• Sur "la résurrection de Rome" (2)

    Nous continuons aujourd’hui notre lecture de quelques extraits du texte de Chiara Lubich publié par Nouvelle Cité dans « Voyage trinitaire » (voir l’article 1 « Sur la résurrection de Rome »)

                                                                                                                                               

    « Le Feu me gagne. Il envahit cette humanité que Dieu m’a donnée. Il fait de moi un autre Christ, homme-Dieu par participation, de sorte que mon humanité se fond avec le divin et mon regard n’est plus éteint. A travers mes pupilles, porte ouverte de l’âme, transparence par laquelle passe toute la lumière qui est en moi – si je laisse Dieu vivre en moi –, je regarde le monde et les choses. Mais ce n’est plus moi qui regarde, c’est le Christ qui, en moi, regarde et voit encore des aveugles à qui rendre la vue, des muets à faire parler, des estropiés à faire marcher. Aveugles à la présence de Dieu en eux et autour d’eux ; muets à la parole de Dieu, qui pourtant parle en eux et qu’ils pourraient transmettre à leurs frères pour les éveiller à la Vérité ; estropiés paralysés, ignorant la volonté divine qui, du fond du cœur, les incite au mouvement éternel qu’est l’Amour éternel, dont brûlent ceux qui transmettent le Feu.

    Et, quand je rouvre les yeux, je vois l’humanité avec les yeux de Dieu, qui croit tout parce qu’il est Amour. »

    Je ne sais pas ce que vous ressentez à la lecture d’un texte pareil. Pour moi, c’est une immense libération. Au lieu de passer toute notre vie à éviter les gens qui nous dérangent, à nous défendre contre ceux qui semblent nous attaquer, à chercher des amis pour nous soutenir et montrer que nous avions raison contre les autres, et finalement à juger un peu tout le monde, voilà que tout ce tourbillon s’arrête comme par enchantement. Voilà que tout à coup nous n’avons plus à juger personne, ni notre femme, notre mari ou nos enfants qui ne nous comprennent plus. Ni notre directeur ou les collègues de travail qui nous rendent la vie si difficile. Ni ces responsables de l’Eglise ou du pays qui pensent à leurs intérêts au lieu de servir les intérêts de tous...

    On rappelle souvent que, pour être chrétien, il faut aimer ses ennemis. Mais vous savez que c’est en fait impossible ? Impossible si l’on pense qu’on va aimer son ennemi comme on aime son meilleur ami, ou comme on aime les vacances ou un beau concert de musique. Il ne s’agit pas en fait de sentir soudain que nous sommes attirés par cette personne qui nous fait du mal (au moins apparemment). Ce serait contre nature.

    Non, l’Evangile nous demande simplement de vouloir le bien de ceux qui nous font du mal. Cela aussi semble impossible. Mais c’est là que le texte de Chiara va nous aider et nous aider pour toujours si nous le prenons un peu au sérieux.

    Mais revenons au sens de notre vie. Avons-nous jamais demandé à venir au monde ? Quelqu’un nous a demandé notre avis ? Nous sommes probablement contents d’être en vie, à moins que nos souffrances soient trop fortes. Mais est-ce notre faute si nous sommes le fruit d’une famille qui était pleine de problèmes ? Est-ce notre faute si nous sommes le fruit d’une société remplie d’égoïsme ou de violence ? Combien de fois avons-nous mal réagi devant certaines attitudes malveillantes et nous nous sommes ensuite repentis ? Nous sentons bien que telle colère, telle manque de courage, telle paresse, certains mensonges que nous avons proférés peut-être par peur de dire la vérité, ne représentaient pas vraiment le fond de notre cœur.

    Et voilà que Chiara, avec le regard de Dieu qui aime chaque homme, nous rappelle que nous sommes au fond tous des victimes. Nous sommes tous malades ou handicapés. Nous sommes tous quelque part « aveugles », « muets » ou « estropiés ». Alors pourquoi s’étonner, pourquoi haïr ou juger ces gens qui sont comme nous victimes de leur famille, de leur milieu social, de la guerre qu’ils ont vécue peut-être dans leur enfance, ou d’un tas de souffrances qui leur sont tombées dessus sans qu’ils sachent comment s’en sortir ?

    Le jour où nous arrêterons de juger tout le monde et où nous commencerons à nous unir avec nos amis pour soulager la misère et la haine du monde, pour redonner espoir à ceux qui n’ont connu jusqu’ici que du négatif, sans nous sentir supérieurs si nous avons la chance d’avoir rencontré des gens qui nous ont fait sortir des ténèbres, alors le monde pourra changer.

    Tout ce discours est certainement facilité par l’expérience de l’Evangile, mais nous devons aussi reconnaître combien il y a de personnes merveilleuses d’autres religions, comme Gandhi que nous avons déjà cité dans cette rubrique, et des gens qui n’ont même aucune référence religieuse mais qui croient en l’homme, qui sont capables de nous donner l’exemple dans cette lutte pour une véritable fraternité, où personne ne se sent supérieur à l’autre. Car celui qui a la chance d’avoir reçu un peu plus de lumière est appelé à répandre cette lumière autour de lui et non pas à mépriser ses frères ou ses sœurs qui n’ont peut-être pas eu jusqu’ici la même chance que lui.

     


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  • Commentaires

    1
    Ted
    Jeudi 27 Août 2015 à 20:04
    Condivido pienamente quanto hai scritto ma non si può non denunciare i mali che affliggono la nostra società e le persone che li rappresentano. Del resto è quello che sta facendo anche Papa Francesco
    2
    Hayat
    Jeudi 27 Août 2015 à 21:34
    " Pour soulager la misère et "la haine " du monde ..." Cette phrase me touche, m'interpelle ...donne à mon amour une autre profondeur !
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