• Vue d'en haut

    Je vais vous faire une confidence un peu délicate. Je crois que j’ai beaucoup de chance d’avoir grandi dans une famille où les parents se sont entredéchirés pendant des années parce qu’ils étaient chacun sûr d’avoir raison. J’en ai gagné une méfiance terrible envers tous ceux qui pensent avoir raison « contre » les autres. Je crois avoir déjà écrit dans ce blog que la seule raison valable et positive, c’est celle qu’on découvre « avec » l’autre.

    J’ai donc une allergie extrême contre toute division qui se base au départ sur des conflits d’opinion. Je me sens tout de suite mal à l’aise, désorienté lorsqu’on s’aventure sur ce terrain. Qui aurait donc raison, les jeunes ou les vieux, les catholiques ou les orthodoxes, les chrétiens ou les musulmans, les politiciens de droite ou ceux de gauche ?

    Mais ne voyons-nous pas que tous ont certainement de bonnes raisons pour penser ce qu’ils pensent. Alors personne ne possède la vérité ? C’est évident : la vérité n’est pas une réalité qu’on « possède », surtout dont on aurait le monopole et qui manquerait complètement à l’autre. La vérité « est », tout simplement, elle pénètre en nous par notre intelligence et notre conscience. Mais cette intelligence et cette conscience ne seront jamais absolues, elles sont limitées par les limites humaines qui caractérisent chacun de nous. Et ces limites font que nous n’aurons jamais une perception totalement claire ou pure de n’importe quel type de vérité.

    Mais imaginons maintenant que je grimpe sur une montagne. J’ai un ami qui grimpe aussi, mais il se trouve de l’autre côté de la montagne. Je lui parle au téléphone et il me dit que la montagne est verte. Ce n’est pas possible, parce que moi je vois bien qu’elle est jaune. Suis-je à ce point borné que je ne peux pas imaginer que la montagne peut avoir des couleurs différentes selon ses côtés ? J’ai raison de la voir jaune de mon côté et mon ami a sans doute raison de la voir verte chez lui. Au moins nous sommes tous les deux d’accord qu’il s’agit d’une montagne. Si l’un de nous prétendait que c’est une plaine, alors il faudrait au moins se mettre d’accord sur les termes.

    Mais le problème est-il vraiment de savoir si la montagne est verte ou jaune, ou bien de grimper en progressant vers le sommet où nous pourrons tous ensemble voir la vérité plus complète ? Car c’est au sommet que je verrai qu’en fait la montagne a des couleurs différentes selon ses versants et que j’aurai perdu bien du temps à me disputer avec mon ami sur nos visions réciproques.

     

    Le problème n’est donc pas tellement de savoir comment est la montagne, comment est la vérité, mais ce que je peux tirer de positif et de constructif de la part de vérité que j’ai perçue avec mes limites. Si j’ai confiance que mon ami plus jeune, ou orthodoxe, ou musulman, ou d’un autre parti politique que le mien, se sert de la vérité qu’il a découverte pour le bien de l’humanité, alors tout va bien. Un jour ou l’autre nous nous retrouverons heureux ensemble au sommet de la montagne. Et si cela n’arrive pas vraiment durant nos vies si brèves, nous aurons au moins préparé le chemin pour que les générations futures se retrouvent finalement là-haut toutes ensemble, là où la vue est plus variée et plus complète à la fois.


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Samedi 28 Novembre 2015 à 08:27
    Oui! Préparons le chemin pour que finalement là-haut ...C'est une joie et un devoir.En plus on a tout à y gagner ....
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