• Sur la résurrection de Rome (3)

    Nous continuons encore notre découverte des « reflets du paradis de Chiara Lubich » avec encore une phrase de son merveilleux article sur « La résurrection de Rome », extrait du livre de Nouvelle Cité « Voyage trinitaire », p. 32 

    "Je crois que, si je laissais Dieu vivre en moi, si je le laissais s’aimer dans les frères, il se découvrirait lui-même en beaucoup et bien des yeux s’éclaireraient de sa lumière, signe tangible qu’il règne en eux. »

    Chiara est évidemment une croyante en Dieu et surtout en l’amour de Dieu. Mais elle a toujours eu un immense respect pour les personnes qui n’ont pas de référence religieuse, avec lesquels elle a établi toute sa vie un dialogue respectueux et fécond.

    Je crois qu’au-delà de ses mots, il y a surtout ici la découverte et la perception du miracle de l’amour qui est au cœur de l’homme et qu’il est impossible de ne pas sentir.

    La grandeur de la vision de Chiara est, je pense, dans cette découverte que l’amour est à la fois en moi et hors de moi, en l’autre et hors de l’autre. Lorsque j’aime l’autre et que l’autre m’aime, il y a toujours un danger énorme, celui de croire que nous sommes tous deux seuls au monde. Et cet amour souvent se détériore, il se renferme sur lui-même en se croyant tout puissant et éternel et il se dessèche et meurt, parce qu’il n’a pas su s’ouvrir. L’amour à deux est mortel. Il n’y a qu’à voir tous ces films d’amour dont nous sommes inondés toute notre vie, qui ont souvent quelque chose  de profondément réel, mais qui finissent presque toujours très mal.

    Dans la vie, seul l’amour "à trois" est viable. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’un troisième élément étrange, jaloux, voyeur ou je ne sais quoi de bizarre qu’on puisse lui attribuer, il s’agit de la respiration elle-même de l’amour qui circule au dehors pour ramener de l’air frais, tout en faisant profiter de lui-même tout ce qu’il touche sur son passage. Comme le cœur de l’homme qui laisse son sang s’écouler, irriguer tout le corps, se purifier d’oxygène, avant de se retrouver chez lui pour se sentir fort de nouveau à chaque battement, avant de repartir, dans un mouvement dynamique et perpétuel qui est le secret de notre vie et de notre existence sur cette terre. Appelons ce « troisième » de l’amour comme nous voulons : Dieu, l’humanité, l’amour lui-même, l’important c’est de ne jamais se refermer, mais de s’ouvrir toujours plus, à l’infini. 

    Lorsque nous laissons l’amour « s’aimer en nous », c’est une véritable délivrance. Nous ne sommes plus nous-mêmes le centre égoïste du monde, nous laissons l’amour être le centre. Et quelle surprise lorsque ce même amour qui part de nous va « s’aimer dans le frère », comme cet amour qui part du frère va « s’aimer en moi ». Ne voyons-nous pas qu’il y a là une libération ? Finie la peur d’être envahi par l’amour possessif de l’autre qui prétend me dominer tout en m’aimant. Finis les malentendus, les blessures, les rancœurs. Je dois seulement me mettre d’accord en moi avec cet amour qui veut mon bien en même temps que le bien de l’autre et qui va se mettre d’accord justement avec ce même amour dans le frère.

    De belles paroles loin de la réalité ? Si Chiara les a écrites, c’est qu’elle les a vécues, expérimentées, tout au long de sa vie, et en a fait profiter tous les gens qui l’ont approchée. Pourquoi ne pas croire à ces témoins d’humanité, parce que nous-mêmes peut-être n’avons pas encore réussi à faire cette expérience en profondeur ? Tant que nous ne sommes pas morts, il y a toujours l’espoir de recommencer et de découvrir encore…

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :