• Regard d'amour?

    « Les scribes et les pharisiens observaient Jésus afin de voir s’il ferait une guérison le jour du sabbat ; ils auraient ainsi un motif pour l’accuser. » (Lc 6,7)

    Je ne vais pas parler ici du sabbat ni des miracles de Jésus, je voudrais m’arrêter sur un simple petit mot : « observaient », les scribes et les pharisiens « observaient Jésus »

    Je crois qu’il y a ici la frontière entre ceux qui vivent pour eux-mêmes et ceux qui vivent par amour pour les autres. Entendons-nous bien, ce n’est pas la frontière entre deux catégories de personnes, les méchants et les bons, car chacun de nous peut passer mille fois dans sa vie d’une de ces deux attitudes à l’autre. L’amour est un combat de chaque jour pour sortir de soi et vivre l’autre.

    Mais il est clair que, lorsque j’aime quelqu’un, je n’ai pas envie de l’observer. Hormis certains cas particuliers bien spécifiques (je peux observer quelqu’un pour apprendre de lui certains gestes qui me seront utiles, le médecin peut observer son patient pour voir comment il réagit à un traitement médical, etc.), le verbe « observer » a presque toujours la connotation de quelqu’un qui regarde l’autre de l’extérieur, avec souvent des arrière-pensées qui peuvent être parfois terribles, comme c’est le cas ici pour nos scribes et nos pharisiens.

    Le regard est tellement important dans l’amour, mais c’est un regard qui pénètre l’autre pour y découvrir son trésor, un regard plein de confiance qui veut provoquer la réciprocité, un regard qui pardonne là où il y a peut-être une difficulté momentanée de relation, un regard empli de toutes les nuances possibles de la charité la plus exquise.

    C’est que le regard peut détruire l’autre ou le faire vivre, le tuer ou au contraire le ressusciter. Il suffit de voir comment Jésus regarde les personnes qu’il rencontre, dans l’Evangile. Il les regarde pour aller droit au but, pour leur transmettre la vie qu’il porte en lui. C’est que le centre de la vie de Jésus, c’est toujours l’autre, le Père ou l’Esprit, ou chaque personne qui passe devant lui. Son regard est pur, limpide, il est la pureté même, car il ne sait pas regarder l’autre pour le posséder, mais simplement pour l’accueillir et se donner à lui…

     


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