• « Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ? » (Mt 9,4)

    Jésus venait de dire au paralysé : « Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés. » « Or, quelques scribes se disaient : ‘Cet homme blasphème.’ Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : ‘ Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ? ‘ »

    C’est évidemment tellement scandaleux pour nous aujourd’hui de voir des gens accuser Jésus de blasphème. Mais aurions-nous fait mieux que les scribes si nous avions été à leur place ? Comment croire à l’époque que le fils du menuisier de Nazareth était Dieu ?

    Le problème des scribes et des pharisiens, c’est qu’ils étaient les maîtres de la loi et qu’à partir de cette loi, ils se permettaient de juger tout le monde. Et c’est cela que Jésus nous demande d’éviter. Il ne nous demande pas de tout comprendre et encore moins de juger. Il voudrait que nous soyons seulement préoccupés d’accueillir la vie, là où elle nous arrive.

    Les pensées mauvaises ne servent à rien, sinon à mettre une barrière a priori entre nous et les gens. Les pensées mauvaises sont mauvaises parce qu’elles nous empêchent de regarder les hommes, les choses et les évènements avec le regard de Dieu. Elles nous empêchent d’aimer, et d’être disponibles, elles nous font perdre beaucoup de temps pour rien.

    Comment éviter alors d’avoir toutes ces pensées négatives ? En arrêtant au moins un moment de penser. Si j’accueille la vie qui m’arrive parce que Dieu me l’envoie, à travers une personne, un évènement, une rencontre, je n’ai pas le temps de penser à des choses mauvaises. Mon regard est alors comme celui de Dieu qui ne sait pas faire autre chose que de rechercher le positif en chacun. Puis viendra le moment de penser comment faire fructifier cette vie que nous venons de recevoir et comment la donner à notre tour à tous les gens que nous côtoyons.

    Laissons notre cœur s’ouvrir à Dieu qui vient à nous à travers nos frères et sœurs en humanité… et quand le cœur s’est ouvert à Dieu, toutes les pensées sont positives, car nous devenons comme Jésus qui n’est pas venu pour juger le monde comme on le croit trop souvent, mais pour le sauver, le ramener à la vie. Et quand nous aimons Dieu et le prochain, nous sommes tellement occupés à faire découvrir aux autres ce trésor d’amour divin qui a transformé notre vie, que le reste ne nous intéresse plus. Alors ne luttons pas contre les pensées mauvaises, nous n’en sortirions plus, mais soyons remplis d’écoute à la voix de Dieu en nous et dans notre prochain et les pensées positives en nous ne laisseront plus de place à autre chose pour guider le reste de notre vie…

     

     


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  • Encore un chapitre extraordinaire, rempli de foi et de miracles, de beaucoup de miracles ! A première vue, on pourrait passer sur ce chapitre 9 de Matthieu un peu vite, avec l’impression qu’il n’y a là rien de bien nouveau, puisque nous avons déjà vu presque tous ces miracles en différents passages de Marc et nous les reverrons encore plus tard à la lecture de Luc. Et pourtant…

    La nouveauté de Matthieu c’est d’abord qu’il a mis ensemble plusieurs miracles de Jésus qui étaient dispersés chez Marc, mais c’est aussi que le contexte tout entier va bientôt nous apparaître comme une nouvelle révélation. Mais quels sont en fait ces miracles ? Un paralysé qui se remet à marcher, une fille morte qui revit, une femme longtemps malade qui guérit, deux aveugles (au lieu d’un seul chez Marc) qui se remettent à voir et un possédé muet qui est débarrassé de son esprit mauvais et qui parle. Ce n’est pas rien tout cela…

    Et pourtant les plus grands miracles sont peut-être encore ailleurs. Surtout si l’on pense que tous ces malades guéris sont bien retombés malades quelques années plus tard et sont morts définitivement comme tout le monde. Mais « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d’impôts). Il lui dit : ‘Suis-moi.’ L’homme se leva et le suivit. » Ne pensez-vous pas qu’il y a là un miracle encore plus grand ? Car ce publicain et pécheur, apparemment si loin de Dieu et de ses commandements, va tout quitter pour suivre Jésus, il va même devenir avec Jean un de ses deux disciples qui vont répandre cette Parole de Dieu pour l’éternité, cette Parole qui nous bouleverse et nous transforme jusqu’à aujourd’hui.

    Et puis la révélation de ce Dieu si puissant dans son amour n’est-elle pas un miracle encore plus grand que ces guérisons elles-mêmes ? Ce « Fils de l’homme » qui apparaît même comme notre « Epoux » ou « l’Epoux » de notre âme avec lequel l’humanité peut commencer à fêter pour toujours le salut venu du ciel.

    Et cette conviction qui va naître en nous maintenant que Jésus vient nous apporter une révolution totale qui n’a rien à voir avec tous les petits efforts humains pour résoudre nos problèmes insolubles : « Personne ne coud une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement ; car le morceau ajouté tire sur le vêtement et le déchire davantage. Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tout se conserve. » Mais est-ce que nous nous rendons compte que Jésus est cette « pièce d’étoffe neuve » qui va tout changer ? Il est à la fois le « vin nouveau » et « l’outre neuve » qui ne pourront plus jamais revenir en arrière…

    Et pour finir, cette foi que Dieu fait pénétrer au plus profond du cœur de l’homme, n’est-elle pas elle aussi un miracle incroyable ? Que Dieu soit là bien présent, c’est tellement inouï déjà, mais que l’homme soit capable de s’en rendre compte, de ressentir sa présence et de se jeter dans ses bras malgré toutes les ténèbres qui l’entourent encore sur cette terre, n’est-ce pas encore tellement impensable ? « Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : ‘Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés.’ »

    « Voilà qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans s’approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : ‘Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée.’ Jésus se retourna, la vit et lui dit : ‘Confiance, ma fille ! Ta foi t’a sauvée.’ Et la femme fut sauvée à l’heure même. » « … les aveugles l’abordèrent, et Jésus leur dit : ‘Croyez-vous que je peux faire cela ?’ Ils répondirent : ‘Oui, Seigneur.’ Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se fasse pour vous selon votre foi !’ »

    La foi elle-même est un miracle. Car elle va au-delà de la perception immédiate que l’homme peut avoir de la réalité qui l’enveloppe. La foi est cet amour pour Dieu que Dieu lui-même met en nous mais qui nous demande d’être actifs dans notre relation avec Lui. Nous ne sommes pas des robots ou des jouets entre ses mains qu’il va guérir ou sauver selon ses caprices divins. Non Dieu veut tout nous donner, mais il veut que nous participions à notre salut. Car le miracle final le plus grand c’est la capacité qu’il met en nous de pouvoir pénétrer pleinement au cœur de cette vie de réciprocité qui règne entre le Père, le Fils et l’Esprit où chacun accueille l’autre et se donne à lui de tout son cœur, se fond en lui totalement, tout en restant lui-même totalement. Dieu veut que nous nous perdions en lui, mais sans perdre notre personnalité unique, en devenant pour l’éternité des partenaires responsables et actifs de cette vie de paradis qui nous attend et que nous commençons à expérimenter déjà sur cette terre…

    Tout n’est cependant pas si facile pour Jésus, car il respecte trop notre liberté. Et cela se voit dans les réactions tellement contrastées devant son action si surprenante. On voit la foule qui lui amène des malades, pleine de foi, mais aussi de toutes sortes de sentiments contradictoires. « En voyant cela, la foule fut saisie de crainte, et elle rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes. » « La foule fut dans l’admiration, et elle se disait : ‘Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël !’ » Mais il y aussi ceux qui se moquent de Jésus. Et surtout il y a ces scribes et ces pharisiens, qui croient tout savoir et qui refusent de se laisser entraîner dans cet amour tellement révolutionnaire : « Cet homme blasphème. » « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » La bataille est bien engagée déjà et finira bientôt par la mort de Jésus sur la croix. Mystère de l’amour de Dieu et mystère de l’homme capable d’accepter cet amour, mais aussi de lui tourner le dos en croyant ainsi rester plus libre…

    La Parole de Dieu est donc toujours nouvelle, même si nous croyons l’avoir entendue mille fois, mais avant de nous lancer dans de nouvelles « perles de la Parole », terminons notre brève introduction par les phrases finales de notre chapitre qui sont tout de même une nouveauté totale par rapport aux textes de Marc et de Luc et que nous approfondirons elles aussi bientôt.

    « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, il eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : ‘La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.’ »

    De quoi méditer… 

     


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  • Le but de la vie, c’est la vie ! Oui, tout simplement. Le but de la vie ne peut finalement pas être autre chose que la vie elle-même qui coule dans nos veines, qui nous fait traverser le temps et l’espace, qui nous entraîne toujours vers l’avant et qui ne nous abandonne jamais quelles que soient les circonstances…

    On pourra demander au monde entier quel est le but de la vie : nous aurons sans doute des millions et des millions de réponses différentes selon l’expérience et le caractère de chacun, mais en fin de compte nous verrons que tout part de la vie et conduit à la vie.

    Comme nous l’avons dit peut-être souvent, le plus simple c’est d’attendre cette vie chaque jour comme le plus grand des cadeaux, de l’accueillir comme on reçoit la personne qu’on aime le plus au monde, de lui laisser toute la place et de l’aider à grandir et à respirer à pleins poumons. Et quand cette vie commence à déborder en nous, le secret est de la laisser se déverser sur les autres, sur ceux qu’on aime et sur ceux qu’on a peut-être bien du mal à aimer. Car la vie n’est pas faite pour être enfermée dans un coffre-fort ou dans une prison, ce serait le début de la mort. Elle est faite pour continuer à couler, à se donner, à rayonner. La vie n’est pas faite pour être conservée pour nous, mais pour être tout de suite partagée avec tous les gens que nous rencontrons. Et plus nous la partageons, plus elle revient nous inonder de nouveau de tous ses bienfaits.

    Tout le reste n’a au fond pas grande importance. Si les circonstances de la vie sont parfois tellement difficiles, il est bon de se rappeler que la vie est toujours là. La souffrance fait mal, mais elle est en même temps un signe que la vie est bien là et qu’il y a toujours de l’espoir. Et quand la mort s’approchera un jour, pour chacun d’entre nous, rappelons-nous que cette mort qui vient est encore une phase de la vie que nous pouvons accueillir et donner…

     

     


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  • Je suis tombé récemment sur le souvenir du livre d’Aldous Huxley, fameux écrivain britannique, mort en 1963, qu’il avait intitulé « Le meilleur des mondes ». Selon ce livre, soi-disant visionnaire, la dictature parfaite serait « une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce la consommation et au divertissement, les esclaves "auraient l'amour de leur servitude"... »

    C’est impressionnant qu’on puisse imaginer de pareilles horreurs, même si c’est une sorte de science-fiction. Cela voudrait dire que l’homme pourrait en arriver un jour à vivre comme une bête qui ne pense qu’à « consommer » et « se divertir ». Je voudrais commencer ici une série d’articles pour crier bien fort que le but de la vie ne pourra jamais être la société de consommation qu’on essaye peu à peu de nous imposer par tous les moyens inventés par le capitalisme sauvage qui voudrait dominer le monde et dominer chacun d’entre nous…

    Je ne suis pas contre la consommation. Il est beau et naturel de consommer. Si nous pensons par exemple à ce que représente une nourriture succulente et raffinée, cela donne tellement de joie. Mais même le plus gourmand et fanatique de cuisine est toujours plus heureux quand il se trouve en compagnie agréable pour partager son repas. On ne va au restaurant tout seul que par obligation de travail ou de voyage. Mais normalement on va au restaurant avec les gens qu’on aime pour y passer quelques heures merveilleuses à jouir du bonheur de la relation humaine où le cœur et l’esprit trouvent une occasion toute spéciale de s’exprimer. La consommation devient alors une aide, une opportunité, mais non pas un but en soi. Mais quel est alors notre but véritable ?

    Je serais heureux d’avoir votre avis…


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  • Chers lecteurs,

    Après un mois et demi d’interruption, « L’Orient la Nuit » a repris sa route à partir du 20 juin. Du 20 au 24 juin, nous avons commencé par la fin des commentaires au chapitre 8 de l’Evangile de Matthieu, dans « Perles de la Parole » : « Hériter pour donner », « Aimer sans cesse » et « Se donner à la vie », des titres qui parlent tout seuls…

    Le 26 juin, dans « Reflets de paradis », j’ai essayé de dire « où et comment trouver ce Dieu qui nous attend ». Puis j’ai écrit le 28 juin, dans « Passepartout » : « Aimer, c’est semer la vie ». Et le 30, « Bonheur de la richesse ? » dans « Provocations ».

    En juillet, le 2 du mois, « Un monde sans valeur ? » dans « Batailles ». Le 4 juillet, dans « Interdépendance » : « Les dangers de la dialectique ». Puis le 6, dans « Désorientés » : « La vérité et la vie ». Toujours dans ces réflexions sur les problèmes qui nous envahissent de toutes parts sur les réseaux sociaux, le 8 juillet, « Pour bientôt la fin du monde ? », encore dans « Provocations ». Et « Vivre, c’est apprendre à aimer », dans « Au bout de soi-même » le 10 juillet, pour suivre une phrase de l’Abbé Pierre.

    Du 12 au 24 juillet, j’ai repris une série d’articles publiés en 2015, dans « Perles de la Parole », comme commentaires à des phrases de l’Evangile de Marc, tellement semblables aux phrases du chapitre 9 de Matthieu que nous allons aborder le mois qui vient : « Question de pouvoir », « Se laisser surprendre par Dieu », « Tout quitter pour Jésus », « Heureusement que nous sommes malades ! », « Un geste et tout peut changer », « Une foi toute simple », et « Se lever tout simplement ». De véritables perles, en effet !

    Et pour finir notre mois de juillet, deux articles dans « Découvertes » : « C’est difficile ! », du 26 juillet, et le 28 « Changer le monde ? »

    Bonne lecture à chacun et chacune !


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