• Se connaître pour mieux s'aimer?

    Quel est le plus grand obstacle à une relation authentique, positive, pacifique entre les hommes ? Je pense que c’est la peur. On pourra discuter beaucoup et l’on trouvera certainement d’autres obstacles importants comme par exemple la haine, la violence, le manque de confiance, l’égoïsme, le goût du pouvoir, l’individualisme, mais, si on pense un seul instant, toutes ces maladies humaines sont imprégnées par la peur et parfois directement causées par elle.

    Notre « passepartout «  sera donc quelque chose qui chasse la peur, qui ne lui laisse pas le temps de nous envahir comme un poison qui vient tout gâcher. Ne pensez-vous pas que la connaissance, la vraie, celle qui crée la réciprocité entre les hommes, pourrait-être un remède admirable contre la peur ?

    Essayons d’y voir un peu plus près. Il est sûr que l’homme a souvent peur de ce ou de ceux qu’il ne connaît pas. La peur de l’inconnu. La peur du différent. C’est vrai et ce n’est pas vrai. Car un enfant, à ses premiers pas, se mettra à pleurer si un individu qu’il n’a jamais vu veut le prendre dans ses bras, mais on verra pourtant le même enfant, deux minutes après, faire des sourires dans la foule à tous les gens qu’il rencontre, leur tendre la main, les attirer à lui (surtout peut-être s’il repose tranquillement dans les bras de son père ou de sa mère qui lui assurent une réelle protection).

    C’est donc sans doute cela la vérité : on est capable de ne pas avoir peur de l’inconnu si on repose sur une base qui nous assure sécurité et protection. Mais cette sécurité et cette protection grandissent lorsqu’on commence vraiment à se connaître avec l’autre, à tout partager de ce qui nous est cher. La réciprocité, qui est certainement un des sujets préférés de notre blog, vous avez dû déjà le noter, est évidemment le type de connaissance qui nous donne le plus de confiance. Lorsqu’on est amoureux on n’a même plus besoin de cacher ses défauts, ses misères, ses appréhensions pour se sentir à l’aise avec l’autre. Bien au contraire, lorsque j’ai le courage de dévoiler à l’autre mes faiblesses et que cela encourage l’autre à en faire de même, la vie devient tellement plus simple, limpide et transparente.

    Un des grands progrès de l’humanité est justement cette découverte réciproque qui fait que certaines guerres aujourd’hui ne semblent plus possibles. Les peuples français, allemands et anglais se sont ouverts réciproquement le cœur l’un à l’autre, même s’il restera toujours de saines rivalités, comme dans le sport, mais ce serait  bien difficile désormais qu’ils se laissent entraîner dans une nouvelle guerre entre eux comme il y en a eu il n’y a pas si longtemps.

    Cela n’empêche cependant pas les guerres de continuer à éclater un peu partout sur notre planète. Alors que penser ? On me dira que la peur vient parfois aussi de la connaissance. Des expériences passées négatives peuvent laisser des traces. Un brave Français moyen aura sûrement plus peur d’un Nord-Africain avec qui il a vécu des moments difficiles, qu’avec un Chinois qui reste encore pour lui lointain et mystérieux. Et combien de couples se déchirent parce qu’ils se connaissent trop et qu’ils n’arrivent plus à se supporter.

    Eh bien, vous m’excuserez, mais je voudrais dire ici de toutes mes forces que ces derniers exemples sont de la fausse connaissance. Lorsqu’on se méfie d’un voisin avec qui on a eu de violentes disputes, ou même lorsqu’on se sépare définitivement de celui ou celle avec qui on a vécu pendant de longues années et qui semble tout à coup ne plus nous comprendre, cela ne peut pas s’appeler de la connaissance. Je l’appellerais simplement un « jugement ». Et la différence est ici essentielle. Dans la vraie connaissance, celle qui est justement réciproque, on entre chacun dans le cœur de l’autre, au point de tout partager : c’est une connaissance de l’intérieur qui, peu à peu, est capable de guérir même les blessures les plus cachées, les plus secrètes.

    Lorsqu’on en arrive à se haïr parce qu’on se « connaît » trop, c’est en réalité qu’on n’arrive plus à se placer au cœur de l’autre, on l’analyse de l’extérieur, on le condamne, on le rejette de son cœur, et la réciprocité (mais ce n’en est plus une) devient alors celle du jugement et de la condamnation réciproques. Comment ne pas en arriver là pour voir gâchée en quelques mois ou quelques semaines une relation qui nous avait auparavant donné tellement de bonheur ? C’est là que devient tellement importante cette passion de l’unité à 360 degrés dont nous parlions récemment dans notre rubrique « Interdépendance ».

     Ce sera la relation pacifique et pacifiée avec d’autres personnes amies qui nous aidera à dépasser ces nuages et ce tonnerre qui soudain nous ont envahis. Et c’est là qu’on découvrira qui sont nos vrais amis. Des gens qui nous pousseront à prendre parti contre l’autre, qui nous diront : « Tu as raison, l’autre est complètement stupide, tu fais bien de le laisser tomber ! » ou ceux qui nous diront : « Mais non, tu verras, ce n’est qu’un malentendu, l’autre t’aime encore beaucoup au fond de lui, même si des circonstances difficiles ont créé des nœuds entre vous, mais avec un peu de patience tous les nœuds devraient pouvoir un jour ou l’autre se dénouer. » ? Le bon sens et la confiance sincère en l’autre peuvent bien souvent reprendre le dessus, si cette connaissance réciproque est le trésor, le passepartout qui compte le plus dans notre vie !


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