que j’aie une forte personnalité. Je suis habitué à dominer les autres, à me sentir le meilleur, à montrer que j’ai toujours raison. Et lorsque j’ai un conflit avec quelqu’un, je suis assez sûr de moi-même pour trouver mille personnes qui me donnent raison contre les autres et à m’en sortir gagnant. J’ai bien confiance en moi et je parviendrai toujours à sortir vainqueur de la bataille de la vie dans cette loi de la jungle qui règne sur l’humanité… jusqu’au jour où le conflit sera trop fort et je tomberai de haut comme tout le monde.

    Mais maintenant je suppose que vous voyez avec moi une solution tellement plus belle, même si elle n’est pas toujours facile à vivre. Je fais confiance à la bonté qui se trouve au cœur de l’homme, au-delà de beaucoup d’apparences qui me révoltent chaque jour. J’essaye le plus possible de donner une chance aux autres, de leur faire confiance dans la vie de tous les jours. Je ne suis pas trop préoccupé de moi-même, car je sais que c’est la paix avec les autres qui me rendra finalement plus à l’aise et plus heureux.

    Et voilà que commence un miracle que je constate de plus en plus dans l’aventure de la vie. Parce que j’ai choisi la deuxième solution, même si au début j’ai été souvent déçu. Mais j’ai appris à semer cette confiance par principe, sans trop me préoccuper des résultats. Et alors je n’ai plus eu de déceptions, parce que les résultats positifs se sont mis à l’emporter de loin sur les réponses négatives de l’autre. Et comme la confiance appelle la confiance, je me suis senti entouré par des dizaines de personnes qui me remerciaient chaque jour pour la confiance que j’avais placée en eux. Et ces dizaines sont devenues des centaines. Mais le plus extraordinaire, c’est que la confiance qui m’arrive des autres en retour est en train de me faire découvrir des talents et des capacités qui existaient en moi et que je ne soupçonnais même pas. Voilà que ma confiance en l’autre a fini par développer une confiance en moi qui me semble un rêve quand je pense combien j’avais peur de la vie au départ. Alors, oui, je suis vraiment convaincu maintenant et pour toujours que « savoir vivre », c’est faire confiance à cette « vie » que chacun porte en lui et s’unir toujours plus aux personnes positives… pour avoir la force avec elles de conquérir chaque jour à la confiance de nouvelles personnes encore timides, hésitantes, blessées, paralysées, mais qui rêvent pourtant elles aussi d’un monde où la paix ne soit plus un rêve impossible…


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  • Ecoutez cette petite phrase trouvée récemment sur les réseaux sociaux comme un conseil pour nous aider dans la vie de tous les jours : « Se libérer de tous les attachements. »

    Cette phrase m’a plu et fait du bien, mais elle m’a donné envie d’approfondir le sujet, pour éviter de le comprendre de travers.

    Être libre, surtout intérieurement, est sans doute un des buts les plus beaux auquel l’homme puisse aspirer. Et pour être libre, il est certainement mieux de ne pas être prisonniers de nos attachements. Mais de quels attachements voulons-nous parler ?

    S’il s’agit d’attachements à des choses matérielles, c’est bien évident. On sait bien ce que peut provoquer l’attachement à l’argent qui devient un véritable esclavage. Ou bien l’attachement à l’alcool ou à la drogue qui peut faire de nous des loques humaines. On peut aussi être attaché à de mauvaises habitudes ou même à de bonnes habitudes mais qui deviennent finalement elles aussi une forme d’esclavage parce qu’on ne peut plus s’en passer et l’on n’est plus libre d’accueillir les autres quand ils nous demandent de renoncer pour un moment à nos habitudes…

    Mais je voudrais parler ici surtout de notre attachement aux personnes. Et c’est là qu’il s’agit de ne pas dire de bêtises. Si pour être libre, je devais me détacher des personnes, alors la personne la plus libre serait celle qui fuit le monde pour se réfugier dans la solitude, et la vie sociale au milieu du monde ordinaire serait vécue comme la pire des prisons.

    Mais la réalité c’est que nous sommes faits pour nous attacher à des personnes, car tout seuls nous risquons de nous dessécher complètement. L’amour qui épanouit est un amour qui nous attache de plus en plus aux autres à tous les niveaux de notre être et du leur. Avec la belle surprise que quand je m’attache à l’autre parce que je veux son bien de tout mon cœur, je finis par me détacher de moi-même et c’est là que commence la plus belle liberté.

    Le problème, c’est que mille personnes croisent chaque jour notre chemin et qu’il n’est pas facile de passer de l’une à l’autre avec simplicité et en gardant au fond de notre cœur le même amour limpide pour chacun. Quand quelqu’un nous pèse parce qu’il nous déçoit, c’est sans doute que notre amour était possessif et égoïste, alors il faut de nouveau apprendre à se détacher de cet amour qui n’était plus limpide et à s’attacher pleinement aux besoins et aux désirs de cet autre que la vie a placé au moins pour un moment devant nous. Se détacher alors de nous-mêmes, c’est se détacher de nos caprices, de nos attentes, de nos prétentions, de nos jugements, pour nous attacher aux exigences de l’autre et à tout le bien et à toute la joie que nous pouvons lui donner. Alors nous verrons que plus nous sommes attachés à donner de la joie aux autres et plus nous sommes libres de nous-mêmes. Attachement dans le détachement qui n’est pas un simple jeu de mots, mais un véritable miracle de la vie de tous les jours…


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  • J’ai publié récemment sur Facebook une de mes citations qui disait : « La confiance, c’est le courage de nous jeter avec l’autre dans une aventure dont nous ne connaissons que le point de départ. » Et j’ajoutais en commentaire : « Quelqu’un nous a fait confiance et tout a changé dans notre vie : alors pourquoi ne faisons-nous pas plus confiance à notre tour ? »

    A cela beaucoup de réactions positives, mais deux de mes lectrices les plus fidèles ont réagi un peu fort en disant pour la première : « Les temps modernes ont malheureusement détruit la confiance dans les autres… » Et la seconde : « Oui, malheureusement la confiance n’existe plus de nos jours. »

    Je comprends bien le problème de nos deux amies. Les relations entre les hommes ne sont pas faciles de nos jours. Mais étaient-elles faciles à l’époque où les Romains envahissaient tout le pourtour de la Méditerranée ou quand les Ottomans dominaient le Moyen-Orient ? En tous cas, ce n’est pas vraiment cela notre problème, cela ne sert pas beaucoup de comparer une époque à une autre.

    Je crois que notre problème est plutôt un grand malentendu sur le sens du mot « confiance ». A notre époque, où l’on a peur de tout et où l’on veut tout sécuriser, on a voulu faire de la confiance une nouvelle sécurité. « J’ai confiance » en telle ou telle personne, ce qui voudrait dire : avec cette personne, je suis tranquille, je suis sûr, elle ne me fera jamais de mauvais coup. Et l’on cherche à droite et à gauche ces personnes en qui « avoir confiance » et on n’en trouve pas beaucoup.

    Eh bien non, la confiance, comme la foi et comme l’amour, ne sera jamais quelque chose qu’on peut posséder. Au lieu de dire « j’ai confiance », on devrait surtout dire « je fais confiance », car c’est cela l’amour. « Avoir confiance », cela pourrait être une manière de penser à soi-même égoïstement, « faire confiance » c’est donner une chance à l’autre d’exprimer le meilleur de lui-même, sans être jamais sûr au départ du résultat.

    C’est ce qui m’est arrivé quand j’étais jeune. J’étais renfermé sur moi-même et plein de problèmes et quelqu’un, malgré les apparences, a voulu croire quand même en moi, il m’a fait confiance et ma vie a complètement changé de direction. J’étais comme une fleur desséchée qui avait besoin simplement d’un peu d’eau pour refleurir. Alors, depuis ce moment-là, j’ai décidé de « faire confiance » aux autres le plus possible pour leur donner cette chance que moi-même j’ai reçue un jour gratuitement. Je vous avoue que ça ne marche pas toujours du premier coup, mais quand l’autre refleurit à son tour, c’est un tel bonheur réciproque que la vie s’illumine pour toujours…


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  • « Il dit alors à ses disciples :’La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.’ » (Mt 9,37-38)

    A première vue, cette phrase est un peu surprenante. Qui est le maître de la moisson que nous devons prier ? N’est-ce pas Jésus lui-même ou encore le Saint Esprit ? Ne savent-ils pas exactement quels sont les besoins de la moisson ? Pourquoi devrait-on les prier et leur demander ce qu’ils savent mille fois mieux que nous ?

    C’est toujours la même logique : Dieu n’a pas besoin pour lui-même de nos prières, il en a besoin pour nous, c’est un besoin d’amour pour l’humanité. Car il sait que l’homme qui prie commence à entrer en contact avec lui et ne va plus le quitter. La prière va devenir sa respiration, sa seconde nature et il va se retrouver peu à peu en Dieu, dans la Trinité sans même plus se rappeler comment il en est arrivé là…

    Mais il est encore une autre clé de lecture qui va nous faire avancer ici, si l’on se souvient encore de notre découverte du « Notre Père ». Si l’on pense simplement que c’est justement le Père le premier maître de la moisson qui veille sur nous… Mais en même temps, nous savons que nous sommes incapables d’arriver chacun pour soi tout seul au Père si nous ne passons pas par le Fils dans l’Esprit. Et pour passer par le Fils, nous ne cesserons de le répéter, il ne suffit pas de parler de loin au Fils, il faut devenir le Fils lui-même qui s’adresse au Père : « Abba, Père ! » Et pour devenir le Fils, pour le laisser nous transformer en lui, corps et âme, nous devons non seulement l’aimer, mais nous aimer aussi les uns les autres. Et c’est pour cela que Jésus revient au fond toujours sur les mêmes concepts, sur les mêmes conseils sans se lasser, en espérant bien qu’un jour nous finirons par le prendre au sérieux. Et si ce jour c’était aussi maintenant ? Bien sûr ce n’est pas la première fois que je prends Jésus au sérieux dans ma vie, mais chaque jour mon cœur et notre cœur tous ensemble peuvent faire un pas de plus vers cet océan d’amour qui nous attend…


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  • « Voyant les foules, il eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. » (Mt 9,36)

    Vous savez quand on commence à avoir le cœur de Dieu ? C’est le jour où nous n’arrivons plus à être tristes parce que les autres nous ont traités de travers, nous ont fait du mal, nous ont déçus (ce qui veut dire être tristes pour nous-mêmes, nous plaindre pour nous-mêmes), mais où nous sommes tristes pour les autres parce qu’ils n’ont pas encore trouvé le trésor, le berger qui les attend et qui les aime…

    Le jour où le centre de notre vie, notre trésor, notre passion, c’est la joie de partager avec le plus de personnes possible cet amour réciproque qui va et qui vient à l’infini et qui ne peut plus s’arrêter. Le jour où Jésus a tellement pris notre cœur que nous sentons comme lui cet amour de compassion pour chacun et chacune, pour les foules, pour cette humanité qui nous entoure et qui se sent perdue.

    Le jour où nous sentons bien que trop de gens n’ont pas encore compris la Bonne Nouvelle, mais surtout pas pour nous sentir meilleurs que les autres et les juger, car c’est comme cela que nous, les chrétiens, nous avons souvent détruit l’Eglise de nos propres mains et éloigné le monde de la miséricorde infinie de Dieu… Car si nous avons eu la chance de rencontrer des personnes exceptionnelles qui ont illuminé notre chemin, n’est-ce pas maintenant pour en faire autant avec tout le monde jusqu’à la fin de nos jours ? Avoir les sentiments de Jésus, un homme-Dieu qui ne sait pas faire autre chose que de se pencher de tout son être sur chaque homme et chaque femme qui n’a pas encore trouvé complètement la lumière et de donner sa vie pour lui ou pour elle, au lieu de se fâcher et de vouloir se retourner contre toutes ces personnes qui ont refusé de l’accueillir. Un Dieu qui aime encore plus ceux qui ne savent pas ou qui ne veulent pas l’aimer, mais pas comme un devoir, parce qu’il est Dieu et qu’il doit donner l’exemple, comme on imagine parfois nos devoirs de religion. Non, le message de Jésus est un message d’amour total qui peut prendre tout notre être si nous nous laissons faire et alors nous vivons pour toujours pour les autres, non pas parce qu’on nous a commandé de le faire, mais parce que c’est devenu notre vraie nature et que nous ne pouvons plus faire autrement… 


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