• « Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…’ Mais le père dit à ses domestiques : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. » (Lc 15,21-23)

    Encore un point extraordinaire que l’on peut noter tout de suite, c’est la hâte de la miséricorde. Le père a tellement hâte de fêter son fils qui vient à peine de rentrer à la maison, qu’il ne l’écoute même pas. La phrase du fils qui essaye de s’excuser et de demander pardon n’est même pas terminée… « Vite, apportez le plus beau vêtement… vite, mettez-lui une bague au doigt… vite, allez chercher le veau gras et tuez-le… vite, mangeons et festoyons. » Une véritable scène de théâtre qui se passe sous nos yeux. Le père se tourne dans tous les sens pour donner des ordres. Il veut entraîner dans la fête tous les gens de la maison, tous les domestiques. Il veut que son fils revenu à la vie n’ait même plus le temps de penser à autre chose, de revenir encore sur le passé. La miséricorde doit être totale et définitive. Elle voudrait tout « couvrir » en un instant, pour que désormais la vie de son fils bien aimé reparte à zéro comme si tout ce temps perdu n’existait plus, comme par magie.

    Il est des moments où l’accueil de l’amour demande d’écouter de tout notre cœur ce que notre frère ou notre sœur voudrait nous dire. Mais dans certaines circonstances, comme celle-ci, le père sait bien que chaque mot que le fils voudrait prononcer pour demander sincèrement pardon va être comme une blessure mal cicatrisée qui s’ouvre de nouveau. Et le père a hâte de voir guérir son fils pour toujours de ce mal qui essaye encore de le ronger. C’est la hâte de l’amour. Tout l’Evangile nous est donné en hâte, car nous avons perdu tellement de temps. Souvenons-nous de Marie, à peine après avoir reçu le message de l’ange et donné son « oui », qui est partie « en hâte », elle aussi, pour aller aider sa vieille cousine Elisabeth. C’est la hâte de Dieu de nous « couvrir » de son amour.

     


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  • « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » (Lc 15,20)

    Ce qui est frappant ici, c’est que l’Evangile va très vite. On aurait aimé avoir peut-être d’autres détails. Mais non, nous voici déjà à la maison du père qui aperçoit son fils de loin et qui est « saisi de pitié ». Mais comment cela est-il possible ? Est-ce que le fils a fait arriver un message à son père pour lui dire qu’il arrivait ? Comment le père a-t-il fait pour apercevoir son fils de loin, au milieu de la foule ? Était-il monté sur sa terrasse ? Est-ce le cœur qui lui a suggéré d’attendre son fils ? Et comment l’a-t-il reconnu de loin après tout ce temps ? N’était-il pas méconnaissable, mal habillé, avec une vilaine barbe peut-être ? Comment le père a-t-il fait pour regarder dans la bonne direction et au bon moment ? C’est le miracle de l’amour qui se trouve au cœur du père et qui nous représente ici le cœur de Dieu qui nous aime, qui nous attend et qui est saisi de pitié pour nous. Tout le reste est au fond superflu…

    Et puis surtout cette conclusion : le père se jette au cou de son enfant et le « couvre de baisers ». Ce n’est pas le fils qui se jette au cou de son père. Il est peut-être encore embarrassé par toute cette situation et il a sans doute une certaine honte, une certaine retenue. Il se regarde encore. Mais le père ne se regarde pas ou ne se regarde plus. C’est cela l’amour : regarder l’autre et l’aimer, sans penser à soi-même. Le père ne pense même pas à ce que vont dire les gens qui voient cette scène : il ne voit plus que son fils qui vient de rentrer et il veut « couvrir » de baisers tout ce qui peut encore faire mal au fils à l’intérieur de lui-même, toutes ses blessures qui doivent encore se cicatriser. La miséricorde est un amour qui « couvre » tout, qui ne laisse plus de place pour des « si » ou des « mais », pour des scrupules ou des raisonnements compliqués. L’amour a vaincu la mort et le père va en donner la preuve maintenant…


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  • « Alors il réfléchit : ‘Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il partit pour aller chez son père. » (Lc 15,17-20)

    Comme il est extraordinaire ce passage ! Et ce n’est pas encore le clou de toute l’histoire, qui va nous faire passer d’émerveillement en émerveillement. Le fils prodigue, le mauvais fils, qui avait dilapidé ses biens dans une vie de débauche a tout à coup dit « stop ! » Par intérêt sans doute, car sa situation est devenue insupportable, mais surtout parce que, pour la première fois de sa vie, il a eu le courage d’être sincère avec soi-même, de se regarder dans le miroir de sa conscience et de reconnaître qu’il avait tellement mal fait.

    En fin de compte, quand on fait un tel pas, quand on se convertit, comme Jésus vient de nous le dire, en donnant déjà une joie immense au ciel qui nous aime, tout va complètement changer. Et le mal qu’on a fait n’a presque plus d’importance, si c’était un mal léger ou passager, si c’était un mal terrible : on a accepté enfin de regarder la réalité en face. Et notre ami se met alors à « réfléchir ». A certains moments de la vie, on doit s’arrêter et « réfléchir » : c’est déjà l’Esprit Saint qui a pris les choses en mains et on le comprendra plus tard.

    Et en réfléchissant, voilà que notre jeune fils comprend tout de suite qu’il doit aller demander pardon : pardon à son père et au ciel en même temps. Et ce qui est fort, c’est de voir qu’il n’a pratiquement pas d’hésitation. Comme s’il était sûr que son père allait l’accueillir de tout son cœur et n’allait ni se fâcher, ni le chasser. C’est que, au cours de toute sa vie d’enfant puis de jeune adulte à la maison de son père, il a dû expérimenter que son père a toujours pardonné. C’est la rencontre entre celui qui demande pardon de tout son cœur et celui qui pardonne aussi de tout son cœur. C’est la magie du pardon. Et encore une fois peu importe le mal qui a été fait. Quand on demande pardon ou qu’on pardonne, il n’y a plus de calcul à faire. On ne peut pas demander pardon à moitié ni pardonner à moitié, ce serait tout gâcher peut-être pour toujours, même si avec la miséricorde de Dieu ce « pour toujours » en fait n’existe pas…

    On ne sait pas exactement combien de temps notre pécheur converti a réfléchi, mais cela non plus n’a aucune importance. Ce qui compte c’est le passage de la réflexion à l’acte. Et voilà qu’il « part pour aller chez son père ». Demander pardon et se convertir, veut dire tout de suite démontrer cette conversion par un acte concret : sortir de soi et aller vers la lumière, même si on peut avoir peut-être un peu peur des conséquences d’une telle décision, mais celui qui fait un tel pas a ému le cœur de Dieu et Dieu va lui donner le courage de ne plus retourner en arrière : chacun de nous a dû un jour ou l’autre expérimenter la grâce qui est liée à une conversion sincère. Mais nous allons voir maintenant ce qui va se passer à la maison du père : la magie du pardon sera alors complète !

     


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  • « … Quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’ » (Lc 15,9) (cf. Lc 15,6 : «… il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’ »)

    Ici tout est très clair ! Et c’est encore une trouvaille de Luc. En Matthieu (18,12-13) on nous dit simplement que le berger se réjouit d’avoir retrouvé la brebis égarée. Ici, Luc nous explique que la joie de Dieu est faite pour être partagée. C’est la loi de l’amour trinitaire. Ce que le Fils reçoit du Père dans l’Esprit, il le lui redonne tout de suite, ou bien il le partage avec l’humanité. Ce que le Fils ou le Père reçoivent, ils ne sont pas capables de le garder pour eux-mêmes, ils savent seulement le faire fructifier autour d’eux. La joie de Dieu est faite pour se multiplier, pas pour se conserver. Comme les talents de la parabole qui ne sont pas faits pour être cachés sous terre, mais pour porter du fruit.

    Le berger de la parabole qui invite tous ses amis et ses voisins, comme la femme qui a retrouvé sa pièce d’argent perdue le fait avec ses amis et ses voisines, sont l’invitation à en faire de même chaque fois que nous recevons un cadeau du ciel, une joie nouvelle, une bonne nouvelle, de Dieu ou de nos frères et sœurs en humanité. Car ce qui compte alors n’est pas tellement la brebis ou la pièce d’argent qui ont été retrouvées, mais l’amour réciproque qui naît de cette joie nouvelle et qui crée entre les hommes la famille, à l’image de la famille divine de la Trinité.

    Si chaque fois qu’il nous arrive quelque chose de beau, mais aussi de douloureux, nous pensons à le partager avec les autres, c’est le courant divin de l’amour de Dieu qui nous pénètre et qui change nos cœurs, qui nous rapproche et nous unit entre nous, par des liens qui seront difficilement rompus. Car c’est Dieu lui-même qui s’est servi de ces occasions pour nous emmener avec Lui dans une anticipation de paradis qui va nous marquer pour toujours…

     


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  • Chers lecteurs,

    Si vous n’avez pas pu suivre nos publications de ces derniers mois, elles sont très simples. Nous avons continué notre voyage dans l’Evangile de Luc, qui nous a valu encore de belles surprises.

    Certains d’entre vous se demanderont pourquoi, ces derniers temps, je me concentre seulement sur ma rubrique « Perles de la Parole », comme si les autres avaient disparu. C’est pour des raisons personnelles sur le chemin de ma vie, mais je reprendrai bientôt les autres rubriques, ne vous inquiétez pas…

    Du 2 au 10 juin, nous avons terminé nos commentaires au chapitre 13 de Luc : « Laisser enfin le règne de Dieu nous transformer », « De Matthieu à Luc 13 -2 », « Le but de Jésus » (qui m’a personnellement beaucoup touché), « L’Amour qui rassemble » et « Le message et le cadeau de Dieu à l’humanité ».

    Du 12 au 25 juin, nous avons repris des commentaires d’années précédentes à des phrases de Marc ou Matthieu que nous allions retrouver dans le chapitre 14 de Luc : « De Matthieu à Luc 14 (1 à 4) » et « De Marc à Luc 14 (1 à 3) ». Et de là les nouveaux commentaires à Luc 14, du 27 juin au 12 juillet : « Luc 14 », « Contre les fausses valeurs », « La béatitude du royaume », « La préférence de Jésus », « Aller jusqu’au bout » et « Nous libérer de la possession ».

    Et pour finir, depuis le 17 juillet jusqu’à maintenant, nous nous sommes lancés à la découverte du chapitre 15 de Luc, qui nous a encore beaucoup surpris : « De Matthieu à Luc 15 »« Luc 15 »« La joie qui retourne à Dieu » et « Les préférences de Dieu ».

    Bonne lecture à tous !


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