• Il y a quelques temps, j’ai été très touché par l’intervention du Père Fadi Daou, cofondateur de l’association Adyan pour le dialogue interreligieux, lors d’un colloque sur Charles de Foucauld. Le Père Fadi nous a parlé en particulier du « mystère de la visitation » en nous montrant comment le salut d’Elisabeth à Marie, tellement surprenant et inattendu a, en fait, « libéré » en Marie le « Magnificat ». Elisabeth, en quelque sorte de l’extérieur, elle qui ne pouvait pas comprendre véritablement ce qui se passait en Marie, l’a tellement impressionnée et encouragée par son salut chaleureux (« Je te salue, Marie… ») qu’elle a tout à coup fait comprendre à Marie la grandeur immense de ce qui était en train de se passer en son sein. Et c’est à ce moment-là qu’elle a entonné cet hymne de louange et de remerciement qui est le passage le plus beau et le plus long de tout ce qui a trait à Marie dans l’Evangile.

    On pouvait deviner par là aussi, dans son enthousiasme, toute l’expérience exceptionnelle que le Père Fadi est en train de vivre dans cette communion, pas toujours évidente au départ, qu’il a commencé à bâtir depuis quelques années avec des amis musulmans. C’est qu’évidemment l’amour et le respect de l’autre, différent mais ouvert, est un des moyens les plus extraordinaires pour découvrir finalement qui nous sommes nous-mêmes, avec un regard à la fois amical et extérieur que, tout seuls, nous n’aurions jamais réussi à avoir.

    L’autre qui nous rencontre, qui nous découvre et nous estime, voit en nous des merveilles que, tout seuls, nous n’aurions jamais pu imaginer. Et lorsque cela se passe dans la réciprocité, c’est le début d’une des aventures humaines les plus enrichissantes. C’est exactement l’expérience que j’ai faite et que j’essaye de transmettre par ce blog de « L’Orient La Nuit ». Si je n’étais pas venu au Liban et au Moyen Orient, je n’aurais jamais découvert les valeurs de relation humaine que vivent depuis toujours ces peuples si mal connus qui bordent l’autre rive de la Méditerranée, mais en même temps je ne me serais jamais découvert moi-même comme j’ai eu finalement la joie de le faire depuis un certain nombre d’années.

    Il y a dans mon identité culturelle française, européenne et occidentale quelque chose qui me gêne énormément, la conscience d’un énorme gâchis qui est en train de s’accomplir au niveau politique, social, de civilisation. Et pourtant mon identité est aussi pleine de valeurs (à redécouvrir et à laver de toutes les poussières accumulées, mais réelles) que j’ai redécouvertes en moi et autour de moi grâce au regard bienveillant de tous ces nouveaux amis qui m’ont aidé et m’aident jusqu’à aujourd’hui à être un peu plus moi-même, dans la même dynamique où moi aussi je peux essayer de les aider à être eux-mêmes dans la réciprocité. Car un des plus grands problèmes du Liban et du Moyen Orient, c’est que tous ces peuples, maltraités et opprimés, finissent par ne plus voir la beauté de leur humanité, ensevelie sous des tonnes de problèmes et d’injustices de toutes sortes qui ne les laissent plus respirer.

    Et c’est là sans doute qu’est l’avenir de l’humanité, dans la relation réciproque de personnes différentes mais attentives aux valeurs de l’autre et qui aident cet autre à redevenir lui-même et à sortir de ses doutes, de ses angoisses et de son découragement. Combien notre monde se sentira mieux lorsqu’on découvrira que l’autre différent, musulman, athée, chinois ou africain, au lieu d’être une menace pour mon existence, est en fait celui qui, un jour ou l’autre, va m’aider à sortir de moi et de mes problèmes et à devenir réellement moi-même. Rêve utopique ? Chacun a le droit de le penser, mais nous avons aussi le droit de témoigner au monde que ce rêve peut devenir une réalité, ou plutôt qu’il est déjà une réalité. Et si cette réalité est valable et possible pour quelques-uns, pourquoi ne le serait-elle pas pour tout le monde ?

     

     


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  • Ne vous inquiétez pas : aujourd’hui, c’est mon jour de provocation ! Mais, à votre avis, quelle est la fonction la plus représentée dans le monde : juge ou médecin ? Vous allez sans doute dire : médecin ? Eh bien, je vous assure que c’est faux. Il y a dans le monde beaucoup plus de juges que de médecins. Ou, mieux encore, il y a sur la terre autant de juges que d’habitants, tandis qu’il manque toujours de médecins capables de guérir l’humanité.

    La vérité c’est que nous sommes tous des juges, ou plutôt que nous croyons l’être. Du matin au soir, nous jugeons les évènements et les personnes. Nous jugeons nos voisins, nos collègues, nos gouvernements, le comportement des jeunes ou des adultes, les performances de notre équipe de football préférée, les professeurs ou les élèves, le programme à la télévision, tout et tous passent devant notre tribunal, sans relâche. C’est là notre plus grand hobby, celui qui nous occupe des heures durant, devant notre écran de télévision, notre computer, au téléphone, ou en conversation avec nos amis ou nos proches. Rien ni personne ne nous échappe. Ce qui change, c’est notre humeur du moment. Nous sommes parfois méchants et agressifs, parfois plus bienveillants et miséricordieux, parfois exigeants, parfois plus souples, plus compréhensifs. On dirait que le but de notre vie c’est de donner une note à tout le monde, bien assis dans notre fauteuil ou simplement dans nos préjugés et nos connaissances qui nous donnent le droit, pensons-nous, de nous sentir finalement supérieurs aux autres parce que nous, nous savons ce qui est bien et ce qui est mal, nous savons comment résoudre tous les problèmes. Dommage que presque personne ne nous écoute !

    Et si encore ce jugement portait des fruits. Mais en général, cela sert surtout à nous donner envie de nous plaindre encore plus, à créer des barrières entre les gens et à attiser l’indifférence ou la haine. Mais alors je suis contre les juges ? Certainement pas, c’est un métier tellement important pour la sauvegarde de la société, mais c’est un métier difficile, respectable, qui demande un énorme sens de responsabilité, ce n’est pas un hobby à pratiquer n’importe quand et n’importe comment.

    Ou bien alors je pense que toute cette intelligence qui distingue l’homme de l’animal doit rester cachée dans un tiroir au lieu de nous servir à comprendre les situations et les personnes ? Je n’ai pas dit cela. Et là est peut-être la clé du problème : notre intelligence est faite pour nous aider à « comprendre » ce qui se passe et donc comment réagir du matin au soir devant les défis que nous rencontrons, mais pas à « juger » simplement pour le plaisir. Nous n’avons d’ailleurs jamais ou presque à juger vraiment, dans le sens de mettre une note de valeur morale ou sociale à tout le monde. Même si telle personne a fait une grosse bêtise, est-ce que je sais, moi, pourquoi il l’a faite ? Qui suis-je pour le condamner et pour commencer à parler mal de lui avec tout le monde ? Ce ne serait pas mieux de réagir à sa bêtise en voyant comment l’aider à changer d’attitude et à s’améliorer ?

     

    C’est que l’humanité a surtout besoin de médecins plus que de juges. Les juges sont indispensables dans certains cas bien précis. Mais des médecins, dans le sens de personnes qui se lèvent à chaque instant pour chercher des malades à guérir, des situations malsaines à assainir, il en faut à chaque instant de notre journée. Seulement c’est bien plus difficile d’être médecin, car cela veut dire se mettre au service des autres, prendre leur situation telle qu’elle est, ne jamais se scandaliser, se fatiguer beaucoup pour trouver des remèdes ou des solutions. Mais quelle joie partagée aussi lorsqu’arrive la guérison après un long travail et un long effort vécus ensemble ! Alors soyons prêts à agir, à nous jeter dans la bataille pour guérir l’humanité, et arrêtons de juger et de nous plaindre en perdant continuellement notre temps, et l’humanité se portera mieux et nous aussi, probablement !


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  • (Au paradis de Foco – 2) 

    [Cet article fait suite au premier article, publié le 5 mars dernier dans cette rubrique, sur le « Paradis d’Igino Giordani », un homme extraordinaire encore peu connu dans la culture de langue française, que nous appellerons désormais « Foco », comme le nommait familièrement Chiara Lubich]

     

    Mais écoutons-le d’abord : 

     « ‘Le pouvoir rend fou’, a dit Camus. ‘La politique satanise’, déclarent des écrivains russes, allemands, américains.

    De fait, elle présente des tentations effroyables d’avarice, d’égoïsme, de vanité, de despotisme et d’abus. Elle est sujet et objet de corruption et de scandale.

    Si tous les secteurs humains ont besoin de rédemption, le secteur politique en a particulièrement besoin. C’est celui qui est le plus agressé. Son histoire est jonchée de crimes…

    Ces crimes sont facilités par la carence d’action chrétienne. Le christianisme a donné aux hommes la Rédemption. Et Rédemption veut dire libération du mal, c’est-à-dire, dans le domaine économique, libération de la corruption, de l’égoïsme. Dans le domaine politique, la Rédemption est liberté au sens moderne. La tyrannie, le totalitarisme, les extrémismes sont le résultat de la carence du christianisme. Ils confirment que la liberté est proportionnelle à la somme de christianisme qui agit dans le domaine politique. Il en va de même pour la paix, pour la civilisation… »

    [Extrait du livre de Jean-Marie Wallet et Tommaso Sorgi « Igino Giordani chrétien, politique, écrivain » Editions Nouvelle Cité p.295-296 ; traduit de l’italien par Jean-Marie Wallet]

     

    Moi, je trouve cette page extraordinaire. Elle est une preuve que, si le monde aujourd’hui va mal, c’est en grande partie à cause de nous les chrétiens. Parce que nous n’avons pas été authentiques, parce que nous avons détourné le message libérateur du christianisme de son âme. Nous nous en sommes servis pour libérer notre égoïsme au lieu de libérer nos frères autour de nous. Heureusement qu’il y a eu tout de même de vrais chrétiens et quelques saints qui ont évité une catastrophe encore plus grande. Mais la solution est encore une fois que chacun revienne au trésor qu’il a entre les mains et qu’il le nettoie, qu’il le vide de toutes les poussières qui se sont accumulées au cours des siècles.

     

    Au lieu de passer notre temps à nous plaindre des autres, des musulmans, des juifs, des bouddhistes ou des hindous, des laïcs, des communistes ou des athées, aidons-les à revenir aux valeurs qu’eux aussi possédaient au départ et qu’ils ont peut-être oubliées en route comme nous. L’avenir de l’humanité passe par un nouvel encouragement réciproque à se convertir, non pas forcément à la religion ou aux idées de l’autre, mais aux vraies valeurs humaines que chacun et chaque communauté ne peut manquer de porter en soi… Nous reviendrons encore et toujours sur ce sujet, le seul qui peut éviter à chacun de trouver toujours dans les défauts, les bêtises ou les crimes des autres une excuse ou un prétexte à ses propres défauts, bêtises ou crimes, que l’on a bien de la peine à admettre au fond de soi et devant les autres.


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  • Je viens de lire une phrase, dans un article, qui m’a posé un problème et j’ai eu envie de résoudre le problème avec vous. La phrase parlait simplement d’accueillir l’autre, l’ami, le frère, la sœur, « jusqu’au fond ». Et je me suis demandé ce que pouvait bien vouloir dire ce « jusqu’au fond » : dois-je accueillir l’autre jusqu’au fond de moi-même, ou bien jusqu’au fond de lui-même ? Et je vous avoue que les deux interprétations ont quelque chose de fascinant.

    « Jusqu’au fond de moi-même » d’abord. Si je veux accueillir l’autre, c’est-à-dire si je veux lui ouvrir ma porte, ma maison, ma famille, mon esprit et mon cœur, cela demande beaucoup de choses à la fois. Me concentrer sur cet accueil, ne plus vivre, pour un moment au moins, que pour ce frère ou cette sœur que je suis en train d’accueillir. Laisser de côté toutes mes autres préoccupations du moment, être capable de me taire pour l’écouter. Lui faire sentir qu’il est tellement important pour moi. Eliminer d’un coup tous les préjugés, les préventions, la poussière qui avait pu s’accumuler en moi, consciemment ou non, lorsque je pensais à lui auparavant. L’accepter tel qu’il est sans condition. Et en même temps m’ouvrir à lui de manière transparente. Le laisser pénétrer au fond de mon cœur pour qu’il sente que vraiment tout ce qui est à moi est à lui, que je n’ai pas d’angles cachés où il lui serait interdit d’entrer… C’est tout cela et bien plus encore que peut vouloir dire « accueillir l’autre jusqu’au fond ». Et il faut dire bien honnêtement qu’un tel accueil est rare. Il ne peut évidemment se faire du jour au lendemain. Pour s’ouvrir à l’autre de manière tellement limpide, il faut qu’il y ait déjà eu des prémices, de belles prémices de connaissance réciproque et de confiance. Lorsqu’on en arrive là, on bénit la vie de nous donner de telles opportunités qui élargissent nos horizons à l’infini…

    « Accueillir l’autre jusqu’au fond de lui-même », c’est tout de même différent, cela veut dire que j’accueille vraiment tout chez l’autre. Et ce n’est pas si facile que cela. Notre esprit d’analyse qui veille toujours, comme un gardien féroce, est là, toujours présent à distinguer les choses au risque de les compliquer. Avec la méfiance qui s’en mêle, voilà que je veux bien accepter l’autre, mais en partie seulement, la partie qui m’intéresse, qui me plaît. Mais le reste non, je le refuse, ou au moins je le mets de côté parce que ça ne m’intéresse pas. C’est bien souvent ce qui se passe dans nos relations avec les autres et qui fait que nous restons sur la défensive pour ne pas prendre trop de risques avec l’autre. Est-ce juste tout cela ? Est-il raisonnable ou utopique de penser vouloir accueillir vraiment « tout l’autre » ?

    Je crois qu’ici il faut distinguer entre les niveaux. Il ne m’est pas demandé d’être d’accord avec tout ce que pense l’autre, ni d’aimer tout ce qu’il aime, ce serait ridicule. Ce qui m’est demandé, si l’autre est vraiment important pour moi, c’est d’abord de l’accepter tel qu’il est sans condition, au moins pour m’intéresser à lui et essayer de le comprendre dans sa diversité d’avec moi, sans tabou, sans arrière-pensée, pour tâcher de voir le monde comme lui le voit, au moins pour un instant. Quand on fait sincèrement cet exercice (ce qui est malheureusement assez rare) on est étonné du résultat, on est même émerveillé de voir toutes ces nuances de l’esprit et de l’âme de l’homme qui nous auraient échappé pour toujours si nous restions enfermés dans nos belles certitudes, pour ne pas perdre notre personnalité.

     

    Alors je crois qu’à la fin j’ai compris ce que voulait dire « accueillir l’autre jusqu’au fond » : c’est qu’ « au fond de moi-même » ne pourra jamais aller sans « au fond de l’autre ». Si l’un allait sans l’autre cela voudrait dire qu’il n’y a pas de place pour la réciprocité, pour l’amitié sincère. Cela voudrait dire que l’un s’ouvre à l’autre en toute transparence et que l’autre reste enfermé sur lui-même. Cela voudrait dire que l’on pourrait connaître l’autre seulement de l’extérieur et comme ce serait triste ! Alors ne soyons pas naïfs. Arriverons-nous vraiment un jour à être totalement ouverts à l’autre au moment où l’autre est totalement ouvert à nous ? Nous sommes toujours limités par bien des choses, et par le temps pour commencer. Nous n’avons jamais le temps de « tout » dire ou faire connaître à l’autre. Nous aurons toujours des angles plus ou moins cachés ou secrets. Mais tout cela n’est pas un grand problème. L’amour ou l’amitié ne sont pas une question de quantité mais de qualité. Lorsque l’accueil est vrai et réciproque, lorsque le cœur est ouvert des deux côtés, on ne s’y trompe jamais. Le cœur de l’un ou l’autre peut avoir des moments de doute ou de méfiance qui le fait se replier sur lui-même. L’amour ou l’amitié seront toujours une bataille difficile, avec soi-même pour commencer. On s’arrêtera en chemin, on perdra courage, mais il y aura toujours en nous ce désir immense d’aller le plus possible « au fond » du cœur de l’autre et de le laisser entrer lui aussi « au fond » de notre cœur. Et les difficultés rencontrées en chemin ne sont pas un problème, mais un peu d’aventure qui rend la recherche de la relation avec l’autre toujours plus passionnante.


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  • Les problèmes de l’environnement, la peur d’un changement climatique qui devienne dangereux pour l’humanité, ont eu cela de positif que, un peu partout dans le monde, on porte de plus en plus l’attention sur toutes les matières qui pourraient être recyclées et servir encore, au lieu d’être simplement jetées dans les ordures sans réfléchir parce qu’elles ne nous servent plus pour l’instant.

    Mieux encore, il y a de plus en plus d’artistes qui vont chercher dans les ordures les objets usés par le temps et dont personne ne veut plus et ils en font des œuvres d’art pleines de poésie, d’humour et d’humanité. Comme notre ami Ciro de Loppiano qui fait désormais des expositions dans de nombreux pays avec ses assemblages incroyables où se mêlent le bois, le plastique, le métal ou d’autres matériaux encore dans une harmonie toujours renouvelée.

    Mais tout cela n’est qu’une brève introduction à notre sujet d’aujourd’hui. Je voudrais vous parler du « temps » et trouver avec vous des solutions pour « recycler » le temps perdu, le temps gâché, le temps qui s’écoule dans l’ennui ou l’impatience et dont on attend seulement qu’il s’en aille au plus vite. Et je vais vous demander de me donner vous-mêmes des idées car vous en avez certainement beaucoup.

    Ce qui saute à l’esprit c’est que notre vie est finalement bien courte et voilà qu’on perd parfois la moitié de son temps sans en profiter. Temps définitivement perdu, à jeter dans les oubliettes de notre mémoire, comme on jette une vieille paire de chaussures dans la poubelle ?

    La première idée qui me vient à l’esprit, c’est qu’on apprenne d’abord à mieux profiter de l’instant présent. C’est une découverte qu’ont faite tous les grands hommes qui ont transformé l’histoire. Au lieu de « perdre mon temps » à pleurer sur le passé qui m’a déçu ou à m’angoisser à l’avance en pensant au futur qui me menace, commençons d’abord à « recycler » le passé et le futur en moment présent et nous retrouverons certainement une sérénité que nous avions perdue.

    Mais l’instant présent lui-même est fait d’une foule de moments que nous trainons comme un poids terrible dont nous aimerions tant nous débarrasser. La vie nous est donnée dans le temps et seulement dans le temps, et voilà qu’au lieu de remercier Dieu ou ceux qui nous ont donné cette vie d’une manière ou d’une autre, nous passons à côté de ce trésor sans le regarder ou en le regardant de travers.

    Mais commençons ici par quelques exemples tout simples et vous-mêmes allez en trouver d’autres. Il y a d’abord tous ces moments d’attente insupportable, lorsque quelqu’un n’arrive pas au rendez-vous que nous avions fixé avec lui. Temps inutile, gâché irrémédiablement ? Si je vous raconte qu’il y a quelques mois, j’allais attendre deux amis à l’aéroport et j’apprends au dernier moment que l’avion va avoir deux heures de retard. C’était vraiment ridicule. Surtout qu’en général je m’informe à l’avance si l’avion va atterrir à l’heure, mais ce jour-là je ne l’avais pas fait. Eh bien, au lieu de me plaindre, j’en senti quelque part que ces deux heures allaient être un cadeau-surprise où je pouvais « recréer » le temps. Je me suis assis et je me suis mis à pénétrer par l’esprit dans le cœur de tous ces gens qui attendaient, eux aussi, probablement des amis ou des êtres chers. Combien d’émotions et d’humanité j’ai contemplé ! Combien j’ai trouvé dans toutes ces personnes parfois joyeuses, parfois préoccupées des frères et des sœurs qui m’ont ému !

    Et comme j’ai toujours sur moi des feuilles de papier et un crayon, je me suis mis à écrire, je me suis mis à penser au sens de la vie, j’ai « recyclé » ce temps « perdu » en un océan de créativité, qui m’a d’ailleurs apporté un tas d’idées nouvelles pour les articles de notre blog.

    Et quand mes amis sont arrivés, j’étais tout joyeux pour les recevoir, pas du tout fatigué et inquiet, je crois qu’ils ont été touchés par mon accueil, parce que ce n’était pas moi seulement qui les accueillais, mais toute cette humanité qui avait pénétré en moi en m’enrichissant…

     

     


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